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C'est avec beaucoup de recul, lié à mon appréhension, que j'ai démarré ce témoignage exceptionnel de Wladyslaw Szpilman. J'avais vu deux fois le film, apprécié l'inoubliable prestation d'Adrien Brody et pleuré en écoutant Janusz Olejniczak (doublure d'Adrien Brody) interprété Chopin au piano. Il m'apparaissait essentiel de revenir à la source : le récit incroyable de Wladyslaw Szpilman.

Ce récit bouleversant, aux accents tellement intenses du vécu, nous plonge directement dans Varsovie en 1939. le récit est écrit simplement, avec sobriété, c'est ce qui en fait toute sa force. Il nous immerge totalement dans la ville de Varsovie, on s'identifie d'emblée à ce jeune pianiste et aucune leçon d'histoire ne peut se substituer à ses mémoires.

Wladyslaw, jeune pianiste juif polonais à Radio Pologne, vit tranquillement avec ses parents, son frère et ses deux soeurs. L'arrivée des Allemands va précipiter cette famille en enfer. Les portes du ghetto vont bientôt se refermer sur eux. Comme tous les 400 000 juifs de Varsovie et d'autres venus des villes et des campagnes voisines. Ils vont devoir porter le brassard blanc avec une étoile de David bleue, leurs biens sont confisqués, les hommes sont affectés au travail forcé. Petit à petit, la population du ghetto subit les privations, les humiliations, la faim, le froid, les maladies infectieuses, les violences, les exécutions sommaires jusqu'au jour de la déportation où ils sont rassemblés sur la Umschlagplatz à destination de Treblinka.

Et c'est de ce quotidien que témoigne Wladyslaw Szpilman. C'est une lecture éprouvante qu'il faut tenter de mettre à distance tant l'innommable dans le ghetto est omniprésent.

J'avais déjà lu « Les dépossédés » de Steve Sem-Sandberg sur le ghetto de Lodz. Ce livre avait obtenu en Suède le prix August-Strindberg. Pour écrire ce roman, l'auteur s'était inspiré des archives de Lodz. Je l'avais lu en tension permanente devant l'horreur qui défilait sous mes yeux. Mais ce « Pianiste » est précieux ! L'écriture, bien que distanciée pour éloigner la douleur, possède cette grande qualité d'authenticité qui porte en elle l'espoir « du plus jamais cela » ! Mais l'être humain est très inventif quant au renouvellement de l'Histoire, il est même interchangeable !

Wladyslaw possède une capacité de résilience hors du commun tant psychologiquement que physiquement. Il sera surnommé le Robinson Crusoé de Varsovie. Face à toutes ces atrocités, les tortures morales, la déportation de ses parents, le sentiment de culpabilité de ne pas les accompagner, la faim, la soif, le froid, la chaleur caniculaire, la peur, l'insécurité que l'on ressent tout au long de la lecture, la révolte du ghetto, il lutte pour sa survie ! Et tout cela pendant cinq ans, sa résistance sera mise à rude épreuve ! Paradoxalement, dans cet environnement hostile, il craint pour ses mains. Affecté à un travail manuel épuisant dans le froid, affamé, harcelé, violenté, le pianiste pense à ses mains. Ce qui sous tend qu'au fond de lui, il y a cette petite flamme intérieure qui le porte, une lueur d'espoir de rejouer un jour du piano, une force vitale qui surmonte tout ! A moins qu'il ne pressente la protection de l'Univers qui lui assigne de vivre pour témoigner comme le révèle cette chaîne de solidarité qui se crée autour de lui et parfois venant de personnes inattendues.

« Au début de son épopée, Wladyslaw Szpilman est sauvé par un des membres de la police juive du ghetto, tant haïe par ses habitants ; à la fin, c'est un officier allemand qui découvre le pianiste moribond dans les ruines désertées de Varsovie, et qui non seulement l'épargne mais lui apporte de la nourriture, un édredon et un manteau dans sa cachette. » page 256.

En 1946, Spilzman publie son récit qui est censuré par le régime communiste. C'est cinquante ans après que cette autobiographie sortira de l'oubli grâce à son fils, Andrej Spilzman ainsi qu'à Roman Polanski : poignant mais indispensable témoignage que je recommande.

