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EAN : 9782020991032
178 pages
Seuil (07/01/2010)
4.25/5   26 notes
Résumé :

Les propagandes visant à faire passer le cours pris par la globalisation économique pour un fait de nature, s'imposant sans discussion possible à l'humanité entière, semblent avoir recouvert jusqu'au souvenir des leçons sociales qui avaient été tirées de l'expérience des deux guerres mondiales. La foi dans l'infaillibilité des marchés a remplacé la volonté de faire régner un peu de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'esprit de Philadelphie est un des plus mauvais essais qu'il m'ait été donné de lire depuis une éternité. L'auteur, dont la réputation fut faite sur l'analyse de la théorie juridique, déborde ici de son sujet et tente de mobiliser des concepts dont il ignore tout à tel point que cela en devient proprement ridicule d'ignorance. On aura rarement vu un aussi long chapelet d'erreurs factuelles, de contre-sens et de raccourcis sur la théorie économique, la logique ou la sociologie quantitative, qu'il accuse de tous les maux et dont il fait des hommes de paille incohérents. Au final, hormis quelques analyses de textes de lois, le titre confine à la discussion de comptoir sur le méchant marché (sur lequel, ne nous méprenons pas il y a des critiques en profondeur à mener) ou les gens qui comptent mais n'ont pas de coeur (sur ce sujet lire la critique de la vie des idées : http://www.laviedesidees.fr/Vers-la-fin-de-l-histoire-de-la-statistique.html). Parmi les nombreux concepts qu'il malmène et semble ne pas maîtriser, l'auteur évoque l'effet Matthieu. A l'origine, cette loi désigne des mécanismes d'attachement préférentiel par lesquels les plus favorisés tendent à accroître leur avantage sur les autres et prend comme illustration les universitaires qui jouissent d'effets de réputation. Quand on voit que Supiot est professeur au collège de France, on se dit que de ce point de vue, il n'a pas été lésé.
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Alain Supiot, auteur notamment de Homo juridicus, essai sur la fonction anthropologique du droit, a récemment publié un ouvrage marquant, à plus d'un titre, aux éditions du Seuil : L'Esprit de Philadelphie, la justice sociale face au marché total. D'utilité publique, L'Esprit de Philadelphie n'est pas qu'un ouvrage à destination des juristes et intéresse le Citoyen soucieux d'interroger les évolutions de la société. Il est difficile de décrire le contenu de cet essai : d'abord parce qu'il serait dommage de se priver de sa lecture; ensuite parce que le propos qui y est tenu force le respect par sa clarté et son intelligence. L'essai est également une belle illustration du rôle que la doctrine et le Droit peuvent avoir dans la vie civile
Lien : http://sinelege.hypotheses.o..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
La privatisation de l'Etat providence ne conduit donc pas à faire disparaître les droits sociaux mais à en concentrer le bénéfice sur ceux qui en ont le moins besoin.
Par référence à un verset fameux de l'Évangile selon saint Matthieu ("À celui qui a il sera beaucoup donné et il vivra dans l'abondance, mais à celui qui n'a rien, il sera tout pris, même ce qu'il possédait"), les spécialistes parlent d' "effet Matthieu" pour désigner la capacité des forts à devenir les premiers bénéficiaires des dispositifs visant à améliorer le sort des faibles. L'école de la République consacre ainsi en moyenne beaucoup plus d'argent pour les enfants issus de milieux aisés que pour ceux d'origine modeste ; les ouvriers et employés cotisent plus longtemps que les cadres pour des retraites abrégées par une espérance de vie plus faible, etc. L'effet Matthieu n'a rien de nouveau mais, jusqu'à une date récente, il ne se manifestait que du point de vue des prestations. D'un côté les plus riches bénéficiaient davantage que les pauvres des dépenses publiques ou sociales, mais d'un autre côté ils payaient d'autant plus d'impôts ou de cotisations sociales que leurs revenus étaient élevés. L'une des nouveautés de l'économie communiste de marché réside dans l'apparition d'une oligarchie qui a la possibilité de bénéficier pleinement des mécanismes de solidarité sans devoir y contribuer à proportion de ses revenus. Loin de faire disparaître les institutions fondées sur la solidarité, les réformes ultralibérales ont facilité leur prédation.

