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EAN : 9782203003279
670 pages
Casterman (21/09/2011)
4.22/5   888 notes
Résumé :
Vendue à un scribe alors qu’elle vient tout juste de quitter l’enfance, puis éduquée par celui-ci, une très jeune femme voit son mari assassiné sous ses yeux par des voleurs. Elle parvient pourtant à leur échapper et trouve refuge sur une improbable épave de bateau échoué en plein désert, en compagnie d’un enfant nommé Habibi. Ensemble, dans des décors souvent nimbés de magie, ils vont grandir et vivre leur vie au sein de cet étrange endroit, en s’efforçant autant q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (121) Voir plus Ajouter une critique
4,22

sur 888 notes
Attention, coup de coeur ! Habibi est un roman graphique monumental, éblouissant, vertigineux.
Vendue à un scribe alors qu'elle vient tout juste de quitter l'enfance, puis éduquée par celui-ci, une très jeune femme, Dodola, nous raconte son histoire... Tout commence lorsqu'elle voit son mari assassiné sous ses yeux par des voleurs, elle sort à peine de l'enfance... Elle nous raconte son enlèvement comme esclave, sa fuite lorsqu'elle parvient contre toute attente à échapper à ses ravisseurs en compagnie d'un petit enfant nommé Zam qu'elle sauve d'une mort certaine et qu'elle va considérer désormais comme son petit frère.
Ensemble ils vont trouver refuge dans les sables du désert, cachés derrière la citadelle des dunes, dans l'improbable épave d'un navire échoué là depuis des siècles.
De temps en temps, des caravanes passent.
La suite est un vertige...
Ils vont vivre et grandir au sein de cet étrange endroit, se protéger de la méchanceté des hommes, fuir, se perdre, chercher sans cesse à se retrouver, se perdre encore dans des décors souvent nimbés d'enchantements et de sortilèges, mais où le malheur et la barbarie du monde se tiennent sans cesse en embuscade, prêts à surgir comme des hyènes sur leurs proies.
Plus qu'un roman graphique, Habibi ressemble à un talisman, c'est un écrin de beauté que j''ai ouvert pour me laisser entraîner dans la magie d'un récit majestueux et foisonnant, aux entrelacements multiples.
L'auteur, Craig Thompson, nous convie aux confins des terres de l'Orient et celles de l'Afrique, dans un récit dense, onirique et merveilleux, digne d'un conte des mille et une nuits.
Pourtant, nous sommes sans cesse happés dans les méandres d'un territoire indéfini, bousculés entre songe millénaire et réalité contemporaine, nous traversons des souks, des harems, des palais, des cités industrielles, nous croisons des marchands, des esclaves, des eunuques, des sultans, des hommes sans foi ni loi, des personnages grotesques dans leur soif de cupidité, des jeunes filles piétinées éventrées par la violence sexuelle, nous effleurons des histoires d'amour, les blessures de l'existence, la tourmente, le malheur et la guerre...
Au rythme des chapitres, la page devient comme une porte sacrée sertie d'enluminure et s'ouvrant sur le rebond du récit.
L'évocation des religions pourrait paraître étouffante, il n'en est rien, du moins je ne l'ai pas ressenti comme tel, car cela vient donner sens au récit, dire les fondements de textes sacrés dont les racines s'entremêlent, dire l'espoir, les itinéraires, la domination, les guerres, les fanatismes...
La Bible, la Torah, le Coran livrent leurs entrelacements dans les récits mythiques qui nourrissent l'histoire intime des personnages et la dimension universelle du récit. C'est comme si un long fleuve serpentait les pages, traversait ce livre, emportait Habibi et Zam dans leurs fuites, transportait et déposait ici et là le limons qui façonne l'humanité.
C'est un récit si riche qu'on peut y pénétrer, y venir, s'y perdre avec plusieurs clefs différentes. Dans des pages d'un noir et blanc aux dessins sublimes, chacun y trouvera son compte, son chemin.
Si au commencement était le Verbe, alors j'aime les commencements. Mais Craig Thompson pourrait nous rappeler qu'au commencement le dessin était peut-être là aussi, sous la forme d'un signe tracé dans le sable, d'une calligraphie, mêlant le verbe au geste...
Dans ces pages sensuelles, érudites et sophistiquées, Craig Thompson m'a invité à chaque instant à me tenir à la croisée de multiples chemins entre deux mondes qui se parlent ou s'opposent, le bien et le mal, l'intime et l'universel, la légende et la réalité, l'amitié et l'amour, la féminité et la masculinité, l'Orient et l'Occident...
Mais plus que tout, il y a l'élan romanesque d'un récit qui m'a emporté dans le sillage de deux êtres fragiles et déterminés, Habibi et Zam, façonnés par les sentiments qu'ils éprouvent l'un pour l'autre.
C'est tout simplement beau.
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Wahou !

