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EAN : 9782364760240
242 pages
L'écailler du sud (21/03/2013)
3.2/5   5 notes
Résumé :
Le corps d'une star roumaine du journalisme d'investigation est découvert dans une forêt. Son assassinat s'accompagne de mystérieux règlements de compte. L'affaire est confiée à un trio de policiers, qui va, au fil de son enquête, dévoiler les dessous de la corruption et les jeux d'influence dans les cercles des puissants.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ioana Arsene, journaliste roumaine très médiatique, est accidentellement tuée par les gardes du corps de l'homme qu'elle interviewait, vague représentant d'un proche du ministre. Immédiatement, les coupables ainsi qu'un général des Renseignements roumains déshabillent la victime et déposent sa dépouille dans une forêt, afin de se laver de tout soupçon. Dans un pays où la corruption et l'opportunisme semblent primordiaux, l'affaire pourrait s'arrêter là. Mais deux policiers qui font bien leur travail sont exagérément traînés dans la boue, et décident alors de rétablir la vérité, en s'appuyant sur l'aide inespérée que va leur fournir un vieillard qui a apparemment des comptes à régler avec le pouvoir en place.


Des Mecs bien… ou presque est un très bon roman, qui choisit d'explorer une voie pourtant complexe dans laquelle peu d'écrivains se risquent, tant elle peut sembler dangereuse. Depuis la fin de la Guerre Froide, parler de politique ailleurs que dans des essais ne semble pas à première vue la meilleure façon d'attirer des lecteurs, tant l'on peut redouter l'ennui des machinations assommantes, des discussions interminables et des querelles intestines incompréhensibles. En abordant la politique par le biais d'un thriller, Teodorescu joue la carte de la finesse, puisque le suspense de l'intrigue rend au contraire captivants jeux de la politique. Et puis, la politique roumaine, évidemment, est un fait en soi passionnant. Des Mecs bien… ou presque revient brièvement sur la Révolution de 1989, sur le jeu de chaises musicales qui a déterminé la nouvelle attribution des responsabilités, et sur l'apparente impossibilité d'assainir un pouvoir qui n'a jamais réellement changé de façon de faire, bien qu'il ait changé d'étiquette.


Ce roman, publié aux nouvelles éditions l'Ecailler, n'est ni convenu, ni classique, et il peut surprendre par sa facture de nombreux lecteurs, tant sa composition est originale et attrayante. Bogdan Teodorescu qui est journaliste, titulaire d'un doctorat en communication, professeur, et qui occupa même le siège de ministre intérimaire des informations publiques, maîtrise son sujet à la perfection. Ses personnages, tous très différents, sont particulièrement bien saisis : un vieux « salaud » de l'ancienne Securitate de Ceaucescu, deux flics blessés par la vie, dont l'un tzigane, des ministres véreux et des journalistes cupides, le tout formant une soupe acide et relevée risquant d'exploser à tout moment. le roman lui-même est construit de façon très originale, les faits étant classés en chapitre s'intéressant soit à la vie amoureuse des personnages, soit à l'évolution de l'enquête, les titres de chapitre annonçant à chaque fois la couleur. Cette construction très surprenante mais aussi très efficace confère au roman un rythme soutenu et donne au lecteur le sentiment d'être le complice de l'auteur qui lui donne ainsi accès à ses dossiers, en l'avertissant à chaque fois de ce qu'il va y trouver. L'année 2013 a été celle de la littérature roumaine, qui fut saluée lors de nombreux salons littéraires, et Teodorescu n'est en effet pas en reste, en démontrant brillamment par ce thriller original et passionnant que la littérature roumaine se porte bien, y compris dans les registres les plus noirs.


Ce thriller politique dénonce la Roumanie d'aujourd'hui, dont les prétentions démocratiques sont en totale inadéquation avec le fonctionnement réel du politique. Teodorescu dépeint parfaitement comment l'éthique semble, pour ces hommes égoïstes et cupides, une chose dépassée, un fantasme enfantin, une utopie. Mais il démontre aussi que la corruption et le népotisme ne sont pas des choix ni des engagements pour le mal, et qu'ils sont presque des modes de fonctionnement inscrits dans les codes du politique, mais aussi du journalisme, et finalement de toute fonction. Il n'y pas de réelle honte à être corrompu ou à corrompre, au contraire cela en devient presque une opportunité à saisir car cela prouve que le pouvoir est au bout du chemin. Pour cette raison le regard de Teodorecu sur ses personnages est teinté de compréhension et de cynisme : la corruption est dans l'air, dans les aliments, dans leur façon de penser, dans leur éducation, car elle date du communisme et les enfants d'alors qui sont devenus les corrompus d'aujourd'hui ont vu fonctionner ainsi leurs parents, leurs proches, leurs professeurs. Ils se contentent d'appliquer la vieille recette qui réussit toujours. le constat est pessimiste, car une telle société semble terriblement gangrenée. Au lecteur de considérer si cela n'est valable que pour la seule Roumanie…