J'ai aussi une pensée pour cet officier Allemand, Wilm Hosenfeld, qui malgré les recherches et toute la bonne volonté de Spilzman, décèdera en 1952 dans les prisons de l'Union Soviétique, à Stalingrad, à force de torture. Il est reconnu « Juste parmi les Nations » en 2009 pour avoir sauvé plusieurs personnes.

Dans le livre de François Cheng, « le dit de Tianyi » une petite phrase a retenu mon attention « le mal se cacherait-il dans la beauté » et ici je dirais « La beauté se cacherait-elle dans le mal ».


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Une histoire qui prend aux tripes, d'une puissance folle à travers une torture psychologique du personnage principal auquel on s'identifie facilement. Un roman horriblement beau ou magnifiquement horrible.

Dur et très poignant à la fois, Szpilman met à nu ce carnage dicté par la folie meurtrière des nazis, en suivant pas à pas, et chronologiquement, l'anéantissement de toute une famille. Les déportations, les exécutions sommaires, la barbarie gratuite, et la faim qui tenaille les ventres, "Le Pianiste" présente différemment l'innommable

Le roman raconte l'histoire du ghetto de Varsovie à travers la petite histoire : celle d'un pianiste juif, qui a survécu à ces années noires et qui a publié son autobiographie par la suite. Sans surprise, Szpilman raconte cette histoire sans faire de sensationnalisme, hormis quelques effets trash qui n'étaient pas indispensables. La première partie du livre dépeint la dégradation des conditions de vie des juifs. La famille de Szpilman est d'abord irritée par cette discrimination, puis tente de conserver sa dignité, puis finit par être déportée. le héros, exprime peu ses émotions, à l'image d'une histoire crue qui se déroule comme une fatalité, comme si rien ne pouvait être fait pour empêcher le pire.