C'est le premier mot qui m'est venu à l'esprit quand j'ai refermé Habibi.
Je n'avais jamais lu Craig Thompson avant ça, c'est un article dans un magazine qui m'a donné envie de lire.

Le moins qu'on puisse dire est que je n'ai pas été déçue, ce roman graphique est tout simplement époustouflant !
Habibi est une belle histoire d'amour, d'espoir et de désenchantement.C'est l'histoire de deux orphelins, Zam et Dodoa, deux exclus de la société qui tentent de survivre au mieux avec le peu d'armes dont ils ont été dotés.
A travers ses deux personnages principaux, Craig Thompson nous parle de l'asservissement de l'être humain par son corps que ce soit par ses propres désirs, par des mutilations ou par des viols.

Vous vous en doutez, même si le décor n'est pas sans rappeler celui des mille et une nuits, l'auteur ne fait pas le récit d'une belle histoire où nos deux héros seraient épargnés par les difficultés de la vie. Au contraire, ils sont confrontés au pire de l'humanité et à ses plus bas instincts dès leur plus jeune âge...

Face à cette vie qui ne les épargne pas, ils ont tout de même une arme de poids : la connaissance. Celle du Coran et des Hadith. Si elle ne panse pas les plaies, elle leur permet l'évasion et surtout, elle leur permet de garder espoir et de ne pas s'abaisser à l'état d'animal malgré les mauvais traitements.

En effet, le Livre tient une place importante dans l'oeuvre de Thompson. Il reproduit des passages du Coran, avec un graphisme à couper le souffle, Parfois un même épisode dans le récit coranique est mis en parallèle avec son équivalent dans la Bible des Juifs. Cela permet d'entretenir l'atmosphère mystérieuse et onirique du récit.
Ce qui est remarquable, c'est la façon dont Craig Thompson met en parallèle le récit du Coran et la situation de nos personnages à l'époque "moderne". Avec cette comparaison, les temps modernes nous apparaissent encore plus déshumanisés - et déshumanisant ...

Le flou qui existait au début du roman en ce qui concernait le temps et le lieu de l'action disparaissent peu à peu. Et à mesure que l'on tourne les pages, on se demande si nous avions réellement besoin de situer, si après tout, cette histoire n'est pas intemporelle.
Avec son talent de conteur - très pédagogue qui plus est ! pour preuve toutes ses magnifiques pages de calligraphie arabe - Craig Thompson réussit à faire passer ces questions pourtant essentielles dans un récit au second plan.

Une découverte et une aventure extraordinaire pour moi.
Sans doute mon deuxième coup de coeur pour cette année 2012.
Et pour vous ?
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Dodola et Zam sont deux enfants qui ont trouvé refuge dans un navire échoué dans les sables « le désert est un cimetière pour les hommes et les bêtes et les déchets des hommes. Habibi avait trouvé ce bateau échoué et nous en avions fait notre maison. (p. 25) Habibi, c'est le bien-aimé : la jeune fille aime le garçon comme un frère, comme un fils. « Es-tu ma maman ? Non. On est orphelin. On est comme frère et soeur. » (p. 97) Dodola et Zam se sont trouvés sur un marché aux esclaves. Loin des hommes, cachés dans les dunes, ils veulent se soustraire à l'avidité des puissants. Pour calmer le petit garçon noir, la jeune fille arabe lui raconte le Coran et lui apprend la force des mots.

Tenaillés par la peur d'être séparés, Dodola et Zam grandissent en prenant lentement conscience de leur différence de sexe. L'innocente fraternité devient plus trouble. Dans leur Éden de sable, l'éveil ne vient pas de la faute, mais du temps qui passe. Quand les deux enfants sont arrachés l'un à l'autre, le récit commence : même favorite du sultan de Wanatolie, Dodola n'oublie pas Zam, et Zam n'oublie pas Dodola.

