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EAN : 9782070401772
384 pages
Gallimard (23/01/1997)
4.11/5   176 notes
Résumé :
Je cherche dans mes livres d'histoire une figure qui te ressemble : un artisan de l'errance, un arpenteur des vents qui, comme toi, s'est battu à coups d'outils pour le triomphe d'un chant d'amour. Ça fait peu de tapage, un chant d'amour. Et même quand il est porté par l'écho, il ne pèse pas trois plumes dans la marche de l'univers...

L'artisan à qui l'abbé Vernay adresse ce mot est son frère de lait, Sylvain Chantournelle, compagnon charpentier qui ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Quelle image vous vient à l'esprit lorsqu'on vous parle d'orgue, si ce n'est cette cathédrale dans la cathédrale dont le souffle puissant, qui jamais ne reprend haleine, semble tenir tendue la structure de pierre comme l'air chauffé la toile de la montgolfière. Mais voilà que Bernard Tirtiaux nous en propose une autre.

Sylvain Chantournelle est un artisan inventif au coeur tendre. Il a construit de ses mains un orgue ambulant dont il a fait l'ambassadeur de son coeur. Un instrument qu'il accroche à la montagne, cherchant l'écho de la vallée pour faire savoir à celle qu'il aime, et s'est cloîtrée, qu'il est là sur le versant opposé et se languis de son absence. Ou encore ce même instrument qu'il a embarqué sur le navire qui le ramène de Sicile et dont les notes exhalées par les tuyaux redonnent le goût de vivre à celle qui a perdu la vue, sa fille.

Les sept couleurs du vent est un bel ouvrage qui joue sur la perception de la vie par les sens pour dire les sentiments. Tenue en un XVIème siècle où la religion régnait sur les consciences et commandait à l'architecture, l'intrigue met à l'honneur ceux qui savaient maîtriser la matière pour donner le jour à des monuments érigés par la foi pour des temps immémoriaux. Code moraux et sociaux présidaient aux alliances, patience et longueur de temps aux amours.

Bel ouvrage dans lequel la sensualité est sous la main de l'artisan, la patine sous celle du temps, et où l'amour sous la contrainte de la naissance devait faire oeuvre d'inventivité et de courage pour satisfaire aux exigences des coeurs.
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Le climat en France est plutôt tendu en ce milieu du XVIe siècle, à quelques semaines du massacre de la Saint-Barthélémy. Sylvain, compagnon charpentier, traverse pourtant cette tempête avec insouciance. Toujours de bonne humeur, voyant uniquement le bien chez tout le monde, son rêve est de construire des orgues, et de répandre sa musique chez tous ces illuminés qui s'entretuent.

Sa vie privée sera malgré tout tumultueuse : quand on est toujours sur les routes, absent parfois pendant plusieurs mois pour travailler sur un chantier, difficile de garder un foyer stable ! Des fausses nouvelles, des quiproquos juste avant le départ, empoisonneront l'existence du charpentier, qui prendra par dépit des décisions qui ne s'imposaient pas vraiment...

