Qui se soucie de la vérité et de la justice? A priori, pas grand monde ...
Jim Thompson tire un portrait au vitriol de l'Amérique des années 50
Un coupable idéal, ici Bob Talbert, adolescent de 15 ans désigné comme le meurtrier et violeur présumé de sa jeune voisine. Qu'importe qu'il soit coupable ou innocent du moment qu'il joue son rôle...
La construction est originale, l'auteur pas avare donne la parole et le droit à un chapitre à tous les protagonistes qui gravitent autour de l'affaire : la famille du criminel, un couple d'américains moyens dépassés par l'évènement, l'inculpé, un ado déboussolé, le patron et le rédacteur en en chef du journal le Star focalisés sur les tirages, le journaliste qui mène l'enquête à sa façon, l'avocat au procureur attiré par les feux de la rampe puis le policier dubitatif et versatile "Ma foi, il était tout aussi possible qu'il soit coupable ou qu'il ne le soit pas. Je n'aurais pas affirmé qu'il l'était, mais je n'aurais pas non plus affirmé qu'il était innocent". En récoltant la moindre parcelle de leur opinion, il ne se prive pas de leur tailler au passage un costard sur mesure.
Il n'épargne personne, la justice corruptible (pots-de-vin), la presse à sensation qui s'engraisse avec les tirages, les politiciens girouettes un oeil rivé sur les élections qui suivent l'opinion, ni, les habitants qui en profitent pour verser leur bile...Au final Il n'en ressort qu'un tas de boue immonde.
Du pur
Jim Thompson... tout craché et cynique à souhait.
Le criminel, le procès noir et sans concession d'une l'Amérique blanche lâche, raciste et très individualiste.