AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782200279806
192 pages
Armand Colin (15/10/2014)
4.33/5   3 notes
Résumé :
La Seconde Guerre mondiale s’est aussi gagnée par l’image et la France n’a pas dérogé à la règle. Malgré la censure et les pénuries, le dessin y a atteint une force politique unique.
Qu’ils soient l’œuvre de résistants ou de soutiens de la collaboration, ces dessins, ces caricatures ont été une source essentielle d’information – ou de désinformation – de l’opinion. Certains journaux comme Gringoire, Je suis partout, Révolution nationale ou Notre Combat ne ren... >Voir plus
Que lire après Croquer la France en guerre 1939-1945Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Qu'on l'appelle caricature, dessin de presse, dessin satirique, pamphlétaire ou contestataire, ce mode de communication, longtemps considéré comme anodin, est devenu nuisible en période de guerre. le crayon constitue une arme parfois aussi redoutable qu'un fusil. ». Ces propos résonnent évidemment tragiquement aujourd'hui, mais ils datent d'avant les attentats qui frappèrent la France et le Danemark en ce début d'année 2015. Ils sont à attribuer à Emmanuel Thiébot, historien au Mémorial de Caen, qui a récemment publié un ouvrage consacré aux caricatures parues dans la presse française entre 1939 et 1945. Un documentaire instructif qui permet de se rendre compte de l'importance et de la diversité du dessin de presse de l'époque, l'auteur ayant sélectionné des oeuvres issues de nombreux journaux, quotidiens, hebdomadaires ou mensuels. Exigeant au niveau du contenu mais très clair du point de vue de l'organisation, l'ouvrage se compose de plusieurs chapitres dédiés à différentes étapes ou aspects de la Seconde Guerre mondiale, de la « drôle de guerre » à la libération en passant par le régime de Vichy ou encore la Résistance.

A chaque caricature est associée un article explicatif détaillant le contexte dans lequel elle a été dessinée et les idées qu'elle tente de véhiculer. de petits encarts viennent également ajouter des précisions concernant le journal dont le dessin est issu ou encore le ou les auteurs. On pourrait seulement regretter que la grande majorité des caricatures ne se suffisent pas à elles-mêmes et ne prennent véritablement sens qu'avec les explications de l'auteur. Il est évident que la compréhension d'un dessin satirique est indissociable d'une solide connaissance du contexte dans lequel il a été réalisé, et l'ouvrage nous renseigne fort clairement à ce propos, néanmoins il est un peu dommage de ne pas pouvoir saisir instinctivement l'humour ou l'ironie employée par les caricaturistes. le travail effectué par l'auteur reste cela dit remarquable et certaines illustrations permettent d'aborder des sujets peu évoqués comme les femmes tondues après la libération pour avoir eu des relations avec des Allemands, ou encore les restrictions induites par le conflit et ses conséquences sur la vie quotidienne des Français.

Un ouvrage très instructif consacré à un sujet malheureusement d'actualité. La variété des dessins sélectionnés permet d'aborder une multitude d'aspects de cette Seconde Guerre mondiale et notamment de mieux comprendre les arguments et les ressorts utilisés par les différents camps qui se sont opposés pendant l'occupation. Un grand merci à Babélio et aux éditions Armand Colin pour cette découverte.
Commenter  J’apprécie          130
« La caricature entre dans les yeux et remue ce qu'il y a de plus sensible en nous, l'imagination ». C'est pourquoi la caricature est devenue un art majeur parmi les dessins de presse. Et en période de guerre, cela ne fait pas exception. Caricature, dessin de pesse, portrait-charge, tous sont alors considérés comme nuisibles ou / et comme outil de propagande, selon les camps en présence.

Pendant la seconde guerre mondiale, la presse, malgré les restrictions en encre et en papier continue la publication des dessins de presse, avec des enjeux différents selon les journaux. Cet ouvrage présente donc l'évolution des caricatures de presse sur le thème de la guerre de 1936 à la reconstruction, par ordre chronologique et thématique.

Les premiers dessins de 1936 montrent la situation diplomatique de l'Europe, illustrent les traités, et les hommes politiques à travers des portraits-charges parfois féroces. Ces illustrations sont souvent accompagnées de légendes, les resituant dans le contexte. C'est pourquoi ces productions vieillissent mal, elles sont datées, et ne se comprennent qu'en connaissant le contexte politique et sociale du moment.

