À table !

A table ! est l'histoire tristement banale de Marie qui aime son amant à la folie. Bien sûr il est marié et ne la rencontre que pour la sauter vite fait, sans lui donner la moindre tendresse . Même si cet amour lui empoisonne la vie en la faisant cruellement souffrir, Marie accepte cet état de fait. Elle est devenue complètement dépendante. Quand il la laisse pour rejoindre sa femme, elle ne dit rien. Quand elle sent qu'il a envie de la quitter, elle redouble d'effort et d'imagination pour le retenir. Mais quand elle réalise qu'il la trompe, elle décide de se venger et d'employer les grands moyens. Et pour une fois la vengeance est un plat qui se mangera chaud !
Dans ce roman rien n'est gai: le sexe s'y pratique avec rage, la cuisine y est concoctée avec haine. Il n'y nulle gourmandise dans la description des plats que Marie prépare , aucun plaisir dans ses emplettes faites chez Samuel à la recherche d'épices raffinés. Pas d'érotisme non plus dans les relations, juste du sexe à l'état brut, dépouillé de toute trace d'amour. Une petite pointe de tendresse apparaît un court instant mais est-elle bien réelle ou est-ce juste une feinte ?
J'ai apprécié la simplicité de ce texte, proche du dépouillement pour ramener à l'essentiel: la rencontre d'Eros et Thanatos .

Marie aime Eli. Elle l'a rencontré, est devenue sa maîtresse, et ne vit plus que pour Eli et leurs rendez-vous. Leurs rendez-vous, leurs ébats, les quelques heures qu'ils passent ensemble avant qu'il ne reparte chez sa femme. Marie s'englue dans la dépendance, elle disparaît totalement. Marie est une chose : fébrile, impatiente, avide, uniquement quand Eli est là. Quand il n'est pas là, Marie ne vit pas. Et, quand elle découvre qu'Eli la trompe aussi, elle décide de le tuer, de le séduire par des repas somptueux, éblouissants, rutilants. Empoisonnés.


Voici un roman qui me laisse assez perplexe. Il y a d'un coté l'effacement progressif puis total de la raison d'une femme, qui s'enfonce volontairement dans une relation de dépendance et de soumission. Mordue, elle l'est, au point de devenir un fantôme, une ombre, une poupée dans les bras de son amant. Marie n'est plus une femme, Marie est la maîtresse, l'amante d'un homme qu'elle attend, qu'elle espère le jour, la nuit.

De ce coté là, j'ai apprécié le roman. Mais, et contrairement à Cuné, j'ai vraiment été dérangée par le coté trash des scènes de sexe. Dans l'absolu, je ne vois pas ce que ça apporte, d'insister autant sur des rapports qui m'ont semblé malsains, obscènes.

Tiffany Tavernier maîtrise indéniablement sa plume, les mots sont crus et puissants. Les descriptions des agapes que prépare Marie, sa minutie à distiller lentement des saveurs qui seront assassines, meurtrières, et le revirement progressif d'Eli, subjugué, envoûté par cette femme qui n'était pour lui qu'un jouet et devient à son tour une obsession, un Besoin, une Nécessité, compensent la brutalité des scènes de sexes.

Mais tout ça est resté trop trash pour moi. Trop malsain.

Si vous cherchez à assassiner votre amant en cinq leçons, ce livre est pour vous !
On y aime, on y souffre et on y mange.
L'amour et la nourriture ont toujours fait bon ménage.
Là encore, on évolue entre sensualité et perversité des sentiments.
Original mais pas bouleversant ce portrait de l'ogresse moderne.
L'imaginaire féminin a des ressources insoupçonnées. Attention, c'est parfois un peu cru !

C'est l'histoire d'une folie. D'un amour. de la solitude. de la manière dont on peut se faire du mal à soi-même et s'autodétruire quand on croit à un amour qui n'existera peut-être jamais.
C'est l'histoire classique d'un adultère, d'un mari qui quittera peut-être sa femme pour l'amante, ou qui ne la quittera peut-être jamais en fait.
C'est direct et efficace.
C'est court, comme une grande respiration.
C'est parfois bestial, souvent culinaire.
Ce roman m'a fait penser au superbe roman « Chanson douce ».

Livre avec une intrigue plutôt attendue mais pourtant on le dévore!
Ecriture facile et rapide, assez dépouillée, l'histoire de cette Marie cruellement amoureuse de son amant, professeur marié et sans aucun scrupule... qui ne quittera probablement jamais sa femme.
Histoire assez banale mais on se laisse prendre au jeu, entre la préparation des plats alléchants et les parties de sexe assez crues, un plan machiavélique se prépare et nous tient en haleine jusqu'au bout!
Une lecture qui explore les désirs et fantasmes insoupçonnés ou tus, sorte de fable moderne de la mante-religieuse.