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EAN : 9782070358632
160 pages
Gallimard (23/10/2008)
3.54/5   45 notes
Résumé :
Alors que la Première guerre mondiale vit sans le savoir ses derniers mois, de grandes batailles sanglantes à l’issue incertaine se rallument sur la ligne de front franco-allemande. C’est le moment que choisit le roi de Belgique pour présenter à la France une bien singulière requête : lui prêter la guillotine et le bourreau de Paris, Deibler, pour assurer de manière spectaculaire l’exécution capitale d’un soldat prétendument coupable du viol et de l’assassinat de d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Comme la présentation de l'éditeur résume parfaitement cette histoire..pour le moins singulière, je la retranscris:
"Alors que la Première guerre mondiale vit sans le savoir ses derniers mois, de grandes batailles sanglantes à l'issue incertaine se rallument sur la ligne de front franco-allemande.
C'est le moment que choisit le roi de Belgique pour présenter à la France une bien singulière requête : lui prêter la guillotine et le bourreau de Paris, Deibler, pour assurer de manière spectaculaire l'exécution capitale d'un soldat prétendument coupable du viol et de l'assassinat de deux femmes belges.
Or l'exécution doit se dérouler à Furnes, localité situé de l'autre côté du front… Après de longues négociations, un convoi improbable va tenter de passer à travers les balles et les obus. Il y parviendra, non sans dommages, et la sinistre guillotine finira bel et bien par se dresser, au petit matin, sur la grand-place de Furnes. Mais rien ne se passera comme prévu…
Construit comme un recueil de correspondances échangées et de notes de services pondues par des fonctionnaires zélés, L'obéissance est l'étrange récit, concis, rythmé et d'un irrésistible humour noir, d'un des épisodes les plus extravagants de la Grande Guerre."

Oui, c'est l'absurde jusqu'au bout. Où l'on voit que pour tuer " légalement" un individu , les politicards vont jusqu'au bout, et il n'y aura pas qu'un mort. Mais il faut ce qu'il faut, et quelles que soient les circonstances, il faut appliquer la justice telle qu'elle est écrite, on ne discute pas. Vont partir donc la guillotine avec bourreau et aides, et une escorte militaire. Plongée dans la bêtise ordinaire avec échanges savoureux de lettres entre hauts fonctionnaires et hauts gradés, c'est vrai qu'on en rirait si ce n'était pas si triste. Et puis, chaque personnage à son tour, avec chacun son style, raconte.
Rassurez-vous, la justice est passée. Heureusement. le condamné, qui avait combattu bravement pendant des années, ce qui l'avait un peu perturbé, n'avait plus aucune raison de vivre. Sinon, il se serait suicidé, quel désastre!!!

Petit extrait:
."..Je suis content qu'il ait survécu. Les meilleurs soldats meurent au début des guerres. Défilent à la fin les enfants, des embusqués, et de très rares braves que le dieu des batailles a épargnés pour qu'ils puissent admirer leurs généraux ventrus. Les généraux sont immortels.
Je suivrais ce légionnaire au feu, si j'avais encore à y suivre quelqu'un.
C'est une grande pitié d'avoir à obéir à des bureaucrates, généraux ou politiciens. Quand ont-ils découvert que l'Europe avait des frontières? Quand ils ont été nommés ministres. Les bureaux et l'intrigue auront fait autant de morts que les Boches. Oublions cela.."



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Sureau François - "L'Obéissance" - Gallimard, 2007 (ISBN 978-2070781928)

