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Albert Béguin (Traducteur)
EAN : 9782070441440
192 pages
Gallimard (13/05/2011)
4.22/5   9 notes
Résumé :

« Une femme s’avança à travers la place ; svelte et jeune, vêtue de noir, elle avait le port noble etmarchait les yeux modestement baissés ; d’un pas alerte et léger, elle monta les degrés avec unegrâce exquise. Sa robe de soie enveloppait le plus beau corps du monde et les plis semblaient sebalancer en musique autour de ses membres souples ; au moment d’atteindre la dernière marche, elle leva le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Dans ces trois contes, à l'allure parfois naïve, que le surnaturel envahit, Ludwig Tieck scrute le destin des hommes. Il en révèle l'illusion et le tragique, car, s'il nous montre d'abord le paradis, une nature extraordinaire, bienveillante et prodigue, il nous en chasse très vite, comme si l'homme eût depuis toujours préféré l'enfer... Des pactes sont rompus et ce qui attend les hommes, c'est, sinon le crime et la folie, comme dans Eckbert le blond, du moins la solitude et l'exil, la mort et la mélancolie, malgré quelques notes d'amour.
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Tieck reste le romantique le plus symbolique, celui qui ouvre les forêts pour y voir des récits qui, sous des dehors classiques, posent des questions souvent passionnantes et intemporelles quand on les écoute.
Compositeur d'atmosphères Tieck dresse - toujours via des mots aux allures auto-suffisantes - une étrange ironie que son grand ami, le philosophe Solger - théorisera longuement.

C'est en effet sûrement là le maître mot de Tieck : l'ironie. Non pas celle du persiflage voltairiste, non pas celle torturée et labyrinthique comme chez Hoffmann ou Richter, qui furent ses contemporains, mais plutôt une sorte d'étrange retour de la vie ou de retour sur la vie, une distance paradoxale et poétiquement naïve sur ce dont il traite.
Le sommet de cette approche dans les contes de Tieck se trouve peut-être dans le Runenberg ou dans Les Elfes, qui se distinguent du reste des contes par une sorte féerie foncièrement tragique et fascinante d'un érotisme profondément discret, qui le fait s'élever bien plus haut que les frères Grimm qui restent des moralistes plats la plupart du temps.

Si on peut reprocher parfois une certaine facilité dans le ton et l'approche, ainsi que dans les idées exprimées, on ne peut nier le sens fin de la composition, l'évocation profonde et toujours discrète du merveilleux, et ce sens insidieux - terrifiant de discrétion - de la hantise et du désir en un sens qui, chez cet auteur, reste et restera toujours insatisfait du monde, et le rapproche en ce sens de ce que le romantisme a de plus grand chez Novalis, Hoffmann, ou Holderlin par exemple.

[À ces contes il faudra joindre la lecture de Eckart (trouvable chez Aubier) pour avoir un aperçu plus large de ce type de production chez Tieck (Amour & Magie, la Foire, ou les Choses de la vie, relevant d'une autre exploration stylistique du conte chez cet auteur, s'intéressant à ce moment la de sa vie plus au grotesque et à l'absurde)]
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Hoffmann le considérait comme un maître, et en lisant les contes d'Hoffmann, on constate l'influence que Tieck a exercé sur lui.

Ludwig Tieck fait partie des initiateurs du mouvement du romantisme allemand, avec Schlegel, Hölderlin et Novalis. Il devait tous les survivre et mourir à presque 80 ans en 1853.

En France ses contes furent traduits dès 1826 mais n'ont jamais connu la même vogue extraordinaire que ceux d'Hoffmann. À tort je pense, car ils sont d'une beauté presque irréelle.

