Certains poètes traversent leur siècle comme des météores et meurent trop jeunes. Natif du pays de Galles,
Dylan Thomas est l'un d'eux mais il a su laisser sa trace, malgré sa disparition à 39 ans, en 1953, après une vie agitée.
Extrêmement précoce et sensible à la musique des mots dès son plus jeune âge, il avait déjà écrit des dizaines de poèmes à l'adolescence et c'est en 1940, à 26 ans, qu'il publia ses souvenirs d'enfance et de jeunesse, intitulés, dans un clin d'oeil à Joyce, "Portrait of the artist as a young dog".
Comme un jeune chien, il est joueur, en quête de bêtises, débordant de vie, mais aussi émotif, sensible, la truffe au vent et l'oreille aux aguets. Qu'il évoque des atmosphères familiales marquées par des oncles ou grands-pères portés sur la boisson, mi effrayants, mi fascinants, la demeure bohème pleine d'animation et de surprises de son copain Dan, où les deux complices du jour essaient de réactiver - par jeu - les pulsions suicidaires de l'épouse déséquilibrée d'un vieux barbon, ou encore les rivalités entre garçons adolescents dont les plus délurés martyrisent les timides et séduisent les filles, tout est dit entre les lignes par allusions, raccourcis, clins d'oeil ou traits d'humour. Ces récits impressionnistes trouvent leur vraie portée dans la chute des nouvelles, entre le rire, le désarroi, la douleur, le drame de vies stupidement ratées, condamnées par des coups du sort. Premières expériences de l'apprenti écrivain ou journaliste, solitude, quête de l'amour, séduction trouble des nuits alcoolisées en étrange compagnie, toutes les émotions d'un jeune être sur la piste de l'âge adulte sont retracées par petites touches sensibles.
"On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans", le vers de Rimbaud s'applique à merveille à
Dylan Thomas. Malheureusement la traduction française, datant de 1947 et parfois inexacte, n'est plus rééditée : il ne reste donc qu'à lire l'auteur en anglais et à goûter la fraîcheur, la poésie et l'humour du texte original.