L'auteur utilise un évènement réel, survenu pendant la Première Guerre Mondiale : suite à un crime particulièrement atroce commis au début 1918 sur la dame Rachel Rijckewaert, une cour de justice belge avait condamné à mort le coupable, un certain Emile Ferfaille. Mais depuis 1863, le roi des Belges avait l'habitude de gracier les condamnés à la décapitation et de commuer leur peine en détention à perpétuité, si bien que le bourreau belge n'avait plus aucune expérience en la matière. L'Etat belge se tourna donc vers l'Etat Français, et demanda l'envoi à Furnes du bourreau en fonction à Paris, Anatole Deibler, accompagné de ses assistants et – bien sûr – d'une guillotine en état de marche. Aussi incroyable que ceci puisse paraître, l'Etat Français accéda à cette demande, et détacha le bourreau, ses assistants, son matériel, le tout escorté d'une escouade militaire pour se rendre à Furnes, malgré les combats qui faisaient rage au même moment.
En effet, nous sommes en mars 1918, au moment où les empires germaniques lancent une dernière gigantesque offensive pour crever le front à hauteur d'Amiens, la charnière entre les troupes britanniques et françaises dépourvues de commandement unique. Les anglais plient sous l'assaut, les soldats français vont tenir et littéralement se faire tuer sur place (parmi eux, l'un des frères de mon arrière-grand-père, mort à la bataille de Moreuil).
Dans la réalité, Furnes se trouvait dans la toute petite zone de Belgique flamande qui échappait à l'occupation par l'armée impériale prussienne, et le condamné fut bel et bien décapité en place publique le 26 mars 1918 (voir "De laatste onthoofding" de Siegfried Debaeke), alors que la ville était soumise à un intense bombardement de la part des troupes de Ludendorf.

L'auteur s'empare de cet épisode, et en fait une narration éclatée entre les divers protagonistes, depuis le bourreau et son humble escorte de soldats jusqu'au Garde des Sceaux qui souhaite plaire à son homologue Belge, pensant ainsi bénéficier d'une promotion.
L'auteur se limite à quelques modifications, ainsi de la nature du crime commis, du statut du condamné qui devient sous sa plume un militaire doté de bons états de service, et place la ville de Furnes en zone occupée pour bien montrer combien les Etats peuvent s'entendre dans l'absurdité, même lorsqu'ils se livrent une guerre acharnée.
La narration est très bien maîtrisée, le style est concis et sans emphase.
Il s'agit là d'un roman écrit par un auteur né en 1957, qui parvient à rendre compte sans pathos de toute l'horreur de la Grande Tuerie, de ses charniers, de son absurdité : voir par exemple en pages 75 et 76, l'explication du long trajet de Paris à Furnes, mis en parallèle avec la longue attente du condamné à mort.
Par ailleurs, la double narration, située d'une part au niveau des protagonistes effectuant réellement ce déplacement, d'autre part au niveau des planqués de l'arrière, jugeant de la situation depuis leurs bureaux parisiens, rend de façon saisissante l'une des facettes cruciales de cette ignoble guerre, à savoir la distance énorme entre ceux qui souffrent et meurent sur le terrain et ceux qui ont décidé de cette atrocité depuis leurs beaux salons.

Un livre à lire, et à recommander.
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Printemps 1918. Depuis plus de 50 ans la Belgique n'exécute plus ses criminels, mais le roi des Belges a décidé de faire un exemple. Il demande donc à la France de lui prêter son bourreau et sa guillotine.

Le roman est inspiré d'un fait réel.
Chaque personnage : magistrat, lieutenant, chef de cabinet du Ministre, soldats, bourreau, est l'auteur de correspondances, courriers, notes administratives ou extraits de journal intime.
Alors que la guerre fait des milliers de morts par jour, le bourreau « Deibler » est chargé, sous escorte, de trimbaler sa guillotine (sur 400 km) sous les bombes et au milieu des champs de bataille pour aller « raccourcir » un soldat belge accusé de meurtre.
Cette cascade d'obéissance civile et militaire est absurde, mais l'auteur François Sureau se garde bien de critiquer, il s'applique à brosser ironiquement de beaux portraits.

Un livre pour s'interroger sur l'obéissance et le non-sens.

De 1885 à 1939, le "bourreau de la République" Anatole Deibler, a coupé près de 400 têtes, dont celles de Ravachol, Caserio, Raymond la Science (de la bande à Bonnot), Landru, etc …
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Depuis ma lecture du texte "Le Chemin des morts" de François Sureau, j'étais plus que curieuse de découvrir un autre récit de l'auteur. Je n'ai pas été déçue de mon choix avec ce roman inspiré de faits réels (L'obéissance a d'ailleurs reçu le Prix du roman historique des Rendez-vous de l'Histoire de Blois )

Un grand roman à tous points de vues, un roman choral, alternant récits des protagonistes, lettres, notes et courriers interministériels dont le sujet et l'époque sont traités avec brio. La plume, leste, précise, concise, témoigne d'une maîtrise qui m'a soufflée, la finesse et profondeur du propos, l'humanité et la lucidité qui se dégagent des portraits sur le ton sans concession, la violence des scènes de combats – pages au talent narratif impressionnant – et de l'ironie, le sens évident du récit et de la formule qui se plante là comme son décor. Si dense et si fluide à la lecture. Une véritable pièce de bravoure menée tambour battant, captivante, percutante.

