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Jean-Paul Gratias (Traducteur)
EAN : 9782869306974
190 pages
Payot et Rivages (02/10/1993)
3.98/5   62 notes
Résumé :
Un criminel c'est utile à tout le monde. Qu'il soit coupable ou non importe peu. La presse s'en sert pour augmenter ses tirages. Les politiciens l'utilisent en vue des élections. Les habitants de la ville peuvent ressasser leur haine tranquillement. Et les avocats trouver une cause à publicité. Quant à l'accusé lui-même, dans quel état en sortira-t-il ? Le criminel est un roman très sous-estimé de Thompson, alors qu'il s'agit d'une oeuvre magistrale, qui aborde de m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Plus je lis Jim Thompson et plus je suis convaincu qu'il est un auteur d'exception dans l'univers du roman noir, de plus, son style n'a pas pris une ride, et les scénarios qu'il propose me bluffent chaque fois un peu plus par leur construction souvent atypique.
Il est malheureusement assez difficile de parler du "Criminel" sans divulgâcher un peu et c'est dommage, par contre, je peux affirmer que ce scénario est très original et peu courant dans le déroulement de son intrigue.
Il s'agit d'un roman chorale avec un déroulement chronologique précis qui va nous dévoiler une intrigue assez troublante, mettant en scène et à tour de rôle le point de vue de chaque protagoniste. Si j'ai trouvé ce roman captivant, c'est que sa construction ressemble à une radiographie d'une certaine Amérique "moyenne".
La mise en place de l'histoire va nous immerger dans l'intimité d'une famille américaine classique, des parents, des enfants, puis survient alors un drame et une succession d'événements assez dérangeants mettant en scène des juristes, des journalistes. Ce qui est fascinant est que l'auteur va maintenir tout du long une ambiguïté systématique, le roman est chorale certes, chaque acteur de ce drame est remarquablement dessiné et suis ses propres motivations, mais tous disent-ils la vérité ?
Cette lecture va nous garantir un suspense entier jusqu'à la toute dernière scène, voilà, je n'en dirai pas plus et croyez moi, j'en suis le premier frustré.
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Qui se soucie de la vérité et de la justice? A priori, pas grand monde ...

Jim Thompson tire un portrait au vitriol de l'Amérique des années 50
Un coupable idéal, ici Bob Talbert, adolescent de 15 ans désigné comme le meurtrier et violeur présumé de sa jeune voisine. Qu'importe qu'il soit coupable ou innocent du moment qu'il joue son rôle...

La construction est originale, l'auteur pas avare donne la parole et le droit à un chapitre à tous les protagonistes qui gravitent autour de l'affaire : la famille du criminel, un couple d'américains moyens dépassés par l'évènement, l'inculpé, un ado déboussolé, le patron et le rédacteur en en chef du journal le Star focalisés sur les tirages, le journaliste qui mène l'enquête à sa façon, l'avocat au procureur attiré par les feux de la rampe puis le policier dubitatif et versatile "Ma foi, il était tout aussi possible qu'il soit coupable ou qu'il ne le soit pas. Je n'aurais pas affirmé qu'il l'était, mais je n'aurais pas non plus affirmé qu'il était innocent". En récoltant la moindre parcelle de leur opinion, il ne se prive pas de leur tailler au passage un costard sur mesure.

Il n'épargne personne, la justice corruptible (pots-de-vin), la presse à sensation qui s'engraisse avec les tirages, les politiciens girouettes un oeil rivé sur les élections qui suivent l'opinion, ni, les habitants qui en profitent pour verser leur bile...Au final Il n'en ressort qu'un tas de boue immonde.

Du pur Jim Thompson... tout craché et cynique à souhait.
Le criminel, le procès noir et sans concession d'une l'Amérique blanche lâche, raciste et très individualiste.
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Je poursuis mon rattrapage de l'oeuvre du grand Jim Thompson avec le criminel - traduit par Jean-Paul Gratias - délectable petit opus sur la culpabilité et l'opportunisme.

