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Georges Perros (Traducteur)Renaud Matignon (Préfacier, etc.)Génia Cannac (Traducteur)
EAN : 9782070365210
640 pages
Gallimard (16/01/1974)
4.14/5   79 notes
Résumé :
SONIA : Qu'y faire! Nous devons vivre. (Un temps). Nous allons vivre, oncle Vania. Passer une longue suite de jours, de soirées interminables, supporter patiemment les épreuves que le sort nous réserve. Nous travaillerons pour les autres, maintenant et jusqu'à la mort, sans connaître de repos, et quand notre heure viendra, nous partirons sans murmure, et nous dirons dans l'autre monde que nous avons souffert, que nous avons été malheureux, et Dieu aura pitié de nous... >Voir plus
Que lire après Théâtre complet, tome 2 : La Cerisaie - Le Sauvage - Oncle Vania et neuf pièces en un acteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Ce volume 2 du théâtre complet d'Anton Tchékhov regroupe trois pièces de format classique et neuf courtes pièces en un acte. Ce programme peut vous sembler alléchant, sachez toutefois que le Sauvage et Oncle Vania sont plus ou moins la même pièce vue à des moments différents de sa gestation ; Oncle Vania étant la forme ultime.

Sachez encore que les pièces en un acte de Tchékhov me semblent vraiment très en-dessous du reste de sa production théâtrale. Si bien qu'au bout du compte, ce tome vaut surtout pour deux de ses pièces, à savoir La Cerisaie et Oncle Vania.

1) LA CERISAIE.
C'est une oeuvre symbolique : les cerisiers en fleur (n'oublions pas la vogue japonaise qui avait frappé l'occident durant le XIXème siècle) symbolisent le raffinement, l'esthétique, l'éphémère, l'art, le faste, le tape-à-l'oeil, la frivolité, en un mot l'aristocratie.

Ceci s'oppose bien évidemment au matérialisme, au pragmatisme, à la terre, au sol, en tant que quantité de mètres carrés sur lesquels poussent ces arbres.
C'est donc tout un symbole que la cession de la cerisaie (demeure et domaine de la noblesse russe) par l'aristocratie à la bourgeoisie et c'est ce symbole que choisit Anton Tchékhov pour nous montrer la fin d'une époque, la prise de pouvoir par les financiers au tournant du XXème siècle, notamment suite à l'abolition du servage en Russie en 1861.

Cette pièce est donc tout à fait dans la droite lignée des Démons (les Possédés) de Dostoïevski. Tchékhov sent aussi parfaitement monter les ferments de ce qui sera la révolution de 1917.

Pour nous montrer cette décadence, cette perte de contrôle de l'aristocratie, ce manque de lucidité, au début de la pièce, chaque personnage est dans sa propre bulle, chacun répond à côté de la plaque, sauf l'homme d'affaire, descendant de paysan, Lopakhine, qui, lui, a bien perçu que le vent a tourné et qu'il apporte des odeurs de roussi.

Tous les autres sont dans les mirages d'un monde et d'une époque qui a disparu, révolue, qui s'est évanouie pour laisser place à une autre, mais que leurs yeux sont incapables de déceler, sauf peut-être l'étudiant utopique Trofimov, ancien précepteur d'un enfant qui est mort (encore un symbole !) et qui attend béatement l'heure du changement en s'imaginant que tout sera bonheur, liberté et égalité si une révolution survient.

En ce sens, c'est-à-dire, la poursuite des chimères, la non perception de la réalité, cette pièce se rapproche de la Mouette. C'est probablement la pièce la plus célèbre de Tchékhov, mais, définitivement, ce n'est pas ma préférée, car Oncle Vania m'a beaucoup plus séduite.

On peut juste préciser que certaines mentions, notamment aux vacanciers, à la révolution latente, aux changements économiques annoncent ou font écho à l'oeuvre de Gorki. Cette pièce, très caractéristique du style Tchékhov, peut donc être perçue comme un trait d'union entre Dostoïevski et Gorki, le témoin d'un pan de l'histoire russe qui s'effondre et d'un autre, à créer.

2) LE SAUVAGE.
Cette pièce, également traduite sous le titre L'Homme Des Bois ou le Génie Des Bois est en fait une version préliminaire de ce qui deviendra le véritable chef-d'oeuvre d'Anton Tchékhov, Oncle Vania.

Prenez la même trame, le même début, amoindrissez quelque peu le rôle de Vania et enrichissez de façon inversement proportionnelle le rôle du médecin Astrov et vous obtenez L'Homme Des Bois. Changez simplement quelques noms voire seulement les prénoms comme c'est le cas pour Vania qui s'appelait initialement Iégor, ajoutez ou retirez l'un ou l'autre des personnages secondaires et vous basculez facilement de l'une à l'autre de ces pièces en quatre actes.