Sous l'horreur de cette guerre, sous l'absurde de la mobilisation et des enjeux de cette mission de » convoquer un bourreau au milieu d'un champs de bataille « , ce récit est incroyablement vivant pour raconter la mort, la relation à la mort, le non-sens accepté de la mort, de ces morts; tant de morts pour quelle valeur de la vie ? Pour quelles lois de respect de la vie et de la société des hommes ? « Désordre à l'avant mais de l'ordre à l'arrière » ?

« Deux cent mille Anglais poussés aux reins par les Boches, les nôtres qui montent. Et nous, moins qu'une escouade à travers ce bordel, avec des civils encore ! Pour un seul branque ! Sait-on ce qu'il a fait ?«

Ce roman est à la fois une réflexion sur la guerre ( et sur la responsabilité confrontée à un rôle engagé comme dans le chemin des morts ) et un tableau de la guerre extrêmement réalistes et perspicaces, sur ceux qui s'y précipitent, sur ceux qui y sont précipités, sur ce qu'ils y deviennent tous, sur tous les paradoxes. Pas de grands mots dans ce grand roman sur la Grande Guerre, ni de grandes convictions si ce n'est celle de la conscience individuelle, c'est le nu et la vérité des hommes, ces bureaucrates, ces gueules cassées. Et un bourreau.
Lien : http://www.lire-et-merveille..
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J'ai lu quelque part (mais forcément dans un lieu très comme il faut) que l'obéissance est un mécanisme de défense contre le sentiment d'insécurité.
Ce n'était pas seulement un sentiment que ressentaient ces soldats mandés par le gouvernement français pour accompagner de Paris à Furnes, en Belgique, le bourreau Anatole Deibler et les bois de justice et qu'il y exécute Émile Préfaille pour un meurtre dont l'hétéroclite équipage français se moque comme de l'an quarante. Il faut dire que de l'an quarante, on en est loin, puisque c'est en mars 1918 que le périple va devoir s'opérer. Alors, non, ce n'était pas un sentiment d'insécurité, c'était une insécurité totale et réelle. Mais qui (ou quoi), pour ces hommes, représentait l'insécurité ? L'Allemagne et sa barbarie. La France allait les sauver, c'était évident !
Ça bombardait, ça canardait, ça détruisait, ça éventrait… une boucherie obscène, absurde et meurtrière. Bien plus meurtrière que ce condamné Belge (il n'a tué « que » deux personnes », lui). Bien plus meurtrière que ce bourreau qui ne comptabilise « que » trois cent quatre-vingt-quinze mises à mort. Mises à mort dites légitimes, puisqu'elles lui avaient été commandées.
Il en est qui ont des dispositions à obéir. C'est le cas de ces hommes, qui n'envisagent pas un seul instant qu'ils pourraient se cabrer au motif de la sauvegarde de leur propre vie. Droit devant, quoi qu'il arrive, pour ne pas désobéir.
Un roman de François Sureau, exhumé d'un fait réel. Un roman qui dresse les portraits d'hommes qui ne luttent pas contre le risque de leur propre mort. Parce qu'ils acceptent de s'inféoder, sans se demander un seul instant pourquoi. Leur docilité à l'ordre supérieur, à l'engrenage inéluctable des rouages administratifs, politiques et militaires, est stupéfiante. Aussi stupéfiante qu'aberrante.
Le thème de ce texte n'est pas la guerre ; elle sert d'assise à l'auteur pour une magistrale démonstration sur la soumission à l'autorité. Ce pacte qu'un individu peut passer de plein gré avec un autre auquel il a reconnu une valeur et pour lequel il échange sa liberté d'exister et de penser. Un pacte qui l'autorise à tuer, sans remord, puisque ça lui a été demandé. Même pas exigé, puisqu'il est « librement » consentant, pourrait-il affirmer. Un pacte qu'il ne remettra pas en cause, même si sa propre vie est compromise.
À l'heure de la montée des intégrismes de tous poils, dans le monde entier, chez nous aussi, à l'heure où la diabolisation de « l'autre différent » bat son plein… comment ne pas tirer de conclusion à la lecture de ce livre ?
Ce texte me rappelle le film « I comme Icare », qu'Henri Verneuil avait réalisé en 1979 pour illustrer l'expérience de Milgram, un psychologue américain qui, entre 1960 et 1963, a évalué le degré d'obéissance d'un individu devant une autorité qu'il juge légitime, et a analysé le processus de soumission à l'autorité, notamment quand elle induit des actions qui posent des problèmes de conscience au sujet. Mais dans le roman de François Sureau, les problèmes de conscience ne sont que peu évoqués.

