Je crois que c'est un peu notre rôle sur Babelio que de parler de ces livres au tirage confidentiel, loin, très loin des blockbusters, bestsellers et autres beaux leurres.
Aujourd'hui je vous propose un minuscule éclairage sur un petit livre (même pas d'ISBN mais seulement ISSN n° 0997-184K) qui pourrait faire penser à un guide de terrain mais qui n'en est pas un.
Il s'agit d'une publication de l'association Kwata (nom guyanais de l'atèle) qui est en réalité un véritable ouvrage scientifique qui présente exhaustivement la diversité des primates que l'on rencontre en Guyane française et dans les environs sous la forme d'une fiche descriptive assez détaillée.
Mais, loin de s'arrêter à cette seule fonction d'inventaire des espèces, le livre présente aussi des données bio-géographiques, évolutives et surtout écologiques, comme le rôle des primates dans la dissémination des graines, la prédation ou la compétition alimentaire, qui permettent une bonne intelligence de la question ainsi que des données non moins cruciales concernant la conservation des espèces décrites, la réglementation et les espaces protégés.
Enfin, l'ouvrage apporte des éléments concernant l'éthologie (étude du comportement) et la recherche.
C'est donc un ouvrage très complet, malgré un format on ne peut plus commode et peu encombrant, un livre pointu sans être verbeux pour un prix très modique (7 €).
Pour les curieux ou les amoureux des primates ou les amoureux de la Guyane, un vrai petit trésor à ne pas manquer, pour les autres c'est selon votre bon coeur, mais bien évidemment, une fois encore, tout ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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On sait à présent que 80 % des arbres de la forêt guyanais sont totalement dépendants des animaux pour la dissémination de leurs graines : en consommant les fruits, les animaux dits frugivores dispersent les graines.
Les primates sont [...] très probablement les principaux disséminateurs des arbres de la famille des sapotacées, riche de 84 espèces. Ils rejettent les graines au moment de la dégustation du fruit ou les dispersent dans leurs excréments.
Les poils de l'atèle étaient jadis tressés pour faire des ceintures masculines chez les Wayana et les Wayãpi. Ses os longs servaient à tailler des pointes de flèches ; sa boîte crânienne, emmanchée sur une tige en bois, servait de cuilleron chez les Amérindiens de haute Guyane. Sa graisse était utilisée pour assouplir le bois d'arc ou comme excipient du roucou (en remplacement de l'huile de carapa).