Ce troublant récit, très sensuel et parfois violent, n'est pas linéaire. le temps fait des boucles, le passé s'impose au présent et interroge l'avenir. Difficile de savoir si l'on est aux pays des Mille et une nuits, dans un Orient mythologique, ou dans un monde moderne où les anciens esclavages ont été remplacés par les tours d'acier. Les prophètes vivent dans des cloaques et les djinns sont prêts à frapper l'innocent qui s'égare. Et le plus grand prédateur, c'est encore l'humain. On en viendrait à accuser Allah, à le maudire de la vie qu'il a répandue sur le monde. « Mais qu'est-ce qui T'a pris de créer l'homme ? L'homme abandonne son créateur. L'homme profane la Création. » (p. 597)

Dodola et Zam sont deux innocences profanées : leur candeur a laissé la place à l'instinct de survie. Ils sont les deux parties d'un même être, mais à force de se perdre et de marcher éloignés, ils perdent des morceaux d'eux-mêmes et ne peuvent plus se compléter comme à l'origine. Dodola était trop belle pour éviter la souillure et Zam court sans après une pureté qu'il voudrait déposer aux pieds de sa belle. Entre eux, « habibi » est plus qu'un mot tendre, c'est une identité, une incantation.

Quelle merveille que ce roman graphique ! Tout n'est que noir et blanc, mais les enluminures sont éclatantes et l'Orient chatoie en monochrome, jusqu'à l'éblouissement. La calligraphie se fait trésor et merveille : son dessin célèbre les beautés du Coran et des textes sacrés. Dans le pouvoir incarné des mots et des lettres, comment ignorer qu'Allah – et tous ses pairs ! – est amour avant toute autre chose ? Dodola et Zam sont comme les enfants dont le dieu exigeait le sacrifice : après mille tourments, leur salut vient de Celui qui jamais ne les aurait abandonnés. Ce sublime roman graphique n'est pas un ouvrage de propagande ou d'endoctrinement. Il remet simplement à leur juste place les notions d'amour et de respect. À lire, ne serait-ce que pour l'esthétique du livre !
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Quel travail colossal ! 671 pages de planches bien remplies de dessins travaillés. Un conte arabe avec ses us et coutumes. Une jeune fille et un enfant, après leurs mésaventures, vont squatter dans un bateau ensablé. Est-ce l'amitié ou l'amour qui va triompher entre eux ? Les turpitudes de deux êtres que la vie n'épargne pas. Pour lui apprendre les codes de la vie, elle le berce avec des contes. Bains sensuels et tendres. Violence. Pauvreté. Des rencontres aux seconds rôles parfois fort. Peut-être un peu trop de religion. Des pages réalistes sur l'écologie. Pour retrouver nos âmes d'enfants.
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680 pages de dessins magnifiques, jouant sur la calligraphie arabe, en noir et blanc, aux entrelacs multiples, aux mises en pages destructurées, aux contrastes forts et au trait sûr et gracieux. C'est impressionnant. Et il y a l'histoire, intemporelle, où l'antique se mêle au contemporain, avec ces deux personnages en souffrance, Dodola et Zam, et les thèmes de la religion, de la tradition, dans l'ambiance des textes sacré et des Mille et une Nuits où vient se mêler un conte moderne, abordant des sujets aussi variés que la sexualité, la pollution, l'amour, la pauvreté. Il y a tout ce qu'il faut pour faire un chef d'oeuvre, et pourtant je me suis parfois ennuyé, le thème de la religion, avec ses références au textes sacrés m'a un peu pesé, j'en ai presque trouvé la lecture laborieuse, le rythme trop heurté, les fréquents passages de références au textes anciens à la fable moderne et l'utilisation de la symbolique ont un peu bloqué mon enthousiasme.
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critiques presse (9)
LesInrocks
30 juillet 2021
Avec Habibi, l’Américain Craig Thompson a signé un roman graphique fleuve tellement riche que l’on peut s’y abreuver sans épuiser la source de notre émerveillement.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
BullesEtOnomatopees
17 janvier 2012
On retrouve une réelle dimension œcuménique dans ces 1001 nuits version Craig Thompson. Formidable raconteur d’histoires, il entraîne le lecteur dans un tourbillon de mythes, les rendant palpables par un dessin mouvant et sans limites. Reste que cette omniprésence de la religion et de ses poncifs (la pénitence en tête) peut parfois être étouffante. Tout de même incontournable.