Lien : http://litterauteurs.canalbl..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Les maisons de Furnes ont des façades d'escaliers. Ces escaliers ne vont nulle part. Le ciel est bas, et pourtant on ne peut pas y monter. Les portes ressemblent à des culs d'apothicaires. Les fenêtres à bord de cuivre sont toutes fermées. Dedans,ça doit puer le genièvre et l'encaustique. Ça doit sentir les cent vertus des gens qui ne sont jamais partis.
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Ces morpions et leurs chefs qui décident des guerres et les arrêtent... Nous, les soldats, nous faisons notre guerre à l'intérieur de la leur, notre guerre à nous, entre frères et avec de l'honneur. Mais nous nous abusons nous-mêmes. Les morpions sont les maîtres du monde, et c'est nous les parasites, les arrangeurs, qui nous bâtissons de petits palais de boue à l'intérieur des tranchées qu'ils ont voulues ! Alors pas de pitié sur nous-mêmes ! Mais pas d'illusions ! Pas de respect pour les pékins !
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Les meilleurs soldats meurent au début des guerres. Défilent à la fin des enfants, des embusqués, et de très rares braves que le dieu des batailles a épargnés pour qu'ils puissent admirer leurs généraux ventrus. Les généraux sont immortels.
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Même pour ceux qui l'ont déjà connu, le désordre de la guerre est toujours plus grand qu'on ne l'imagine.
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Le bon soldat n'est pas une tête brûlée. Il fait son métier, comme il le faisait avant la guerre, c'est tout.
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Vidéo de François Sureau
Cette semaine, Augustin Trapenard reçoit François Sureau pour "S'en aller", édité chez Gallimard. "Je connais peu d'images aussi frappantes que celle par laquelle Nabokov décrit le départ d'un train : ce sont les wagons qui reculent le long du quai. Quant à la destination, elle n'est jamais celle qu'on a entrevue, en esprit, au moment de s'en aller".
François Sureau, écrivain reconnu, explore dans son dernier ouvrage la quête commune de ceux qui cherchent à s'évader des contraintes du quotidien. Avec une plume élégante et introspective, il évoque la fascination pour l'ailleurs, partageant des anecdotes de voyages et des rencontres marquantes. de Victor Hugo à Philby père et fils, en passant par Patrick Leigh Fermor, l'auteur tisse ici un récit captivant autour de ces âmes en quête d'une liberté insaisissable.
À travers les récits de ses propres voyages – de la Hongrie post-Mur de Berlin à l'Inde et l'Himalaya, en passant par les horreurs de la guerre en Yougoslavie – il nous transporte dans un monde où l'aventure devient le fil conducteur de l'existence. Son écriture, empreinte de poésie et de réflexion, célèbre la beauté des découvertes et la richesse des expériences vécues.
En revisitant ces moments clés de sa vie, François Sureau nous invite à contempler la grandeur de l'inconnu et à embrasser la diversité du monde qui nous entoure. À travers cette méditation sur l'aventure, il nous rappelle que la recherche de la compagnie de ceux qui partagent notre soif d'évasion est un voyage en soi, une quête perpétuelle de sens et de beauté
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