En se rendant chez le barbier (et non pas "au barbier", hein ! ☺) ce matin-là, Gheorghe Marinescu - honnête citoyen Roumain - était loin de se douter que le destin de sa famille était sur le point de basculer.
Pouvait-il savoir qu'un improbable brandit moustachu s'apprêtait à faire irruption dans le salon ? Aurait-il pu prévoir qu'entre eux un pacte occulte allait être sellé, lequel accoucherait d'une terrible malédiction ? Sans doute que non. Toujours est-il que cette rencontre inopinée allait sceller le sort des Marinescu : chaque génération connaîtrait son lot de malheurs, et la fatalité allait s'abattre en priorité sur les fils premiers-nés.
Voilà le point de départ un brin farfelu de ce récit complètement débridé, qui voit les catastrophes s'enchainer pour la plupart des membres du clan, à chaque étage de l'arbre généalogique.
Irina Teodorescu jongle allégrement entre tous ses personnages, et le lecteur un peu distrait aura tôt fait de mélanger Ana-la-Sorcière ou Margot-la-Vipère, ou de confondre Maria-la-Laide et Maria-la-Cochonne.
Heureusement, avec un minimum de concentration, il n'aura aucun mal à se fondre dans cette famille un peu déjantée, où malgré les tentatives des uns et des autres pour briser la malédiction, chacun se trouve plus ou moins marqués du sceau de l'infortune.
Avec son ton alerte et souvent caustique, l'auteur ne nous laisse guère de répit. Elle nous promène d'avant en arrière et d'arrière en avant, au grès des épreuves subies par ces Marinescu pétris de vices et néanmoins attachants.
Au final, même si l'on a parfois du mal à saisir la finalité de cette grande farce et de cette cascade d'événements un peu désordonnés, on n'a pas le temps de s'ennuyer ! Assurément, depuis l'apparition de ce mystérieux bandit moustachu et jusqu'au terme de la funeste réaction en chaine que sa malédiction a déclenché, il y a de quoi passer un bon moment dans ce roman plutôt atypique !