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EAN : 9781090624000
Ombre du Regard (20/09/2011)
4.75/5   2 notes
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il est des livres qui ne se contentent pas d'un « j'aime » ou « je n'aime pas » aussi expéditif qu'un clic réflexe sur le désormais célèbre « pouce bleu », apanage d'un certain réseau social sur internet. Il est des livres qui ne s'oublient pas facilement une fois refermés, leurs dernières pages lues. Ce qu'ils contiennent s'immisce irrésistiblement dans l'esprit, le malmène, l'interpelle, le fait douter. Les Microbes de Dieu, de Mélanie Talcott est assurément de cette veine-là.

Le livre s'ouvre sur la mort et la souffrance et se referme sur la renaissance et l'apaisement. Entre ces deux points le lecteur est invité à suivre de multiples chemins, jamais droits, avec chacun son lot de révélations, qui sont comme autant de barreaux à gravir pour s'élever sur l'échelle de la connaissance du monde, miroir de la connaissance de soi.

Tout commence par la chute, au sens propre et figuré, d'une jeune femme, Sasha, photographe de guerre. Son corps et son esprit finissent par craquer d'avoir trop côtoyé l'horreur. Dans l'hôpital psychiatrique où elle se retrouve hospitalisée, c'est une gifle qui lui fait prendre conscience qu'elle a le choix, la gifle de Shamaël, femme surnaturelle qui n'apparaît qu'à ceux capables de la voir, mémoire vivante de l'évolution du principe féminin au sein de notre monde. A travers elle, l'auteur devient archéologue pour remonter en creusant dans les strates de l'histoire, jusqu'aux sources du dérapage originel, responsable du déséquilibre actuel de nos sociétés. L'on découvre ainsi l'existence de l'ordre secret de Magdalena, émanation matérielle de ce principe féminin vital que l'humain s'acharne à détruire, mais qui oeuvre malgré tout dans l'ombre depuis la nuit des temps à faire balancier face au mal. Sasha comprend donc qu'elle a le choix. Elle entreprend alors un long périple à travers le monde, au cours duquel elle rencontrera des personnes essentielles à sa volonté de renaissance.

Le voyage de Sasha est le prétexte au développement d'une galerie de personnages hors du commun, à commencer par Neill, homme juste et profondément bon, à qui incombe la charge de remettre sur les rails l'organisation d'une gigantesque association humanitaire, gangrénée de l'intérieur par la folie de ses propres profits. Mais cet assainissement n'ira pas sans réclamer son lot de sacrifices inhumains, paradoxalement.

Les personnages de Mélanie Talcott se confrontent le plus souvent par la parole. Il y a beaucoup d'oralité dans ce roman. Shamaël et Neill, entre autres, n'ont pas leur pareil pour pousser leurs interlocuteurs jusqu'au fond de leurs doutes, de leurs intimes contradictions. Ils favorisent chacun la prise de conscience en donnant la parole à autrui ; la réflexion est menée par le verbe, ce qui n'est pas sans évoquer la maïeutique de Socrate, cette méthode basée sur l'interrogation dont le but est de faire prendre conscience à l'interlocuteur de ce qu'il sait implicitement pour ensuite l'exprimer et l'évaluer. le lecteur se prend très vite au jeu et finit par à son tour aboutir à sa propre réflexion. Un fait à saluer car force est de constater que peu de livres à l'heure actuelle peuvent se targuer de participer à l'élévation de l'esprit.

L'auteur se sert par ailleurs de la matière des mots de ses personnages pour ériger les piliers entre lesquels se tend la trame de son roman, à la fois historique, sociale, culturelle et spirituelle. Sans condamner ni juger, elle nous dresse à travers elle un état des lieux implacable de notre monde, entièrement dépourvu de la guimauve du politiquement correct. Les Microbes de Dieu n'hésite pas à remettre en cause de nombreuses institutions devenues incontournables dans notre paysage socioculturel, dont font partie certaines célèbres associations humanitaires ayant depuis longtemps oublié que « du bien-être de tous dépend celui de chacun ». Cela pourra choquer et pourtant... Mélanie Talcott est tout simplement une diseuse de vérités qui ne manque pas de courage pour oser écrire tout haut ce que certains, j'ose croire de plus en plus nombreux, pensent tout bas. L'on comprend dès lors l'importance capitale de son livre dans une société comme la nôtre, au sein de laquelle règnent la corruption et la mauvaise foi en maîtresses absolues. Mais pointer du doigt les aberrations de notre société ne suffit pas. C'est pourquoi l'auteur va plus loin en nous proposant un autre modèle, dans lequel chacun est au service de l'autre, pour une mise en pratique réelle de l'adage cité plus haut : du bien-être de tous dépendant celui de chacun, antithèse d'un individualisme galopant en passe de devenir la norme à l'échelle planétaire. Il s'agit de Ming Men, la Porte du Destin en chinois, vaste organisation imaginée et gérée par Neill. Elle remplace Bergama, malade de ses dérives accumulées au fil des ans. Ming Men utopique ? Peut-être... Quoi qu'il en soit, au point où en est arrivée l'humanité, cela vaudrait vraiment la peine d'essayer un tel modèle.

Le livre de Mélanie Talcott pourra décourager par son ampleur et son ambition, par la richesse et la densité de son écriture, qui vont délibérément à l'encontre de la simplification à outrance caractéristique de notre temps. Mais entreprendre ce long et sinueux voyage avec elle ne décevra pas ceux qui auront le courage de déchiffrer sa pensée effervescente, page après page. Car on sort de cette lecture incontestablement changé, on porte sur le monde, mais également sur notre propre intériorité, un autre regard, plus lucide et plus interrogateur, avec l'ineffable sensation d'avoir étanché une soif que l'on ne soupçonnait même pas avant de commencer à lire, en buvant à la coupe tendue par l'auteur. Je ne vous dirai pas qui sont les Microbes de Dieu qui donnent leur nom au roman, je vous laisse les découvrir par vous-mêmes et vous souhaite de garder à jamais au fond de vos coeurs l'émotion suscitée par les graines d'espoir qu'ils portent en eux, semées un peu partout à la surface de notre bonne Terre.
Lien : http://darklimelight.over-bl..
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