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EAN : 9782021084689
192 pages
Seuil (23/08/2012)
3.13/5   40 notes
Résumé :
Slima est une putain marocaine. Son fils Jallal l’aide à attraper les hommes, les clients, les soldats
d’une base militaire. Il parle à sa place, se bat pour elle. Tous deux résistent à la misère et aux
humiliations. Ils savent manipuler les hommes, tirer d’eux de quoi survivre. Ils se sont inventé une
religion où cohabitent l’Islam, la sorcellerie, et des rêves nés des chansons populaires et des films.
Marilyn Monroe est devenue pour eux... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Je ne connaissais pas du tout l'oeuvre d'Abdellah Taïa, jeune auteur marocain, avant de lire Infidèles. Dans ce roman divisé en quatre parties, des voix s'élèvent, et j'ai eu l'impression que personne ne les écoute, personne ne les entend, pas même ceux à qui ils s'adressent. Ainsi, Slima ne réagit pas aux paroles pleines d'amour de son fils, qui tente de la faire réagir. Chaque personnage semble muré dans sa solitude - solitude à deux pour Jallah et sa mère - et ne jamais parvenir à s'en sortir.
Le mot n'est jamais prononcé, pourtant la fatalité domine. Chaque lueur d'espoir est très vite étouffée, quand elle ne plonge pas les personnages dans une douleur plus grande encore. Slima, enfant abandonnée, a été recueillie - sa mère adoptive en a fait très rapidement sa domestique, puis l'a vouée à la prostitution, lui ôtant ainsi tout avenir. Un soldat, parmi les nombreux clients de Slima, avait apporté un peu de réconfort à la mère et au fils, il sera la cause involontaire de l'emprisonnement de Slima. Même l'amour n'apporte rien de véritablement bon, parce que les êtres aimants semblent ne pas réellement regarder la personne qu'ils disent aimer.
Les phrases sont courtes, simples, rythmées, scandées comme des cris de douleur et de rage parfois. Les mots sont crues, aussi, et m'ont mis mal à l'aise, notamment en ce qui concerne Slima et son fils, et ce que celui-ci a très certainement subi de la part des clients de sa mère. Il est question aussi de la violence - officielle - du sort des femmes - lire le dialogue entre le coiffeur du Caire et Slima - de la religion, de l'extrémisme. Et de Marilyn Monroe aussi, trait d'union entre la mère et le fils, consolation pour les malheureux.
Infidèles est un roman désespéré.
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Des monologues de plusieurs narrateurs sur le Maroc où ils vivent : une prostituée, son fils, un militaire, et autres. Ils y parlent de prostitution, d' homosexualité, surtout l'enfantine très dérangeante, de tortures, d'Islam, etc. Seulement, le lecteur attend un échange entre eux... qui ne vient jamais. Confus.
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Les tribulations d'une Marocaine et de son fils.
Elle se prostitue, son fils baignant dans cette atmosphère se fait pourvoyeur de « clients ».
L'un d'entre eux, militaire déserteur, bouleversera involontairement leur vie en disparaissant.
Elle qui en chemin découvre la foi et la paix, lui en rencontrant un jeune garçon qui le trouble sentimentalement au point de l'entrainer vers le gouffre.
Un parcours dramatique, violent et sinueux mêlant la prostitution, l'amour, l'homosexualité, la foi en l'islam pour s'achever dans un imaginaire fantasmatique de l'au-delà…
Un livre parfois dérangeant servi par la plume percutante et éblouissante d'Abdallah Taïa.
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Lecture hyper décevante de cet ouvrage qui mêle, au ressenti du lecteur: vulgarité, dénonciation de l'analphabétisme liberticide et obscurantisme, Marilyn Monroe, les chanteuses égyptiennes, la marche verte, les tortures dans les prisons marocaines, la conversion de chrétiens à l'Islam, terrorisme et "explosion sublime",comme une manière de brouillon informe et indigeste. (simple opinion)
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Abdellah Taïa a publié trois romans au Seuil qui sont traduits ou en cours de traduction en Espagne, Hollande, Italie, Suède, Roumanie et aux États-Unis. Il a également dirigé la publication de Lettres à un jeune Marocain (Seuil, 2009). Par ces livres et par ses prises de position publiques, à visage découvert pour défendre l'homosexualité et la liberté des personnes dans son pays, il est devenu une sorte d'icône au Maroc et dans les pays musulmans, violemment attaqué par les islamistes et encensé par les jeunes et les moderniste.

