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EAN : 9782070178711
144 pages
Gallimard (12/01/2017)
3.53/5   1019 notes
Résumé :
Angleterre, 30 mars 1924. Comme chaque année, les aristocrates donnent congé à leurs domestiques pour qu’ils aillent rendre visite à leur mère le temps d’un dimanche. Jane, la jeune femme de chambre des Niven, est orpheline et se trouve donc désœuvrée. Va-t-elle passer la journée à lire ? Va-t-elle parcourir la campagne à bicyclette en cette magnifique journée ? Jusqu’à ce que Paul Sheringham, un jeune homme de bonne famille et son amant de longue date, lui propose ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (275) Voir plus Ajouter une critique
3,53

sur 1019 notes
Second coup de coeur 2017 !

Berkshire, Angleterre, 30 mars 1924,
Un dimanche, le dimanche des mères, de nombreuses mères orphelines de leurs fils tombés à la guerre,
Une journée magnifique, lumineuse,
Jane la jeune servante orpheline des Niven va rejoindre le fils des voisins , Paul Sheringham, à Upleigh House, dans sa propre maison, dans sa propre chambre, pour la première et dernière fois.
Ce dimanche des mères, ils sont seuls dans le manoir. Une liaison de sept ans, qui doit prendre fin avec le prochain mariage de Paul avec une riche héritière de sa propre condition.
Mais la vie de Jane ne s'arrête pas à sa vie sexuelle et amoureuse. Bien que clôturant une liaison , cette journée lui ouvrira les portes de la liberté, une liberté qui avec sa passion des livres " pour garçons" , Conrad, Stevenson.....qu'elle emprunte à son employeur, vont crucialement changer son destin.
Le livre raconte cette unique journée, remémorée par Jane soixante ans plus tard.
Une journée qui la marquera à vie. Une journée que Swift nous raconte dans ses moindres détails, ancrés à jamais dans la mémoire de Jane. Une journée vécue, rêvée imaginée, fantasmée, où réalité et fiction s'entremêlent . Une journée qui débouchera sur un destin quasi fictionnel........

Ce qui semble une histoire simple d'amours interdits n'en est pas une. Elle est tout autre et je vous laisse la découvrir.
Mais le sel du récit est sans conteste la prose de Graham Swift, concise et envoûtante.
Chaque mot est à sa place et l'auteur s'y amuse (v.o). "Undo" par exemple pour dénuder, qu'il utilise suite to " undress", le mot approprié classique; "the shower" que Paul utilise en parlant de ses parents, littéralement un groupe de personnes insignifiantes; "Emmamobile" pour la voiture de Emma ,la fiancée de Paul; "orchid" ,Milly la cuisinière qui confond "orphan/orpheline" avec "orchid/orchidée"......jouer avec les mots, ce que fera aussi Jane ....beaucoup plus tard.
Cette journée remémorée dans le temps, pose aussi la question sur le rôle et la nature de la fiction, comment la fiction pourrait devenir réalité ? La vérité peut être imaginée aussi bien que la fiction peut découler de la vérité, et parfois même s'approcher plus de la vérité que la vrai vie.
Outre sa plume, l'autre point du génie de Swift est de se mettre avec succés dans la tête d'une femme . La Jane qui parle de Littérature, c'est lui. Un bel hommage à la femme à une époque où une situation comme celle de Jane était des plus précaires.

Un bijou littéraire de sensualité et de sensibilité !


" the great truth of life, that fact and fiction were always merging, interchanging "
"la grande vérité de la vie, fait et fiction toujours se confondaient, se permutaient"


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Dans la campagne anglaise lumineuse et calme, alors que des aristocrates se remettent d'une guerre qui a réduit leur train de vie, mais les a surtout privés de leurs fils morts aux combats, Jane aime Paul, les bibliothèques, les mots : les lire et les écrire. Mais Jane est bonne et Paul un aristocrate qui va bientôt se marier. Alors, quand le 30 mars 1924, le dimanche des mères qui libère les domestiques, il l'invite à pénétrer chez lui pour la première fois, Jane sait aussi que c'est la dernière. Une fin qui est peut-être pour la jeune fille la genèse d’une carrière d'écrivain...

