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Critique de boudicca


Qui ignore aujourd'hui qui était Françoise Athénaïs de Montespan, plus connue sous le nom de Madame de Montespan, maîtresse du roi Louis XIV dont elle restera la favorite pendant plus de vingt ans ? Personne. Celui que l'on connaît beaucoup moins, c'est Louis-Henri de Pardaillan, le mari cocu de la belle marquise. Tout commence comme un conte de fée : les deux époux se rencontrent par hasard lors d'une tragique affaire qu'ils vont transformer en heureux événement en décidant peu de temps après de se marier. Elle est belle, drôle, possède une langue acérée et des envies irrépressibles de luxe. Lui, homme sans rien de remarquable mais néanmoins bien de sa personne, vénère son épouse dont il ne peut se passer plus de quelques jours et pour laquelle il est près à tous les sacrifices. La demoiselle a cependant de plus hautes ambitions, aussi lorsque le roi s'éprend d'elle et la propulse au rang de favorite, la marquise plie bagage en vitesse et s'en va résider au château de Versailles, près du roi. « Un honneur ! », assure tout le monde au mari cocu. Rendez-vous compte, avoir sa femme dans le lit du roi, c'est à coup sûr obtenir plus de terres, de fortune et de titres qu'on osait en rêver ! le pauvre Henri-Louis ne voit cependant pas les choses de la même façon. Véritablement épris de son épouse, il n'aura de cesse jusqu'à la fin de sa vie de s'opposer par tous les moyens à la volonté royale et à clamer haut et fort le tort qui lui est fait par le Roi Soleil.

Jean Teulé relate à merveille cette histoire mi-drôle, mi-tragique en ce focalisant uniquement sur le point du vu du pauvre mais néanmoins courageux et inventif marquis. Ajouter des cornes à ses armoiries, accuser en public Louis XIV de lui avoir volé sa femme, refuser tous les pots-de-vin et tous les honneurs, organiser des funérailles en grande pompe pour son amour perdu... : Louis-Henri ne recule devant rien pour continuer à clamer son amour pour son épouse et défier son royal amant. Jean Teulé passe sur tous ces épisodes avec ce qu'il faut d'humour et d'empathie pour que l'on se prenne rapidement d'affection pour le marquis qui supplante pour une fois son épouse sur le devant de la scène. On sent bien que l'auteur s'amuse, et, malgré le tragique de la situation, on ne peut s'empêcher nous aussi de trouver cette histoire particulièrement divertissante malgré la cruauté de certains passages. L'auteur a de toute évidence effectué beaucoup de recherches afin de se montrer le plus réaliste possible, non seulement au niveau de l'histoire du marquis mais aussi et surtout en ce qui concerne la vie à la cour de Versailles au XVIIe siècle. Jean Teulé semble notamment très friand de détails scatologiques qui ajoutent une pointe d'humour supplémentaire au récit tout en nous donnant la vision de courtisans et courtisanes totalement corrompus, pourris et laids jusqu'à l'intérieur. L'auteur fait également preuve de beaucoup de talent en ce qui concerne les dialogues, habiles mélange de langage soutenu et de vulgarité moderne. Un cocktail détonnant !

Jean Teulé rend hommage avec « Le Montespan » à ce marquis cocu doté d'un sacré courage et se moquant de son malheur avec dignité et humour. Un roman qui se lit avec beaucoup d'intérêt tant grâce au travail de reconstitution historique effectué, qu'à l'empathie éprouvé pour le malchanceux marquis, ou encore à l'humour sous-jacent qui imprègne chaque page du récit. Une belle découverte que j'entends poursuivre avec les autres roman de l'auteur, apparemment inspiré par les faits divers historiques.
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