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Gérard Macé (Autre)
EAN : 9782070323616
192 pages
Gallimard (31/10/1986)
4.13/5   19 notes
Résumé :
Mon théâtre secret Le lieu où je me retire à part moi (quand je m'absente en société et qu'on me cherche, je suis là) est un théâtre en plein vent peuplé d'une multitude, d'où sortent, comme l'écume au bout des vagues, le murmure entrecoupé de la parole, les cris, les rires, les remous, les tempêtes, le contrecoup des secousses planétaires et les splendeurs irritées de la musique. Ce théâtre, que je parcours secrètement depuis mes plus jeunes années sans en atteindr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le poète s'amuse avec le langage, le déforme, joue avec la grammaire et la structure du langage. Tardieu a longtemps souffert d'insomnie, mais cela l'a en quelque sorte tenu à l'écart des monstres du sommeil, de ses démons. Les monstres sont aussi ceux que dissimulent ses jeux avec le langage qui envahit nos vies de convention et c'est ce que Tardieu défait dans ses poèmes.
Il y a aussi quelques références, c'est presque postmoderne : Oedipe, Jean Follain, la musique, Mircea Eliade (p. 70), etc.
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Encore un merveilleux magicien du langage, capable de chanter ces verbes humbles et serviles, être, avoir, faire, ....de rendre poétique la syntaxe et la grammaire. Dans ce recueil en trois parties, c'est la première partie Formeries, qui est principalement dédiée à cet objectif. On retrouve quelques poèmes de ce genre, dans la deuxième partie, Comme ceci, comme cela, qui est plus hétérogène, où sont présents les mystères de la nature, de la mort (poèmes consacrés au couple pétrifié de Pompéi), de la destinée humaine. La troisième partie est constituée de très beaux textes en prose, parmi lesquels le baroque La vérité sur les monstres, où l'auteur nous emmène dans une étonnante série de variations sur un paragraphe, mais aussi le très émouvant Mon théâtre secret.

Tous ces textes sont loins d'être des exercices de style. Ils parlent, avec souvent beaucoup de fantaisie, mais pas moins de profondeur pour cela, du mystère de la nature, de l'énigme de la vie et de la mort, du temps qui passe inexorablement, et de l'étrange pouvoir, ou impuissance, des mots pour le dire.
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Recueil on ne peut plus hétérogène que je découperais en trois grandes parties, les "Formeries", poèmes dans lesquels Jean Tardieu joue avec les mots avant tout, la partie intitulée "Comme ceci Comme cela" dans laquelle on retrouve un réel hymne à la nature et enfin la dernière"Les tours de Trézibonde" où là, il s'agit plus d'un assemblage de textes que de poèmes à proprement parler.

Tardieu est curieux de tout, s'intéresse à tout et particulièrement à notre chère syntaxe (ce qui rappelle un peu le titre de ce recueil). Il s'amuse à décomposer les mots, à en inventer de nouveaux, à conjuguer des verbes, à leur différents emplois, que ce doit par exemple dans un calligramme ou dans un télégramme.

Ce qui m'a paru le plus flagrant dans cet ouvrage est que le poète nous montre son admiration pour la nature qui nous entoure et ce, plus particulièrement dans les deux premières partie de cet ouvrage. La dernière partie est, je dirais, beaucoup plus sombre car, comme bon nombre de poètes, Tardieu s'intéresse non seulement à la vie mais aussi à la Mort...et l'écriture est d'ailleurs un très bon moyen d'exorciser son angoisse mais aussi ses propres démons qui nous hantent (voir la chapitre "La vérité sur les monstres).

Un recueil vite lu, agréable à lire puisque très varié mais dont je ne peux pas certifier que j'en garderai un souvenir ineffaçable. A découvrir !
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Dérision des visions, Tardieu passe du gag à l'être, le jeu de mot enfantin cédant la place à l'introspection profonde, contemplations de ces "en moi-même paysages" ou "plaisantinerie". Etre ou ne pas être, tout est dans le mot. Chez Tardieu, le langage est partout (pléonasme pour un poète mais tous les poètes, méfions-nous, ne parlent pas), la forme est sans cesse au premier plan dans ce que, tout est là, le poète nomme ses "formeries", formes qui rient et rires qui forment. Qui dit forme pense avec les yeux. le poète voudrait se faire peintre, graveur ou sculpteur mais il ne peut que décrire les oeuvres des autres, les rendre audibles par les mots, comme ces gravures de Max Ernst que je n'ai jamais vues mais qui prennent vie par les mots, devenant dans mon cerveau de succulentes visions. Mais ce que rend visible Tardieu, c'est le potentiel infini du langage, de la syntaxe, de la conjugaison et de quelques verbes pour le moins verbeux, être, partir, rester, écouter, se taire, infinitude des mots (et de l'homme peut-être) réduite à sa plus simple expression dans ce merveilleux poème en cinq langues (français, italien, allemand, anglais, latin) intitulé "Reflets sur le lac de Garde". Mais il est tard, Dieu qu'il est tard.
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Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
Le prestidigitateur

Je ne crois à rien à personne
sinon au petit magicien des bals d'enfants d'autrefois
le prestidigitateur miteux et blême
au visage ridé sous le fard.