L'essentiel des différences se situent en fin d'acte III et dans l'acte IV, mais le début, la trame et l'esprit sont en tous points les mêmes. Vous pouvez donc sans problème vous reporter sur Oncle Vania.

3) ONCLE VANIA.
Si vous ne lisez qu'une pièce de Tchekhov, choisissez celle-ci. Vous ne serez pas déçu, ou si vous l'êtes, vous le serez de toutes les autres. Il s'agit chronologiquement de la cinquième de ses sept pièces longues et elle en constitue, selon moi, la quintessence car Anton Tchekhov signe un vrai petit bijou avec cette pièce.

Des gens contraints de vivre ensemble et qui ne peuvent pas se souffrir, certains qui en aiment d'autres sans qu'il y ait de réciprocité, des ambitions inassouvies, des attentes, des frustrations, bref, un cocktail détonnant pour planter le décor d'une bonne empoignade familiale !

Jugez plutôt : Vania déteste Sérébriakov, l'ex-mari de sa soeur défunte, mais il aime Eléna, la nouvelle épouse de celui-ci. Sonia, la fille de Sérébriakov aime le docteur Astov, qui lui aussi aime Eléna, qui elle n'aime personne, tout comme son mari Sérébriakov d'ailleurs.

Une véritable orfèvrerie de situation pourrie où les protagonistes ont ruminé de longue date leurs frustrations respectives. Ajoutez là-dessus le sel d'un tempérament bien trempé, ironique, caustique, sarcastique tel que celui de l'oncle Vania, le tout doublé d'une sérieuse tendance à démarrer au quart de tour et vous aurez une petite idée de l'ambiance de plomb qui règne dans cette maison de campagne.

Hormis ce décor relationnel, Tchekhov peaufine aussi la patine historique de ses personnages ainsi que l'environnement géographique rural de cette pièce : Sérébriakov est un professeur à la retraite, surtout expert en glose, qui jouit d'une certaine célébrité et qui a toujours vécu en ville, loin des préoccupations matérielles. Mais étant retiré, et faute de moyens suffisants, il est venu s'installer avec sa jeune et jolie nouvelle femme Eléna dans la maison appartenant à sa première épouse décédée, une grosse ferme à la campagne.

Le domaine fonctionne depuis des lustres grâce à l'abnégation et l'énergie de Vania et de sa nièce Sophia, fille du professeur de son premier mariage. On apprend que depuis des années, le professeur tire ses revenus du travail de Sophia et Vania, lequel a ouvert récemment les yeux sur le talent douteux de Sérébriakov ainsi que sur Eléna, dont il est tombé follement amoureux.

À travers les yeux de Sophia et Vania, l'un et l'autre non désirés et pourtant méritants, Tchekhov nous peint un tableau touchant, tragique, bouché et sans issue, d'une existence ratée où il ne reste guère que le suicide ou l'abnégation. C'est donc un regard assez déprimant mais non dénué de vérité sur la condition humaine et son non-sens.

En outre, au-delà des frustrations et vitupérations de Vania, il me faut signaler l'autre personnage hyper intéressant de cette pièce, en la personne du docteur Astov. Si l'on se souvient que l'auteur était lui-même médecin, on comprend qu'il y a mis une certaine dose de sa propre personne.

J'en retiens surtout un étonnant discours écologiste et une vision du développement durable très en avance sur son époque. Ce n'est pas un motif nouveau chez lui, il l'avait déjà exprimé dans le Sauvage. Ceci n'est probablement pas étranger au fait qu'Anton Tchekhov fit son fameux voyage à l'île de Sakhaline dans la même période où il remaniait sa pièce le Sauvage qui allait finalement aboutir à cette pièce, constatant au passage l'étendue de l'impact négatif de l'Homme sur la nature.

À plusieurs égards, cet Oncle Vania reprend, revisite ou annonce certains des éléments typiques du " style " Tchékhov, comme on peut le retrouver dans ses autres pièces, mais avec une légère préférence quant à moi pour cette version de son style, un peu moins intellectuel ou oscarwildesque, un peu plus " à la bonne franquette ", quasi franchouillard, au sens de Michel Audiard j'entends.

Et sur ce point, je ne peux que féliciter le metteur en scène qui eut l'idée géniale de confier le rôle de Vania à Jean-Pierre Marielle car, durant toute la lecture de la pièce, j'entendais sa voix dans les répliques et c'était un bonheur, souvent drôle et grotesque, caustique et cassant, tragique et touchant.

En somme, une pièce superbe, d'une fraîcheur et d'une efficacité redoutables ; du très grand Tchekhov.

