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EAN : 9782894063217
Bibliothèque Québécoise (21/12/2010)
2.8/5   5 notes
Résumé :
Trois parties, vingt contes, narrateur omniscient, absence de merveilleux, infimes traces de fantastique. Phrases sèches et vieillottes au service de personnages simples et rudes. La québécitude de l'auteur est masquée dans les deux premières parties, mais évidente dans la troisième. L'action se passe dans un village montagneux, pour la majorité des deux premières parties, dans un village côtier pour le reste (si ce n'est d'un conte qui se passe sur le quai d'un por... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
J'ai décidé d'aborder Contes pour un homme seul d'Yves Thériault (1915-1983). Pourquoi? Yves Thériault semble être le précurseur du fantastique québécois du vingtième siècle avec ce livre publié aux éditions de l'Arbre en 1944. Ce bouquin est composé de 18 contes répartis en trois parties. On pourrait affirmer que les contes de Thériault s'avèrent à la limite du fantastique. Ainsi, Thériault cherche, avec ce recueil, à démystifier la vie à la campagne et à briser ainsi les croyances instaurées par le roman du terroir. Par le biais du fantastique, l'ordre à la campagne est inversé. Ses personnages sont bien campés à la campagne où les gens se connaissent, ont appris à vivre ensemble, travaillent de leurs mains. Mais, dans ce recueil les aspects associés au terroir servent de prétexte pour inverser l'ordre établi et à faire naître le fantastique. On peut penser à des contes comme «La fleur qui faisait un son » ou à «Challu-la-chaîne». Par ailleurs, chez Thériault, le fantastique survient par le biais d'un objet fascinant et qui semble s'animer.

Dans «La fleur qui faisait un son », le Troublé, l'idiot du village, croit entendre une fleur qui produit un son et ce son le séduit, l'apaise. le Troublé tombe amoureux à la fois d'une fleur, des fourmis, d'un soc et d'un sac. Plus encore, le personnage du Troublé semble solliciter les pulsions macabres du lecteur car c'est grâce à ce personnage que l'irrationnel survient dans la vie de tous les jours. Il apparaît comme étant le médiateur entre le quotidien et l'au-delà. Il abolit les frontières entre l'imaginaire et le réel. le Troublé est associé aux pulsions instinctives, à la destruction à l'état pur. le surnaturel surgit à travers ce désir de mort qu'il ressent envers ceux qu'il aime. Il a un immense besoin d'amour mais en même temps, il détruit ce qu'il aime. Comme il le souligne :

«Il faut que je tue ce que j'aime… (p. 23)»

Il aime les fourmis alors il les écrase, il est en amour avec Anette, alors il la tue. L'ambiguïté naît de cet agencement vie-mort. de plus, le lecteur ne sait pas si c'est sa naïveté qui agit comme distorsion du réel.

Le Troublé n'est pas le seul personnage du recueil à ressentir ce besoin de tuer lorsqu'un objet extérieur ensorcelle ou anime les pulsions bestiales. L'objet guide le personnage vers l'inconnu, vers l'interdit. Il lui révèle sa propre folie. Dans «Challu-la-chaîne», Challu découvre une chaîne en marchant. le fantastique semble naître par le biais de la présence d'un vocabulaire relevant du mystérieux. Ce vocabulaire propose une ambiance propice au fantastique (noir, tourbillon d'ombres, néant, infernal, vide). Mais encore, Challu aime trop la chaîne qu'il a trouvée. Cet amour pour l'objet semble engendrer la mort de son épouse. Ainsi, le sentiment pour l'objet participe au réel et a un impact sur le devenir de l'autre. de plus, Challu sera lui-même victime de cet amour pour l'objet car il se jettera dans un lac et perdra ainsi la vie.

Avec Thériault, le lecteur est confronté à un fantastique de l'instinct qui naît dans les forces incontrôlables de l'être humain. Les personnages sont amenés à ressentir une jouissance en tuant. La mort entre en conflit avec la vie, elle s'en empare, elle prend possession des personnages. L'ambigüité relève de cet agencement vie-mort car l'être s'y révèle comme absolu.

J'ai beaucoup apprécié les contes de la première partie. À travers Contes pour un homme seul, Thériault présente des personnages troublés, troublants, primitifs valsant avec le drame. Il sait jouer avec la tension.