Mais si le roman est si poignant, c'est aussi parce que sa conclusion est amère et cynique. On se rend compte que Szpilman survit uniquement parce que les gens sont aveuglés par son talent, et voit en lui plus qu'un individu parmi d'autres. A l'image du nazi qui le fait subsister à la fin de la guerre parce qu'il est amoureux de sa musique. On se pose alors une question : Peut-on continuer à vivre, quand on sait que notre survie est due à quelque chose d'abstrait qu'est le talent musical ? Certes, Szpilman a survécu, mais sur quoi a-t-il pu bâtir le reste de sa vie ? Sa famille est morte, sa survie n'est, en quelque sorte, pas méritée. Et surtout, ceux qui ont sauvé Szpilman ne sont-ils pas eux-mêmes, sans le vouloir, des fascistes ? Ils l'aident lui, et pas les autres, selon un critère arbitraire : le talent. Vaut-on mieux que les autres parce qu'on sait jouer du piano ? Ce roman évite le piège de la reconstitution pour raconter une histoire qui interpelle, dérange et marque. Incontournable.
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Alors que dans de nombreux pays l'hydre nationaliste recommence à déployer ses ailes, certains continuent le combat en rééditant encore et toujours quelques témoignages poignants de la barbarie raciste et xénophobe. «Le pianiste» de Szpilman est un des livres les plus célèbres et des plus intéressants qu'on ait pu écrire sur la période. Car s'il décrit de façon réaliste les évènements, c'est aussi un formidable roman à suspens qui tient en haleine de la première à la dernière page. Contrairement à de nombreux ouvrages sur le sujet, il ne se contente pas d'énumérer la longue liste des sévices subis mais grâce à un talent d'écrivain indéniable, il met en situation l'horreur et l'indicible. A ce titre, les trésors de solidarité et d'amour que déploie la famille de Szpilman pour survivre dans le ghetto de Varsovie, l'ingéniosité mis en place pour éviter les rafles et la déportation n'est que la représentation de ce que vivait des milliers de personnes à la même époque. Il est bon d'individualiser tous ces destins, de sentir ces gens souffrir dans leur chair plutôt que d'aligner les statistiques et les chiffres pour se rendre compte de ce qu'était vraiment leurs souffrances au quotidien. Spilzman en 1940 était déjà un musicien connu et une vedette de la radio polonaise, ce qui lui vaudra d'être sauvé in extrémiste au moment du départ vers Auschwitz. C'est aussi grâce à ce statut qu'il trouvera des complicités pour se cacher. D'appartements en caches, il vivra des peurs et des angoisses éprouvantes, guettant le moindre mouvement, le moindre bruit lui signalant l'approche des SS. D'une fenêtre, il assistera à la résistance désespérée du ghetto et à l'élimination sommaire des derniers résistants juifs. A l'abri dans l'hôpital de Varsovie en ruine, il sera sauvé par un officier allemand mélomane et profondément révulsé par l'antisémitisme de ces congénères, une rencontre qui le marquera pour le reste de sa vie... à transmette de génération en génération pour ne jamais oublier.
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Ce récit autobiographique est bouleversant. Un témoignage authentique de la "vie" dans le ghetto de Varsovie pendant la seconde guerre mondiale.
Wladyslaw Szpilman raconte avec sobriété l'Histoire et son histoire personnelle. Le détachement dont il fait preuve est surprenant, mais je me dis que cela a sans doute été pour lui la seule façon possible de rendre compte de toutes les atrocités vues et subies.
L'auteur présente les faits bruts ; au lecteur de juger.
Rien n'est manichéen et il n'exerce aucune autocensure. Des Polonais et des Ukrainiens sont montrés comme collaborateurs de l'extermination des Juifs de Pologne. Et c'est un officier allemand qui sauve Wladyslaw Szpilman dans Varsovie en ruine.
Un livre initialement publié en 1946 sous le titre "Une ville meurt" qui a bien dérangé dans la Pologne communiste d'après-guerre, à tel point qu'il y a été censuré, et que l'auteur a été contraint d'y effectuer des changements majeurs (par exemple : le sauveteur devenant autrichien, puisqu'il était impensable de le garder allemand). Il faudra attendre un demi-siècle avant qu'il ne soit republié dans sa version originelle sous le titre "Le pianiste", d'abord en Allemagne puis dans le monde entier. Enfin !
Ce témoignage ne doit pas se perde. Bien au contraire, il fait partie des indispensables qu'il faut faire passer de génération en génération. À ce sujet, l'adaptation cinématographique de Polanski a grandement contribué à faire connaître l'histoire de Szpilman, et c'est tant mieux.
Le pianiste est un homme ordinaire qui a vécu une succession de faits extraordinaires lors de cette terrible période de l'Histoire qui n'est pas si lointaine, souvenons-nous en. Un homme qui ne doit finalement sa survie qu'à une succession de hasards et qui s'en étonne lui-même à de nombreuses reprises. Un homme qui a trouvé la force de se reconstruire et de vivre après la guerre, malgré la perte de toute sa famille et surtout après avoir vu toutes les horreurs dont les "hommes" sont capables. Un homme envers qui on ne peut éprouver qu'un profond respect.
Le "Journal du capitaine Wilm Hosenfeld" qui suit le récit de Szpilman est un excellent complément de lecture. L'officier allemand a écrit dès 1942 des lignes terribles de lucidité sur les atrocités commises par le régime nazi. Il est profondément émouvant dans la façon dont il écrit sa honte et la culpabilité qu'il ressent en tant qu'Allemand.
RIP monsieur Hosenfeld, vous qui avez été reconnu "Juste parmi les nations" à titre posthume en 2009.
"Le pianiste" est un livre indispensable, une lecture incontournable pour qui veut réfléchir sur l'Histoire et la nature humaine.
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Le pianiste ou la puissance des non-dits…

C'est dans ce qui n'est pas dit que ce roman est percutant. le contraste dans l'écriture entre le début, où l'auteur nous raconte, avec mille détails, sur le ton du bavardage, l'arrivée des nazis à Varsovie tandis qu'il mène une vie de jeune homme presque insouciant, et la fin du livre, qui narre sa survie de façon sommaire et purement factuelle, avec énormément de distance, de froideur presque, est saisissant. Une vraie coupure. Les non-dits se révèlent plus efficaces que n'importe quel mot, n'importe quelle image. Cela fait de cette lecture une expérience unique et poignante.