Sensuel, déroutant, magnifique parfois, le récit de Graham Swift nous emporte loin dans les sentiments et les passions d'une femme qui ne s'encombre pas des préjugés de classes. Une femme qui va au bout de ses désirs et devient un écrivain (sorte de double littéraire de l'auteur ?) qui si elle s'exprime avec pondération et réflexion sur Conrad, sur l'écriture romanesque et sa part de vérité, ne reste pas moins une incorrigible passionnée : « Nous sommes tous du combustible. Sitôt nés, nous nous consumons, et certains d'entre nous plus vite que d'autres. Il existe différentes sortes de combustion. Mais ne jamais brûler, ne jamais s'enflammer, ne serait-ce pas triste ?  »
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Ce court roman est une vraie réussite de sensualité, liberté et nostalgie. Il condense en une seule journée, à la fois un beau portrait de femme dont la vie bascule ce jour-là, et l'ambiance d'une époque et d'un monde aristocratique révolus.
J'ai souvent pensé à Stefan Zweig, pour la concision de narration, la précision de psychologie des personnages, c'est dire si l'histoire se lit avec plaisir et livre une réflexion intéressante sur le changement de destinée.

Il souffle surtout un incroyable vent de liberté sur cette histoire nichée au coeur de la campagne anglaise, le dimanche 30 mars 1924, jour traditionnel de congé pour les domestiques.
Jane, l'héroïne, orpheline et bonne de son état, a dû « partir avec une feuille vierge ou, plutôt, être soi-même une feuille vierge. N'être personne. ». Oui, mais voilà elle est dotée d'un appétit de vie inhabituel ce qui va lui permettre de dénouer progressivement les noeuds d'un destin à priori de servitude et de contraintes pour devenir écrivain.

« Nous sommes tous du combustible. Sitôt nés, nous nous consumons, et certains d'entre nous plus vite que d'autres. Il existe différentes sortes de combustion. Mais ne jamais brûler, ne jamais s'enflammer, ne serait-ce pas triste ? »

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Mars 1924. L'Angleterre porte encore les stigmates de la guerre. Elle panse ses plaies et les mères pleurent leurs fils morts au combat. Ce 30 mars, en ce dimanche des mères, le soleil inonde la campagne. L'on se serait cru au mois de juin tant le climat est doux. En ce dimanche des mères, les maîtres des lieux, comme cela se fait, donnent congé à leur personnel. La plupart se rende justement auprès de leur mère. Mais pas Jane Fairchild, orpheline qui n'a personne à visiter. À Beechwood, au petit matin, les Niven se préparent afin de rejoindre, à Henley, les Hobday et les Sheringham. Un repas entre amis organisé afin sans doute de finaliser les préparatifs du mariage de Paul Sheringham et Emma Hobday. Jane, elle, en profitera peut-être pour lire au soleil ou encore parcourir à bicyclette la campagne de Berkshire. Mais, un coup de fil va modifier ses quelques projets. Paul, son amant depuis sept ans, l'appelle en douce afin qu'elle le rejoigne chez lui, à Upleigh House. Il a la maison pour lui seul, ayant dit à ses parents qu'il bûchait son droit avant de rejoindre sa fiancée, Emma. Ce sera la première et la dernière fois que les deux amants feront l'amour dans la chambre du jeune homme. Après, il s'en ira, mettant fin à cette liaison…