4) LES PIÈCES EN UN ACTE.
Ces pièces en un acte se répartissent pour trois d'entre elles en études dramatiques et pour six d'entre elles en farces. Il convient, je pense, de bien distinguer ces deux ensembles ; les premières étant, selon moi, de bonne voire très bonne qualité, et les secondes très moyennes à franchement mauvaises.

Les trois études dramatiques sont : Sur La Grand-Route, le Chant du Cygne et Tatiana Répina. Les six farces étant : Des Méfaits du Tabac, L'Ours, La Demande En Mariage, le Tragédien Malgré Lui, La Noce et le Jubilé.

SUR LA GRAND-ROUTE me semble être à la fois la plus ambitieuse et la plus intéressante de ces pièces en un acte. C'est en tout cas ma préférée et de très, très loin. On y perçoit une claire, nette et évidente annonciatrice et inspiratrice de la célèbre pièce de Maxime Gorki, Les Bas-Fonds.

C'est un théâtre rare pour Tchékhov. Lui qui nous a plutôt habitué à faire frayer ses drames parmi la petite aristocratie ou la bourgeoisie, il nous transporte cette fois-ci dans une taverne franchement mal famée et peu recommandable des bords de route où s'y croisent des pèlerines hors d'âge, des voyous patentés, des ivrognes de toute espèce, des vieillards à l'article de la mort, des voyageurs tombés en panne, etc.

La langue n'y est pas fleurie et les vies sont abîmées, frappées du sceau du destin. On y retrouve les mêmes appels messianiques que dans Les Bas-fonds, les mêmes hors-la-loi, les mêmes empoignades verbales qui peuvent à chaque instant devenir physiques. L'omniprésence de l'alcool, la précarité et la promiscuité.

Et, comme dans Les Bas-Fonds, on y rencontre un personnage surprenant, Bortsov, un ancien propriétaire foncier opulent, c'est-à-dire, un aristocrate, désormais ruiné, sali, mis plus bas que terre, plus mendiant que le dernier des mendiants, plus ivrogne que le dernier des ivrognes. Je vous laisse découvrir son histoire qui arrive même à attendrir les rudes gaillards de la taverne.

LE CHANT DU CYGNE nous présente la grande remise en question d'un acteur âgé, sur le déclin, qui s'interroge sur son art et sur le sens qu'il a donné à sa vie durant toutes ses années de scène. Cette pièce fait écho, mais de façon plus faible, à La Mouette, où cette thématique est mieux développée.

Enfin, dernière étude dramatique, TATIANA RÉPINA est une variation sur le thème du mariage orthodoxe. On assiste donc à une cérémonie en bonne et due forme, qui assomme tout le monde d'un puissant ennui et le décalage est donc réalisé par les voix et commérages en coulisses, sur les bancs de l'église, les remarques du marié à son témoin qui croule sous le poids de la couronne et... sur les murmures qui s'opèrent lorsqu'il semble à chacun que Tatiana Répina a fait son apparition à la cérémonie...

Viennent alors les six farces qui m'ont cordialement ennuyée sauf peut-être L'Ours, à un degré moindre.

LES MÉFAITS DU TABAC est selon moi une pièce creuse où l'auteur n'a rien ou à peu près à nous dire, tout comme son protagoniste principal. C'est un monologue, un peu comme le Tragédien Malgré Lui, où un mari, complètement phagocyté par sa femme, tenancière d'un pensionnat-école de musique, est mandé par son épouse pour faire une énième conférence de bienfaisance. le brave factotum va donc s'exécuter, en ayant bien évidemment pas la moindre idée de ce dont il va pouvoir parler devant un auditoire qui, de toute façon, ne l'écoutera pas. Or, accablé par la férule de sa despotique épouse, il pète un câble et balance à l'assemblée les secrets du caractère de sa femme et de ses pitoyables relations avec elle. Bref, il parle de tout, sauf peut-être des méfaits du tabac...

L'OURS nous met en présence un créancier qui vient réclamer une somme d'argent à une jeune veuve. Cette dernière, plutôt prude et de belles manières, lui confesse qu'elle ne pourra recouvrer sa créance que dans quelques jours. Or, lui, a un besoin urgent de la somme aujourd'hui même. S'ensuit donc une empoignade verbale de toute beauté où fourmillent quelques belles répliques pour se finir d'une façon quelque peu inattendue.

UNE DEMANDE EN MARIAGE surfe sur l'éternelle âpreté au gain et l'étroitesse d'esprit de ces propriétaires terriens que fustige souvent Tchékhov. Toujours est-il que toute la pièce est un crêpage de chignon sur des peccadilles, qui interdisent même au fiancé de formuler sa demande auprès de la jeune fille convoitée. Très faible intérêt selon moi.