(pages 50-51)
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Le propre de la solidarité, au sens qu'elle a acquis en droit social, et d'instituer au sein d'une collectivité humaine un pot commun, dans lequel chacun doit verser selon ses capacités et peut puiser selon ses besoins. L'obligation qu'elle fait peser sur chacun de contribuer à la protection de tous relève certainement des devoirs de l'homme, implicitement ou explicitement reconnu par les Déclaration des droits fondamentaux. Cette mutualisation substitue au calcul d'utilité individuelle (qu'elle interdit) un calcul d'utilité collective (qu'elle organise). Du point de vue économique, elle constitue une entente qui fait prévaloir l'intérêt de ses membres sur celui des tiers, et l'intérêt collectif sur l'intérêt individuel. Cette mutualisation soustrait à la libre concurrence les services sur lesquels elle porte et elle limite la liberté individuelle. C'est pourquoi, dans un univers juridique régi par le libre-échange, elle ne peut être reconnue et se développer que sur une base juridique propre. Et c'est parce qu'elle fournit une telle base que la solidarité a progressivement acquis la valeur d'un principe juridique en droit communautaire. Il y a là au fond juridique de l'idée fort simple selon laquelle toute société humaine a également besoin de coopération et de compétition. Un monde qui ignore l'un ou l'autre de ses besoins cout à sa perte, car l'avantage coopératif est aussi déterminant pour la prospérité et le bien-être d'une société que l'avantage compétitif.

(pages 160-161)
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Le mot "pauvre", dans diverses langues africaines, ne désigne pas ce que la banque mondiale entend par là (un revenu inférieur à deux dollars par jour) : est pauvre "celui qui a peu de gens", qui ne peut compter que sur la solidarité d'autrui. De ce point de vue, nos sociétés riches sont pleines de pauvres, d'une pauvreté que nul ne songe à mesurer et que la sécurité sociale a pu paradoxalement contribuer à accroitre.

(page 166)
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Les "indicateurs de développement humain", conçus et mis en œuvre avec la meilleure intention du monde, n'échappent pas à ce travers dès lors qu'ils projettent sur la terre entière une normativité ignorante des situations locales. Interdire en termes généraux et abstraits le travail des enfants et faire du taux de leur scolarisation un indicateur de développement humain peut aboutir à ceci qu'on les arrache aux modes traditionnels de transmission du savoir pour les entasser par centaines dans de vastes hangars face à un instituteur dépassé par le nombre. Les conditions réelles d'éducation seront fortement dégradées mais le score du pays s'en trouvera amélioré aux yeux des institutions internationales.

(page 127)
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L'Europe participe ainsi désormais à sa façon de l'émergence à l'échelle mondiale de ce que la Constitution de la République populaire de Chine appelle "l'économie communiste de marché". Edifié sur la base de ce que le captalisme et le communisme avaient en commun (l'économisme et l'universalisme abstrait), ce système hybride emprunte au marché la compétition de tous contre tous, le libre-échange et la maximisation des utilités individuelles, et au communisme la "démocratie limitée", l'instrumentalisation du droit (i.e. la substitution du rule by law au rule of law), l'obsession de la quantification et la déconnection totale du sort des dirigeants et des dirigés.
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Videos de Alain Supiot (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alain Supiot
Avec Alain SUPIOT, juriste et professeur émérite au Collège de France
A l'issue de chacune des deux guerres mondiales, les nations s'étaient accordées pour affirmer « qu'une paix durable ne peut être établie que sur la base de la justice sociale ». Toute société reposant sur une certaine répartition du travail et de ses fruits, l'injustice de cette répartition, si elle excède certaines bornes, engendre nécessairement la violence. Mais il est plus facile de s'accorder sur ce qui est injuste que sur ce qui est juste. La division du travail, à une époque et dans une société donnée, dépend de multiples facteurs géographiques, technologiques, politiques, culturels et religieux, en sorte que la justice au travail n'est pas une donnée a priori, mais l'horizon de luttes et de controverses toujours recommencées. Au XXème siècle, le périmètre de la justice sociale avait été limité à la question de la sécurité et des revenus du travail. Aujourd'hui la révolution numérique et les périls écologiques devraient conduire à l'étendre au travail lui-même, en vue de procurer à tous les êtres humains « la satisfaction de donner toute la mesure de leur habileté et de leurs connaissances et de contribuer le mieux au bien-être commun ».
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