AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Thomas Goisque (Illustrateur)
EAN : 9782700396294
168 pages
Editions Arthaud (31/08/2005)
4.15/5   82 notes
Résumé :
Sylvain Tesson a parcouru le chemin de ceux qui ont fui le goulag ou l'oppression soviétique à partir des années 1920 jusqu'à l'effondrement de l'URSS. Il s'est notamment inspiré pour son itinéraire de celui emprunté Slavomir Rawicz et décrit dans 'A marche forcée'.

Que lire après Sous l'étoile de la libertéVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
4,15

sur 82 notes
5
5 avis
4
6 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
C'est parce qu'il a lu le récit incroyable du Polonais Slavomir Rawicz, auteur d' « A marche forcée » et racontant son évasion du goulag, que Sylvain Tesson a entrepris ce long voyage pour mettre ses pas dans ceux des évadés et ainsi saluer leurs mémoires et leurs luttes pour la liberté.
Alors même s'il s'avère que ce fameux récit était en fait une imposture, des évadés anonymes ont bien entrepris cette longue marche vers la liberté se confrontant à la peur, à la faim, à la soif et à l'inconnu.
C'est plus de 6000 km, dans des conditions très difficiles dues aux climats et aux topographies différents, que certains d'entre eux sont arrivés à Calcutta en Inde, étant partis de Sibérie. Ils auront traversé des paysages aussi beaux, étranges ou hostiles et cauchemardesques que la taïga, la steppe, le désert de Gobi, l'Himalaya et la plaine indo-gangétique.

L'auteur part d'un ancien camp de prisonniers situé à soixante kilomètres au nord-ouest de Yakoutsk. C'est le début du mois de juin de l'année 2003.
Sur son chemin, il rencontre des gens sortis du camp et restés sur place et recueille des « souvenirs de la maison des morts ».
Il accompagne des nomades dans les steppes mongoles.
Il traverse le désert de Gobi, qui est plus une étendue caillouteuse qu'une région de dunes, et croise parfois un campement au bord d'un point d'eau. Il reconnaît volontiers qu'avec son GPS et sa carte IGP, il lui est relativement facile de tracer la route, choses que les évadés ne possédaient pas. Leur seule volonté les guidait.
Au Tibet, il partage pendant deux semaines la route avec cinq moines mendiants, « cinq ombres en haillons, brouillées par les flocons, cinq êtres marchant à petits pas vers leur salut sans que rien d'autre n'importe que d'être en vie au moment où l'on prend conscience de l'être. »
Enfin, il atteint Calcutta huit mois après avoir quitté la Sibérie.
Un long parcours, riche de rencontres, de lieux géographiques contrastés, de réflexions et de cheminement intérieur, en accord avec la nature. Une longue marche pour célébrer la mémoires des évadés, de tous les évadés fuyant la misère et le joug des camps d'asservissement.
Commenter  J’apprécie          447
Ayant lu le livre de Slavomir Rawicz À marche forcée, Sylvain Tesson, jamais avare de bonnes idées et l'envie de bouger chevillée au corps, a naturellement voulu refaire le périple raconté par le Polonais.
De mai à décembre 2003, il a mis ses pas dans ceux des hommes qui, pendant un demi-siècle, ont fui le goulag. Un voyage de 6 000 kilomètres, de la Sibérie jusqu'au sud de l'Eurasie, à pied, à vélo et à cheval.
La quatrième de couverture parle d'une "célébration de l'esprit d'évasion" et aussi d'un "hommage à ceux qui choisissaient la liberté au prix du froid, de la faim, de la solitude".
Le photographe Thomas Goisque, ami de Sylvain Tesson, est venu le rejoindre à quatre reprises, ce qui nous vaut de splendides clichés qui émaillent le livre et se marient à merveille avec les mots de l'auteur.
(Quelques années plus tard, Thomas Goisque partagera avec son ami fantasque et Cédric Gras l'épopée narrée dans Berezina et que je ne peux que vous recommander.)

