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EAN : 9782253129486
160 pages
Le Livre de Poche (01/06/2011)
3.83/5   168 notes
Résumé :
"L'homme y est souvent inégal, mesquin, plus petit que lui-même, l'espèce s'y révèle décevante, médiocre, et pourtant, à l'intérieur de ce monde modeste, on se sent bien, réconforté, rassuré, terriblement chez soi. Je dirais que La patience des buffles sous la pluie fait partie de ces livres à la fois formidablement simples et sobrement raffinés qui nous rendent intelligibles à nous-mêmes, qui nous rattachent les uns aux autres, nous donnent envie de tenir debout et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (47) Voir plus Ajouter une critique
3,83

sur 168 notes
 
 
 Des nouvelles courtes, humoristiques, efficaces,
où  souvent la légèreté profonde permet, à mon
sens, un certain « déconfinement » et aide à vivre,
re‒vivre, sur‒vivre.
Ouvrage à lire voire relire en ces temps nouveaux
et incertains.

Comme l'écrit Jean-Paul Dubois, dans la préface
de ce recueil, s'adressant aux lectrices (eurs) :

« … je voudrais, pour une fois, que vous lui prouviez
que j'avais raison le matin, où, après avoir lu d'une
traite ses soixante-dix nouvelles, je lui ai affirmé au
téléphone qu'un livre de cette trempe, si robuste,
dense, charpenté et fortifiant, allait s'installer
durablement parmi nous. Que cela ne faisait pour
moi aucun doute. Qu'il y avait sa place. Qu'il lui
suffisait d'être patient. Un peu comme un buffle
sous la pluie. »

Pense aujourd'hui particulièrement à cette
petite nouvelle :

  «La Splendeur de l'ennui »

  Je suis quelqu'un qui s'ennuie souvent. Et je
cultive cet ennui comme on entretient un corps
d'athlète.  J'essaie tous les jours de m'ennuyer
un peu.  Je m'octroie quotidiennement  cette
gymnastique de l'immobilité.  Je veille à ce que
mon ennui ne soit entravé par aucun désir, et que
rien ni personne ne le perturbent.
[…]

 Être là, un point c'est tout, sans avoir à justifier
mon existence par des paroles ou des actes.
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C'est une émission de radio consacrée aux livres qui m'a fait entendre pour la première fois le nom de David Thomas. L'auteur y était louangé pour son écriture lucide, mordante, tendre, humoristique, drôle, dérangeante et empathique, légère et lourde de notre angoisse et de notre fardeau que ses mots savent changer " en aurore artérielle."
De plus, et pour moi ça compte, la spécialité dans laquelle cet écrivain excelle est la micronouvelle.
Je me suis donc empressé d'acquérir ce recueil, et mon humeur aidant, j'ai lu d'une traite hier soir les 70 textes qui la composent.
Je ne vais pas vous proposer un résumé... ce serait saugrenu, mais au fur et à mesure que je progressais dans mes lectures, j'ai "répertorié" quelques- uns de ces textes qui ont particulièrement retenu mon attention... chaque fois les annotant de quelques mots.
-Perdu- ou l'effet domino.
-Cheyenne- un mixte d'absurde et de lucidité.
-L'escargot- dissection de la passion.
-La fermer- un sketch digne du grand Coluche.
-Sportif- la performance est-elle la fille de nos échecs ?
--Drôle- c'est vraiment pas marrant d'être drôle. ( très réussi ).
-Je n'en ai jamais parlé à personne- ça vous percute à bout touchant !
-Ramona- j'ai fait un rêve merveilleux...
-Pas mon jour- quand ça veut pas ça veut pas.
-Vingt- quand on aime ça, on compte !
-Les maigres- finement observé.
-Mots doux- ces mots qui ne filent pas que des bleus au coeur.
-Dernier mail- l'échange qui change ( sketch, théâtre de boulevard, pamphlet... c'est un vrai bon moment !)
-Arnaque- l'homme et l'écrivain sont-ils les deux farces d'une même pièce ?
-Seule- enfin !
-Toutes- sauf une !
-Si elle pouvait- un désamour à remonter le temps.
-Dix-huit ans- leçon de vie.
-Quatorze fois- rien que ça !
David Thomas est un témoin de son époque et d'un monde dont il sait voir les travers qu'il nous restitue avec le talent qui est le sien ( talent que j'ai déjà eu l'occasion de qualifier ), pour qu'à notre tour nous puissions le voir avec son regard qui est, était, ou finira un jour par être le nôtre.
En guise de leçon de sagesse, il nous propose, pour supporter ce qui paraît ne pas l'être, d'imiter ces mammifères qui, eux, ont pris quelques longueurs d'avance sur nos "mal-être".
"Alors, parfois, pour me rassurer et parce que je refuse de me battre inutilement contre ce qui me dépasse, je songe à ces buffles dans ces plaines africaines qui, lorsque l'orage s'abat sur la savane, se maintiennent solidement sur leurs quatre pattes, baissent la tête et attendent immobiles, que cesse la pluie."
Ce n'est pas un "indispensable", mais ne vous dispensez pas, l'envie et la curiosité aidant, de vous offrir deux bonnes heures de lecture.
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Voilà des textes que j'aurais pu écrire…

Pas au sens rédactionnel du terme bien sûr, n'ayant pas le quart du dixième du talent de David Thomas. Mais au sens existentiel, tellement je me suis retrouvé dans la plupart de ces soixante-dix petits textes jubilatoires de la Patience des buffles sous la pluie.