Thompson s'y livre à un exercice de style totalement maîtrisé : 1 crime, 1 coupable désigné ou 1 innocent ignoré, et une dizaine d'intervenants aux raisons égoïstes de soutenir ou d'enfoncer l'impétrant.

Dans un registre toujours précis et drôle, la plume de Thompson se révèle féroce contre le journaliste sensationnaliste, l'avocat cupide, le procureur carriériste ou le témoin misérable. Et plus généralement contre cette Amérique des années 50 à la vue courte, aux relents racistes et à la justice manipulable.

C'est court, c'est brillant, c'est Thompson !
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Bob est en pleine crise d'adolescence : il parle moins à ses parents, se braque rapidement et sèche le lycée. Josie, une voisine du même âge, le poursuit avec assiduité. Les deux jeunes gens se retrouvent un matin sur un terrain vague et ont une relation sexuelle au terme de laquelle ils se brouillent. Par malheur, le corps sans vie de l'adolescente est retrouvé quelques heures plus tard au même endroit. Il n'existe pas de preuve contre Bob et le procureur compte le relâcher sous peu. Seulement, un patron de presse relève le fait divers et y voit une « affaire criminelle idéale » qui peut faire sensation : « Il n'y manquait rien. L'amour, la jeunesse, le sexe, le meurtre, le mystère. » Voilà la justice sous pression d'autant plus que le procureur doit prendre en compte des enjeux électoraux. Quant à l'entourage de Bob, une fois passée une première circonspection, il exprime des considérations acides. Et oui, l'opinion publique lit elle aussi les journaux. Et puis dans une ville, il y a les intouchables et ceux dont la parole a peu de poids, il est important d'avoir les bons alliés de son côté.
Alors, Bob est-il innocent ou coupable ? le verdict sera lié aux intérêts de chacun des personnages, mais aussi à leur lâcheté.
Si j'ai retrouvé dans ce roman la noirceur et le cynisme de Jim Thompson, j'ai été surpris par sa construction. Il est composé de quatorze chapitres répartis entre différents narrateurs : le père, la mère, le procureur, le journaliste, l'avocat, etc. Soit autant d'angles et d'interprétations qui permettent de traiter du thème de la culpabilité. Un texte percutant sur une justice bien précaire et qui tord le cou de l'éternel : "Je fais confiance à la justice de mon pays..." lancé par tous les mis en examen du monde.
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Le génial et puissant auteur de 1275 âmes, ne pouvait décevoir ses fans dont je suis!
Jim Thompson ne s' embarrasse pas de longs discours: A travers le récit de certains protagoniste d'une affaire criminelle du début des années cinquante, Il nous brosse un tableau parfois terrifiant mais toujours d'actualité.
Le crime, dans ce livre, n'est qu'un prétexte à creuser dans la noirceur humaine et à fouiller les immondices d'une société à l'amalgame facile et paresseux. Les magouilles, petites et grandes, affleurent au fur et à mesure que parlent les personnages... Leurs frustrations émergent et trouvent une sorte d' exutoire. Personne n'est épargné par la violence et l'égarement que provoque l'affaire.
Le récit ne manque d'ailleurs pas, parfois, d'un certain humour.
Jim Thompson au côté de James Cain, Horace Mac Coy ou Don Tracy ont magnifié le roman noir d'une Amérique aux aspects parfois peu ragoutants.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
- Je pense qu'il n'y a rien de plus ridicule que de voir une femme de quarante ans qui essaie de s'affubler comme une adolescente.
Je lui adressai un large sourire, les yeux braqués sur son tricot tendu à craquer, puis je laissais lentement plisser mon regard sur son pantalon moulant.
- À propos, repris je, ça me fait penser que je dois absolument acheter une nouvelle lessive. Celle que j'utilise en ce moment fait rétrécir tout mon linge.
- Mais, ma chère, fit-elle, ne me dîtes pas que vous venez de laver cette ravissante robe ! Et moi qui pensais que vous aviez pris quelques kilos.