Son haut-de-forme posé à l'envers sur un guéridon
il le recouvre d'un foulard rouge
et soudain
il le retire et voyez ce qu'il sort du chapeau :
un œuf un lapin un drapeau
un oiseau ma vie et la vôtre et les
morts il les cache dans la coulisse
pour un piètre
SALAIRE.

(p. 131)
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DIURNE


Est-ce que tu dors ?
Est-ce que tu t’éveilleras un jour ?
Ni veille ni rêve : cela est.

Des enfants jouent
Un éclat sur une vitre
Un ronflement d’avion
Le sol résonne Je marche à grands pas
Fraîcheur sur les yeux
Je tiens J’éprouve Je sais à qui parler
Tout répond
Foisonnement.
( Oublie ! N’oublie pas ! Oublie ! N’oublie pas ! )

Un coup de frein
Un nuage passe
et tout change de couleur.

Surprise sans fin
Horizons qui n’en finissent pas de se déplier
Il y a toujours quelque chose plus loin.
Ce qui murmure hors de moi en moi-même
est comparable au fleuve
qui traverse tout sans se mélanger à rien

Ma vie, je t’ai cherchée toute ma vie
tu as pris les plus beaux visages
mais je n’entends que la voix.
Au bord de quelle nuit te trouverai-je enfin ?
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VERBE ET MATIERE
J'ai je n'ai pas
J'avais eu je n'ai plus
J'aurai toujours


........................................................Un béret Un cheval de bois Un
....................................................... jeu de construction Un père
........................................................Une mère Les taches de soleil à
………………………………………..travers les arbres Le chant du
………………………………………. crapaud la nuit Les orages de
………………………………………..septembre.


J'avais je n'ai plus
Je n'aurai plus jamais


………………………………………..Le temps de grandir de dési-
………………………………………..rer. L'eau glacée tirée du puits
………………………………………..Les fruits du verger Les œufs
………………………………………..frais dans la paille. Le grenier
………………………………………..La poussière Les images de
………………………………………..femmes dans une revue légère
………………………………………..Les gifles à l'heure du piano Le
………………………………………..sein nu de la servante.


Si j'avais eu
J'aurais encore


………………………………………..La fuite nocturne dans les
………………………………………..astres
………………………………………. La bénédiction de l'espace
………………………………………..L'adieu du monde à travers la
………………………………………..clarté La fin de toute crainte
………………………………………..de tout espoir L'aurore démas-
………………………………………..quée Tous les pièges détruits
………………………………………..Le temps d'avant toute choses.

p.47-48
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NEIGE SOLEIL

Blanc bleu
blanc dans le bleu
pâle et blanc dans le bleu

Bleu pâle je dors bleu pâle je veille
bleu de soleil je suis je vis

Je vois je parle j'entends je suis mille
cent mille par le blanc par le bleu
pâle éclatant chaleur mon front les yeux fermés

Veiller dormir souffrir ébloui
bleu dans les branches blanc sous le ciel
blanche et bleue la montagne. Joyeux
le train court vers le terme
tout s'affirme et s'enfuit.

Sans cette mort comment vivre ?
Sous mes pas quel espace ?
Sans cet instant quel destin ?
Le blanc l'ombre bleue dieux visibles
dieux périssables

Une seconde
pour brûler mes ténèbres.
Je suis fait de mille fenêtres
ouvertes au blanc au bleu à leurs jeux
aux feux multiples aux couleurs aux ombres
(les chocs sourds le rythme connu)
au sable à la neige au soleil
à mon défi à ma mort à mon silence
sources cachées sous les mots.

Le blanc le bleu, ce que je vois
je le vois, ce que je suis
je le suis contre toute entrave
Je crois je crains j'aime ce que j'entends
j'aime ce rythme sans figure.
Tant qu'il bat mon cœur bat
je vais où je vais je vis je meurs
je crois à tout ce que je crois
même au prestige dévorant.

Je suis je vis longeant ma mort
célébrant un temps menacé
chantant la gloire d'un souffle

Je te chéris neige tombée
blanche et bleue
qui me brûle m'illumine
et déjà disparais
dans le terrible
rire
du soleil.

(Trains Paris-Milan.
Jour d'hiver 1963).
p.95-96
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LA FIN DU POÈME

C’est la fin du poème. Épaisseur et transparence,
lumière et misère – les jeux sont faits.
On avait commencé par la rime pour enfants. On
avait cherché des ondes de choc dans d’autres rythmes.
On avait gardé le silence, ensuite murmuré : On cher-
chait à se rapprocher du bruit que fait le cœur quand
on s’endort ou du battement des portes quand le vent
souffle. On croyait dire et on voulait se taire. Ou faire
semblant de rire. On voulait surtout sortir de son corps,
se répandre partout, grandir comme une ombre sur la
montagne, sans se perdre, sans rien perdre.
Mais on avait compté sans la dispersion souveraine.
Comment feindre et même oublier, quand nos débris
sont jetés aux bêtes de l'espace, – qui sont, comme
chacun sait, plus petites encore que tout ce qu'il est
possible de concevoir. Le vertige secoue les miettes
après le banquet.

p.79


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Videos de Jean Tardieu (36) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Tardieu
Rencontres avec Jean Tardieu par Christian Cottet-Emard juillet 1988 et juin 1991 (LE BLOG LITTÉRAIRE de Christian Cottet-Emard)
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