En ce dimanche des mères étonnamment chaud, Graham Swift nous entraîne au coeur de cette campagne anglaise, dans cette chambre inondée de soleil, là où Jane et Paul, dans leur simple nudité, se voient, s'observent, pour la dernière fois. Ce dimanche marquera à jamais la vie de Jane qui, 70 ans plus tard, alors écrivaine, reviendra sur ce jour si mémorable. Une journée qui, à la fois, marquera le début et la fin d'une nouvelle vie pour la jeune femme puisque à la fois sa personnalité, ses désirs et ses passions se dessineront. Graham Swift, de son écriture gracieuse et sensuelle, nous offre un roman étincelant, lumineux, d'une incroyable finesse et sensibilité. Il se dégage de ces pages une certaine musicalité, tant chaque mot sonne juste, une force émotionnelle et un brin de nostalgie. L'auteur évoque avec justesse la profession d'écrivain mais aussi le plaisir de la lecture, les notions de vérité/mensonge, réalité/fiction. Un roman délicat et d'une rare intensité...
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Est-ce qu'il vous arrive comme moi de pratiquer la photographie mentale ? Lorsque je quitte un lieu chargé d'émotions parce que j'y ai vécu quelque chose de très fort et que je sais que je ne reverrai plus jamais cet endroit, je le photographie avec mes yeux, je ferme les paupières comme si c'était l'obturateur d'un appareil photo, j'y mets tout mon coeur pour que l'image s'imprime en moi, puis je rouvre les yeux, voilà c'est fait, cela n'aura duré que quelques secondes. La photo sera en moi à jamais. Je suis sûr que cela vous arrive aussi, dites-moi...
Ceux qui ont lu le dimanche des mères, ceux qui ont aimé ce livre, savent à quoi je fais allusion : cette chambre que Jane photographie elle aussi mentalement avant de la quitter, parce qu'elle y entre pour la première fois et aussi pour la seule fois de sa vie, parce que cette chambre est justement un endroit chargé d'émotions, un lieu d'amour, un lieu de transgression aussi, puisque sa condition de bonne l'en interdit l'accès. C'est un lieu de passage au sens où elle s'apprête dans cette chambre à passer d'un versant à l'autre de son existence... Elle ne sait pas encore qu'à cet instant d'autres événements viendront plus tard accroître la charge émotionnelle de ce lieu...
Mais revenons à l'histoire...
Ce roman m'a touché au coeur. Je me réjouis toujours de ces textes dont les silences en disent davantage que le seul récit narratif.
Ici, une seule journée suffira pour étirer l'imaginaire presque jusqu'à l'infini.
Le dimanche des mères est ce fameux jour que les aristocrates britanniques devaient accorder à leurs domestiques comme congé pour qu'ils aillent rendre visite à leur mère le temps d'un dimanche.
Nous sommes le 30 mars 1924. Quand je pense que deux mois plus tard mon père s'apprêtait à naître, que ma grand-mère que j'ai bien connu avant déjà trente-quatre ans, je me dis que c'était presque hier...
Nous sommes en 1924, en Angleterre et ce siècle avait déjà perdu sa jeunesse. La mémoire de la Grande Guerre est encore présente.
Jane, bonne chez les Niven, étant orpheline, elle accordera ce dimanche à tout autre chose, rejoindre son amant Paul Sheringham, aristocrate de son état, qui prépare son droit. Ils sont amants depuis sept ans, mais Paul Sheringham doit se marier dans quinze jours. Et dans ce mot de devoir, on sent tout le poids de l'aristocratie britannique et des mariages arrangés à l'avance.
J'ai aimé cette façon délicate d'inviter deux amants dans ce décor juste après la guerre, leur amour en est imprégné forcément, c'est d'une justesse belle, autour d'eux le monde est en deuil ou bien mutilé, tandis qu'ils s'aiment. Faut-il en avoir mauvaise conscience ? Simplement, sans doute à cause de cela, une étrange gravité se mêle parfois à leurs fous rires d'amoureux. C'est une légèreté en forme d'apesanteur.