C'est court, très court, donc hyper casse gueule de capter son lecteur en parfois moins de mille signes. Mais le David, il a la vista et il fait mouche à chaque coup, appuyant l'air de pas y toucher là où ça nous fait bien mal, à nous mâles.

Parce qu'il parle ici essentiellement des hommes. Des femmes aussi, parfois, mais dans leurs rapports aux hommes ; à moins que cela ne soit l'inverse. Banalement des hommes donc ; ou des hommes banals, comme vous et moi. En tout cas comme moi.

Des hommes moins grands qu'ils ne le croient ou qu'ils ne se rêvent ; des hommes lucides et pas encore résignés ; des hommes qui attendent toujours et parfois espèrent encore ; des hommes devenus faibles, sauf que maintenant ils le savent.

« le type de mes rêves, il est comme moi mais en mieux, je veux dire sans les défauts et toutes les faiblesses que je me coltine. Mais en tellement mieux que, du coup, ce n'est plus moi. Il est trop loin de moi. Ça doit être pour ça qu'on ne se trouve pas, qu'on ne se rencontre pas. Trop loin de moi, on n'a aucune chance de se croiser. »

La Patience des buffles, c'est Jean-Marie Gourio qui aurait délaissé son comptoir pour compter ses brèves au bord du lit après l'amour, ou dans la solitude et la vérité du face-à-face avec la glace de la salle de bain au petit matin.

Voilà des textes que je n'aurais, en fait, jamais pu écrire, des textes qui sonnent particulièrement justes et sont souvent émouvants, à l'image de « dix-huit ans » ou « le manque ». Des textes à conserver, pour les relire quand le temps s'assombrit, pour se rappeler de la sagesse des buffles…

« Alors parfois, pour me rassurer et parce que je refuse de me battre inutilement contre ce qui me dépasse, je songe à ces buffles dans ces plaines africaines qui, lorsque l'orage s'abat sur la savane, se maintiennent solidement sur leurs quatre pattes, baissent la tête et attendent, immobiles, que cesse la pluie. »
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Un gros coup de coeur que ce livre là! Un recueil de courtes nouvelles, merveilleusement écrites avec ironie et tendresse. On sourit, on rit, on est ému... Ce sont des instantanés, des petits bouts de vie qui nous parlent de nous. Ce sont toutes nos faiblesses et nos actes manqués que l'on reconnait là. Et pourquoi pas en rire?......
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Et encore une chouette trouvaille dans la boîte à livres! Je l'ai pris juste pour le titre beau et énigmatique.

La patience des buffles sous la pluie est un recueil de micro-nouvelles dont les plus longues font trois-quatre pages. Il n'y a parfois qu'un court paragraphe. Mais les textes s'avèrent souvent percutant de justesse.
David Thomas y décline la vie de tous les jours avec ses routines, les relations aux autres, à soi-même, le sexe, les femmes, les hommes, ... La vie quoi. Il épingle avec humour et ironie les mesquineries ou les coups de mauvaise foi qu'on a tous de temps à autre. La figure des ex est très présente pour le meilleur ou pour le pire. Il sait également jouer sur la note mélancolique, par exemple en imaginant une rencontre avec lui ayant vingt ans de moins.

Si je ne devais en choisir qu'une, ce serait Dernier mail qui m'a beaucoup plus dans son crescendo mémorable. Mais plein d'autres ont su me toucher ou me faire réfléchir sur les propres agissements ou pensées parfois. Celles qu'on cache car elle ne sont pas toujours fair-play... Nous ne sommes qu'humain après tout, avec toutes les failles que ça comporte.
Comme dans tout recueil de ce type, certains récits m'ont laissée de marbre et s'échapperont tout de suite de ma mémoire.

