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EAN : 9782351780534
352 pages
Gallmeister (05/04/2012)
4.07/5   69 notes
Résumé :
Utah, printemps 1983. La montée des eaux du Grand Lac Salé atteint des niveaux records et les inondations menacent le Refuge des oiseaux migrateurs. Hérons, chouettes et aigrettes neigeuses, dont l’étude rythme l’existence de Terry Tempest Williams, en sont les premières victimes. Alors qu’elle est confrontée au déclin de ces espèces, Terry apprend que sa mère est atteinte d’un cancer, comme huit membres de sa famille avant elle – conséquence probable de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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Habitant à seulement vingt-cinq minutes du Grand Lac Salé, Terry Tempest Williams ne cesse d'observer la montée des eaux qui, au fil des ans, ne cesse de s'accroître. Situé aux abords de la ville, le Lac peut provoquer d'importants dégâts aux autoroutes, inonder les routes... Mais, pour Terry, il est un niveau qu'elle redoute par dessus tout : 1282 mètres. À partir de là, le Refuge d'oiseaux migrateurs de Bear River serait inondé. Un Refuge qu'elle chérit, passionnée par les hérons, chouettes ou encore aigrettes, dont certaines espèces sont en déclin... Parallèlement à cette préoccupation, il en est une toute autre qui va l'anéantir : le cancer de sa mère. Après avoir guéri d'un cancer du sein, il y a une dizaine d'années, Diane Tempest est aujourd'hui atteinte d'un cancer ovarien...

Avec ce roman autobiographique,Terry Tempest Williams se livre tout en pudeur et émotions. Alternant la maladie qui frappe sa mère, son combat, le comportement de la famille qui l'entoure, avec la montée du Grand Lac Salé qui menace le refuge des oiseaux migrateurs, l'auteure entrelace les drames. Si les passages concernant sa famille sont d'une grande sensibilité et extrêmement émouvants, ceux concernant les volatiles et la Grand Lac s'avèrent moins passionnants. Même si l'on comprend, évidemment, que les deux sont liés et que l'auteure n'aurait pas surmonté de la même façon le cancer de sa mère. À la fois chronique familiale et étude écologique, ce Refuge dénonce, avec effroi, les menaces qui frappent aussi bien les hommes que les animaux. L'écriture, quant à elle, est d'une grande richesse et poésie...
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Conseillé pour ne pas dire influencé avec jubilation par mon amie d'ici Blandine, Refuge est un livre que j'ai adoré. L'auteure, Terry Tempest Williams, nous entraîne en Utah, sur les rives du Grand Lac Salé, mais aussi dans des paysages intérieurs tout aussi sublimes.
Printemps 1983, la montée des eaux du Grand Lac Salé atteint des niveaux records et les inondations menacent les différents refuges des oiseaux migrateurs.
Ce texte autobiographique est une réflexion écologique avant l'heure, puisque le récit nous ramène dans les années quatre-vingt.
Il y a dans ce texte à la fois une étude naturaliste très pointue et une chronique familiale pleine d'émotion, faisant écho à la nature qui est convoquée ici, et tout ceci s'anime avec harmonie dans un récit saisissant.
Tout d'abord ce livre est une véritable volière, un rendez-vous de battements d'ailes, moi qui adore les oiseaux, qui aime les observer et tente de les approcher sur le littoral proche de chez moi, j'ai été grandement servi.
Mais il y a aussi en parallèle une histoire intime, familiale, douloureuse et touchante. Celle de la mère de l'auteure, Diane, qui apprend qu'elle est atteinte d'un cancer pour la seconde fois de son existence. C'est presque une fatalité, comme huit membres de la famille avant elle.
La famille, justement, se retrouve autour de ce moment difficile mais chaleureux, l'accompagnement fait d'espoirs puis de résignations...
Ce sont les deux chemins qui mènent aux rives de ce lac. Il y a un autre aussi, qui traverse ces deux-là, tragique, ô combien révoltant, des essais nucléaires menés dans le Nevada au cours des années cinquante et ce, jusqu'en mille neuf cent soixante-deux, qui pourraient expliquer tous ces cancers...