En cinq parties qui constituent cinq entités géographiques distinctes (La taïga, La steppe, le désert de Gobi, le Tibet, et pour finir L'Himalaya, le Sikkim et le Gange) notre écrivain nous entraîne dans son sillage et décrit avec sa verve coutumière les mille et une péripéties qui ne manquent pas de se produire.
Il raconte également les multiples rencontres qu'il a effectuées et enrichit son texte de nombreuses réflexions historiques, géographiques, et bien évidemment, humoristiques.
Le tout forme un tableau extrêmement vivant, instructif et passionnant.

Que le récit de Rawicz soit vrai ou non, finalement, peu importe. L'essentiel est ailleurs.
Il y a bien eu des prisonniers dans les goulags soviétiques ; selon les historiens, entre 10 et 18 millions. Certains ont tenté de s'évader, quitte à risquer la mort en chemin.
C'est à cette réalité historique, qu'il ne faut jamais oublier, que Sylvain Tesson nous ramène.
"C'est à la célébration de la figure de l'évadé politique que j'ai consacré ma longue marche davantage qu'à l'enquête sur la plausibilité d'un récit lequel, aussi trépidant soit-il, n'est qu'un témoignage parmi d'autres sur un pan bouleversant de notre Histoire."

Notre écrivain-voyageur conclut en ces termes : "Je suis parti avec l'envie de trouver une réponse, et revenu en me disant qu'il était idiot de se poser la question. En Sibérie, je voulais savoir si Rawicz avait dit vrai ou bien s'il avait mystifié ses lecteurs. En rentrant chez moi, neuf mois après mon départ de France, riche des témoignages moissonnés au cours du voyage, je m'appuie sur cette certitude qu'avec ou sans le Polonais, des hommes ont bien foulé un jour les pistes d'Eurasie pour fuir les totalitarismes, pistes que je demande mentalement à Sartre l'ironique autorisation d'appeler les « chemins de la liberté »."

