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EAN : 9782918471431
Éditions Passiflore (12/09/2015)
4.36/5   14 notes
Résumé :
Sélection finale Prix Chronos 2017

Au contact de la nature, dans le silence et le mouvement de la marche, Louis s’avance à la rencontre de lui-même. À la rencontre de la vie et de l’essentiel.
La nature resplendissante et la succession des heures accompagnent Louis sur les sentiers du temps et des souvenirs, rythment et soutiennent ses découvertes intérieures.
Inventer le jour aborde les questions de la fin de vie et de la mémoire, inte... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Suite au décès de sa femme Anna qu'il a vu progressivement diminuée par la maladie d'Alzheimer avant qu'elle ne s'absente et se perde totalement, Louis s'est refermé sur sa douleur. Il s'est coupé du monde, se sent vieillir et n'a plus le goût de vivre.
"...le périmètre de ses promenades sur les sentiers s'est considérablement réduit ces derniers mois. L'exact opposé du mouvement d'expansion des cercles que dessine le caillou jeté dans l'étang. Repli vers le centre, vers la cicatrice éphémère de la chute sur la peau de l'eau. L'orbe de sa vie se restreint doucement."
Il décide alors de retourner vers le lieu-dit des Sources, où s'est déroulé son enfance et sa jeunesse.
Cette marche amène un délestage, creuse un vide où les souvenirs affluent. Il avance dans "une durée affranchie des horloges, qui s'étire où se précipite, joue avec le temps intérieur du marcheur." Louis avance et revient en esprit sur ses pas et sur ceux d'Anna.
Certaines scènes où renaissent ses moments vécus avec Anna me font songer à la luminosité diffuse des tableaux de Bonnard, une lumière douce qui émane de l'intérieur. Mais il y a aussi les moments de rancoeur où il en veut à sa femme, à lui-même, à ses enfants, les moments de révolte contre la cruauté du destin.
Louis essaie de gommer, atténuer les aspérités qui ont pu blessé mais il sait aussi qu'il va devoir affronter ses démons pour se pardonner, se libérer. Il lui faut redevenir libre d'aimer, d'aimer tout ce qui l'entoure, la Vie dans son ensemble, dont Anna et lui font partie.
Au cours de sa lente progression vers les Sources, il se nettoie des sanies qui l'empêchent de se rejoindre et de rejoindre Anna puis atteint un certain apaisement et retrouve la joie, en paix avec lui-même.
En épigraphe Fabienne Thomas a choisi cette belle réflexion de Etty Hillesum qui convient parfaitement à son texte :
Et puisque, désormais libre,
je ne peux plus rien posséder,
désormais tout m'appartient
et ma richesse intérieure est immense.

Un livre bouleversant tout en douceur et poésie qui atteint au coeur.
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Ce livre est un petit bijou. Évoquant avec beaucoup de pudeur et de délicatesse l'histoire d'une femme atteinte de la maladie d'Alzheimer à travers le regard de son mari, l'écriture de Fabienne Thomas, magnifique et profonde sonne juste d'un bout à l'autre. Ni de pathos, ni de voyeurisme malsain, aucune sensiblerie mièvre, mais au contraire beaucoup de poésie et de vérité dans ce texte qui cible au près les sentiments douloureux des personnages déchirés par le drame qu'ils traversent. Ce récit profondément humain où l'on voit l'homme aux prises avec ses doutes, ses remords et sa douleur, sa peur de ne pas aimer assez sa femme et ou contraire de trop l'aimer en négligeant ses enfants, avec ses remises en question, et accomplissant, une fois veuf, une sorte de pèlerinage qui lui permet de faire le bilan de sa vie, ce récit nous interpelle aussi quant à notre propre vie et le sens qu'on lui donne. Et c'est par la poésie que Fabienne Thomas relie à notre humanité et à la Vie. Une poésie lumineuse, précise qui fait de son écriture un lien entre le monde terrestre et le monde spirituel. Un grand merci aux éditions Passiflore et à Babelio pour cette belle découverte lue dans le cadre de Masse Critique.
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Ce livre est un enchantement. Je remercie les Editions Passiflore pour l'envoie de ce roman de Fabienne Thomas, auteur que je ne connaissais pas.