LE TRAGÉDIEN MALGRÉ LUI, c'est encore pire, du gros, lourd et gras qui tache... Un quasi monologue où un citadin de la classe moyenne, qui vient passer son été en datcha à la campagne, égrène les mille misères que cette vie de villégiature lui cause auprès de son épouse tyrannique. On est au fond du trou de Tchékhov d'après moi.

LA NOCE, un peu à la manière d'Une Demande En Mariage, se prétend une caricature des classes moyennes qui veulent faire comme les " grands ", en mettre plein la vue, mais qui n'en ont ni les moyens ni les manières. le passage avec le capitaine de frégate, assez drôle au tout début, devient catastrophique et d'un lourdingue absolu vers la fin.

LE JUBILÉ nous transporte dans une banque où, là encore, Tchékhov s'en prend au vernis derrière lequel se cachent les personnages " respectables " et essaie de l'écailler. Mais c'est encore de la grosse mécanique redondante, pas drôle et qui ne présente pas beaucoup d'intérêt à mes yeux.

En conclusion, un recueil très inégal, qui vaut selon moi essentiellement La Cerisaie, Oncle Vania et, dans une moindre mesure, Sur La Grand-Route, très intéressante si l'on souhaite comprendre l'ontogenèse des Bas-Fonds de Gorki. Pour le reste, vous pouvez sans doute passer votre route, mais ce n'est que mon avis, c'est-à-dire, vraiment pas grand-chose.
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La Cerisaie
Comme il l'écrit lui-même, Anton Tchekhov "Toute chose a une fin en ce monde.", nous assistons dans cette pièce à la chute de l'aristocratie russe à travers une famille ruinée qui est à la recherche d'une solution à travers leur cerisaie.

On peut ajouter à la pensée de l'auteur que toute fin engendre un début d'où dans cette pièce, il est question de renversement de pouvoir. Nous avons là, dans ce petit univers, tout le paysage de la chute de la classe bourgeoise et la montée des Moujiks...

En effet, pendant que Mme RANIEVSKAÏA, la propriétaire hésite à un moment d'opter comme solution la vente de la cerisaie, LOPAKHINE, un marchand Moujif l'en dissuade. Une fois la vente décidée, le terrible est que Mme RANIEVSKAÏA découvre que l'acheteur n'est autre que LOPAKHINE le moujik...

D'un côté on déplore le mauvais sort qui 'abat et frappe sans pitié et de l'autre, on gratifie le ciel d'avoir permis une telle tournure de la vie...d'une larme se plante un gros sourire...

Une belle pièce en tout cas, je m'y suis plongée avec plaisir, l'ambiance impeccable nous a permis de voir en chaque personnage une préoccupation!
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N'ayant lu que les trois grandes pièces de ce recueil, j'en rendrai compte ici quitte à modifier ma chronique plus tard quand j'aurai lu tout l'ouvrage.
C'est ma première incursion dans le théâtre de Tchekhov et ça ne m'a pas marqué plus que ça. Seule "la cerisaie" m'a assez plu, plus fouillée et plus claire dans les situations, les nostalgies des personnages qui abandonnent leur domaine, sont résignés.

1. LE SAUVAGE.
Jeltoukhine et sa soeur Youlia attendent des visiteurs. Il s'agit du professeur Sérébriakov et de sa jeune femme, Eléna Andréevna .Alexandre (ou Sacha) Sérébriakov est vu comme un être austère, arthritique, vivant dans sa tour d'ivoire pour se consacrer à la science. Ils sont plusieurs propriétaires qui s'invitent les uns chez les autres et qui, souvent, s'opposent.
Ainsi, Voïnitzki, fils de la mère de la première femme d'Alexandre, représente le pragmatisme, le capitalisme de la Russie des Tsars tandis que Khrouchtchev (Michel) peut passer pour un précurseur de l'écologie et penche en faveur de l'humanité. Ils se disputent sur le bien-fondé d'abattre ou non une forête que possède Michel, "le sauvage".
Dans tout ce monde, il y a les femmes dont la belle Eléna courtisée grossièrement par Fédor ivanovitch, fils du riche Orlovski, et plus directement encore par Georges Voïnitzki.
Le "sauvage", quant à lui, fait l'unanimité parmi ces dames car il est discret, sauve des vies en tant que médecin, reste une présence rassurante. La jeune Sonia, fille du premier mariage d'Alexandre est amoureuse du sauvage tandis que d'autres reprochent à Alexandre sa trop jeune épouse. Celle-ci étouffe entre ses courtisans trop assidus et son mari qui ne cesse de se plaindre. Elle finit par fuir au moulin de la "Gaufrette".
Diadine, ainsi nommé à cause de son visage mangé par la petite vérole, représente un peu le candide de cette pièce dans laquelle l'humour n'est pas en reste puisqu'il s'agit d'une comédie avec des personnages qui s'ennuient dans leur campagne, dans une Russie en progrès. Et Diadine trouve toujours que "C'est délicieux!"