Dès que la guerre est déclarée, et la France coupée en deux, on observe une première évolution.
En zone occupée, les caricatures sont omniprésentes dans la presse, la limite à ne pas franchir est celle du manque de respect envers l'occupant et Hitler. Les convocations n'étaient pas rares devant la censure.
Dans la zone non occupée de l'Etat français, la propagande vichyste rejette le côté outrancier de la caricature. le dessin est utilisé comme outil de propagande vichyste, collaborationniste ou allemande pour dénoncer les juifs, les complots, les étrangers ou les conditions de vie pendant la guerre. La vie quotidienne, et particulièrement la pénurie et le rationnement prêtent à la satire et à la drôlerie. Se développe aussi une imagerie maréchaliste prônant la collaboration, et mettant en avant la devise de ce gouvernement, Travail, Famille, Patrie, à travers des dessins proches de l'imagerie d'Epinal.

Moins présente du côté de la résistance en raison des restrictions, elle existe néanmoins dans des tracts parachutés, contre les Allemands et la collaboration.

Puis, à la libération, l'imagerie met en scène les victoires des grands hommes, de Gaule, Leclerc ou les résistants maquisards.

Mais ensuite, dans la France à reconstruire, le dessin de presse tourne vite la page de la guerre et ne rend plus compte des crimes de guerre ou des procès. La déportation inspire peu, sauf Bernard Aldebert, qui fut l'un des premiers à témoigner, ayant lui-même été déporté pour ses caricatures publiée en 1943.

Le dessin de presse, plus ou moins virulent, est donc le reflet d'un style humoristique d'une époque, toujours daté par le contexte, et parfois complété d'une légende explicative.
Ce principe est repris dans la construction de ce livre. Chaque double page est consacré à un dessin, accompagné d'un commentaire, et d'une notice présentant le journal et le dessinateur.
Commenter  J’apprécie          40
A l'aide de croquis, dessins et caricatures de l'époque, esquisse d'un portrait de la France entre 1939 et 1945.

Le livre choisit un déroulé chronologique : Avant guerre, "drôle de guerre", régime de Vichy, collaboration, propagandes, résistance et France libre et libération et propose ainsi une vision panoramique de cette page de l'Histoire.

Chaque page est divisée en deux parties : l'une consacrée à une illustration, l'autre à son analyse.

L'auteur de chaque dessin est présenté, lorsqu'il est connu, et une explication donne son origine, revue, journal et son orientation politique.

Le contexte de l'image est expliqué de façon approfondie. On découvre par ce moyen le vie quotidienne des français, leur crainte, leur espoir.

On découvre le jeu sur les clichés mais aussi sur l'utilisation des contes et des symboles à fin de détournement.

Mais c'est le pouvoir de ces illustrations, souvent accompagnées de textes, qui est mis en avant avec leurs rôles dans cette guerre d'occupation.

Les dessins sont tous très différents, souvent au trait de crayon en raison de la mauvaise qualité du papier pendant la guerre, souvent en noir et blanc... ils racontent une histoire.

Ils nous font entrer dans les camps de concentration, dans la vie quotidienne des familles, dans le racisme ambiant...

Une leçon d'histoire à lire de A à Z ou par petits bouts, de façon personnelle ou afin d'illustrer un cours.

Un très bon documentaire en ces temps où l'attentat à Charlie Hebdo nous rappelle le poids et l'importance des images !
Commenter  J’apprécie          80

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Reprenant les stéréotypes des guerres précédentes avec l'Allemagne, le soldat nazi, le "boche" est dépeint comme une brute sauvage assoiffée de sang qui veut détruire la civilisation chrétienne. D'où ce dessin, dans le très catholique Pèlerin, qui s'appuie sur ces clichés montrant un maréchal Goering demandant à Hitler la meilleure heure pour détruire l'église. Ce à quoi le Führer répond froidement : "L'heure de la messe."
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Emmanuel Thiébot (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Emmanuel Thiébot
17 nov. 2022 Emmanuel Thiébot, historien au Mémorial de Caen, explique ce qui a motivé l'écriture de son ouvrage "Propaganda Hitler".
autres livres classés : seconde guerre mondialeVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (7) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3176 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}