Bouleversée par la douleur de celle qu'elle accompagne dans la maladie, Terry la narratrice se plonge à la fois dans le bonheur des oiseaux, mais aussi dans la compréhension des effets dévastateurs des retombées radioactives.
Terry s'occupe plus particulièrement d'un refuge dédié aux oiseaux, le Refuge d'oiseaux migrateurs de Bear River. Son inquiétude est grande face à la montée anormale des eaux du lac et qui peuvent menacer l'écosystème.
C'est l'histoire d'un lac dont les eaux montent, enflent comme les cellules d'un cancer.
À cause des crues, il y a désormais comme une menace que les oiseaux en colonies abandonnent définitivement les îles du Grand Lac Salé.
Terry n'arrive pas à dissocier le Refuge de sa famille et je la comprends. La famille est un refuge aussi...
Ce récit est l'occasion de convoquer une poésie de la nature, rien que dans le noms des oiseaux, parfois drôles aussi. Écoutez plutôt : des avocettes, des ibis à face blanche, des aigrettes neigeuses, des sarcelles à ailes bleues, le pluvier neigeux, le courlis esquimau, les carouges a tête jaune, des faucons crécerelles, des hirondelles rustiques, le petit duc des montagnes, les hérons garde-bœufs.
C'est un livre empli de constellations d'oiseaux. À chaque chapitre se pose l'un d'eux, venant picorer nos doigts.
Se délecter de leurs plumages, de leurs couleurs, de leurs chants.
Il y a ici la patience des oiseaux mais aussi celle qui les observe.
Le Grand Lac Salé est un miroir pour les oiseaux migrateurs, une halte, un repos, un havre de paix et de nourriture.
Il est un refuge pour ces oiseaux passant d'un hémisphère à l'autre traversant les États-Unis d'Amérique.
Dans l'épreuve et la maladie d'un proche, Terry nous rappelle que les oiseaux savent détourner notre attention. Elle le dit avec la poésie des oiseaux et c'est beau.
J'ai aimé ce récit, plein de douleur, d'amour, de compassion mais aussi d'impuissance devant la colère de la nature, devant la maladie, devant l'horreur de la société qui produit des malheurs.
Ce lac est un véritable océan.
C'est un lieu où se ressourcer lorsque la douleur est là.
Mais comment se préparer au vide lorsque la personne qui nous est chère ne sera plus là bientôt ?
S'émouvoir de la beauté du paysage. Trouver que la symétrie des vols d'étourneaux est presque irréelle.
Le cancer est cyniquement philosophe : il oblige à se poser sur le jour présent.
Ce lac est un paysage de sable qui se prête à l'isolement. La communauté des mormons à laquelle appartient la famille de Terry l'a compris très tôt.
Comme le dit Diane, la maman de l'auteure, plus que jamais je crois aussi que c'est par l'intermédiaire du monde naturel que nous pouvons entrer en contact avec nous-même. Se débarrasser des choses superficielles, aller à l'essentiel.
Ce lac est une mer intérieure qui apprend l'éveil, l'attention à soi et aux autres, l'expérience du monde. La sensualité aussi évoquant l'ondulation des dunes...
Ce lac est un refuge en soi pour l'âme humaine.
S'avancer dans la paix de la nature devient alors comme une consolation.
Ce livre m'a fait un bien immense. Merci Blandine.
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Merveilleux texte, empreint de simplicité, de joies, d'espérance, d'amour et de confiance en la vie, où la douleur sonne fort et juste dans ces petites phrases qui sont le fruit d'un vécu particulièrement cruel.
Plongée dans la douleur de perdre peu à peu sa mère puis sa grand-mère d'un cancer tandis qu'elle protège les oiseaux du refuge de Bear River, Terry Tempest Williams nous livre son quotidien fait de bonheur et de souffrance mais où l'amour de la vie garde le dernier mot, tandis qu'elle décrit tous ces moments de beauté qui permettent de tenir bon et de garder le cap.