2. ONCLE VANIA.
C'est plus ou moins "le sauvage" revisité. On a quasiment les mêmes personnages, à peu près les mêmes situations voire quasiment les mêmes dialogues, sauf que le médecin humaniste s'appelle Astrov et courtise plus ouvertement la belle Eléna et que Vania (Voïnitzki) tient un plus grand rôle en tant que régisseur révolté du domaine de Sérébrianov qui reste un professeur en retraite tourmenté par la goutte.
Scènes diurnes et nocturnes se succèdent. Il est question aussi de forêts à protéger (Astrov) et de propriété à vendre, de partir vers l'ailleurs, de femmes jeunes et belles qui épousent de vieux grincheux, de femmes laides amoureuses sans retour. Bref, hormis la tentative de meurtre d'un Voïnitzki poussé à bout, au lieu de son suicide, il n'y a pas beaucoup de changement par rapport à la structure et aux situations du "Sauvage" où le personnage de Gaufrette reste un candide admiratif d'Alexandre Sérébrianov.
Quant à la nounou de Sonia, son refuge, elle est obsédée par le samovar : est-il chaud?, va-t-il refroidir?, symboles d'une vie découse où l'on mange à point d'heure. Il est question, plus profondément (si l'on ose dire) de vie après la mort.

3. LA CERISAIE.
Lioubov Andréevna rentre de voyage avec ses deux enfants avec sa fille Ania et sa gouvernante, Charlotte. Toute la maisonnée les attendait. Elles rentrent de Paris où Lioubov Andréevna a voulu s'éloigner du chagrin d'avoir perdu son jeune fils, noyé dans la rivière jouxtant leur propriété. Veuve, Lioubov Andréevna dépense sans compter tandis que son frère Gaev ne pense qu'au divertissement et notamment le billard. Il a probablement contaminé son commis, Epikhodov, dit "vingt-deux malheurs" car les objets semblent lui en vouloir depuis longtemps.
Lopakhine descendant d'une famille de moujiks, est devenu marchand et assez riche pour racheter la cerisaie qui ne rapporte plus rien à Lioubov Andréevna. Celle-ci refuse d'abord d'en entendre parler et dès le départ, elle élude les instances de bon sens de Lopakhine. Comme lui, d'une famille modeste, il y a "l'éternel étudiant", Trofimov.
Varia, fille adoptive de Lioubov Andréevna, dirige en quelque sorte la maisonnée, surveillant sa jeune soeur dès qu'elle se trouve en compagnie de Trofimov qui prétend, en philosophe et intellectuel "être au-dessus des choses de l'amour". C'est un peu lui le philosophe de la pièce. Il en faut toujours un dans Tchekhov pour remettre les choses et les gens à leur juste place. Ses assertions sont souvent bien senties.
Des mondes s'affrontent donc dans cette pièce entre anciens : Firs, le vieux valet de chambre de quatre-vingt-sept ans pense que l'affranchissement des serfs est un malheur et semble encore vivre dans un siècle passé, et nouveaux : le jeune valet Yacha prend ce monde de haut, les considère comme ignorants et pense que la Russie est en retard sur le progrès, estime que le vieux Firs a "vécu trop longtemps"; rêveurs : Lioubov Andréevna n'a pas le sens des valeurs de l'argent et donne une pièce d'or au premier passant venu et pragmatiques : Lopakhine presse Lioubov Andréevna de vendre pour avoir un meilleur rapport financier, pense au tourisme futur et veut faire construire des datchas sur la cerisaie, ce que Lioubov Andréevna refuse de voir par nostalgie, ayant depuis toujours vécu sur cette propriété.
C'est un monde qui disparaît peu à peu, celui de l'aristocratie, des grands propriétaires terriens qui vivent de leurs rentes -on notera les nombreuses références faites à la valeur travail, les bras ne doivent pas rester inutiles, chez Varia et chez Lopakhine- et qui doivent vendre pour survivre, n'ayant jamais exercé une profession quelconque. Ce que finit par faire Gaev en allant devenir employé de banque.
Le reste de la famille part tenter sa chance à Moscou au grand déchirement de Lioubov Andréevna mais Ania, du haut de ses dix-sept ans est ravie de "recommencer une nouvelle vie".
Les relations amoureuses restent à l'état d'embryon : Lioubov Andréevna a abandonné son amant à Paris et Lopakhine a été incapable de déclarer sa flamme à Varia. Il semble qu'on n'ait plus le temps à ces fariboles.
Nous sommes en 1904 lorsque la pièce fut créée et l'on a déjà les prémices des révoltes de 1917 qui ont amené le communisme.