Toujours très attirée par ce qui concerne la Roumanie, ce livre m'a beaucoup plu en ce qu'il en évoque certains aspects très sombres tout en sachant lui restituer sa force de caractère et son incroyablement confuse vitalité. Seul petit bémol : les coquilles, très nombreuses…

Lien : http://www.critique-moi.fr/c..
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La 4 ème de couverture annonce un thriller haletant et diablement précis. Diablement précis très certainement, haletant cela me semble un peu fort comme terme.
Ce livre est un roman politique déguisé en roman policier. Dès les premières pages nous savons qui est la victime et qui est l'assassin – involontaire certes – mais assassin tout de même.
Après cet homicide involontaire est transformé en meurtre sordide pour protéger on ne sait trop qui. Il est vrai que la victime est une journaliste très en vue en Roumanie.
Ce livre est difficile au premier abord par le nombre de personnages et la construction bizarre.
Des chapitres dûment présentés, découpés en sous chapitres. Des synthèses, des rapports, des scénarios, des paragraphes numérotés.
Passés cette étrangeté on s'attache aux personnages : deux inspecteurs et un commissaire, un protecteur, un homme d'affaire, un politicien, un militaire qui fait de la politique, un politicien qui fait de la politique aussi – normal- mais véreux – normal aussi on est en Roumanie – et un garde du corps. Tous ces personnages ont à voir avec le meurtre de la journaliste à des degrés divers.
On est plongé dans une vision de la Roumanie d' après Ceausescu et du communisme et de ces dérives... Ce livre est un prétexte pour parler de la corruption qui sévit dans ce pays. Cela fait froid dans le dos.

Roman très touffu je l'ai malgré tout lu avec plaisir, découvrant tout un pan de cette histoire de la Roumanie peu connue.
Des mecs bien…ou presque. Quel titre ! Pour découvrir un univers assez écoeurant où les mecs biens ne sont qu'une image qui se fissure.

Merci à masse critique pour cette découverte, quant à la maison d'édition l'écaillier je suis définitivement conquise.


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Cette année La Roumanie était le pays invité au salon du livre de Paris.

Aimant les romans policiers étrangers, je me suis rendue au stand de la Roumanie pour acheter un policier. Ne trouvant aucun livre qui ressemblait à un "polar" j'ai interrogé l'un des responsables qui m'a remis alors ce livre entre les mains (il m'a semblé que c'était le seul exemplaire).

La 4eme de couverture précise " ...dénonce la corruption dans son pays au travers d'un thriller politique..." Or, si le côté policier n'est pas vraiment le sujet du livre : la victime est tuée accidentellement et l'on connaît dés le début le responsable, en revanche la corruption et la politique sont les vrais sujets de ce livre. Toutefois, bien que tuée accidentellement, les responsables décident de faire croire à un assassinat sordide et dépose le corps nu de la journaliste dans un bois : "Tous les médias sans exception ont largement développé l'information selon laquelle Ioana Arséné, si elle n'a pas subi de violence à caractère sexuel, a été retrouvé entièrement nue et dans une position indécente, dégradante. C'est la dessus que se fonde la théorie de l'assassinat : il y aurait là une forme de vengeance à l'encontre de la journaliste."

J'ai eu quelques difficultés à entrer dans ce roman : sans doute déstabilisée par la forme et le style, certains chapitres ont des titres, puis des sous-titres les paragraphes classés a, b,c,...., plus que par le fond. Puis j'ai trouvé un rythme de lecture et j'ai apprécié ce livre.