Louis, un vieil homme, a décidé de partir, seul, à pied. Communion avec la nature, souvenirs de sa vie, sa femme disparue emportée par une maladie qui efface la mémoire.
L'écriture de Fabienne Thomas est touchante, émouvante, toute en finesse.
Elle manie la langue française avec dextérité, ses descriptions sont poétiques et pleines de justesse : "le pont enjambe la rivière, comme une frontière vers d'autres vallées, d'autres contrées.La distance s'installe, la maison et le hameau s'éloignent.Le long de la berge, la terre épouse l'eau, déploie une étroite écharpe de prairie piquetée de pâquerettes.Surprise dans ses ablutions du matin, l'herbe scintillante de rosée s'ébroue sur les chaussures de Louis".
C'est une écriture tranquille, discrète, sensible qui m'a bercé tout le long du récit.
Oui, c'est un étrange Pèlerinage, une recherche de l'apaisement de la douleur, un récit plein de charme, de tendresse et de quiétude.
Ce livre m'a profondément touché, une belle découverte.Merci encore !
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Un homme au crépuscule de son existence organise son dernier voyage. Au gré de ce parcours, il revient avec nostalgie sur son passé, sur l'être cher qui l'a quitté pour toujours. Sans elle, il a perdu le goût de la vie, n'a plus qu'un souhait, la rejoindre sous d'autres cieux. Il lui reste bien ses enfants, mais comment pourrait-il le comprendre ?
Cet ouvrage est un long chemin décrit avec poésie, des kilomètres d'aquarelle pour des paysages somptueux, et l'amour qui s'entête jusqu'à la déraison.
Encore un roman des éditions Passiflore qui touche le centre de la cible.

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Beauté, poésie, profondeur des pensés et des sentiments, ce livre est chavirant. Il ne se lit pas il se déguste, lentement, posément. L'imprégnation est telle que l'on frémit tout au long du témoignage de ces vies dont on partage les joies et les douleurs les faisant nôtres. Sous la plume légère de «Fabienne Thomas », rien n'est anodin, tout prend une dimension particulièrement vivante, présente. Même le vide est plein.
Une étrangère s'est invité dans une famille à la vie harmonieuse, elle s'est emparée de l'esprit d'Anna à l'âge avancé où les enfants élevés, les retrouvailles de la vie de couple s'épanouissent doucement. Sa présence devenant évidente, il a fallu la reconnaître et la nommer (ce que ne fera pas l'auteure) : une certaine « ALZHEIMER », une sans-gêne qui s'insinue lentement et insidieusement, faisant des allers - retours avant de prendre possession de sa victime, laissant l'espoir renaitre lors de ses absences.
Puis elle a disparu victorieuse en emportant la vie d'Anna. Louis se retrouve seul et décide un matin de partir. Son moyen, la marche, son but, un hommage à Anna, la recherche de sa vie passée que chaque pas va faire renaitre. « Louis ne savait pas qu'il partait aussi à la rencontre de lui-même… »
Ce livre a trouvé le chemin de mon coeur et s'y est gravé. Il est plus qu'un coup de coeur car j'ai senti frémir mon âme.
Merci à Fabienne Thomas et à masse critique qui m'a fait connaître cette pépite littéraire.

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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Le ciel immense est tout effiloché de nuages. Louis voyage dans l’herbe embuée de rosée, dans le vert soyeux ourlé d’arbustes, le parfum charnel de l’humus et celui plus acidulé des feuillages. Il devine, à leur fragrance délicate, les fleurs d’églantier qui se cachent dans les broussailles. L’air frais ragaillardit ses poumons. À quelques mètres, sur la ligne plus sombre des sous-bois, trois silhouettes graciles. Les museaux frémissent, les oreilles s’agitent. Sans bruit, les jeunes biches se glissent dans l’ombre du bosquet et disparaissent dans les fourrés. Entre les tiges de chardons, l’araignée a tendu sa toile. Les fils de soie filtrent la lumière, en soulignent la transparence. Un piège somptueux, orné de légers duvets et de perles de brume.