Ce roman vous plongera dès les premières lignes dans l'ambiance du moyen-âge, en compagnie d'artisans maîtres dans leur art dévoués corps et âme à leur métier. L'écriture de Tirtiaux se prête très bien au thème des orgues, et donne au livre le souffle poétique qu'il lui fallait. À découvrir !
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Les quelques critiques ici présentes ne rendent pas justice à ce texte.
Il est beau. Et l'histoire est captivante et pleine d'évènements. On prend un vrai plaisir à suivre le héros, si attachant, au fil de ses pérégrinations et des rebondissements de sa vie. On ne s'en lasse pas.
Le texte est très cinématographique et personnellement, je verrais volontiers une adaptation du celui-ci dans ce médium, car il s'y prête à merveille. Un peu comme le nom de la rose, en plus … maritime et pas axé sur les livres, mais sur les corporations de bâtisseurs et la musique.
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Pour ma part…
Je reviens d'un voyage ! Un voyage au long cours comme je les aime.
Ma seule tristesse, avoir dû rentrer au port.
Ici, des qualificatifs outranciers seraient mal venus
et même les pas biens venus ; étant donné la modestie du héro.
Ce roman est simplement sobre et BEAU ! Et Beau de sa simplicité.
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Avant de commencer et si on veut profiter pleinement du voyage,
il faut accepter le parti pris de la poésie.
Si l'on s'intéresse à l'Histoire avec un grand H, à la Renaissance, au développement du milieu maritime aux alentours de 1550, à l'art et à l'artisanat de cette époque, aux corporations de bâtisseurs, à la musique. On suivra avec plaisir le déroulement de la vie d'un certain Sylvain Chantournelle. Un être passionné et passionnément vivant. Quoi de plus stimulant que de côtoyer des êtres aussi naturellement plein d'énergie vitale et adhérant si âprement à la vie, même s'il s'agit d'êtres de fiction.
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Lorsque j'ai lu ce livre… c'était comme si un ami de toujours me tenait par la main en me faisant découvrir des paysages magnifiques qu'il aime. Lorsqu'on sait communiquer ce qu'on aime, c'est merveilleux pour les gens à qui on le donne.
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Tout m'a enchanté dans cette lecture, l'histoire… avec son personnage principal qui est la résilience incarnée. Il a dès le départ beaucoup d'atouts ; beauté physique, générosité, amabilité, candeur, persévérance, altruisme, [Dans les fictions on fait ce qu'on veut, n'est-ce pas ;) ] mais la vie ne l'épargne pas pour autant.
La façon de raconter… avec simplicité et élégance, délicatesse. J'ai ressenti une agréable sensation de fraîcheur, saine, franche, comme un naturel amical qui coulait de ces lignes. Pas de surfait ni d'affecté.
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Et aussi, j'ai ressenti très fort le manque de pouvoir travailler le bois comme je le faisais auparavant et adorais le faire. Ma nouvelle vie ne me le permettant pas, malheureusement. Créer des choses de ses mains, est un vrai plaisir, surtout avec le bois.
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J'ai rencontré peu de livres qui m'aient donné des émotions aussi belles. Et… C'est la première fois que j'ai envie de remercier un auteur d'avoir écrit une aussi belle histoire et aussi bien. MERCI ; Monsieur Tirtiaux !
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La seule chose que j'ai regretté, dans ce livre,
c'est de le terminer ;)
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"- Et pour qui joues-tu de la musique? Les sirènes ?
- Pour enrichir le vent et apaiser les tempêtes.
- Et à quoi ça sert d'enrichir le vent?
-Et à quoi ça sert d'alourdir sa bourse ?"
Visentin le Pacifique est l'un de ces compagnons du tour de France qui vont de chantier en chantier, d'église en église, de ville en ville pour construire ces chapelles, ces cathédrales, et autres monuments de bois et de pierre qui ont su résister au temps...
Il a reçu son nom de ses compagnons. Sinon ses parents, qu'il a peu connus, l'avaient nommé Sylvain .....Sylvain Chantournelle
Chaque jour, sur les toits, il risque sa vie. le bois est son matériau de prédilection. Il en fait des clochers hardis, des halles de marchés, mais est également en mesure de réaliser des bateaux... Et il a une autre passion, depuis sa plus tendre enfance, il a appris au contact des anciens l'art de la tenderie, l'art de réaliser des pièges pour capturer des oiseaux de passage, en utilisant pour cela les branches et roseaux que la nature offre à profusion....notamment des appeaux, ces roseaux avec lesquels il attire les oiseaux en imitant le cri de leurs femelles amoureuses.
Sa vie est une vie de voyages loin de sa Moselle natale...une vie qui lui permet de s'enrichir des contacts humains des autres compagnons ayant d'autres savoir-faire et qui construisent, à ses côtés ces chefs d'oeuvre. Aucun n'est jaloux de son savoir-faire..non, la règle entre eux est l'échange, le partage...C'est ainsi qu'ils grandissent...en amitié, et apprennent en compétence et en métier.
Visentin, a conçu seul un "nymphaïon", sorte d'orgue portatif apprécié de tous les musiciens qu'il croise...il en joue dans les maisons où lui et ses amis compagnons sont hébergés, et en marchant, allant d'une ville à l'autre, d'un défi à l'autre.
Un rêve le tourmente....un rêve qui allie toutes ses passions, celle du bois et de la complexité des charpentes, sa passion de la musique ...il rêve de réaliser de grandes orgues alimentées par le vent, et pourquoi pas un bateau-orgue...