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Parmi toutes ces pièces, j'avais déjà lu La Cerisaie et Oncle Vania, je ne les ai pas relues.

Le Sauvage*. 1889.

Comme avec la plupart des pièces de l'auteur, on se retrouve avec un groupe de personnages issus de la bonne société, dans une région rurale où le choix des fréquentations est restreint et où la plupart des protagonistes rencontrent des problèmes d'argent et de coeur.

Le Sauvage du titre est un homme moqué par ses voisins pour ce qu'ils appellent son obsession à vouloir préserver la nature, en particulier les forêts, qu'eux ne considèrent que comme un placement financier. Il est également question de la place des femmes et du sexisme dont elles sont victimes.

La meilleure pièce de l'auteur à mon avis, qui traite de sujets très contemporains au milieu d'autres plus habituels à l'auteur.

*Cette pièce est également connue sous les titres: L'Homme des bois ou le Génie des forêts ou le Sylvain.

Neuf pièces en un acte:

Sur la Grand-Route. 1884.

Dans une auberge, un groupe de personnages de passage, issus de milieux différents, doivent passer une soirée et une nuit ensemble.

Intéressant pour les thèmes abordés: alcoolisme, bigoterie, violence envers les femmes. Malheureusement la pièce semble dire peu subtilement que la plupart des problèmes rencontrés par les hommes sont dus aux femmes et à leur déloyauté.

Le Chant du Cygne. 1886.

Un acteur à la fin de sa vie et son souffleur discutent du passage du temps et de l'inanité de la gloire connue par le comédien dans sa jeunesse.

Les thèmes sont intéressants, dommage que l'essentiel de la pièce soit composé de tirades empruntées à d'autres auteurs.

L'Ours. 1888.

Une veuve et son créancier se disputent sur une somme d'argent due qui ne peut être remboursée immédiatement. La joute verbale s'envenime avant de se transformer en « romance ».

On est dans le registre de la comédie, le ridicule n'épargne aucun des personnages. Rien de marquant, si on n'était pas dans l'humour, qui n'épargne ni les hommes ni les femmes, on pourrait s'indigner sur les techniques de dragues « musclées »…

Une Demande en Mariage. 1888-1889.

Un jeune homme vient demander la main de la fille de son voisin. Demande qui est agréée par tout le monde, mais qui ne cesse de tourner à la dispute, les deux familles s'attribuant la possession d'une même terre.

Une scène assez drôle autour de ces personnages qui sont incapables de se fiancer sans se disputer. Rien de mémorable, mais plutôt rigolo.

Le Tragédien malgré lui. 1889-1890.

Un homme vient se plaindre à son ami d'être devenu le garçon de courses de sa famille et ses voisins.

Le côté absurde de la pièce est amusant, on passe un bon moment sans que ce soit particulièrement profond. La chute est assez prévisible, mais ça se laisse lire sans déplaisir.

Une Noce. 1889-1890.

La suite de Une Demande en Mariage. Ici les personnages célèbrent leur mariage et leur seul but semble être d'avoir à leur table des gens prestigieux.

Rien de mémorable avec cette pièce. On dénonce la médiocrité, l'hypocrisie et la bêtise des personnages impliqués. Je retiens seulement le talent de l'auteur pour me faire ressentir la cohue et le brouhaha ambiant.

Un Jubilé. 1891.

Le directeur d'une banque et son bras droit essaient d'organiser l'anniversaire de l'établissement, mais sont constamment dérangés par divers personnages.

J'avais tout oublié de l'argument de cette pièce, j'ai dû aller voir de quoi elle traitait sur Wikipedia pour en parler, c'est dire à quel point je me suis sentie impliquée ^^ Maintenant je me souviens seulement que le traitement des personnages féminins m'avait agacée.

Les Méfaits du Tabac. 1886-1902.

Un homme chargé de faire une conférence sur les méfaits du tabac s'étale sur les malheurs de sa vie privée, rendue insupportable par les mauvais traitements que lui inflige sa tyrannique épouse, directrice d'un pensionnat de jeunes filles.

Il s'agit d'un long et pathétique monologue où le protagoniste se plaint de sa femme. Si le thème des violences conjugales envers les hommes est original et intéressant, celui de la femme source de tous les maux, récurrent dans les pièces de Tchékhov, est carrément lassant…

Tatiana Repina. 1889.

