Ce qui frappe d'emblée à la lecture de ce livre, c'est le ton distancié de l'auteur, comme si ce n'était pas de lui qu'il parlait, pour raconter l'enfer de sa survie dans le ghetto de Varsovie entre 1939 et 1945. Car c'est bien de survie qu'il s'agit, qui ne laisse aucune place aux émotions, aux états d'âme, aux sentiments ou ressentiment. On est plongés dans le vif de l'action, au coeur de la barbarie, de l'atrocité, c'est le crescendo dans l'horreur.
Le recul et l'analyse, on les trouve dans les pages, bouleversantes, à la fin après le récit de
Szpilman, extraites du journal de Wim Hosenfeld, cet officier allemand qui lui sauva la vie. Ces pages nous donnent à lire ce qu'un Allemand, officier de surcroit, a pu éprouver et ressentir au vu des crimes perpétrés contre l'humanité par son peuple, ces sentiments que sont la honte, la culpabilité et le dégoût, les questions sans réponses qui le hantent quant au sens de cette barbarie.