Un rêve un peu fou, qui le promène de ville en ville, qui le nourrit en compétences nouvelles, lui permet toujours de nouvelles rencontres humaines, lui fait courir des risques...Mais après tout n'est-ce pas Vivre avec un grand V que de chercher à toujours s'améliorer, à s'interroger, à découvrir, à créer, à rencontrer d'autres passionnés afin de s'enrichir de ces rencontres...
C'est toute la philosophie de ces compagnons, qui ont accueilli l'auteur Bernard Tritiaux en leur sein! ....N'est-ce pas parce qu'ils ont eu les rêves les plus fous, les plus insensés pour le commun des mortels qu'ils ont pu bâtir depuis des siècles des cathédrales aux charpentes uniques, et bâtissent encore des chefs-d'oeuvre....allant du plus peut bijou, à la plus grande charpente, du plus petit projet au plus hardi.
Cette philosophie, cette recherche de l'unique et de la perfection, du toujours mieux, cette folie sous-tendent toutes les pages du roman.
Chacun devrait peut-être en faire sa philosophie de vie !
"-Et à quoi ça sert d'alourdir sa bourse ?"...préfère nous demander l'auteur...une question de tous les temps
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Tirtiaux nous emmène au moyen-age, dans le milieu du compagnonnage. Un milieu et des personnages plein d'humanité. Une histoire qui après les années (10 ans presque) me reste en mémoire comme une image: un orgue voguant sur l'eau et dont la musique est celle que lui dicte le vent ...
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Petit frère, tu me glaces le sang. Je redoute que le village n’apprenne que nous avons exhumé Clarence et que tu ne doives un jour affronter les questions des hommes. Je préfèrerais ne pas vivre cette confrontation tant je devine, te connaissant, les murs dogmatiques auxquels se heurterait ta franchise. Je reconstitue sans mal les réponses que tu donnerais à l’inquisiteur s’il t’interrogeait. De la Sainte Messe, tu dirais qu’elle te traverse par la musique, la lumière, la fraternité des bâtisseurs. Tu raconterais que la Vierge a le visage de ta mère, que tu doutes qu’il y ait jamais eu de saints parmi les hommes mais que tu demandes aux anges d’exister. Tu parlerais du souffle musical qui emporte tes prières sans l’intercession de personne, sans le truchement désuet d’objets pieux ou de reliques. Tu serais mal emmanché pour défendre la confession auriculaire, mon Sylvain. « Pour quel pardon ? » Demanderais-tu naïvement. Et quand tu répèterais que tu vois plus facilement Dieu dans la septième sphère du vent que dans l’eucharistie, je les entends déjà crier : « A l’hérésie ! » Ton bûcher montera d’un palier encore quand tu situeras les âmes à la croisée des tempêtes, là où les forces s’annulent, en oubliant effrontément d’installer limbes et purgatoire quelque part. J’ose à peine effleurer ta soumission au pape, ce vieillard si ordinaire qui se ramonait le nez quand Clarence offrait au ciel les harmonies célestes de sa voix. « qu’il dispense des indulgences ! C’est autant de pris sur l’intolérance. » Je les entends déjà te traiter de blasphémateur, de renégat, de parjure. Devant l’inquisiteur, tu auras tout faux, petit frère. Comme à Simon, les hommes se feront un plaisir de te faire goûter les feux de l’enfer en prémices du sort que te réserve leur éternité. Je t’entends rire quand j’écris ces lignes. Tu es frondeur ! Il n’y a pas de filet pour te prendre ! Qu’est-ce qui te pousse à rejouer chaque fois ta mise alors qu’on est toujours perdant ? T’es-tu déjà rendu compte que l’orgue est un faussaire, depuis la plus haute tuyère jusqu’au dernier sifflet ? Aussi faussaire que les appeaux ! Je secoue ta vie sur un tamis, je secoue la mienne. Tu t’es leurré sur l’amour moi sur la foi. Nos pas ne sont qu’errements. Toujours roulé, Sylvain ! d’un bout à l’autre, la feinte, la ruse, la traîtrise pour nous surprendre, la mort pour nous gercer le cœur. Tout faux Sylvain entièrement faux ! à quoi ressemble l’enfance quand on est obligé de l’embaumer pour y croire ? Qu’est-ce qu’un dieu qui n’a de substance qu’a travers le bois, la pierre, le verre, les couleurs ! Je t’entend rire de ton plus beau rire, petit frère. Quelle dérive ! J’ai volé sur tes ailes. Comme j’ai eu besoin de tes ailes, de tes chevauchées. Tu t’es construit un monde de vents, de copeaux, de notes pour brider les grisans de ta vie, alors que moi, je ne tiens pas en selle malgré mes lacis d’encre et mes jambes de géant qui touchent terre. Il est tout faux ton paradis d’altitude, cet empire d’aveugle qui échappe au monde des complots , des vanités et des haines. Tout faux, mais tellement magnifique ! mon paradis à moi s’est abîmé dans la laideur de ce siècle. Jusqu’où ici-bas peut-on croire à un chant d’amour sans se mentir à soi-même, jusqu’où peut-on tricher d’une musique pour racheter les méfaits des hommes ? et si dieu était faux, lui aussi ? tu es ma réponse ! tu es mon questionnement ! même si on s’est trompé, petit frère, tu n’en restes pas moins le cabestan de mon existence, la corde qui retire le seau du puits, mon salut sur cette terre. Je t’entends rire ! je te vois pleurer ! je te regarde traverser les années comme une proue, prenant des grains en senestre, des brises en dextre. Nautonier de nos espérances, tu emportes le navire !
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Bruissante comme une ruche, l'assemblée dominicale est en effervescence. Les timorés cherchent à se rassurer, les suspicieux, subodorant chez l'étranger un fumet de Réforme, le regardent de travers, la gent féminine vagabonde dans les voies tangentes qui ne sillonnent pas plus la Galilée qu'elles ne mènent au Golgotha.