On découvre d'autre part avec effroi les conséquences des essais nucléaires menées dans le Nevada sur les femmes en particulier. Cri d'alarme, sans colère inutile et sans révolte desespérée, ce texte est un plaidoyer en faveur de la vie et un splendide hommage au courage de celles qui furent les victimes de décions politiques à jamais impunies.
J'ai aimé ce texte très fort et très pur dans son dépouillement stylistique, sa pudeur, cet horizon qu'il nous tend par-delà la mort , vers ces oiseaux migrateurs qui sont comme des passeurs entre les saisons, symbole du cycle de la vie et de la nécessité de continuer à vivre malgré l'absence : "Ainsi tout n'est pas perdu. Les oiseaux sont simplement allés plus loin. Ils me donnent le courage de faire la même chose."
Oui, c'est un texte qui, à la fois remue en profondeur et apaise, qui parle à chacun de nous des deuils inévitables auxquels nous sommes tôt ou tard confrontés, et des élans qui nous permettent de les surmonter.
"Ensemble, nouséparpillons nos pétales de roses d'Inde dans le Grand Lac Salé.
Le bassin de mes larmes.
Mon refuge."
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Le grand Lac Salé au pied des monts Wassatch dans le nord de l'Utah abrite dans ses marais le refuge de Bear River où viennent se reposer, se nourrir et nidifier plus de 200 espèces d'oiseaux migrateurs qui traversent par millions les Etat-Unis de l'Arctique à l'Amérique du Sud.
La pérennité de cet habitat naturel dédié aux oiseaux dépend essentiellement des crues saisonnières du Grand Lac Salé dont le niveau doit se maintenir à un niveau constant de 1 282 m, au délà le refuge est innondé.
L'année 1983 où commence le récit est le début de l'accélération des crues du Lac mettant en péril la vie des oiseaux. C'est sur cette tension constante que Terry Tempest Williams qui aime et étudie les oiseaux "indicateurs de la vie" et « pour la simplicité de leur vol et leur forme au dessus de l'eau" doit faire face à la récidive de la maladie de sa mère déclarée après les esssais nucléaires au cours des années 50 dans le Nevada.
Sans aucune sensiblerie et dans une langue très sobre, l'auteure témoigne comment elle a d'abord refusé la fin proche de sa mère avant de l'accepter : " En déniant son cancer et même sa mort, je lui dénie sa vie ; "Le déni.... nous séduit avec nos propres désirs et élève adroitement des murs autour de nous pour nous donner une impression de sécurité. Je veux faire s'écrouler ces murs".
Sa nouvelle vision de la mort qui n'est pas sombre l'encourage à accompagner sa mère qui ne veut vivre que l'instant présent « continuer à espérer que je vais survivre alors que je suis en train de lâcher prise, c'est me voler cet instant ».
Ce que j'aime beaucoup dans ce récit est l'entrelacement poétique de l'observation naturaliste des oiseaux « consolatrice du chagrin » menacés de disparition avec le lent et douloureux cheminement spirituel
pour accepter et accueillir la mort. Un témoignage poignant sur la capacité de l'individu à aimer pour faire partie d'un tout.
Comme nous le fait entendre si intensément Terry Tempest Willliam, en prenant le symbolisme de la spirale nous sommes "en mouvement vers l'intérieur et vers l'extérieur" de contraction et d'expansion d'énergie, comme la Terre en mouvement, la vie n'est pas équilibre.
Un très beau et bouleversant "nature writing" dont l'écriture et la profondeur touche chacun de nous.
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"Je prie les oiseaux parce que je crois qu'ils portent les messages de mon coeur vers les cieux. Je prie les oiseaux parce que je crois en leur existence, en la façon dont leurs chants commencent et finissent chaque journée - invoquant et bénissant la Terre. Je prie les oiseaux parce qu'ils me font penser à ce que j'aime et non pas à ce que je redoute. Et à la fin de mes prières, ils m'enseignent comment écouter".
