J'ai tout de suite été attirée par la quatrième de couv' de ce bouquin.
Et, je ne le savais pas encore, mais je rentrais dans une phase de lectures concernant la vérité, son importance dans la fiction, etc (cf ma dernière chronique). Et je dois dire que tout ça est assez passionnant.
Bref, on rencontre ici un type, Eli, qui raconte son adolescence et le regard qu'il portait sur son oncle, Poxl, ex-héros de guerre. Mais, la majorité de l'intrigue concernera les mémoires dudit oncle. Parce que le Poxl, hormis avoir un prénom improbable, c'est un vétéran de la seconde guerre mondiale. Un juif pilote dans la Royal Air Force, c'est pas banal. Alors Eli, il est vachement fier de son oncle, et sûrement encore plus quand celui-ci sort un roman concernant ses mémoires de guerre, entre autres. L'admiration bat son plein, forcément. (bon, puis en vrai, c'est pas vraiment un oncle, c'était un poto du grand-père, mais ça n'a pas grande importance dans l'histoire)
Et là, gros changement dans la vie d'Eli : au moment où il admire le plus Poxl, celui-ci devient le moins disponible. Son bouquin est un best-seller, il enchaîne les conférences et les séances de dédicaces, son oeuvre est qualifiée de classique du genre, bref, c'est la gloire.
Sauf que. Il se trouve qu'un journaliste un poil curieux vérifie les sources. Et qu'il est bien possible que le fantastique Poxl West ait pipeauté son monde.
Ce qui est génial avec ce texte, c'est que non seulement, on a cette histoire que je viens de résumer brièvement, mais on a surtout le roman de Poxl, découpé en différentes parties, entrecoupées par des interludes, des entractes du point de vue d'Eli.
J'ai beaucoup aimé découvrir le point de vue britannique concernant la guerre, parce que même si j'ai quelques lectures et connaissances à mon actif sur cette période, il est vrai que j'avais des lacunes sur de ce côté.
Mais au final, ce qui m'a paru le plus intéressant, c'est l'histoire de l'homme. Ce jeune juif dont l'avenir semblait tout tracé, qui va migrer d'un pays à l'autre, vivre des deuils successifs traumatisants, se révéler grâce à
Shakespeare dans une grotte et finir par devenir prof de littérature aux États-Unis. C'est l'amour qui va remplir sa vie, puis le fuir. Ce sont ses fuites successives. Comment, finalement, au cours de sa vie, il va passer de l'état où il est admiré et aimé, à celui où il est délaissé.
Ce qui va être intéressant, c'est comment il va être admiré par des milliers de personnes pour son oeuvre littéraire, puis, sous prétexte qu'il est soupçonné d'avoir menti, comme il va être renié. Comme si son travail et son talent d'auteur n'étaient pas suffisants.
Un peu la lose, donc. Et, à travers les yeux d'Eli, qui l'aime finalement de façon inconditionnelle, et l'admirait d'autant plus suite à son succès littéraire, on va forcément s'attacher à ce personnage atypique, chercher à distinguer le vrai du faux. Mais une question m'est restée en tête : est-ce qu'il est si important qu'il ait ou non été un héros de guerre ? S'il ne l'avait pas été, son texte serait-il moins valable ? Moins passionnant ? N'était-il pas suffisant de traverser l'Europe en flammes ? Ou juste de survivre à cette période ? N'était-il pas suffisant de savoir susciter l'émotion chez le lecteur ?
Au-delà de Poxl et d'Eli, j'ai adoré découvrir
Daniel Torday et sa plume dans ce roman à tiroirs. Et je suis sûre d'une seule chose concernant ce livre : je relirai l'auteur !
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