Une fois de plus, Sylvain Tesson m'a emmenée en voyage. Un voyage riche et particulièrement émouvant si l'on pense à ceux qui se sont mis en route malgré tous les dangers, non pour le plaisir, non par curiosité, non par désir d'aventures, mais simplement pour retrouver la liberté.
Commenter  J’apprécie          325
C'est le 8eme livre de Tesson que je lis. J'ai vu le film a marche forcée de Weir. Que font les tibétains? Passer devant le procureur vert. 12 mois d'hivers et ensuite c'est l'été la Rasoutitsa.( le chemin interrompu)! N'es impossible que ce qui n'a pas été tenté disent les Zeks. Tue la terre Gengos Khan. Souvenir de la maison des morts. Junger le recours aux forêts. Ces Dersou Ouzala. Ces vieux croyants. Stipa la tige. Je pense a sauvage par nature la Mongolie. Sous la yourte dans la vie touranniene. Papier de riz nepalais. Hugo Pratt le baron Sternberg. Beaucoup d'histoire de citation. Oulang Bator et le taklamakan. On ne peut réduire le désert de Gobi à quelques dunes. Kongor est rare. La solitude est une compagne merveilleuse. L'Amdo et le chameau de Bactriane. le chantang bonjour Monsieur Pleissel.
Commenter  J’apprécie          280
Recueil reprenant, illustré des très belles photos de Thomas Goisque et de quelques unes de Sylvain Tesson, le périple que ce dernier entreprit sur les pas des évadés du goulag.
Un ajout à cette nouvelle édition : Slavomir Rawicz, l'auteur de "A marche forcée", qui fut le fil conducteur de ce voyage, n'a définitivement pu vivre ce qu'il raconte (le doute était déjà très présent).
Mais peu importe puisque cet "Axe du loup" est bien réel et que des hommes y ont souffert.
Le livre résume l'expérience de Sylvain Tesson qui apporte ici quelques précisions historiques, géologiques et géographiques dans ce style vif et vivifiant qui lui est caractéristique.
Commenter  J’apprécie          110
Ayant lu et apprécié "A marche forcée", le récit du polonais Slavomir Rawicz sur son évasion du goulag et son parcours du cercle polaire jusqu'au golfe du Bengale j'étais curieux de lire le récit de Sylvain Tesson.
Pendant plusieurs mois, l'écrivain aventurier a suivit l'itinéraire de cette évasion et nous le restitue à travers un album photo sur les lieux-mêmes de cette traversée de l'Eurasie sauvage.
Un peu déçu par ce qui m'a semblé être plus un guide touristique qu'autre chose. J'aurais du commencer par lire "L'Axe du Loup" qui est le livre paru l'année précédente ...
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Je songe avec dépit que je ne connaitrai pas, entre la Sibérie et la Mongolie, cette satisfaction tant de fois ressentie de franchir une frontière d’une libre enjambée sans que rien ni personne ne vous rappelle que la Terre, depuis que l’homme s’en est autoproclamé l’aménageur principal, a été striée de limites cadastrales ineptes.
Commenter  J’apprécie          253
Dans le jargon des prisonniers du goulag, s'évader se disait "passer devant le procureur vert", c'est-à- dire sous le couperet de la nature, qui était souvent plus impitoyable que le marteau des procureurs rouges. Ceux-ci vous condamnaient à trente ans de détention pour peu que vous fussiez soupçonné d'être un "élément douteux" ou un "ennemi du peuple". Mais la nature, elle, tendait des pièges plus redoutables: marais, ours, torrents, tempêtes, nuages de moustiques... Souvent, le froid, la faim, et finalement la mort attendaient le fugitif au bout d'une courte cavale qui ne l'avait pas porté bien loin au regard de l'immensité sibérienne.
C'est d'ailleurs en raison de ces incommensurables difficultés physiques que les camps de prisonniers soviétiques n'étaient pas aussi protégés que l'on aurait pu le penser. Une ou deux simples lignes de barbelés ceignaient le camp. Les gardiens savaient que la nature dissuadait le candidat à l'évasion mieux que n'importe quel cheval de frise.Dans les parages où s'étendit l'Archipel, l'hiver règne huit mois sur douze ( une plaisanterie russe - qui fait donc rire jaune - définit même ainsi l'année sibérienne : "Douze mois d'hiver et après, c'est l'été ! ") et , quand l'été vient, c'est la raspoutitsa ( littéralement, le "chemin interrompu", la fonte des neiges qui transforme le pays en une fondrière et rend impraticables les sous-bois.
Des prisonniers politiques réussirent malgré tout à s'évader. ILs pensaient sans doute, avec Tocqueville, que "n'est impossible que ce qui n'a pas été tenté". C'est à la mémoire de ces hommes en fuite, pour qui rien n'importait plus que de reconquérir leur dignité volée, à la mémoire de ceux qui choisirent la liberté, ne plièrent pas sous l'idéologie et sortirent de la nuit soviétique, qu'est dédié ce voyage à pied, à cheval et à vélo, de la Sibérie à l'Inde, sur les traces des évadés du goulag
Commenter  J’apprécie          20
