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Critique de Melopee


Ce roman est le récit d'un dialogue, celui de deux Iraniennes, deux femmes ayant vécu deux expériences bien différentes. La première est une actrice qui est née et a vécu sous le régime de la République islamique. La seconde, plus "vieille" recueille les propos. Elle est écrivain et n'a plus de lien avec l'Iran depuis trente ans, pays qu'elle a quitté à l'âge de 17 ans. Elle s'est installée en France et n'a pour seul souvenir que ceux hérités de ses parents et grands-parents qui vivaient en pays libre, avant le régime.

Sheyda Shayan, elle, vit sous contrainte, entourée de parents libertaires mais dont le régime dicte la loi. Elle apprend le piano, côtoie les garçons - pour cela elle se coupe les cheveux et se travestit en Amir -, et s'essaie au cinéma, en tournant en Iran. Plus tard un producteur hollywoodien souhaite l'avoir pour son prochain film et c'est un choix terrible que celui qu'elle a à faire. Doit-elle filer vers cette terre "dépravée" ou doit-elle rester fidèle au régime et ne pas franchir les frontières?

Il y a beaucoup de choses intéressantes dans le roman notamment du fait de la forme qui permet la confidence mais aussi un échange fructueux plein d'empathie de part et d'autre. Il y a l'histoire dans l'histoire avec des personnages féminins extrêmement indépendants et conscients de leur époque. Sheyda, l'actrice, est un personnage inspiré d'une personne réelle. Quant à son interlocutrice, écrivain, c'est l'auteur elle-même qui se met en scène à travers sa propre expérience, elle si éloignée géographiquement et chronologiquement à sa patrie de naissance.

Le livre est ponctué d'anecdotes, de références et met en lumière ce qu'a changé la révolution de 1979 en Iran. Bien loin d'avoir été une avancée, le nouvel Iran a été beaucoup plus restrictif notamment concernant les femmes qui ont dû mettre le voile, qui n'ont plus pu aller au stade ou sortir tout à fait librement. Un vrai bond en arrière qui paraît être un lieu commun pour Sheyda, elle qui n'a connu que l'Iran du Shah. Pour Nahal c'est bien différent puisque la confrontation met en lumière un pays qu'elle ne reconnait plus.

Voilà un livre en miroir qui permet, grâce aux deux voix, de construire l'histoire d'un pays tout à la fois dur, lointain et plein de contrastes. le titre quant à lui renvoie non seulement au métier de Sheyda mais aussi à son obligation de "jouer" au quotidien, c'est-à-dire de (dis)simuler ce qui a lieu aussi, au sein même du foyer. Ça a été une réelle prise de conscience pour moi !
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