Elle sourit, fixant ma robe comme si c'était la première fois qu'elle en voyait une.
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- Je parie que vous allez vous faire faire une permanente, dit-elle. Pourquoi n'attendez-vous pas qu'il fasse un peu plus froid, Martha ? Vos cheveux épaissiront peut-être, d'ici là, et la permanente tiendra mieux.
- Non, je crois que je ne me ferai plus faire de permanentes, répondis-je. Vous allez dans un salon et vous tombez sur une coiffeuse qui vient juste de teindre les cheveux d'une vieille bonne femme, et qui s'occupe de vous tout de suite après. Comme la dernière fois, vous vous souvenez ? Non, je ne crois pas que nous étions ensemble; vous sortiez du salon au moment où je suis arrivée. En tout cas, ils venaient juste de terminer la teinture d'une cliente, je ne sais pas qui c'était, puis ce fut mon tour. Mon Dieu, Fay ! Quelle puanteur ! Il m'a fallu des jours pour me débarrasser de cette odeur affreuse que j'avais dans les cheveux.
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Sacré patron ! Il fallait au moins lui reconnaître cette qualité, à ce vieux requin décadent. Il n'avait pas plus de principes que les vers blancs qui lui bouffaient la cervelle, mais il s'y connaissait en journalisme. Il savait ce qui faisait vendre du papier.
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Le petit Talbert ressemblait à la majorité des adolescents que j'ai rencontrés. Il n'ont l'air ni spécialement éveillé ni vraiment renfrogné. Ils donnent une impression d'espoir résigné: comme s'ils s'imaginaient qu'il ne pouvait rien leur arriver de bon, bien qu'ils soient tous prêts à saisir la moindre chance qui pourrait leur être donnée, et qu'ils mériteraient sans aucun doute .
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La journée avait été plutôt bonne, dans l'ensemble, c'est pourquoi j'aurais dû me douter qu'elle finirait mal. Si vous avez lu les journaux, ces derniers temps, vous savez sans doute déjà de quoi je veux parler. Ça se passe toujours comme ça, chez moi, on dirait. Aussi loin que je me souvienne, ça n'a jamais manqué. Je me réveille en forme, un matin, je me sens capable d'avaler mon petit déjeuner, pour une fois, et j'arrive même à trouver une place assise dans le train de huit heures cinq. Et ça continue de la même façon toute la journée — aucun problème, tout marche comme sur des roulettes (...)
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Vidéo de Jim Thompson
L?action se déroule sur une journée, un samedi de Pâques. Tôt le matin, la foudre s?abat sur Richard Weatherford, pasteur respecté d?une petite communauté de l?Arkansas. Son jeune amant vient lui réclamer le prix de son silence : 30 000 dollars. Marié, cinq enfants, prêcheur intégriste, toujours prompt à invoquer la figure de Satan pour stigmatiser les homosexuels, embarqué dans une croisade pour la prohibition de l?alcool, Richard va tout faire pour préserver la façade de respectabilité qu?il a patiemment construite. A n?importe quel prix. Au nom du bien. Au bout de ce samedi noir, la petite ville sera à feu et à sang, mais Richard Weatherford aura réussi à sauver sa réputation?
Fils d?un prêcheur baptiste, Jake Hinkson continue à régler ses comptes. Après L?Enfer de Church Street et Sans lendemain, Au nom du bien enfonce le clou avec une rage jouissive. Admirateur de Flannery O?Connor et de Jim Thompson, Hinkson livre un texte polyphonique, radicalement noir, portrait au tranchoir d?une petite communauté étouffante, prisonnière de valeurs hypocrites et d?une morale d?un autre âge. En bon auteur du Sud, il pousse le jeu jusqu?à son paroxysme. La fin, qui se déroule un an plus tard et montre le pasteur dans son prêche de Pâques, droit devant l?armée des âmes bien pensantes, est un monument de cynisme ravageur. Entre-temps, Donald Trump est arrivé à la Maison-Blanche. Michel Abescat Dry County, traduit de l?anglais (Etats-Unis) par Sophie Aslanides, éd. Gallmeister, 320 p., 22,60 ?.
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