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EAN : 9781091416222
La Grande Ourse (20/08/2014)
3.69/5   8 notes
Résumé :
« Depuis sa naissance, on lui répète que, pour proches qu'ils soient, les amis, voire les amants, sont au mieux comme le pan de la chemise, alors que la famille demeure à jamais la peau. S'il est possible d'échanger les uns, on ne saurait vivre sans l'autre. »

1988. Enveloppée dans une histoire familiale où le non-dit le dispute à l’interdit, Ève, une jeune biochimiste, s’est retranchée en marge du monde, se privant de tout contact physique.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Eve a trente-sept ans, elle est biologiste dans un laboratoire universitaire. Elle est incapable de toucher d'autres peaux que la sienne : le moindre contact l'irrite, la blesse, la brûle. Même les vêtements lui sont parfois insupportables.

Victime de l'attentat du cinéma Saint Michel perpétré par des catholiques intégristes qui ont jugé le film "La dernière tentation du Christ" blasphématoire (Martin Scorsese, 1988), Eve est plongée quelques jours dans le coma. Ses proches viennent à son chevet, peuvent enfin l'embrasser, lui tenir la main, lui parler. Même sa mère qui a quitté le foyer quand Eve était encore enfant. Son père s'épanche sur son passé ; ses proches ont été victimes de la Shoah, Eve ne l'ignorait pas, mais tout n'a pas été dit (et ne le sera pas).
Peut-être Eve trouvera-t-elle là des portes pour réussir à entrer de nouveau en contact avec autrui, changer de vie, faire "peau neuve" ?
A son réveil, elle prend la décision de se rendre à Berlin-est, sur les traces de ses ancêtres. En 1988, le mur est encore debout et divise la ville, l'Allemagne, l'Europe, le monde.

Comme le titre l'indique, la peau est au centre du roman, c'est d'ailleurs ce thème qui m'a donné envie de le découvrir. L'auteur joue avec les expressions : peau vive, peau morte, fleur de peau... Il joue aussi avec les images : le père d'Eve est fourreur, il travaille des peaux mortes (allusion au tannage de peaux juives par les nazis ?), il a lui aussi des problèmes dermatologiques, Eve a trois grains de beauté en triangle sur un bras (références à l'étoile de David ? aux matricules tatoués sur les déportés ?). La peau est un mur, une barrière, Eve a transformé la sienne en carapace inviolable et se préserve ainsi autant qu'elle se punit. Les murs sont des peaux, frontières entre l'intérieur et l'extérieur - mur de Berlin, mur des lamentations de Jérusalem, murs des logements qui abritent des familles. Eve voit des murs qui tombent, qui sont en ruine, décrépits, "lépreux"... D'autres protègent autant qu'ils enferment, comme la famille, la famille-peau : "Depuis sa naissance, on lui répète que, pour proches qu'ils soient, les amis, voire les amants, sont au mieux comme le pan de la chemise, alors que la famille demeure à jamais la peau. S'il est possible d'échanger les uns, on ne saurait vivre sans l'autre."
On tourne autour de ces notions en suivant Eve dans sa quête, elle-même accompagnée de l'ombre bienveillante du "Juif errant".

Gérald Tenenbaum est mathématicien, je m'attendais à une plume sèche, dépouillée, "carrée". Rien de tel, de jolies tournures, des images évocatrices et poétiques mais sans excès. le propos est riche : réflexions sur la famille, la filiation, la communication à travers ces histoires de peau, étayées de références au cinéma, à la chanson (Brel, Gréco, Barbara...), à L Histoire et notamment à la Shoah et au communisme d'après-guerre.
J'ai beaucoup aimé la première partie de l'ouvrage, j'avais encore en tête la présentation de l'auteur, le style m'a agréablement surprise. Je me suis un peu perdue en revanche au côté d'Eve dans Berlin, ne saisissant pas toujours ce qu'elle y cherchait, ce qu'elle y trouvait.

Malgré ce bémol, une belle lecture, et la découverte d'un auteur dont l'univers et les idées m'intéressent. J'espère lire bientôt 'L'affinité des traces' (expériences nucléaires françaises dans le Sahara au début des années 60).
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"Peau vive" c'est l'histoire d'une peau.
Celle d'Eve biologiste de 37 ans. Personnage sensible et subtile qui vit recluse.

Son épiderme est une carapace qui lui interdit tout contact sous peine de douleurs inextinguibles.
Emmurée dans cette solitude extrême, c'est un événement tragique qui va bouleverser sa vie.
En effet, elle est victime d'un attentat un beau jour d'octobre 1988 en plein Paris.

De cette épreuve, elle éprouve le besoin de revenir aux origines pour peut-être comprendre et renaître. Elle entreprend de partir dans le seul lieu encore plus à vif qu'elle qui decline et s'effrite peu à peu ;comme une peau qui desquame; Berlin-Est.

La délivrance sera -t-elle au rdv ?