Un récit essentiel qu'il faut lire, bien évidemment.
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C’est à travers un récit sobre et émouvant que nous découvrons l’histoire hallucinante du pianiste polonais Wladyslaw Szpilman, surnommé plus tard le « Robinson Crusoé de Varsovie ».
En septembre 1939, Varsovie, en Pologne; croule sous les bombes. Wladyslaw Szpilman est pianiste à Radio-Pologne. Musicien de grand talent, il est unanimement reconnu comme l’un des pianistes les plus prometteurs de la musique polonaise. Mais au moment où le jeune pianiste termine sur les accords du « Nocturne en ut dièse mineur » de Chopin, sa station de radio cesse d’émettre. C’est la guerre et Szpilman est juif. Comme beaucoup de familles juives à cette époque, on minimise la menace nazie… et on subit, incrédule, l’inévitable conclusion de la montée du nazisme à Varsovie : persécutions, création du ghetto dans la capitale polonaise et les rafles perpétrées sur les Juifs pour les déporter vers les camps d'extermination. En août 1942, Szpilman et sa famille sont rassemblés pour être déportés. Un policier qui le connait en tant que musicien le fait sortir des rangs. Szpilman voit pour la dernière fois ses parents, frères et sœurs… A compter de ce moment, le pianiste doit se cacher et survivre. Durant deux ans et demi, il va tout vivre : liquidation du ghetto, insurrection, destruction…

Lu d’une traite, ce roman est de ceux qui ne peuvent laisser indifférent le lecteur. Le récit de cette survie dans Varsovie en ruines est tout simplement incroyable et apporte un nouvel éclairage sur cette période sombre.
Alors que les témoignages sur les camps et les atrocités commises en ces lieux sont légion, celui de Szpilman nous décrit une autre situation : celle d’un survivant malgré lui, d’un fugitif qui doit sa survie à sa volonté et à l’intervention de personnes parfois inattendues, comme l’officier allemand Wilm Hosenfeld. La description de la vie dans le ghetto, avant sa liquidation, est tout d’abord extrêmement intéressante. Elle révèle notamment la persistance des clivages dans la bonne société juive, à un moment où les préoccupations devraient être ailleurs. Tel un bouclier magique, l’importance des apparences demeure : on tente de préserver comme on peut sa dignité, ou du moins ce qu’il en reste. On découvre d’autre part la violence quotidienne du ghetto : la faim, le froid, la misère, les exécutions sommaires. Les descriptions sont parfois très dures mais avant tout réalistes. Il y a ensuite le courage d’une poignée d’hommes et de femmes qui ont su prendre les armes pour s’opposer à l’occupant nazi. Ils ne le savaient pas alors mais leur insurrection fit trembler d’effroi Eichmann…

Enfin, malgré l’horreur et la barbarie, l’histoire de Wladyslaw Szpilman nous souffle un vent d’espoir. Espoir tout d’abord en l’homme, dans sa volonté de survivre quoiqu’il en coûte. Et ensuite espoir en les hommes, tous ceux qui osent défier le régime oppresseur, plus encore lorsqu’ils appartiennent eux-mêmes à ce régime. Le récit ici n’est donc pas manichéen –les bons d’un côté, les mauvais de l’autre – mais avant tout réaliste.
Mon seul bémol sera celui-ci : si Szpilman n'avait pas été un pianiste de renom, aurait-il reçu la même aide ? Ne l'a-t-on pas aidé parce que l'on voyait d'abord en lui le musicien de talent et non pas le simple individu ? C'est ce qui semble ressortir de ce récit...

Il me reste tout de même une très forte impression de ce livre. Pour moi, « Le pianiste », dans une narration bouleversante, rend avant tout hommage aux Résistants de tous les bords. Et c'est là l'essentiel.
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J'avais vu le film, il y a quelques années. Un film qui m'avait vraiment touchée et que j'avais beaucoup aimé. Et puis un jour, je suis tombée sur le livre. Classé dans le rayon roman. Et puis en m'approchant de plus près, je me suis rendue compte qu'il s'agissait en fait d'une autobiographie. Alors j'ai demandé à la responsable de la médiathèque s'il n'y avait pas une erreur et j'ai été attristée de la réponse qu'on m'a faite : "si on le classe dans les autobiographie, il sortira moins". Bah oui, parce que le rayon autobiographie, en général on s'y interesse moins. Et j'ai vraiment trouvé ça dommage parce que ce livre mérite d'être lu, comme tant d'autres témoignages de ce genre qui sont perdus entre les biographies de Brigitte Bardot et Michel Druker. Oh ils ont sûrement eu une vie passionnante ! Mais leur biographie vaut-elle des témoignages aussi intenses que ceux de personnes comme Wladislaw Szpilman, ou Martin Gray (Au nom de tous les miens) ou même Christiane F ? Personnellement (mais ce n'est que mon avis), j'en doute.