Pierre Péju pourra mieux expliquer que moi pourquoi :
« En nous les racontant, Tieck s'est rapproché de ce qu'on peut nommer “l'ombilic du conte”, ce lieu mental où l'intime et l'universel se rejoignent. Il a su comme nul autre évoquer la part obscure de la vie, la zone sombre où viennent confluer la peur, la folie menaçante, et l'enfance dont on se souvient d'abord comme une énigme. Ainsi, à l'aube du romantisme, Ludwig Tieck évoquait-il ce que l'on appellera un siècle plus tard l'Inconscient. Il parlait de la confusion de l'esprit et du corps, de la persistance de ce qu'on croyait oublié, de la puissance du désir conçu comme seul moteur de la création et même de la foi. »

En lisant Tieck, on se croirait presque égaré dans une peinture de Caspar David Friedrich, tellement les paysages sont hostiles, peu faits pour l'homme, renfermant en eux de terribles secrets.
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critiques presse (1)
SciFiUniverse
16 juin 2011
Ludwig Tieck est assez peu connu en France. Il est pourtant à l'origine du courant Romantique en Allemagne.
Les deux derniers textes en particulier de ce recueil donnent une idée du talent du poète.
Lire la critique sur le site : SciFiUniverse
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Je fus éveillée par les premiers rayons du jour sur mon visage. Un roc escarpé se dressait devant moi ; je l'escaladai dans l'espoir de découvrir une issue à cette solitude et d'apercevoir peut-être des maisons ou des êtres humains. Mais lorsque je fus au sommet, tout, à perte de vue, était semblable à l'endroit où je me trouvais ; tout le pays était enveloppé de brume, le jour était gris et sombre ; mes yeux aux aguets ne découvraient pas un arbre, pas un pré, pas le moindre buisson, à peine quelques misérables arbrisseaux, solitaires et désolés, qui s'agrippaient aux fentes du roc. Je ne saurais exprimer la ferveur avec laquelle je souhaitai alors voir un visage humain, dût-il m'emplir d'effroi. Je ressentais en même temps les tortures de la faim ; je m'assis, résolue à mourir là. Mais bientôt le désir de vivre l'emporta malgré tout ; je me levai d'un bond et, pleurant et soupirant, je marchai toute la journée. Je finis par n'avoir plus que faiblement conscience de moi-même ; lasse, épuisée, c'est à peine si je souhaitais vivre encore, et pourtant j'avais peur de mourir.
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Ils firent le geste de s'embrasser, mais reculèrent bien vite. Tous deux se considéraient avec attention, cherchant à retrouver, sous les ruines de l'âge, ces traits qu'ils avaient connus et aimés ; et de même que par les sombres nuits de tempête, la fuite des noirs nuages découvre fugitivement des étoiles isolées qui luisent, énigmatiques, de même ils croyaient voir par instants dans ces yeux, ce front, ces lèvres, les traits familiers de jadis. Il leur semblait que leur jeunesse pleurât et sourît à la fois dans le lointain. Il s'inclina et baisa sa main, tandis que deux grosses larmes coulaient sur ses joues ; puis ils s'embrassèrent avec tendresse.
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Il présenta de nouveau l'eau bénite à celle qu'il aimait, ils échangèrent quelques mots, puis elle s'éloigna. Il resta en arrière pour ne pas attirer l'attention, la suivant des yeux jusqu'à ce que l'ourlet de sa robe disparût au coin de la place. Il ressentit alors l'angoisse du voyageur las, égaré dans une épaisse forêt et qui voit s'éteindre la dernière lueur du couchant.
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Il était rare qu'Eckbert eût des hôtes chez lui, et même alors il ne changeait guère son train de vie habituel ; la modestie régnait en ces lieux, et l'économie même semblait y présider à toutes choses. Eckbert se montrait alors souriant et enjoué, mais sitôt qu'il était seul, on lui voyait une espèce de réserve, de mélancolie taciturne et distante.
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Video de Ludwig Tieck (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ludwig Tieck
Ludwig TIECK – Une Vie, une Œuvre : 1773-1853 (France Culture, 1985)
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