Affrontant l'impiété collective, l'abbé Grillot arquebuse sa communauté d'un "Dominus vobiscum" assassin. Rien à faire ! Avec sa chasuble qui lui couvre les pieds comme une courtepointe, il n'a pas plus d'autorité qu'un saint de plâtre. Le bourdonnement persiste et Dieu abandonne à ses ouailles son serviteur, définitivement pétrifié par l'âge dans la posture inconfortable des indiscrets qui collent leur œil au trou des serrures. Devant l'insuccès de son intervention, le curé change de tactique.

Profitant du répons suivant, il identifie le coupable qu'il fustige tout de go d'une éructation latine incendiaire. Et c'est alors qu'il reconnaît Sylvain, dont il avait été jadis le précepteur. Sa surprise est telle qu'il se cogne au manteau de l'autel en se retournant. Les enfants de chœur font tant d'efforts pour garder leur sérieux qu'ils intervertissent les burettes au moment de l'offrande, mettant quatre parts d'eau pour un soupçon de vin. L'office se poursuit dans la confusion avec un "Agnus Dei" entonné par la voix chevrotante de l'abbé Guillot à la place du "Sanctus"
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Un livre vraiment poétique, où chaque page a sa propre mélopée, où un léger son d'orgue se fait entendre au détour de chaque chapitre! L'histoire est bien ficelée, et enlevée de main de maître verrier, qui prouve encore ici, si besoin était, sa maîtrise de la Métaphore et son Amour pour l'Ecriture! J'ai adoré lire ce livre, que j'ai dû lire en rhétorique! Il se laisse lire d'une traite, tant on recherche le dénouement avec envie. Bernard Tirtieaux excelle dans cet ouvrage qui se veut à la fois simple et puissant, émotif et bouleversant. Je le relirai!
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Existe-t-il une brise qui retienne dans son souffle séculaire les plus beaux chants des hommes? Est-il un souverain cueilleur de musique qui pense comme moi qu'une poignée de notes jetées aux étoiles peut racheter mille ans de barbarie?
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Dans son coin, le compagnon fait la grimace. Il a travaillé, quand il était apprenti, sur les charpentes de l'édifice. Tant de patience offerte à la pierre et au bois, stupidement anéantie pour des conflits d'idées. Il faut ne pas avoir vécu de lourdes journées d'artisans, ne pas s'être cassé le dos à monter des charges, ne pas avoir essuyé des intempéries en haut des échafaudages pour traiter un sujet aussi grave avec autant de légèreté. Les hommes de la construction confient leur mémoire à chaque mur, à chaque moellon, à chaque ouvrage d'art qu'ils érigent. Pour Sylvain, il est criminel de toucher à cet élan. Détruire une cathédrale, c'est brûler une bibliothèque, anéantir la présence de milliers d'âmes.
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Vidéo de Bernard Tirtiaux
Inauguration du vitrail de l'église de Ghlin, le 20 décembre 2015
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