Wladislaw Szpilman, dit Wladek, est né en 1911 en Pologne, de parents juifs. Tout de suite, pas besoin d'être historien pour comprendre un peu ce qui va lui arriver. Ce qu'on retient de lui, avant et même après guerre, c'est que, vous l'aurez deviné, c'était un paniste de grand talent. Il a d'ailleurs été nommé pianiste officiel de la radio polonaise en 1935. le 23 septembre 1939, il est interrompu tandis qu'il jouait un morceau de Chopin par les bombardements allemands qui détruisent l'emmetteur permettant sa diffusion. Ce n'est qu'à la fin de la guerre, en 1946 qu'elle recommence à emmettre avec le morceau de chopin que Szpilman n'avait pas pu terminer, comme si rien ne s'était passé. Et pourtant, il s'en est passé des choses durant ce laps de temps. Szpilman, comme tous les juifs, a fais les frais de la politique antisémite nazie. Enfermé dans le ghetto de Varsovie, il assiste à la lente descente aux enfers de la population juive de la capitale polonaise. Il parvient à échapper de justesse aux camps de concentration en se cachant dans le ghetto lors de la rafle qui devait tous les emmener. Il vit ainsi, parmis d'autres juifs qui comme lui se sont cachés, travaillant pour les allemands à la destruction du ghetto jusqu'à ce qu'un jour, il parvienne à reprendre contact avec des amis qui le cacheront dans un appartement vide. Et là encore, l'enfer continue. Ne devant pas se faire repérer, il vit dans le silence toute la journée. Il connait la faim. de ses fenêtres qui sont juste en face du ghetto, il assiste à l'insurrection des juifs, il les voit se faire massacrer dans la rue. Ses protecteurs sont arrêtés, il faut alors changé de cachette, vite. Et le voilà, dans un appartement, caché au beau milieu du quartier allemand de Varsovie au moment où les polonais commencent à se révolter. Et puis un jour, il est réveillé par le bruit de vitres cassées, de lances flammes et surtout des canons qui détruisent un à un tous les immeubles de la rue pour traquer les derniers résistants. Et là, il comprend qu'il ne peut plus rester là. Il parvient à s'enfuir sans être repéré et retourne se cacher à l'intérieur du ghetto, maintenant vide, dont il ne reste que des ruines. Et puis, poussé par la faim, il finit par les visiter, ces maisons dont il ne reste plus rien. Et durant ses recherches, il tombe nez à nez avec un officier allemand qui lui demande ce qu'il fait là et qui il est. C'est encore ce morceau de Chopin que Szpilman va interpréter à la demande de l'officier. Et là, la chance tourne. L'officier allemand, dont Szpilman ne connait pas le nom, va l'aider à se cacher dans le grenier de cette maison qu'il transforme en quartier général, lui apportant de la nourriture et lui offrant même son manteau le plus chaud pour l'aider à passer l'hiver. Et puis les allemands partent, chassés par les soviétiques et Szpilman sait alors que cette fois, l'enfer est terminé. Après tout ça, il reprend sa carrière de pianiste là où elle s'était arrêtée, voyage de par le monde pour donner des concerts et décède en 2000.