Même si la mort de la victime et les conditions dans lesquelles l' accident s'est déroulé représentent le fil de l'histoire, ce roman nous plonge dans la Roumanie après la chute et la mort de Ceausescu avec des protagonistes qui ont pratiquement tous connu la période Ceausescu.

les "vécus" des personnages nous donnent une description, peu optimiste même si elle est sans aucun doute moins pire que la période précédente, de l'après Ceausescu : Ioan Arséné, la journaliste victime de l'accident, le père Vio, son protecteur (?), Mannix et Bucur, les inspecteurs de police, Anton Vasiké le commissaire, Doru Vrana, l'homme d'affaire, Luu Safta, politicien car comédien raté, le général Azoitzië, militaire et politique, membre d'une famille "unie", Diaconescu politicien et ministre "véreux", Alin Mazilu, journaliste,Victor Craestanu journaliste de télévision, Sandu, dit Petitchou, garde du corps responsable de l'accident. Tous ces personnages, à des degrés divers, sont concernés par la mort de la journaliste .

En conclusion, ce livre très touffu , difficile à résumer, est cependant très intéressant car il nous donne une vision sans doute partielle de la Roumanie actuelle.
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L'histoire se déroule en Roumanie et débute par l'homicide involontaire de Loana Arsene, journaliste médiatisée.
Lors de l'interview d'un homme, elle est tuée par les gardes du corps de celui-ci. Son corps est déposé dans une forêt, une mise en scène qui laisse croire à un assassinat.

Ce livre qui ressemble au départ à un roman policier s'oriente très vite vers un roman politique où l'auteur exploite et narre aux travers des différents personnages, la corruption, la vision très politique de la Roumanie, le pouvoir.

L'histoire construite en plusieurs chapitres, se découpent en sous-chapitres, relatant la construction de l'enquête, la vie des différents personnages. J'avoue mettre perdue à certains moments, tout m'a paru confus mais c'est l'originalité de ce livre et son style propre à l'auteur. On aime ou pas.
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Malgré une trame un peu compliquée, la description de la Roumanie post-communiste de la politique et des affaires est très juste ce qui donne souvent un roman drôle et agréable. Il y a souvent des digressions dans des digressions dans des digressions, et c'est exactement comme ça que les Roumains racontent leur histoires, je recommande si vous voulez découvrir cette façon de penser et de vivre très latine.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Ils auraient sûrement préféré ne pas se retrouver avec cette affaire sur les bras et ne pas être du jour au lendemain confrontés à des politiciens, des milliardaires, des journalistes et à l'hostilité générale. Ni l'un ni l'autre ne souhaitait devenir l'ennemi des gens importants de la République. Ce qui les faisait sortir de chez eux, le matin, ce n'était ni la conscience professionnelle ni le besoin irrésistible d'arrêter des délinquants, mais seulement leur salaire mensuel et des dessous de table périodiques. Ils n'étaient que deux pauvres types bien ordinaire égarés dans le marasme de la transition roumaine.
(pages 123–124)
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- Je ne vous aime pas beaucoup, monsieur le commissaire en chef. Je ne vous aime pas parce que vous me compliquez l'existence. Dans notre métier, et le pays en général pense de même, les policiers sont brutaux, ventripotents, stupides et corrompus. Les hommes politiques insatiables et menteurs, les femmes politiques des putes ou des harpies, les entrepreneurs des voleurs sans scrupules, le peuple est pur, travailleur, bon chrétien et nous, journalistes nous sommes les gardiens du temple.
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- Puisque nous sommes au pouvoir, je ne comprends pas pourquoi tout ça ne peut pas se résoudre, pourquoi surgissent des carnets d'adresse sans que nous soyons au courant, pourquoi des policiers désagréables viennent me voir dans mon bureau, pourquoi on ne trouve pas un coupable? Si c'est de l'argent qu'il faut, vous savez bien que je donne ce qu'il faut, tout ce qu'il faut, mais je ne veux pas vivre ce genre d'expériences.
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Il m'a raconté des histoires creuses et sans queue ni tête sur la Sécuritaté, il s'était même mêlé de l'affaire Ioana Arséné, à laquelle il n'avait manifestement rien compris, en disant que le Président y était impliqué et qu'il ne pouvait pas le sentir. Bref un vieillard gâteux et rasoir.
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Tous les médias sans exception ont largement développé l'information selon laquelle Ioana Arséné, si elle n'a pas subi de violence à caractère sexuel, a été retrouvé entièrement nue et dans une position indécente, dégradante. C'est la dessus que se fonde la théorie de l'assassinat : il y aurait là une forme de vengeance à l'encontre de la journaliste.
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