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EAN : 9782020798327
148 pages
Seuil (11/03/2005)
3.85/5   150 notes
Résumé :
Le dernier ami
Mamed et Ali se rencontrent au lycée français de Tanger. Ils partagent tout, découvrent ensemble les filles, l'engagement politique, la liberté... Pendant plus de trente ans, rien ne semble pouvoir entamer cette amitié indéfectible. Jusqu'au jour où...

« Toi, tu es mon copain, il faudra juste que tu changes ta façon de t'habiller, et puis que tu sois moins radin. »

« Un roman extraordinaire, pudique et déchirant. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre que je viens de refermer est limpide et beau et grave. C'est le livre de l'amitié, la vraie, la totale, celle qui se joue des années... Celle bâtie dans les expériences communes de joie et de douleurs. Celle qui dépasse tout.
Mamed partira en Suède et Ali restera au Maroc. L'un connaîtra le mal du pays et l'autre ses mille tracas!
Ce livre d'écriture superbe et maîtrisée, va comme une rivière avec ses rapides, ses chutes et ses havres de tranquillité.
Et puis, et puis il y a la mort, tellement effrayante dans une longue agonie qui s'annonce.
Le livre se clôt par une lettre, annoncée avant le premier chapitre. Et tout est dit.
Un beau livre, pour une belle histoire.

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Une forte et belle amitié lie Mamed et Ali. Depuis l'adolescence, depuis 30 ans.
On redécouvre, le Maroc, Tanger, les repressions militaires, les désillusions qu'elles provoquent.
Comme toujours, Tahar Ben Jelloun réussit à retranscrire les contradictions de son pays et les sentiments humains.
Encore une belle lecture
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Déjà une dizaine de livres lus de Tahar Ben Jelloun. Donc, je ne pouvais que m'intéresser à ce livre LE DERNIER AMI qui évoque en priorité la thématique de l'amitié masculine (de l'enfance à la maturité / attraction-répulsion / relation dominant-dominé / image donnée-image réelle / Jalousie potentielle / fidélité malgré l'éloignement). Mais pas seulement.

Au travers de cette histoire qui raconte l'histoire de l'amitié entre Ali et Mamed, sur une période de quarante ans, sont également explorés les thèmes suivants : le rapport aux femmes (sexualité adolescente, mariage (fidélité / adultère), rapports de couple / jalousie / avoir ou ne pas avoir des enfants) ; la situation du Maroc qui, à cette période, faisait "disparaître" ses opposants politiques (pas de démocratie, arrestations arbitraires, camps de redressement, surveillance généralisée) ; les avantages et difficultés de l'expatriation lorsqu'on vient du Maghreb (démocratie et respect de l'individu / perte de repères et isolement / nostalgie de son pays d'origine) ; la maladie, la peur de mourir et la mort ; les clivages de classes dans la population marocaine (les jeunes éduqués, formés, aisés, ouverts par rapport aux autres quasi illettrés et sectaires) ; et accessoirement les aspects liés à la spiritualité et à la religion (athéisme / croyance, respect ou non du dogme et des interdits).

Bien sûr, le fond a toute son importance, mais c'est la forme particulière de ce roman qui a retenu toute mon attention, car elle m'a semblé ici originale.

1/ le livre commence et se termine par une lettre. Par un jeu de miroirs, s'opposent ainsi deux points de vue. Celui d'Ali qui exprime son ressenti à la réception d'une lettre de rupture, très courte et sèche qui lui est envoyée par son ami Mamed (à un instant T non défini). Et à la fin, on prend connaissance des mots exprimés par Mamed, au travers d'une lettre d'explication et de réconciliation, très longue et émouvante, qu'il adresse à son ami Ali, trois ans après la rupture.

2/ entre ces deux lettres, le livre est découpé en trois parties dont deux se veulent encore une fois des miroirs. On a le récit de cette période de vie amicale (de 1960 au début des années 2000) une fois du point de vue d'Ali et l'autre fois du point de vue de Mamed. Il est fort intéressant de découvrir ce que chaque enfant/homme a voulu trouver dans cette amitié, a trouvé, a rejeté et comment chacun d'entre eux a ressenti les mêmes événements. Chacune de ces parties donne à voir des traits (négatifs et positifs) de la personnalité du narrateur, mais aussi de son alter-ego. D'emblée, on croit percevoir qui, dans cette amitié, se révèle être un être sincère et qui semble n'être qu'un manipulateur pervers. Il est intéressant de constater, dans ces deux parties, que les non-dits de l'un sont souvent compensés par les dits de l'autre. En cela, le lecteur semble prendre connaissance de l'entièreté des personnages, avec ses atouts et ses failles.