Pièce inspirée d'un fait divers réel: une vague de suicide de femmes que des hommes avaient mal traitées. La scène se déroule dans une église pendant le mariage d'un couple à l'origine du suicide de Tatiana Repina.

Comme avec Une Noce, l'auteur restitue très bien l'effet de foule qui sert de toile de fond à cette courte intrigue. Et cette fois ce sont les hommes qui sont pointés du doigt pour leurs agissements. Une légère touche de fantastique donne un intérêt supplémentaire à la pièce.

Ces neuf pièces en un acte ne m'ont pas marquée, du fait de leur brièveté. J'aurais apprécié de voir certaines intrigues davantage développées. Telles qu'elles sont, je n'en retiens réellement aucune, même si certains des thèmes abordés m'ont plu. Quoi qu'il en soit, ces pièces très courtes (seulement quelques pages pour certaines) peuvent être une bonne porte d'entrée pour quelqu'un qui souhaiterait découvrir le théâtre russe de l'époque ou la plume de l'auteur.

Ma lecture du théâtre de Tchekhov se conclut ici. J'ai trouvé vraiment intéressant de découvrir les pièces de l'auteur que je ne connaissais pas encore, même si je lui reprocherais d'aborder un peu toujours les mêmes thèmes. Seule une petite poignée de ces pièces me restera en mémoire: Le Sauvage, La Mouette et La Cerisaie, je ne regrette pas pour autant d'avoir lu les autres.

Si vous vous intéressez au théâtre et/ou à la littérature russe, n'hésitez pas à donner une chance à Thekhov.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Il m'est arrivé, par le passé, de voir des pièces de Tchekhov. En général, la mise en scène est classique. C'est l'image que projette Tchekhov auprès du public.

Chez Tchekhov, on s'écoute parler. On écoute pousser ses cheveux, pourrait-on dire. le temps s'écoule souvent dans le non-événement. Il y a énormément de choses convenues. Les convenances sont au centre du théâtre de Tchekhov. Ce qui se fait et ne sa fait pas. Les codes de la bourgeoisie sont passés à la moulinette.

A la lecture de cette anthologie, on a plusieurs facettes de Tchekhov. La facette "classique", bien sûr. Le Sauvage et Oncle Vania ou la Cerisaie sont des pièces assez semblables dans le ton et la forme, et dans les thèmes abordés. D'ailleurs, Le Sauvage et Oncle Vania sont réellement deux versions de la même pièce. On y voit la bourgeoisie rigide et dépassée céder peu à peu la place à la modernité. Il y a un bouleversement des valeurs. le ton est sérieux (quoi qu'en pense Tchekhov qui considère La Cerisaie comme une comédie).

La facette contestataire, écolo, avec une préoccupation assez constante pour la terre, les forêts, le tourisme, la modernisation... thème assez présent dans les pièces en plusieurs actes.

La facette humoristique... eh oui, dans les pièces en un acte, cynisme, humour caustique et observation fine et minutieuse dominent largement. le côté irrévérencieux de Tchekhov s'exprime pleinement. En quelques pages, Tchekhov dresse un portrait le plus souvent au vitriol avec un humour qui n'a rien à envier à un Feydeau. Assez bluffant, et totalement inattendu en ce qui me concerne.

Les pièces en un acte ont un défaut majeur. Elles font peu de place aux rapports humains qui constituent un des points forts des pièces longues. En un seul acte, Tchekhov écrit une sorte de nouvelle (d'ailleurs ces pièces sont souvent tirées de nouvelles) et ne peut explorer à fond les interactions entre personnages.

Cela dit, par rapport à un Ibsen, contemporain, je trouve que les pièces en plusieurs actes ont assez vieilli.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
ANIA : Qu'est-ce que vous m'avez fait Pétia ? Pourquoi je n'aime plus la cerisaie comme avant ? Je l'aimais si tendrement, il me semblait qu'il n'y avait rien sur la terre de plus beau que notre jardin.
TROFIMOV : La Russie tout entière est notre jardin. La terre est grande et belle, elle est pleine d'endroits merveilleux. Pensez-y, Ania : votre grand-père, votre arrière-grand-père et tous vos ancêtres étaient des propriétaires de serfs, ils possédaient des âmes vivantes, et ne voyez-vous pas que dans chaque cerise du jardin, il y a des êtres humains qui vous regardent ? Vous n'entendez pas leurs voix ?... Posséder des âmes vivantes — cela vous a tous transformés, ceux qui vivaient autrefois et ceux qui vivent aujourd'hui, si bien que votre mère, vous, votre oncle, vous ne vous rendez même pas compte que vous vivez aux dépens des autres, aux dépens de gens à qui vous ne permettez pas de dépasser votre vestibule... Nous sommes d'au moins deux cents ans en retard, nous n'avons rien acquis, nous n'avons aucune attitude positive à l'égard de notre passé, nous ne faisons que philosopher, nous plaindre de notre mélancolie ou boire de la vodka. Et il est si clair que pour commencer à vivre dans le présent, il faut expier notre passé, le liquider, et on ne peut l'expier que par la souffrance et par un travail extraordinaire et sans fin.

