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Yvon Belaval (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070318742
221 pages
Gallimard (18/04/1972)
3.94/5   17 notes
Résumé :
Proses
Que lire après La part de l'ombre, suivi de La première personne du singulier et de Retour sans finVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Grand engagé dans la Résistance, homme de radio, conseiller éditorial à l'ORTF*, écrivain, tôt rattaché au théâtre de l'absurde, Jean Tardieu fut également l'auteur d'une oeuvre poétique remarquable, que beaucoup jugent encore aujourd'hui, assez inclassable.

Dans La Part de l'ombre, recueil de textes en prose publiés entre 1937 et 1967, le poète interroge les conventions de genre de la poésie, du rapport étroit entre réalité et fiction. Si les poèmes en prose de Jean Tardieu prennent racine dans le quotidien, chacun d'eux contient en lui un sens détaché de l'évidence, de la croyance. C'est aux creux même du langage que naît le sens détourné des choses, que l'imaginaire se défait de la réalité, du règne du tangible.

Fantasque, insolite, subtile, amusante, parfois grave, l'écriture de Jean Tardieu apparaît comme celle d'un humaniste désenchanté, d'un idéaliste qui tente de ré-accorder la réalité dans toute la variété et la potentialité du langage. Au travers de courts textes, de petites histoires, le poète évoque l'émerveillement de l'enfance jusqu'à la crainte de l'inconnu, la mise à l'épreuve du temps et de l'espace, la vie qui va jusqu'à la solitude, jusqu'à la mort,… Il avance et interroge notre condition.

" Pareil au jongleur qui reçoit du ciel l'un après l'autre tous les objets qu'il réclame, je balançais dans mes mains la grâce et la gravité, le plaisir et le désespoir, l'insouciance et la passion.
Danseur au comble du vertige, vibrant immobile et debout, cible percée de mille traits, je croyais tenir mille choses, monde vidé par sa vitesse, plus léger que le souffle d'un mot…" **

La part de l'ombre contient en elle une part de lumière dans laquelle l'imaginaire se déploie et touche à notre réalité. Précieuse est la lecture de la poésie de Jean Tardieu !


(*) L'Office de radiodiffusion-télévision française, c'était il y a longtemps...
(**) extrait de " La musique " / " Objets incommensurables " (1950-1961) – pp. 52-54
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Sortez de votre zone de confort, oubliez vos préjugés sur la poésie et foncez découvrir ce magnifique auteur qu'est Jean Tardieu... plus connu pour son travail de dramaturge (les fameux "mots pour un autre") que de poète!

Rien que pour le titre "Confessions d'une personne seul", un poème en prose d'une grande intensité qui se lit comme une nouvelle, achetez ce livre! Donnez-vous le droit d'être ébranlé, désarçonné et, au final, ébloui par la plume de ce grand auteur!
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
L'ENFANT RESTE AU BORD DE LA ROUTE

Voilà plus de trente ans que j'attends de vivre.
Ai-je vécu?
Sans doute "quelqu'un" a vécu. Mais ailleurs, quelqu'un d'autre est resté, un petit d'autrefois que je connais bien. Celui-là depuis toujours est demeuré, celui-là toujours à la même place demeure. Il attend, il m'attend et à travers la distance énorme il me fait des signes désespérés.
Oui c'est bien celui-là qui s'étonne là-bas, qui appelle, crie, gémit, car on ne l'a pas emmené, on l'a trahi: il croyait que tout allait venir à lui, et tout s'est éloigné de lui. Tandis que moi, moi qui suis parti sur la route, moi le "quelqu'un" qui va toujours là où je vais, c'est moi qui ai tout emporté. Tout emporté, même l'image du solitaire enfant resté assis désespéré sur une borne de la route.
En effet, j'ai beaucoup beaucoup marché et parce qu'en marchant j'ai tout arraché des bords du chemin, parce que j'avançais sans cesse, ah! comme je me suis cru riche! Pourtant je ne possède rien qui vaille: les fils dansants du télégraphe, l'écho de mes pas, l'odeur des cuisines d'auberge, l'aboiement des chiens la nuit derrière les grandes portes fermées.
Comme je voudrais retourner vers l'enfant! Il savait tout d'avance, et c'est bien pour cela qu'il pleurait.
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LE MIROIR

J'ai rêvé d'un récit accordé aux profondeurs de l'informulé, où les événements d'un jour ne seraient rien d'autre que les changements de l'air et de la lumière, - et comment le nuage monta et quelles formes il prit avant de fondre, comment la campagne
se couvrit le visage, comment dormait la feuille et comment se coucha la colline...

N'y a-t-il pas une région de l'être, plus loin que les tortures et les joies de la vie, n'y a-t-il pas une région qui soit insensible à tout le mal, à toute vie, une région qui ne soit que pur reflet, miroir de l'étendue, miroir du temps?

Dans cette région j'irai, je partirai. Mais une fois arrivé, quand le monde tiendra dans ma main refermée, quand il sera, par son étendue, à la mesure de mon esprit, je veux que rien ne m'échappe : j'entendrai tous les sons, je verrai toutes les couleurs.

(extrait de "Retour sans fin") - p. 200
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SOUVENT J’OUBLIAIS


Extrait 2

Je prends congé de mes amis Z… qui habitent au septième étage, sans ascenseur.
On m’accompagne sur le seuil de l’appartement.
Soudain, apercevant l’escalier, je suis pris de panique et pense, dans un éclair :
« C’est quelque chose qui sert à monter, non à descendre ! » je ne vois plus les marches,
mais l’espace vertical qu’elles découpent de haut en bas :
une falaise abrupte, une faille, un précipice affreux !
Affolé, étourdi par le vertige, je crie : « Non! Non! Retenez-moi ! »
Je supplie mes amis de me garder chez eux pour la nuit. En vain.
Pas de pitié : on me pousse, en plaisantant, vers l’abîme.
Mais moi, hurlant comme un homme qu’on assassine, je résiste,
je m’arc-boute, — finalement je cède, perds l’équilibre,
manque la première marche, tombe et me casse une jambe.
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LE CIEL OU L IRREALITE

(...)
Peu à peu...
Peu à peu notre nuit terrestre se dilue dans la vaste nuit qui la contient: elles vont se confondre!
Ce bleu, cette couleur de l'invisible, où notre souffle prend naissance, où les yeux des vivants respirent, ce bleu, devenu maintenant presque noir, le voici transparent à l'obscurité tutélaire qui le dépasse et qui le perd dans ses abîmes et le mélange à ses trésors.
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Toute ma vie est marquée par l'image de ces fleuves, cachés ou perdus au pied des montagnes. Comme eux, l'aspect des choses, pour moi, plonge et se joue entre la présence et l'absence. Tout ce que je touche a sa moitié de pierre et sa moitié d'écume.
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Videos de Jean Tardieu (36) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Tardieu
Rencontres avec Jean Tardieu par Christian Cottet-Emard juillet 1988 et juin 1991 (LE BLOG LITTÉRAIRE de Christian Cottet-Emard)
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