Une troisième partie, très courte, a son importance. le narrateur en est Ramon, le bon copain du duo, qui - par la force des choses car il n'a jamais eu la place qu'il aurait voulu à leurs côtés - a été le témoin extérieur attentif de cette relation amicale particulière. Ramon qui trouve enfin une place, après l'éviction d'Ali, pour accompagner Mamed dans ses derniers instants. Il témoigne ainsi, avec son oeil extérieur, de la façon dont se sont déroulés ces derniers moments tout en rendant compte de la souffrance d'Ali, toujours dans l'incompréhension et dans la méconnaissance de la situation.

Après la forme, il y a le style de l'écriture de Tahar Ben Jelloun. Pas de fioritures ni de figures de style ampoulées. Un style simple, concret, coloré, sensible, parfois très cru, à la fois descriptif et introspectif qui confère à cette histoire des accents de vérité. Petite innovation un peu gênante au départ, mais à laquelle on s'habitue par la suite : la façon dont, sans transition formelle avec la narration (ex : deux points, ouvrez les guillemets pour montrer qu'il y a dialogue ou pensée), chacun des narrateurs est amené à exprimer, ici ou là, les pensées ou les dires de la personne dont il est question, avec ses propres mots, avec son propre style ( ex : Ali évoquant Mamed ; Mamed évoquant Ali ; les deux évoquant les militaires et matons du camp de redressement dans un sabir qui témoigne de leur manque d'érudition et de culture ; Ramon évoquant Ghita la femme de Mamed). Très peu de ponctuation aussi (seules des virgules séparent des phrases qui auraient mérité un point).
Mais, cela a l'avantage d'imprimer à l'ensemble une fluidité, un rythme rapide qui fait que ce livre est lu en à peine quelques heures.

Ce seront les quelques pages de la lettre finale qui m'auront le plus émue (je n'en dirai pas la teneur). Au point qu'il m'a fallu les relire pour en mieux percevoir et comprendre toutes les implications affectives et émotionnelles de la part de l'expéditeur. Je ne sais si cette histoire - et celle lettre en particulier - correspond à une réalité vécue par l'auteur (soit en tant qu'envoyeur de la lettre ou récepteur de ladite lettre) dont il aurait pu s'inspirer, ce qui expliquerait toute l'émotion qui s'en dégage. Néanmoins, si ce livre, et cette lettre en particulier, n'avaient aucune portée autobiographique, alors ceux-ci ne feraient que souligner la grande maestria de l'auteur, pour nous faire vivre et ressentir au travers son écriture, autant de réflexions et d'émotions.

Donc, un livre à lire si vous aimez Tahar Ben Jelloun ; si vous vous intéressez à l'histoire du Maroc et au mode de vie de ses habitants ; si vous souhaitez avoir un aperçu de ce qui se joue dans les amitiés masculines dès lors que l'on fait tomber les masques des apparences et que l'on fait fi de sa pudeur.