LA CERISAIE.
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SONIA
(...)Et alors, mon oncle, mon cher oncle, une autre vie surgira, radieuse, belle, parfaite, et nous nous réjouirons, nous penserons à nos souffrances présentes avec un sourire attendri, et nous nous reposerons. Je le crois, mon oncle, je le crois ardemment, passionnément... (Elle s'agenouille devant lui et pose sa tête sur les mains de son oncle ; d'une voix lasse : ) Nous nous reposerons. (Teleguine joue doucement de la guitare.) Nous nous reposerons! Nous entendrons la voix des anges, nous verrons le ciel rempli de diamants, le mal terreste et toutes nos peines se fondront dans la miséricorde qui régnera dans le monde, et notre vie sera calme et tendre, douce comme une caresse... Je le crois,je le crois... (Elle essuie avec son mouchoir les larmes de son oncle.) Mon pauvre, mon pauvre oncle Vania, tu pleures. Tu n'as pas connu de joie dans ta vie, mais patience, oncle Vania, patience... Nous nous reposerons... (Elle l'enlace.) Nous nous reposerons! (On entend les claquettes du veilleur de nuit. Teleguine joue en sourdine. Maria Vassilievna écrit dans les marges de sa brochure, Marina tricote son bas.) Nous nous reposerons!

Oncle Vania, Acte IV
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LOPAKHINE : Vous savez, je me lève vers cinq heures du matin, je travaille du matin au soir, toujours à manier de l'argent, le mien et celui des autres, et je vois comment sont les gens qui m'entourent. Il suffit d'entreprendre quelque chose pour voir combien sont rares les gens corrects et honnêtes.

(La Cerisaie).
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ASTROV : Ceux qui vivront après nous, dans cent ou deux cents ans, et qui nous mépriserons d'avoir si bêtement gâché nos vies, ceux-là trouveront peut-être le secret du bonheur. Quant à nous... A nous, il ne reste qu'un seul espoir. Celui d'avoir des rêves dans nos cercueils, des rêves peut-être agréables. [in Oncle Vania]
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EPIKHODOV : Je suis un homme évolué, je lis des bouquins remarquables, et cependant je n'arrive pas à saisir la direction de mes pensées ; qu'est-ce que je veux, au juste : vivre, ou me faire sauter la cervelle ? [in La cerisaie]
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Vidéo de Anton Tchekhov
Benoît Jacquot avait réuni Isabelle Huppert et Fabrice Luchini pour un long métrage de fiction, Pas de scandale, en 1998. le cinéaste les a retrouvés au Festival d'Avignon, en juillet 2021, mais séparément cette fois, pour les besoins de son nouveau film, Par coeurs. Un documentaire passionnant sur le travail d'une comédienne et d'un comédien tous deux hors normes, suivis la veille et le jour de la première représentation de leur spectacle respectif : La Cerisaie, de Tchekhov, monté par Tiago Rodrigues dans la vaste cour d'honneur du palais des Papes, pour elle ; un seul-en-scène autour de Nietzsche dans le cadre plus intimiste de l'Hôtel Calvet, pour lui . Avec un scoop : Isabelle Huppert, la perfection faite actrice, est capable de « bugs » comme tout le monde - à savoir, buter inexorablement sur une longue réplique de sa pièce il est vrai assez complexe à mémoriser !
Par coeurs sortira en salles le 28 décembre 2022. En attendant, découvrez sa bande-annonce en exclusivité sur Telerama.fr. le film sera par ailleurs présenté en avant-première à Paris au cinéma L'Arlequin lors d'une séance spéciale le lundi 12 décembre à 20h15. La projection sera suivie d'une rencontre avec Isabelle Huppert, Fabrice Luchini et Benoît Jacquot animée par Fabienne Pascaud, directrice de la rédaction de Télérama - les places sont en vente ici : http://dulaccinemas.com/cinema/2625/l-arlequin/article/138713/avant-premiere-par-coeurs-en-presence-de-benoit-jacquot-isabelle-huppert-et-fabrice-luchini
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Le clafoutis de Tchekhov

Je m'appelle .............?..........." je suis un jeune homme de dix-sept ans, laid, maladif et timide", je passe mes étés dans la "maison de campagne des Choumikhine", et je m'y ennuie.

Nikita
Volôdia
Fiodor
Boris
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