Lire la critique sur le site : BullesEtOnomatopees
Lhumanite
02 janvier 2012
Œuvre magistrale et monumentale, Craig Thompson livre après Blankets un récit onirique et merveilleux, bercée dans une ambiance des Mille et Une Nuits, avec la douceur d’un conte et la cruauté d’un mythe.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
BDSelection
22 novembre 2011
Au final, on obtient un touchant et chaleureux roman graphique gigogne, qui joue autant sur la complémentarité que sur la dualité, et que l’on peut résumer avec un seul mot : capital !
Lire la critique sur le site : BDSelection
ActuaBD
16 novembre 2011
Si Thompson parvient souvent à une maestria graphique digne du meilleur Will Eisner (expressions, mouvements), il s’embourbe un peu dans sa fascination pour la culture arabe. D’autant plus délicat qu’il n’épargne pas dans son scénario un monde oriental certes fictif mais précisément référencé.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Telerama
09 novembre 2011
Thompson a beaucoup à dire, et il le fait en se livrant à une espèce de va-tout radical. L'éblouissement graphique est total. Il perdure bien au-delà d'une première lecture et de l'admiration perplexe que laisse cette labyrinthique et folle ambition.
Lire la critique sur le site : Telerama
BoDoi
07 novembre 2011
Riche, bouillonnant, exténuant et stimulant. Ainsi est le voyage que propose Craig Thompson par le biais d’Habibi.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Lexpress
21 octobre 2011
Fidèle aux thèmes qui ont fait le succès de Blankets, [... ] Craig Thompson signe une variation tendre et facétieuse sur les clichés des Mille et une nuits. Succès assuré!
Lire la critique sur le site : Lexpress
BDGest
17 octobre 2011
Impressionnant, aussi bien sur le plan du scénario que sur le plan graphique, Habibi est à lire d'urgence.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (50) Voir plus Ajouter une citation
- Je n'ai jamais mangé d'aussi bonnes pitas !
- On dirait que notre Chamera a un don pour la cuisine.
- C'est parce que le sel vient directement de ses larmes.
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La sainte soufie RABI'A AL-ADAWIYYA a été vue portant une torche et une cruche d'eau.
Une torche - pour brûler le Paradis...
Une cruche d'eau - pour noyer l'Enfer ...
Pour que les deux voiles disparaissent ...
... et que les croyants rendent gloire à Dieu ...
... non dans l'espoir d'une récompense ...
... ni dans la crainte d'un châtiment ...
... mais pas " hubb" (amour).
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- Notre espèce est vouée à s’autodétruire. On est déjà trop nombreux. On est horriblement inefficaces, gloutons, gaspilleurs et jetables. Les riches festoient sur nos cadavres. Nous avons empoisonné la terre, et nous avec.
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- Nous devons partir. Nous avons abusé de ton hospitalité.
- Ouaip. C’est ce que ressent la terre à propos de l’espèce humaine.
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Zam était apaisé par les histoires. Il ne réalisait pas que les pluies étaient acides. Il ne réalisait pas le danger de notre situation. Presque neuf ans s'étaient écoulés, mais notre esclavage était éternel. Il ne réalisait pas que notre monde se mourait. Les gens réclamaient désespérément de l'eau, mais il n'y en avait pas pour tous car les sources étaient taries. Quand le monde sera à son dernier soupir, les masses auront besoin de distractions pour oublier la destruction...et mon corps sera encore un marchandise prisée. Ainsi va le monde des hommes.
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Videos de Craig Thompson (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Craig Thompson
Lorsque son père disparaît sans donner de nouvelles, Violette se lance immédiatement à sa recherche à travers l'Univers, accompagnée de deux amis un peu « spatiaux »... Baleines de l'espace, gang de motards interstellaires, stations orbitales de luxe... Une grande odyssée galactique par l'auteur de "Blankets" et "Habibi" !
« Space Boulettes », de Craig Thompson, en librairie le 16 mars 2016 !
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