C'est cette histoire que Szpilman raconte dans son livre, écrit au lendemain de la guerre. D'abord publié tout de suite en un petit nombre d'exemplaire, il a été critiqué, censuré et même interdit car brisant le politiquement correct. Szpilman décide alors de tirer un trait sur son passé et n'en parlera à personne, pas même à son fils qui l'apprendra plus tard en découvrant le manuscrit. C'est lui qui fera réédité le livre en 1998, lui permettant d'être enfin reconnu pour sa valeur historique.
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Ce récit est celui du célèbre pianiste polonais qui a survécu pendant plus de 4 ans dans le ghetto de Varsovie.
Il a été brillamment adapté au cinéma par Roman Polanski.
Si ce n'était pas un témoignage, l'aventure humaine de cet homme semblerait basée sur des postulats absurdes (peut-on survivre avec si peu à manger ? Peut-on avoir autant de « chance » aussi souvent ?) dans un contexte exagéré.
Et pourtant, de coïncidences en hasards, cet homme survivra à l'extermination du ghetto de Varsovie, à la cruelle folie des nazis, à la faim, à la soif, aux profiteurs, aux coups du sort.
Bien qu'il ait pensé plusieurs fois de mettre fin à ses jours, il a toujours fait en sorte de protéger ses mains, envisageant au fond de son coeur de reprendre sa carrière, un jour.
Ce jour est venu grâce notamment à un officier allemand qui, torturé par les exactions commises par son Armée à l'encontre des Juifs, en sauvera autant qu'il pourra et finira sur l'autel des Justes.
Il n'est pas excessif de dire que la musique a sauvé la vie de Władysław Szpilman, et pour de nombreuses raisons.
Ce récit a été écrit au lendemain de la guerre mais sera censuré par le régime soviétique. Il n'arrivera en Occident que dans les années 80.
Même quand on pense tout savoir sur la volonté d'exterminer les Juifs et les moyens employés par les nazis, même si on pense avoir tout lu sur le sujet, il reste à lire ce témoignage, cette vision de l'intérieur d'un homme qui a vécu toutes les étapes du ghetto de Varsovie.
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Qui ne connaît pas cette oeuvre ? J'ai revu le film récemment et cela m'a donné envie de lire le livre. Bien m'en a pris.

En effet, la lecture apporte un autre ressenti. Wladyslaw SZPILMAN a écrit ce livre juste après la guerre, avec un certain détachement, sans pathos, ce qui n'enlève rien à l'horreur de son parcours, pendant la 2ème guerre mondiale, à Varsovie et de la vie dans le ghetto lors de cet effroyable évènement noir de notre histoire. C'est encore plus effrayant.

Wladyslaw SZPILMAN a, à plusieurs reprises, manqué d'être déporté, de mourir de maladie ou encore de faim, ou d'être simplement tué d'une balle. Peut-on dire qu'il est né sous une bonne étoile ? Cela dépend sous quel angle on le voit. Car il faut une sacrée force mentale pour éviter de sombrer lorsque toute sa famille et ses amis sont déportés, de vivre comme il a vécu pendant cette guerre et surtout de trouver le ressort pour rejouer du piano. Sa force à lui était là justement. La Musique avec un grand M.

Croyez-vous que ces horreurs soient définitivement derrière nous ? Hum !

Un livre qui doit être lu par tous pour ne pas oublier ce qui se trame aux portes de l'Europe aujourd'hui, juste à côté.

Ce livre a été interdit car Wladyslaw SZPILMAN a un moment de son parcours, été aidé par un Allemand, Wilm HOSENFELD qui l'a protégé et lui a procuré de la nourriture. Il a également dénoncé les exactions de certains qui « étaient du bon côté ». Ce discours n'était pas entendable et il a été censuré par le régime communiste.

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Témoignage émouvant et surtout éprouvant de l'auteur qui a écrit ce livre juste à la sortie de la deuxième guerre mondiale, à chaud.
Wladyslaw Szpilman avait tout pour vivre heureux en famille, avec une profession de musicien qu'il adorait quand l'enfer a débarqué à Varsovie.
L'auteur nous raconte dans le détail ces cinq années passées dans le ghetto de Varsovie, ses angoisses, la rafle de sa famille, son impuissance face au destin.
Le livre est divisé en trois parties: l'histoire de Szpilman, le journal du capitaine allemand Wilm Hosenfeld, qui a tout fait pour combattre le nazisme, et qui a sauvé de nombreux juifs d'une mort certaine, et en dernière partie, une postface très intéressante de Wolf Bierman.
Une oeuvre vraie, grandiose, qui permet de ne pas oublier une des pages les plus terrible de notre histoire.
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