NOCTURNE
Ici s’ouvre un monde nouveau
démasqué par la fin du jour
Le temps bascule J’écoute Je retiens mon souffle.
Une réponse dernière
Un pâle éclat
Un secret promis et tenu
Les mots
un essaim d’astres
Une plume une feuille
La nuit s’éclaire au centre
Au centre est la source de toute couleur
Au centre est l’avenir longtemps mûri sous les cendres
Au centre est mon amour pour ce monde
Ma joie mon espérance invincible et trahie.
J’irai mourir dans mon enfer
Je déchirerai les vestiges de la misère
Ce qui murmure hors de moi en moi-même
est comparable au fleuve
qui traverse tout sans se mélanger à rien
Quoi qu'a dit?
-A dit rin.
Quoi qu' fait?
-A fait rin.
A quoi qu'a pense?
-A pense à rin.
Pourquoi qu'a dit rin?
Pourquoi qu'a fait rin?
Pourquoi qu'a pense à rin?
-A' xiste pas.
Ma vie, je t’ai cherchée toute ma vie…
Ma vie, je t’ai cherchée toute ma vie
tu as pris les plus beaux visages
mais je n’entends que la voix.
Au bord de quelle nuit te trouverai-je enfin ?
Je délivrerai ce qui est immobile
Je perdrai mes enfants dans la clarté
Je forcerai les secrets de la douleur
J’écarterai les rideaux du théâtre de la mort.
Oubli
Mémoire
Soupir.
Roule miracle torrent puissance
que l’aube arrive reparte revienne
que fuient les tourbillons
Le silence est un tonnerre lointain
Toute défaite est mon triomphe
Il faut se méfier des mots. Ils sont toujours trop beaux, top rutilants et leur rythme vous entraîne, prêt à vous faire prendre un murmure pour une pensée.
ÉTUDE AU TÉLÉPHONE
Mouvement joyeux.
Oui oui c’est moi ici ma voix ma vie
oui oui mais oui j’entends j’écoute
mais oui toujours, mais oui j’entends
oui mon oiseau oui mon soleil oui mon village
oui mon beau temps oui mes saisons
mon toit mon nuage ma vie
oui porte ouverte sur le jour !
Mouvement grave.
Mais oui mais oui, quand vous voudrez
oui mes amours oui ma raison
depuis si longtemps j’écoute
je vous entends je vous entends
oui porte ouverte sur l’été
oui mes amours quand tu voudras
de moi-même je sortirai
oui mon oiseau oui mon soleil, ma vérité !
Rencontres avec Jean Tardieu par Christian Cottet-Emard juillet 1988 et juin 1991
(LE BLOG LITTÉRAIRE de Christian Cottet-Emard)