Récit à plusieurs voix écrit dans un style télégraphique qui ne manque pas de poésie, l'histoire est rythmée par les nombreuses ruptures temporelles et les rencontres des deux antihéros.
uN joli roman qui nous fait découvrir la jeune vague de la littérature marocaine.
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Citations et extraits (74) Voir plus Ajouter une citation
Le Maroc ? C’est quoi, le Maroc ? Un pays ? Une idée ? Un sentiment ? Pourquoi, même ici, en Égypte, on continue de me l’imposer ? J’ai quitté ce pays, j’ai quitté ce monde. J’ai quitté aussi la langue de ce pays, son arabe, la manière dont on dit les mots arabes là-bas. Je suis sortie de ce moule. Le silence et le noir, pendant trois années, m’ont aidée à réfléchir, à muer, à voir vraiment. Ils voulaient me tuer. Je suis morte. La femme que tu vois, que vous voyez devant vous est quelqu’un d’autre. J’ai versé du sang. Beaucoup de mon sang. Ils m’ont tout pris. J’ai le droit de tout reconstruire. Repartir de zéro. Maintenant : 1988. Ici, chez vous. Vous me comprenez ? Vous m’accordez ce droit ? Le Caire n’est pas qu’à vous, les Égyptiens. Cette ville est aussi à moi. À tous les Arabes sans racines. Je la choisis. Je la prends pour ma deuxième vie. Ma renaissance. Je viens d’arriver. C’était il y a un… un an… Un an déjà ! J’ai 1 an. Mon fils a à peine 3 mois. Je ne suis plus marocaine. Mon fils non plus. C’est tout. Ne me parlez plus de ce passé, s’il vous plaît.
– Et Samira Saïd ? Le Maroc est contre elle aussi, tu sais. Il y a en ce moment la rumeur… »
Le coiffeur n’était plus dans l’attaque et la provocation. Le discours un peu compliqué, abstrait, de ma mère l’avait à la fois dérouté et intrigué. Il désirait comprendre. Savoir ce qui s’était passé. Mais il s’y prenait mal.
Ma mère l’a interrogé :
« Quelle rumeur ?
– Le film porno. Samira Saïd aurait fait un film porno. Pour réussir. Pour devenir star en Égypte et dans tout le monde arabe, elle aurait couché avec un tas de cheikhs des pays du Golfe. Ce sont eux qui l’auraient financée, qui la financeraient toujours. Mais, en même temps, quelque chose m’échappe dans cette histoire.
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Et il a fait cette proposition :
« Tu veux qu'on monte sur la lune ? Tu veux ? On la coupera en deux. Une moitié pour toi, une moitié pour moi. »
J'ai compris qu'il m'initiait à sa langue intérieure, à sa façon d'utiliser les mots, de les attacher les uns aux autres, de les réinventer, de les prononcer avec un souffle nouveau.
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Là-bas, mon fils, j’ai compris, je te le dis et je te le redis : il n’y a plus de musulmans. Il n’y a que des esclaves obéissants, sans cœur, assoiffés de pouvoir, de sang, de sperme, de cris.

J’ai pris les chaussures rouges de Marilyn. Et je suis partie. Vers Agadir.

Je savais que je trouverais dans cette ville touristique des sœurs, des égarés comme moi, des sacrifiées comme moi. Des mortes vivantes. Des saintes.

Trouver du travail. Mon ancien travail.
Et préparer le départ. Avec détermination.
Le plus rapidement possible.
Fuir au Caire.
Te retrouver mon fils, mon Jallal, au Caire où, juste avant qu’on m’arrête, j’avais réussi à t’envoyer, avec l’aide miraculeuse d’un de mes riches clients.

Brûler mon passeport marocain.

Brûler ma carte d’identité marocaine.

Renaître pour toi, Jallal. Pour nous.

M’accrocher à ce rêve : Marilyn.
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J’ai découvert en moi une passion. Deux passions. L’amour réinventé. La capacité de m’occuper de l’autre. L’accompagner. Être lui.
Sans l’avoir jamais appris, je suis devenu infirmier. J’avais les gestes, naturellement. Le ton. L’abnégation. L’attention qu’il fallait. J’ai regardé les autres infirmiers de l’hôpital, discrètement. Je les enviais. Je volais d’eux ce que je ne savais pas pour le donner à Mahmoud. Soulager. Un peu soulager. Aimer. De plus en plus.
Et j’ai accepté de ne jamais vraiment tout connaître de Mahmoud. Ici. Sur cette terre. Dans cette vie.
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Cette nuit-là, pendant que River of No Retern passait sur notre télévision, ma mère n’a pas arrêté une seule seconde de pleurer.
Je comprenais cette identification. Il n’y a pas que le sang qui lie les êtres. Les âmes se rencontrent, se reconnaissent et se parlent même quand les mers, les océans les séparent. Elles dépassent ces barrières insignifiantes. Elles marchent sur les eaux. Volent au ciel. Discutent avec les prophètes. Récitent soudain, sans jamais les avoir appris auparavant, des poèmes sacrés, soufis, écrits il y a des siècles et des siècles. Psalmodient le Coran, la Bible et Les Mille et Une Nuits.
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