Au travers la plume racée et poétique de Gerald Tenenbaum c'est le millefeuille d'une vie qui nous est devoilé, tels les strates de l'épiderme.
Cette chair a mal, elle est en sursis. Elle souffre des non-dits familiaux.

Qui suis-je ? Quel est ma place ?
Via ces questions, Eve poursuit sa quête identitaire et initiatique pour terrasser cette phobie.

De ce dépassement à s'extraire de soi, muer, c'est aussi s'approprier son héritage. Libéré sa judaïcité intrinsèque.
Au travers ma réflexion j'en suis venue à me demander si ca n'est pas ces êtres parti trop tôt dans la fumée et les flammes qui s'incarnaient sous ce derme en souffrance.

Ce roman contemporain est un choc.
Un rdv pour l'héroïne avec elle même et une réflexion cathartique pour le lecteur.
Un grand merci à Babelio et aux Éditions La Grande Ourse pour cette decouverte.
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J'ai commencé "Peau Vive" intriguée par le sujet, curieuse de voir comment il serait traité. Mais je n'ai pas été sensible au style de l'auteur et je pense que j'ai voulu lire ce livre trop vite. Non pas que ce soit mal écrit, bien au contraire, mais parce que le style est fait d'allusions, de suggestions, de choses dites à demi-mot qu'il faut prendre le temps de savourer pour entrer au coeur de l'histoire et de son personnage. Parce que je n'ai pas pris le temps d'écouter l'auteur, le départ d'Eve en Allemagne de l'Est m'a paru sortir de nulle part. Un livre qui mériterait d'être relu une deuxième fois.
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J'ai sur ce livre un avis que je qualifierai de "mitigé positif". Positif, parce que ce livre traite d'un sujet original mais actuel : Eve cherche à surmonter sa phobie qui l'empêche de vivre depuis de très nombreuses années. Les causes de cette phobie sont à rechercher dans son enfance, dans son histoire familiale aussi. J'ai beaucoup aimé également la qualité du style, poétique, évocateur, qui fait que cette lecture fut très agréable. J'ai aimé également la réécriture d'un mythe ancien, pas toujours très connu de nos jours.
Même si les points positifs sont là, je ne peux que regretter la facilité avec laquelle Eve se défait de cette phobie. Certes, l'attentat dont elle fut victime a été l'élément déclencheur mais il s'agit presque d'un événement secondaire, tant la narration se concentre sur Eve, son coma, son réveil. C'est elle le centre de l'action, non le terrorisme (et pourtant, j'ai de forts souvenirs des attentats des années 80, et de leurs victimes). Son voyage à Berlin-Est est presque trop idyllique, les problèmes se résolvent tout seuls (ou presque), comme dans un conte. La gentille héroïne a toujours les adjuvants qu'il faut pour la sortir des situations délicates qu'elle a elle-même provoquées.
Peau vive me laisse un souvenir agréable, à condition de ne pas trop approfondir ce qui m'a déplu dans cette lecture.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Beau roman d'une écriture subtile, souvent musicale et poétique mais également précise. L'auteur explore la sensibilité féminine à travers le personnage d'Eve, une jeune femme atteinte d'un mal mystérieux l'empêchant d'avoir des contacts physiques et donc des relations amoureuses et dont la vie sera transformée après un voyage à Berlin sur les traces de son passé et celui de sa famille.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Elle n'a pas encore vu 'La dernière tentation du Christ', qui défraie la chronique plus que la critique, cris d'orfraies de catholiques intégristes : au moment d'expirer sur la croix, Jésus se voit offrir une autre voie, et accepte le sort commun, mariage, enfants, vieillesse, avant d'opter, yeux dessillés, pour l'accomplissement ultime au seuil de sa seconde mort.
Côté critique, on en a dit tellement de mal, qu'elle est tentée, elle aussi. Les cinéphiles ont leurs orthodoxes autorisés. Ayant porté Scorsese au pinacle après 'Mean Streets', 'Taxi Driver', et 'New York', ils prononcent à présent l'anathème, au nom des dieux annexes, nommés mesure, sagesse, finesse, voire, toute honte bue, intelligence.
Côté chronique, bondieuserie pour les incroyants, blasphème pour les fidèles, le film est attaqué de toutes parts. Jusqu'à Raymond Barre, candidat aux élections présidentielles en avril et précédemment fameux pour sa définition de l'innocence des Français, qui déclare à 'L'Heure de Vérité', « condamner tout ce qui peut être perçu comme un début d'intolérance ».
(p. 30)
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Depuis sa naissance, on lui répète que, pour proches qu'ils soient, les amis, voire les amants, sont au mieux comme le pan de la chemise, alors que la famille demeure à jamais la peau. S'il est possible d'échanger les uns, on ne saurait vivre sans l'autre.
(p. 17-18)
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André ferme les yeux, et sourit aux anges - on s'interroge bien sur leur sexe, pourquoi pas sur leur parfum ?
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