AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Woland


Derrick und Ich : Meine zwei Leben
Traduction : Isabelle Hausser-Duclos

Le nom de Horst Tappert vous est peut-être inconnu mais son visage, certainement pas. Respecté ou brocardé, il reste en effet celui de l'Inspecteur Derrick, héros d'une série télévisée allemande qui demeure emblématique des années 1980 même si elle a débuté très précisément en 1974.

Son autobiographie se présente en deux grandes parties, "avant" et "après" Derrick. Car, avec Derrick, Tappert a fait prendre à sa carrière d'acteur de théâtre une voie définitive dont il ne se doutait pas qu'elle deviendrait la sienne le jour où il signa son contrat.

La série s'étale en effet sur près de trois-cents épisodes (deux-cent-quatre-vingt très précisément), à savoir vingt-quatre années de tournage. Très vite, elle s'est imposée, non seulement en Allemagne mais aussi dans notre pays, non seulement en raison de la qualité de ses enquêtes mais aussi - mais surtout, est-on tenté d'écrire - en raison de son atmosphère et du désir affiché par l'auteur des scénarii (le romancier Herbert Reinecker, qui créa le personnage de Derrick) de coller un maximum à la société et aux préoccupations de l'époque.

De fait, avec le recul des années et pour peu qu'on accepte de réfléchir par soi-même au lieu de laisser les autres vous imposer leur mode de pensée, on est bien obligé de constater l'incroyable richesse de la série. Tous les milieux y sont représentés, le manichéisme n'y est pas de mise, les personnages (y compris les assassins) sont très souvent complexes et, par là-même, très proches de nous et à peu près tous les thèmes propres aux intrigues policières, classiques ou non, sont abordés.

Evidemment, on a reproché à "Derrick" son absence de folles poursuites à l'américaine - d'ailleurs, ceux qui le lui ont reproché de la manière la plus agressive sont les mêmes qui reprochent aux séries made in USA leur naïveté, leur abus de poursuites et de bagarres et leur amour de la violence. On a aussi beaucoup reproché à Horst Tappert un jeu extrêmement sobre, voire minimaliste - en parallèle, on raillait ses airs de "chien aux yeux battus" sans songer un seul instant que des traits aussi singuliers limitent toujours les expressions.* Enfin, on a reproché à la série d'être regardée par les papies et les mammies dans les maisons de retraite - preuve évidente, aux yeux des moutons de Panurge qui peuplent notre pays, de sa ringardise.

En vain : trente-huit ans après sa naissance, "Derrick" se porte bien et se laisse revoir ou découvrir avec plaisir.

Pour en savoir un peu plus sur lui et sur le comédien qui lui a prêté ses traits et son jeu (et qui est loin d'être un idiot, croyez-moi), lisez cette courte autobiographie, l'une des rares que j'aie lues et qui ne soit pas bêtement auto-satisfaite.

* : Bogart avait, lui aussi, le même genre de regard. Si grand acteur qu'il fût, la chose le limitait aussi ... ;o)
Commenter  J’apprécie          30







{* *}