Ce dimanche des mères sera l'occasion de leurs dernières étreintes, faire l'amour une dernière fois. Ultime cadeau, la demeure des Sheringham étant vide ce jour-là, Paul invite Jane à l'y rejoindre et à franchir la porte principale de la demeure. Aujourd'hui pas question de cacher sa bicyclette dans la haie d'aubépine. Fini l'amour dans une serre ou derrière un buisson, elle aura droit d'entrer dans la chambre de Paul, non pas en tant que bonne, mais en tant qu'amante. Ce sera leur ultime transgression à l'ordre si bien établi des choses...
Ils ne sont pas tristes de ce dernier jour qui scelle la fin de leur relation, c'est une joie pure qui clame un amour à jamais. Il n'y a pas de tristesse, pas de regret, ce dernier jour il faut le croquer à belles dents...
Jane, en parfaite photographe mentale, nous délivre ici quelques clichés inoubliables pour elle, et même sonores : une clé sous un ananas en pierre, leurs corps nus sans entrave qui se promènent dans cette chambre baignée de soleil, une fenêtre ouverte où entre le ciel comme une lumière de juin, une bibliothèque car Jane à la passion des livres, une tâche sur le drap, la sonnerie interminable du téléphone longtemps après, longtemps après... Après quoi ? Je vous laisse le découvrir. Des clichés inoubliables, puisque soixante-dix ans après elle s'en souvient encore comme si c'était hier.
En lisant ce roman, j'étais nu moi aussi dans cette chambre, j'étais présent dans ce décor et c'est la force prodigieuse de ce texte que de poser ces instants éphémères, clandestins...
J'ai aimé ce désir qui traverse Jane lorsque que sur sa bicyclette elle pédale vers ce rendez-vous d'amour, j'imagine son visage irradié de soleil, sa peau déjà disponible à la joie, c'est un désir entre la pudeur et l'audace, confirmant dans ce mouvement que le désir est à la fois manque et plénitude. Plus tard lorsqu'ils seront nus, marchant dans cette chambre, la seule impudeur ce seront deux corps nus de deux classes sociales différentes, l'une qui domine l'autre, ou dit autrement l'une qui est au service de l'autre. Ce sont deux corps nus consumés d'amour qui s'affichent, n'ont rien à faire l'un avec l'autre, sauf à s'aimer de manière clandestine, outrageuse, éphémère. le langage du corps prévaut par-delà les classes sociales. Ce sera cette transgression qu'ils auront franchie et scellée à jamais dans leurs coeurs entre deux mondes qui les séparaient avant et qui les sépareront bientôt à jamais. La première partie du roman qui dit cela est sensuelle à souhait...
J'ai aimé le silence de ceux qui savent et se taisent...
J'ai aimé le regard de cette femme devenue écrivain, près de soixante ans après, et même soixante-dix ans après. Je pense que c'est dans cette chambre que son désir d'écrire est venu.
J'ai aimé sa façon d'affronter la célébrité lorsqu'elle devint une auteure reconnue. Elle écrivit beaucoup d'histoires, mais en taira une, une seule, la sienne. Être écrivain, c'est peut-être revenir à être fidèle à l'essence même de la vie. Qu'importe ce qu'on dit, ce qu'on ne dit pas, la manière dont on le dit...
Laute
Graham Swift nous peint ici un magnifique portrait de femme.
Pour tout cela j'ai trouvé ce texte fort beau. Je ne connaissais pas l'écrivain Graham Swift que je découvre ici, quelle belle rencontre ! Merci Nathalie de m'avoir fait découvrir ce livre et cet auteur.
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critiques presse (5)
LeJournaldeQuebec
13 mars 2017
Cette élégante histoire d’amour se déroulant dans l’entre-deux-guerres a réussi à me toucher en plein cœur.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Lexpress
13 février 2017
Dans ce bref roman de formation, ciselé comme un joyau, chaque détail, chaque silence, compte.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LaLibreBelgique
27 janvier 2017
Graham Swift enchante avec un portrait de femme qui voit s’ouvrir son destin.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeFigaro
20 janvier 2017
Sensualité et nostalgie se disputent la vedette dans ce roman de Graham Swift.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Telerama
11 janvier 2017
Une journée particulière dans la vie d'une jeune employée de maison. Fulgurant roman du Britannique Graham Swift, limpide et étincelant.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (177) Voir plus Ajouter une citation
