«
le cerveau solitaire » est sans surprise un livre très mental. Les décors sont très dépouillés : une plaine, des mouettes, des ruines, un vaisseau spatial. Les descriptions sont très sommaires. Les personnages sont aussi très stylisés : un capitaine de vaisseau, un télépathe, une blonde aussi farouche qu'ingénue… Et un extraterrestre qui ressemble par sa taille et sa forme à un I-phone ovoïde (et il est tout aussi "mange cervelle").
Nous abordons ici le thème de la « puissance mentale » (celle de l'esprit) mais il n'est pas pour autant question de psychologie (ce qui est parfois préférable).
L'histoire est relativement simple : L'Ipod de l'espace (Uli pour les intimes) est le dernier de sa race et il s'ennuie depuis 50 000 ans sur une planète désolée. Il a pour projet d'envahir l'empire galactique (normal il est très très méchant). Il a pour cela le pouvoir de contrôler l'esprit et le corps. Les humains quant à eux chargés de recenser les mondes habitables arrivent (en bons colons) très sûr d'eux sur la planète qu'ils ont rebaptisés. Seul (contre tous) Keim le télépathe fait son rabat joie sur le thème très classique en S.F de « ce n'est pas parce que nous ne pouvons pas déceler une menace qu'elle n'existe pas et la technologie ne peut pas tout expliquer ». Bien évidement et hélas pour eux, nos amerloques du futurs ne peuvent être que sceptiques face à une telle assertion et ils ne remarqueront que trop tard la menace qui pèse sur eux.
L'extra-terrestre mauvais comme une teigne et encore plus confiant en sa supériorité que les humains s'autorise à détruire tout ce qu'il peut juger comme inférieur. Il ne sait rien de l'éthique ni de la morale (un vrai petit nazi) pour lui seul compte la volonté de puissance et la place qui lui revient. (Voilà qui est très Nietzschéen) . A plusieurs moment le focalisation du récit nous plonge dans son esprit du monstre et ce n'est pas triste.
Au fur et à mesure que le duel des télépathes se met en place le livre devient de plus en plus prenant et on finit par le lire d'une traite. L'E.T est très malin et il n'hésite pas à bluffer et à tricher. Nous assistons à un « règlement de compte à O.K. Corral » de la puissance mentale… C'est une véritable « lutte à mort » au sens hégélien du terme et c'est celui qui s'en approchera le plus qui l'emportera.
Vous l'aurez compris l'idéologie de ce livre est somme toute assez libérale : Uli est un extraterrestre totalitaire qui veut contrôler tout les esprits et tuer toutes formes de liberté d'agir et de penser (vive la pensée unique). Il est finalement assez typique des livres de la S.F de l'âge d'or. Toutefois
le cerveau solitaire évite les grosses ficelles qui auraient pu en faire un livre ennuyeux (dont la psychologie à la petite semaine et la technologie ringarde). Je l'ai relu avec beaucoup de plaisir avant de faire cette critique.
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