Je voulais partager avec vous un peu de fantastique québécois en abordant un recueil d'un grand écrivain.

https://madamelit.ca/2019/10/16/madame-lit-contes-pour-un-homme-seul-dyves-theriault/
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Ce qui frappe en lisant ce recueil c'est le côté «gore», sanglant. La réapparition des personnages d'un conte à l'autre se fait sans trop de cohérence. Un personnage que l'on croyait mort revient comme si de rien n'était, mais on ne s'en choque pas réellement (enfin, pour ma part). La majorité des contes sont situés dans un même hameau. Hameau qui semble construit sur la bestialité et la folie. Une expression brute d'une violence effarante, violence qui vient des profondeurs de l'homme et non d'une forme démoniaque comme cela se voit dans les contes populaires québécois.
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Je découvre Yves Thériault grâce à ce recueil de nouvelles, à moins que ce ne soit un roman. Chaque chapitre est une courte histoire qui se suffit à elle-même, même si les histoires se répondent l'une l'autre et si toutes les nouvelles ont pour cadre un même village, sur la côte de l'Atlantique Nord.
Il émane souvent une certaine tristesse de ces nouvelles, et rares sont celles qui finissent sur une note joyeuse. Une forme de poésie est sensible aussi, même s'il me semble que le format est trop court pour que l'auteur déploie véritablement ses images et sa prose.
Peut-être pas le meilleur livre pour aborder cet auteur, mais un écrivain à surveiller, certainement pour un roman la prochaine fois.
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Très courtes histoires dont plusieurs ont pour thème le meurtre ou la mort. Même si j'aime beaucoup des romans d'Yves Thériault, je n'ai pas su apprécier son talent en lisant ce recueil de contes.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Les Fourmis
Ce matin-là, j'ai aimé les fourmis qui s'étaient mises à vivre dans le sable de mon sentier.
Je les ai aimées à plat ventre.
Le nez quasi dedans.
Elles sont rouges, grasses et longues, et bien agiles.
Alors je les ai aimées.
« Tiens donc » que je me suis dit, « me voilà qui aime ? »
Ça faisait qu'une drôle de chose me frétillait sous la peau.
Honnis la vie belle et le jour et la mer et le monde, puisque je les aime, ces fourmis-là.
Mais il fut que l'amour ne dura pas si beau, et qu'il devint du mal ardent.
Cela ne frétillait plus bellement.
Cela brûlait et remuait en coupant.
Je me suis retourné le corps, l'endroit au soleil et l'envers sur le sable mou et chaud.
Mais tout faisait autant le mal d'amour.
J'ai bondi du sol, j'ai bondi jusqu'à ma cabane.
Et je me suis accroupi sur le toit plat, loin du sable où couraient mes fourmis.
Il vint la fille Maugrand qui se mit à rire.
— Tu fais la poule perchée ?
— Je fais ce qui est à faire !
— Eh, quoi donc ?
— Je me sauve des fourmis.
Et elle riait tellement.
Je n'ai pas dit plus; elle n'aurait pas compris que c'était vrai, que je me sauvais des fourmis.
Elle partit, riant toujours.
Elle est bien belle.
Belle comme Annette que j'aime un peu et qui a des cuisses longues et rondes, et des bras ronds et des seins ronds.
Pourquoi des seins si ronds que cela fait comme les miches chaudes de Carderet le boulanger ?
Je voudrais voir les seins blonds d'Annette, au soleil de mer qui a des choses de lumière bleue dans le jaune.
Soleil vert de mer bleue...
Où sont mes fourmis ?
Je suis descendu faire la seule chose possible. Puisque j'aime les fourmis, il faut que j'aille.
Que je les prenne une à une, entre mes doigts.
Que je les écrase.
C'est ce que j'ai fait.
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Quand pour la première fois le Troublé en parla, on se gaussa de lui dans le hameau. Tant l’idée semblait étrange, et pas du tout de celles qui sont les vraies idées, propres à croire.
Mais on se dit que c’était le Troublé, et que l’idée ne valait que ça.
Puis les nuits vinrent qui étaient les nuits de pêche, les nuits longues et bleues, avec toutes les étoiles et le chant doux qui monte du fond de la mer, alors on oublia bien que le Troublé avait ouï le son d’une fleur.
Mais lui ne l’oublia pas. (Première partie, Chapitre I, “La fleur qui faisait un son”, p. 17).
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Il avait voulu saisir un brin de brume, et cela l'avait frappé. C'était donc un brin de brume, l'amour? Futile, fragile, sans couleur, sans vie, mais capable de voiler et de couvrir, et d'empêcher que les choses normales soient vue telles qu'elles sont.
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Je voudrais voir les seins blonds d'Annette, au soleil de mer qui a des choses de lumière bleue dans le jaune.
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Cette année-ci, le blé sera beau ; la terre a bu le sang de l'homme.
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Entrevue avec l’écrivain Yves Thériault en 1980, il présente son roman "La quête de l'ourse" (Archives Radio Canada)
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