J'étais orpheline. [...] Cela m'a toujours paru la condition idéale pour devenir écrivain - surtout romancière. N'avoir aucune référence. Partir avec une feuille vierge ou, plutôt être soi-même une feuille vierge. N'être personne. Comment peut-on devenir quelqu'un si l'on n'a pas d'abord été personne ?
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Normalement, on ne devait entrer dans les bibliothèques, oui, surtout dans les bibliothèques, qu'après avoir discrètement frappé à la porte, même si, à en juger par celle de Beechwood, il n'y avait personne la plupart du temps. Cependant, même sans personne à l'intérieur, elles pouvaient vous donner l'impression, plutôt désobligeante que vous n'aviez rien à y faire. Une bonne se devait toutefois d'épousseter -et Dieu sait ce que les livres pouvaient accumuler de poussière ! Entrer dans la bibliothèque de Beechwood revenait presque à pénétrer dans les chambres des garçons, au premier étage. L'utilité des bibliothèques, se disait-elle parfois, tenait moins au fait qu'elles contenaient des livres, qu'à celui qu'elles préservaient cette atmosphère sacrée de "prière de ne pas déranger" d'un sanctuaire masculin.
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C'était le première fois qu'elle voyait un homme s'habiller, bien qu'elle fût en charge de s'occuper spécifiquement de vêtements d'homme et qu'au cours de cet été à la grande maison elle eût tôt fait de se familiariser avec l'étonnante variété de la garde-robe masculine, sa complexité et ses subtilités. Même si elle avait souvent eu, et dans les endroits les plus inattendus (écurie, serre, remise ou bosquet), l'occasion de trifouiller dans les vêtements de Paul Sheringham, alors qu'il les avait sur le dos, à condition -ou fort de l'assentiment tacite-, toutefois, qu'il puisse farfouiller dans les siens.
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Elle pédala dur au début, puis se mit en roue libre et acquit de la vitesse. Elle entendait ronronner son vélo, elle sentait l'air gonfler ses cheveux, ses vêtements et, semblait-il, ses veines. Le sang chantait dans ses veines et elle en aurait fait autant si la force irrésistible de l'air ne l'avait pas empêchée d'ouvrir la bouche. Jamais elle ne saurait expliquer cette totale liberté, cette folle impression que tout était possible. Dans tout le pays, des bonnes, des cuisinières et des nounous avaient été "libérées" pour la journée, mais y en avait-il une qui fût aussi libre qu'elle ?
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Elle deviendrait écrivain et vivrait jusqu'à quatre-vingt-dix-huit ans. Elle verrait deux guerres mondiales, vivrait sous le règne de quatre rois et d'une reine. Et presque deux reines puisqu'elle avait dû être conçue - tout juste - sous le règne de la reine Victoria. «Conçue puis oubliée».
Elle avait dix ans et elle était dans un orphelinat lorsqu'un grand paquebot heurta l'iceberg, faisant quelques orphelins de plus. Elle en avait douze lorsqu'une femme se jeta sous les sabots d'un cheval royal. Elle venait d'en avoir quinze lorsqu'elle travailla quelque temps, un été, dans une grande maison - elle n'avait encore jamais vu semblable palais - où elle appris tout ce qu'il fallait savoir sur les émissions nocturnes.
Elle vivrait assez longtemps pour devenir presque centenaire et pour comprendre qu'elle avait probablement connu, vu - et écrit - suffisamment. Cela lui était égal, disait-elle d'un ton enjoué, si elle ne parvenait pas jusqu'à l'an 2000. C’était deja un miracle qu;elle fût arrivée jusque-la. Le chiffre 19 avait marqué sa vie et dix-neuf ans , c’était un bien bel âge, ajoutait-elle en souriant.
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Videos de Graham Swift (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Graham Swift
Bande annonce VO du film "Mothering sunday" adaptation du roman de Graham Swift, paru en francais sous le titre "Le dimanche des meres"
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