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Ali et Mamed se sont connus au lycée et cultivent une amitié comme il en existe peu, une amitié complice, intellectuelle, paillarde, renforcée par un long séjour, ensemble, dans les prisons du roi Hassan II.
Lorsqu'ils se marient, leur amitié triomphe de la jalousie de leurs femmes.
Mais un jour, Mamed met fin à cette amitié de façon aussi cruelle qu'incompréhensible...
Le roman est articulé autour de 3 parties : le récit d'Ali, le récit de Mamed et celui de Ramon pour terminer, ami des 2 qui donne un éclairage final à leur relation.
Pourquoi cette rupture ? Pourquoi cette cruauté ?
Tahar Ben Jelloun signe ici une histoire extrêmement sensible et pudique et nous donne une conception de l'amitié assez extrême, aussi pure et virile qu'elle soit.
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"Il avait l'habitude de dire:'Les mots ne mentent jamais; ce sont les hommes qui mentent; moi je suis comme les mots!' "
Il c'est Mohamed,petit et complexé, qui se fait appeler Mahmed au grand dam de son père,qui lit Marx et Lénine.
Son alter égo, c'est Ali, dit "Al Fassi le Juif" au lycée, un "fils de bonne famille" à la "belle gueule, anticolonialiste et militant.
Ils ont tous partagé:les cours en 1960,les filles,les excés sans tabou,les blagues salaces, la prison par la suite en 1966,puis le camp disciplinaire;ils se sont sauvés la vie mutuellement et malgré des orientations différentes la médecine pour l'un et l'enseignement pour l'autre,leur amitié n'a pas failli, elle est même passé avant leurs épouses respectives.
Alors où est la faille? D'où vient la rupture sans appel?
Tahar Ben Jelloun (prix Goncourt 1987 pour La nuit sacrée) évoque l'amitié dans le dernier ami,une amitié au risque de la mort et une cassure basée sur un mal-entendu.
Là où le premier n'y verra que protection, l'autre interprètera trahison et volonté de détruire.
Le talent de Tahar Ben Jelloun; qui situe le thème central de ce roman sur la page d'histoire de la guerre d'Algérie qui dénonce les abus, les arrestations intempestives,tortures et lavages de cerveaux, qui évoque aussi les graves manques (misère et conditions de soins médicaux déplorables) et le système archaïque des pays du Maghreb; est, comme au tribunal, de présenter au lecteur les versions des faits de chacun. Un troisième larron Ramon, rencontré lors de leur emprisonnement servira de témoin neutre.
Trois récits (la version d'Ali, celle de Mahmed et la vision plus neutre de Ramon) en un roman qui donnent à réfléchir sur les notions d'amitié et de rivalités, car les faits relatés sont-ils bien objectifs? Chacun n'a-t-il pas sa part de responsabilité dans l'échec d'une relation?
Des portraits criants de vérité, car les mots de Tahar Ben Jelloun, eux, ne mentent jamais!
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Mamed se moquait de moi et faisait croire aux copains que j'étais «un survivant de la préhistoire». Il était intarissable sur les vieilles traditions de [Fès] qui avait toujours refusé la modernisation, et laissait entendre que Tanger n'avait rien à voir avec cette «vieillerie» dont raffolent les touristes. Son père, un notable de la ville, sage et cultivé, ami de la délégation britannique rectifiait : Fès n'est pas une vieille chose sans intérêt, c'est le berceau de notre civilisation, c'est à Fès que nos ancêtres juifs et musulmans expulsés d'Espagne par Isabelle la Catholique ont trouvé refuge. C'est là qu'a été construite la première université musulmane de grand niveau, la Qarawiyyin, et c'est une femme qui l'a construite, une femme riche venue de Kairouan! Fès est elle-même un musée vivant et devrait faire partie du patrimoine universel ; je sais, des chefs-d'oeuvre sont mal conservés, mais c'est une ville unique au monde, et rien que pour ça, il faut la respecter.
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Moi, je montai avec une brune mince qui avait l'air triste. Je pensais qu'elle était experte. Elle était fatiguée et blasée. J'éjaculai vite. Elle poussa un soupir de soulagement. Elle se lava devant moi et au moment de se rincer la bouche, elle retira son dentier. Je descendis en étant dégoûté et attendis les autres devant l'entrée.
...
...je ne voulais plus entendre parler de Ceuta et de ses putains. Je n'ai jamais oublié la vieille et son dentier. Des images burlesques se bousculaient dans ma tête...
...
Mamed sentait que je n'étais pas heureux. IL pensait que c'était une histoire de morale, de culpabilité, de faute ou de péché. Non, j'étais blessé parce que j'avais vu ce que je n'aurais jamais dû voir : une femme édentée qui s'essuyait les cuisses avec un vieux gant mouillé et moi qui remettait mon pantalon en pensant que je venais de vivre un moment d'une infinie tristesse.
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Non, mon ami, occupe-toi de ta maladie, soigne-toi, laisse tes amis te tenir la main, laisse-les t'aider pour sortir de cette mauvaise passe, t'as pas le droit d'agresser la personne que tu aimes et avec laquelle tu as partagé des moments difficiles et d'autres plus heureux. À moins que ce ne soit ta jalousie enfouie dans le fond de ton âme qui s'exprime ainsi, de manière cynique et perverse. La jalousie est humaine, elle est injuste mais tellement répandue. La jalousie n'a rien à voir avec la raison, elle nous habite comme une mauvaise haleine qui se manifeste en cas de malheur.
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La première chose qu'il ait dite fut je n'ai rien dit parce que je ne savais rien;sous la torture tu parles,mais moi,je ne savais pas ce qu'ils me voulaient;j'inventais des trucs pour qu'ils arrêtent de me frapper,je disais n'importe quoi,alors ils redoublaient de férocité;ils avaient des dossiers sur chacun d'entre nous depuis nos premières discussions dans la cour du lycée; il y avait parmi nous un traître qui les renseignait;avec des recoupements j'ai deviné qui c'était;dans chaque groupe humainil y a un traitre qui doit jouer son rôle de traître;le notre était un type quelconque,un pauvre type qui se vengeait de la vie qui ne l'avait pas avantagé.
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Ghita pleurait. Mamed mit la main sur ses yeux. La nuit entra dans cette chambre et n'en sortit jamais.
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