En tout cas, une belle découverte et un régal à lire en enchaînant les histoires ou en en picorant au gré des envies. Merci à la personne qui l'a déposé dans la boîte!
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critiques presse (1)
Bibliobs
24 juillet 2012
Ce livre est tout simplement formidable, touchant, intelligent et extrêmement drôle.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (52) Voir plus Ajouter une citation
J’ai perdu ma femme parce que j’ai perdu ma libido. J’ai perdu ma maison parce qu’elle était au nom de ma femme et qu’elle m’a foutu dehors. J’ai perdu dix ans de ma vie parce que j’aurais jamais dû épouser cette salope. J’ai perdu mon boulot parce que j’ai perdu ma femme et ma maison et que je devenais complètement chèvre. J’ai perdu ma voiture parce que j’ai perdu mon boulot et que j’avais besoin d’argent. J’ai perdu mes papiers parce que j’ai pris une énorme cuite et que je ne sais plus ce que j’ai fait. Et j’ai perdu les derniers billets qui me restaient parce que j’ai joué au PMU. J’ai misé sur un outsider, Où va-t-il il s’appelait, il était à vingt-sept contre un, j’aurais pu me refaire et repartir du bon pied, mais bon, il a perdu, ce con.
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Aimer comme je t'aime, c'est presque humiliant. Je ne suis plus que ça. Voilà, depuis que je t'ai rencontrée, toute ma vie, c'est toi. Tout ce que je fais, je le fais en pensant à toi, en me demandant ce que tu pourrais en penser. Et tout ce que je dis aussi. ça te fait peut-être sourire mais franchement c'est pas marrant. Même toi, bientôt, tu n'en pourras plus, même toi tu finiras par trouver ça insupportable. Pour l'instant, ça te va, parce que tu m'aimes aussi, mais je suis sûr qu'un jour tu va en avoir marre, c'est normal. Je sais plus quoi faire, je t'ai dans la tête toute la journée, putain, toute la sainte journée. Tu prends toute la place, je me sens tout ratatiné dans moi. C'est trop gros, trop lourd pour moi. Je ne sais pas comment on fait pour se débrouiller avec ça, (...) Il n'y a que l'usure, je vois que ça. Obligés de rester ensemble longtemps. Je ne vois que ça pour me retrouver un peu. Parce que, depuis que je t'aime comme un fou, je ne me retrouve plus, tu comprends ? (...) Je t'aime, tu m'aimes aussi, ça devrait être merveilleux, eh ben non. Je me sens aussi perdu que si tu m'avais quitté. Faut le faire quand même, non ? (...) je dis l'usure, mais j'y pense, là imagine qu'avec les années je t'aime encore plus, il y a des couples comme ça, ça fait des années qu'ils sont ensemble, eh ben, au bout de quarante ans ils s'aiment encore comme des dingues, oh lala !... où est-ce que je me suis embarquée, moi ? Ah ! ça , le jour où je t'ai draguée, j'étais pas inspiré.
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Je sais qu’elle m’a aimé mais qu’elle ne m’aimera jamais plus. Je n’en souffre pas. J’accepte son absence comme quelque chose d’irrémédiable. Je n’attends rien, je ne souhaite que de me retrouver seul sans son image floue. Je trouve cela long, si long qu’il m’arrive d’en désespérer. Alors, parfois, pour me rassurer et parce que je refuse de me battre inutilement contre ce qui me dépasse, je songe à ces buffles dans ces plaines africaines qui, lorsque l’orage s’abat sur la savane, se maintiennent solidement sur leurs quatre pattes, baissent la tête et attendent, immobiles, que cesse la pluie.
Commenter  J’apprécie          150
Trois fois par semaine je vais prendre ma femme dans le centre-ville en rentrant du boulot. Elle sort plus tôt que moi et elle en profite toujours pour voir ses copines ou faire des courses. Ma femme n'est jamais arrivée une seule fois à l'heure à ces rendez-vous. A chaque fois, elle me fait poireauter entre dix et quinze minutes. J'ai fait le calcul, depuis que nous sommes ensemble, j'ai attendu ma femme 16 224 minutes. Un soir je suis arrivé au rendez-vous pile à l'heure, comme à l'habitue, et comme c'était à prévoir, elle n'était pas là. Alors je suis parti. Je suis rentré onze jours, six heures et vingt-quatre minutes plus tard. On est quittes.
Commenter  J’apprécie          110
Mezzanine
Je sais qu’elle me regarde. Elle est là, dans la mezzanine et je sais qu’elle m’observe travailler en bas. Elle fait souvent ça et je crois qu’elle s’est rendu compte que je le savais. Ce qui est sûr, c’est que depuis huit ans que nous habitons cette maison, ni elle, ni moi ne l’avons jamais évoqué .Moi, je fais toujours comme si je ne la voyais pas. Je ne sais pas très bien pourquoi elle fait ça, mais ça m’amuse. J’aime bien ce petit jeu.
……………..
16224 minutes
« Trois fois par semaine je vais prendre ma femme dans le centre-ville en rentrant du boulot. Elle sort plus tôt que moi et elle en profite toujours pour voir ses copines ou faire des courses. Ma femme n’est jamais arrivée une seule fois à l’heure à ces rendez-vous. A chaque fois, elle me fait poireauter entre dix et quinze minutes. J’ai fait le calcul, depuis que nous sommes ensemble, j’ai attendu ma femme 16224 minutes. Un soir, je suis arrivé au rendez-vous pile à l’heure, comme à mon habitude, et comme c’était à prévoir, elle n’était pas là. Alors je suis parti. Je suis rentré onze jours, six heures et vingt-quatre minutes plus tard. On est quittes. ».
……………
Commenter  J’apprécie          50

Videos de David Thomas (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de David Thomas
La communauté du prix Orange du livre a récompensé "Un silence de clairière", de David Thomas (Albin Michel), roman choisi parmi une sélection de 6 ouvrages découlant d'une pré-sélection de 35 livres.
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