Le roman mélange habilement la chronique d'une famille et la description de la multitude d'oiseaux qui trouvent refuge autour du Grand Lac Salé, évoquant aussi la culture mormone. le roman s'articule autour d'un double moment de crise : la crue du lac qui menace tout un écosystème, et la progression inéluctable du cancer dont souffre la mère de l'auteur. Cette dernière raconte, avec une grande sensibilité, que quand quelqu'un meurt d'un cancer cela se fait par paliers, et qu'une partie de ses proches meurt en même temps que lui, impuissants à faire cesser la souffrance de l'autre, priants pour retrouver leur vie d'avant, pour que cela cesse. le processus cancéreux est comparé à celui de l'écriture : "Les idées émergent lentement, silencieuses et
d'abord invisibles. La plupart du temps, ce sont des idées anormales, des idées qui dérangent le quotidien, l'habitude. Elles se divisent et se multiplient, deviennent invasives. Avec le temps, elles se coagulent, se consolident et se signalent à notre conscience". J'ai longtemps hésiter avant de me lancer dans cette lecture, mais il dégage une telle force, un tel souffle, que je n'ai eu aucun regret. Cela fait du bien de pleurer, mais la grand-mère de l'auteur ajoute : "seulement si tu sais que tes larmes ont une fin". Dans le cas contraire, l'insupportable peut vous prendre dans ses griffes, ne plus vous lâcher et vous conduire à quitter le vie. Ce n'est pas ce chemin qu'emprunte l'auteur, nous laissant ainsi une lueur d'espoir, mais la conclusion du livre est terrible, une gifle cinglante. Ce roman pourrait être une arme efficace pour lutter contre les inconscients, les assassins sans couteaux, qui défendent et militent encore, contre toute raison, pour le maintien du nucléaire sous toutes ses formes.
L'âme humaine doit se baigner dans la mouvance réglée du temps et de l'espace, comme un écume organique portée et emportée par des vagues successives de morts et de naissance, elle est comme une étrangère, mélancolique mais gardant l'espoir : sa solitude contemplative dans l'immensité sidérale du monde intelligible. "La vie tout entière d'un individu n'est autre que le processus qui consiste à se mettre soi-même au monde ; notre naissance devrait donc être complètement achevée au moment de notre mort", Terry Tempest Williams citant Pete Fromm.
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critiques presse (1)
Lexpress
15 mai 2012
L'auteure croise étude naturaliste et chronique familiale dans un récit saisissant.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (53) Voir plus Ajouter une citation
-Ne dis rien, me répétait Maman. Tu sais ce que toi tu penses, c'est ça qui compte.
Et pendant de nombreuses années, c'est ce que j'ai fait : j'ai écouté, j'ai observé et j'ai forgé mes opinions en silence, au sein d'une culture qui pose rarement de questions parce qu'elle détient toutes les réponses.
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Les paysages que nous connaissons et auxquels nous retournons deviennent des lieux de consolation. Nous nous sentons attirés par eux en raison des histoires qu'ils nous racontent, des souvenirs qu'ils renferment, ou simplement en raison de leur beauté pure qui, sans cesse, nous interpelle et nous appelle.
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C'est étrange, la façon dont le désert fait de nous des croyants. Je pense qu'il est important de marcher dans un paysage où les mirages existent, parce qu'on y apprend l'humilité. Je pense qu'il est important de vivre dans un pays où l'eau est rare, parce que la vie y est concentrée.
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— Mais tu n’as toujours pas compris ? me dit Maman. Ça n’a pas d’importance, combien de temps il me reste. Tout ce que nous avons, c’est l’instant présent. J’aimerais que vous tous puissiez accepter cela et renoncer à vos prévisions. Laissez-moi vivre, tout simplement, pour que je puisse mourir.
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Je prie les oiseaux parce que je crois qu’ils porteront les messages de mon cœur vers les cieux. Je prie les oiseaux parce que je crois en leur existence, en la façon dont leurs chants commencent et finissent la journée-invoquant et bénissant la Terre. Je prie les oiseaux parce qu’ils me font penser à ce que j’aime et non à ce que je redoute. Et à la fin de mes prières, ils m’enseignent comment écouter.
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