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Extraits : … Dans la bourrasque de ses doutes, une image d'Anna. Elle arrondit ses bras dans un mouvement gracieux qui auréole son visage… Là, dans l'instant, Anna est là. Il la reconnaît.…
… Lorsqu'ils se sont tus tous deux, parce qu'il n'y avait plus de mots, lorsqu'il n'y a plus eu entre eux aucun possible par la parole, ils ont apprivoisé le silence. Redécouvert le dialecte subtil et archaïque du toucher. Tendresse des gestes de la toilette, enveloppe tiède de l'eau sur la peau, glissement léger du peigne sur les boucles blanches, réconfort d'une caresse douce sur le bras, consolation d'une main amie pour tenir la sienne. Au-delà de l'imaginable, l'ultime langage. Quant tout a disparu, il reste la mémoire du cœur…
… Louis a pris la route pour Anna. Comme une offrande, un hommage. Pour ne pas oublier ce qu'ils ont été et ce qu'ils ont accompli à deux. Il est parti pour la rejoindre, pour la retrouver, au bout d'un voyage comme celui qu'elle aurait aimé faire. Louis ne savait pas qu'il partait aussi à la rencontre de lui-même…
… La marche est l'apprivoisement de soi, du corps, de l'espace tout autour… Elle ouvre un territoire neuf de liberté…
… Il y a un soupir au fond de lui. Un apaisement issu de l'évidence.… Il accepte que la vie continue de le porter… Il lui dit la beauté de chaque matin, quand le soleil s'invite entre les fentes du volet et lui fait un clin d'œil pour lui poser, inlassablement, la question essentielle. Es-tu encore capable d'inventer le jour ?…
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L’aurore est là.
Déjà, le noir profond cède place à une clarté laiteuse qui émane des horizons au-delà des reliefs, au-delà de la Terre elle-même. L’atmosphère s’habille de transparence, ressuscite les couleurs et les ombres des arbres avalées par le soir. La limpidité de l’air se pare de rose et d’orangé très pâle rehaussés d’indigo. L’heure bleue. La montagne se dénude de son écharpe de ténèbres. Elle surgit lentement, s’impose en majesté dans le solstice. C’est le commencement du monde, l’infini renouvelé de chaque aurore.
(...)
Louis n’a pas souvenir d’un tel matin. Il éprouve une plénitude tranquille, une vacance sans regret ni projet. L’instant présent le baigne de lumière comme on bénit un nouveau-né au jour de son baptême. Dans ces lieux au goût d’éternité, Louis nettoie son âme et son chagrin. S’allège de sa condition de mortel. L’aube nouvelle est un avènement quotidien et il ne le savait pas.
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La mémoire ravaude ses filets, y noue de nouvelles alliances, invente à rebrousse-temps des motifs inédits et insolites. Un détail parfois diffère, déplace les perspectives sans modifier pour autant la cartographie d’ensemble. C’est le lent travail de réminiscence. Une érosion imperceptible à l’œil nu. Les idées s’emmêlent, se froissent, s’embrouillent dans des faux plis et des chausse-trappes. Elles courent, s’enfuient, s’effarouchent comme une nuée d’oiseaux blessés. Convoquent malgré lui un petit défilé de fantômes.
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Sa mère l'accueille avec joie.Elle est heureuse et reconnaissante de son retour.Remercie les forces divines.Elle observe son fils pourtant.Tout de suite, elle pressent ses meurtrissures.Elle voudrait le porter, encore.Le protéger.Renouveler l'abri du ventre.C'est une mère.Elle veille sur son enfant devenu adulte, revenu brisé.Les mères ne connaissent pas les champs de bataille.Elles pleurent les morts et pansent les plaies infinies de l'âme des hommes.
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Vidéo de Fabienne Thomas
Fabienne Thomas vous lit un extrait de son livre Garder le lien.
Deux enfants, deux soeurs. Un père aimant, épris de liberté, vivant l'instant présent et le faisant partager à ses filles. Une mère, dans la difficulté à être dans la vie, angoissée par l'avenir et les tâches quotidiennes à accomplir. La discorde des parents terrifie les fillettes et installe en elles un sentiment de peur et d'incertitude quant à l'existence même de leur famille. Pour se rassurer, elles s'accrochent l'une à l'autre.
En grandissant, pourront-elles rester fidèles à leur promesse d'enfant ?
https://www.editions-passiflore.com/litterature/80-garder-le-lien.html
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