Une personne et une ethnologue hors du commun.
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Dans l'Aurès, c'était le père qui calculait les rations et qui les distribuait, mais il faut savoir que la transhumance et la dispersion des champs le contraignaient à stocker sa récolte dans le grenier collectif, lieu public auquel les femmes n'avaient pas accès.
Dans les deux Kabylies (où les provisions étaient conservées sous le toit familial, dans d'immenses jarres en argile crue pouvant contenir jusqu'à 900 litres de céréales), c'était à la maîtresse de maison qu'incombait la charge de calculer la ration de chaque jour. Sur un côté, ces grandes jarres étaient percées, à différentes hauteurs, d'ouvertures permettant de passer la main. "Lorsqu'elle débouchait l'ouverture du dernier niveau, ma mère pleurait", m'a dit un vieux Kabyle.
Retenons ce mot, et n'oublions pas que, pendant des millénaires, les paysans ont appris qu'il faudra vivre une année avec la récolte d'un seul mois, ce qui implique des calculs, une science véritable. Cette science, on peut se permettre de la détruire, mais à la condition de la remplacer par un autre système de ressources et un autre type d'expérience comptable. Lorsqu'on la bouscule sans rien remplacer, on fabrique ces impasses qu'on a l'indécence d'appeler "pays en voie de développement" - alors que le développement leur est devenu quasi impossible.
Avant 1940, l'expérience millénaire des paysans méditerranéens était encore intacte dans l'Aurès que j'ai connu, et les années normales on y vivait, pauvrement, un an, sur la récolte d'un seul mois. (p.116/117)
Les Aurésiens comptaient leurs peines (et les comptent encore) à l’aide de quatre calendriers.
Le premier, celui de la religion, est dû aux Arabes et à la Lune ; le deuxième, hérité des Romains, marque les fêtes avec l’aide du soleil ; le troisième règle les travaux des champs grâce à la pluie (quand elle tombe) ; le quatrième, on le doit au pape Grégoire, et il est international.
Ce dernier calendrier n’a que quatre siècles d’âge puisqu’il est né à Rome le 15 octobre 1582. Il est issu directement de celui de l’Empereur Jules, et réglé sur le soleil. Je n’ai pas grand-chose à en dire, car, à partir de ma deuxième année de mission, j’ai à peu près rompu mes relations avec lui.
Je persistais toutefois à me soucier des jours de la semaine... (p.144/145)
Initié par les professeurs Alain Prochiantz, Administrateur du Collège de France, et Philippe Aghion, titulaire de la chaire Économie des Institutions, de l'Innovation et de la Croissance, en partenariat avec le ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, ce projet a pour but de montrer aux élèves des lycées techniques et professionnels, tout particulièrement ceux issus des zones les plus défavorisées, ce qu'est l'enseignement par la recherche.
De la biologie de synthèse à l'édition du génome : la manipulation du vivant et des OGM, cours donné par Pierre Corvol au lycée Germaine Tillion du Bourget le 16 mai 2019.
Pierre Corvol est professeur du Collège de France et titulaire de la chaire Médecine expérimentale (1989-2012).
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