Dans le jargon des prisonniers du goulag, s'évader se disait "passer devant le procureur vert", c'est-à-dire sous le couperet de la nature, qui était souvent plus impitoyable que le marteau des procureurs rouges. Ceux-ci vous condamnaient à trente ans de détention pour peu que vous fussiez soupçonné d'être un "élément douteux" ou un "ennemi du peuple". Mais la nature, elle, tendait des pièges plus redoutables: marais, ours, torrents, tempêtes, nuages de moustiques... Souvent, le froid, la faim, et finalement la mort attendaient le fugitif au bout d'une courte cavale qui ne l'avait pas porté bien loin au regard de l'immensité sibérienne. (p.15)
Commenter  J’apprécie          50
L'évadé est un homme révolté. Il donne de l'espoir aux oppressés. Il souffre pour eux et endosse le poids d'une responsabilité transcendante : il est chargé de dire au monde entier que l'individu peut triompher des machineries répressives. La puissance étatique ne peut pas arrêter l'homme en marche.
Commenter  J’apprécie          90
Il est rare qu'un itinéraire dicté par l'Histoire présente un intérêt géographique et une puissance esthétique aussi importants que l'itinéraire reliant la Sibérie à l'Inde. Le segment qui balafre l'Eurasie du cercle polaire arctique jusqu'à la plaine Indo-gangetique coupe une demi douzaine de ceintures climatiques qui déterminent une variété d'écosystèmes parmis les plus hostiles et de paysages parmis les plus beaux de la haute Asie .Du nord au sud, les grandes bandes biogeographiques s'articulent latudinalement sans qu'aucune transition ne vienne adoucir la brutalité de leur succession. Défilent ainsi les taigas de Sibérie, les steppes mongoles dont le déroulé se font peu à peu dans l'aridité du Gobi,les plateaux du haut Tibet,la barrière englacee de l'Himalaya et,de l'autre côté,les jungles de la façade méridionale,qui assurent la transition avec la plaine indo-gangetique. Il est probable qu'un évadé faisait peu cas de la beauté qui l'entourait, mais il n'en reste pas moins que le parcours des fugitifs est un cheminement de splendeur. Ces septs milieux naturels qui sont au voyageur une source d'émerveillement sans cesse renouvelé constituent, pour l'évadé, une succession d'embûches cauchemardesques, car taïga signifie marécage, Gobi est synonyme de soif,et Himalaya veut dire froid extrême.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Sylvain Tesson (136) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sylvain Tesson
Deuxième épisode de notre podcast avec Sylvain Tesson.
L'écrivain-voyageur, de passage à la librairie pour nous présenter son récit, Avec les fées, nous parle, au fil d'un entretien, des joies de l'écriture et des peines de la vie, mais aussi l'inverse, et de la façon dont elles se nourrissent l'une l'autre. Une conversation émaillée de conseils de lecture, de passages lus à haute voix et d'extraits de la rencontre qui a eu lieu à la librairie.
Voici les livres évoqués dans ce second épisode :
Avec les fées, de Sylvain Tesson (éd. des Équateurs) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23127390-avec-les-fees-sylvain-tesson-equateurs ;
Blanc, de Sylvain Tesson (éd. Gallimard) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/21310016-blanc-une-traversee-des-alpes-a-ski-sylvain-tesson-gallimard ;
Une vie à coucher dehors, de Sylvain Tesson (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/14774064-une-vie-a-coucher-dehors-sylvain-tesson-folio ;
Sur les chemins noirs, de Sylvain Tesson (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/14774075-sur-les-chemins-noirs-sylvain-tesson-folio ;
Le Lys dans la vallée, d'Honoré de Balzac (éd. le Livre de poche) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/769377-le-lys-dans-la-vallee-honore-de-balzac-le-livre-de-poche.
Invité : Sylvain Tesson
Conseil de lecture de : Pauline le Meur, libraire à la librairie Dialogues, à Brest
Enregistrement, interview et montage : Laurence Bellon
--
Les Éclaireurs de Dialogues, c'est le podcast de la librairie Dialogues, à Brest. Chaque mois, nous vous proposons deux nouveaux épisodes : une plongée dans le parcours d'un auteur ou d'une autrice au fil d'un entretien, de lectures et de plusieurs conseils de livres, et la présentation des derniers coups de coeur de nos libraires, dans tous les rayons : romans, polar, science-fiction, fantasy, BD, livres pour enfants et adolescents, essais de sciences humaines, récits de voyage…
+ Lire la suite
Dans la catégorie : Géographie de l' AsieVoir plus
>Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire>Géographie générale>Géographie de l' Asie (323)
autres livres classés : récit de voyageVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (195) Voir plus



Quiz Voir plus

Sylvain Tesson

Quelle formation a suivi Sylvain Tesson ?

histoire
géographie
russe
urbanisme

10 questions
327 lecteurs ont répondu
Thème : Sylvain TessonCréer un quiz sur ce livre

{* *}