Un très beau roman sur la surdité et la découverte de ce que recouvre ce handicap pour des personnes extérieures. Une famille s'installe dans la campagne camarguaise. le père, la mère et le petit garçon sont sourds mais tout ce qu'il y a de plus sociables. C'est aussi l'histoire d'une rencontre et d'une amitié.
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Un roman à deux voix, entre le récit de l'installation d'une famille de sourds et muets à la campagne et le journal d'un sourd au dix-huitième siècle. Des deux côtés, il y a des souffrances, des obstacles et des espoirs, mais une histoire finira bien et l'autre mal.
C'est un bon roman pour la jeunesse sur un thème assez difficile à aborder et les sentiments des personnages sont vrais et sincères. C'est aussi assez bien écrit, même si parfois on retrouve le caractère manichéen propre aux romans pour la jeunesse.
Ca reste un peu difficile à suivre du fait des deux voix narratives mais une bonne découverte pour un roman assez court, dans un beau format (éditions Syros).
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Coup de coeur !
Je l'ai lu d'une traite ! Il faut dire que c'est plutôt facile, le livre ne faisant que 168 pages en plus d'être délicieusement addictif !
C'est un beau message de reconnaissance, de compréhension de l'autre (en particulier des sourds ici), d'amitié et d'entraide.
J'ai été émue par la relation qui se tisse entre Paulou et le petit Antoine, et aussi par la lucidité de Paulou. Il a bien raison de pointer du doigt le fait que la société ne fait pas grand-chose pour faciliter la vie des sourds. Et c'est pareil pour tous ceux qui souffrent d'un handicap, quel qu'il soit.
Je recommande chaudement ce livre à tous, petits et grands ! Il saura vous faire passer un très bon moment tout en vous faisant prendre conscience de certaines injustices dont souffrent les sourds.
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"Qui est le handicapé ici ? C'est moi !" ai-je pensé. Je me suis senti anormal. C'était bizarre.
J'ai questionné l’interprète, elle m'a appris qu'il y a cent mille sourds en France. Rares sont les sourds profonds qui parviennent à parler. Mais alors, pourquoi ne m'a t-on pas appris leur langage ? Je suis sûr qu'enfant j'aurais dansé des mains, de la bouche, des yeux et de tout le corps avec fougue, moi à qui l'on a tant dit "Tais-toi !" Je suis sûr que tous les enfants adoreraient s'initier à ce langage aérien, secret, farceur, aussitôt effacé, eux qui ne vivent qu'au présent.
(...) Je ruminais tout en montant la côte : "Quand je pense que j'ai appris l'anglais pendant des années au collège et que je n'ai parlé, dans ma vie, qu'à deux ou trois Anglais ! Presque tous les fonctionnaires savent dire : "Bonjour", "Quel est votre problème ?" et "remplissez ce formulaire" en anglais, je suppose, mais pas en sourd !
A ton avis,est-ce qu'on hésite avec les mains? Est-ce qu'on bafouille avec les mains? Peut-on mentir avec les mains? Les mains sont-elles poètes? Y a-t-il parmi les sourds des êtres qui portent leur langue au sommet de son élégance, sur le fil extrême de la grâce et de l'émotion? Des artistes?
Qu'est-ce que je pouvais répondre? J'ai seulement murmuré :
- Je n'en sais rien.
Maurice est terrible, il est raide comme un piquet, il a du mal à mémoriser les signes, alors, pour faire son malin, le vendredi soir après le cours, il accapare Olivier en lui demandant comment on signe "orage" et "fureur" et "délicatesse" et même "infractus" ! Il s'acharne à trouver un mot qu'on ne pourrait pas traduire en signes. Mais même "entendre", même "bruit" ça se traduit. Il a de ces idées, ce Maurice !
Moi, j'étais en dehors. Etranger. S'il n'y avait pas eu l'interprète, les mains de ces trois personnes, tantôt souriantes, tantôt sérieuses, auraient dansé pour rien, dans le silence, dans l'ignorance. Mon ignorance. Et pour eux, ma voix ne servait à rien. J'étais assomé par cette révélation.
Je suis sûr que tous les enfants adoreraient s'initier à ce language aériens, secret, farceur, aussitôt éffacé, eux qui ne vivent qu'au présent.
Janine Teisson vous parle de son dernier roman "Martienne ?"