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Critique de ladesiderienne


Jean-Christophe Tixier, auteur que je découvre à travers ce titre, campe trois personnages de femmes dans un huis-clos magistral, au suspense habilement maintenu jusqu'au dénouement final.

Trois femmes qui ont, ou vont, profiter de l'évolution de la société pour tenter d'échapper à leur destin. Victoire, en 1936, a bénéficié pour la première fois des congés payés et a ainsi pu partir camper avec sa bande de copains dans ce petit village reculé de l'Aveyron. Elle y a alors rencontré Joseph, un veuf, propriétaire de vignes. En l'épousant, il a accepté de vendre ses parcelles pour investir dans une auberge, lui assurant ainsi un avenir loin de la conserverie où elle était ouvrière. Marie, la fille de Joseph, n' a pas supporté l'arrivée de cette jeune belle-mère. Son destin, elle l'a confié à Dieu en devenant religieuse.
Les voilà à nouveau réunies dans l'auberge presque 30 ans plus tard. Soeur Marie-Clément-Maurice, espérant sans doute un juste retour de l'héritage, est venue au chevet de Victoire qui, atteinte d'une maladie incurable, se meurt à 52 ans. A leur côté, Ange et Eve, les neveux que Victoire a recueillis alors qu'ils étaient enfants. le seul désir d'Eve, 20 ans, est de partir loin de ce coin perdu. Un nouveau monde l'appelle, la vieille radio diffuse les Rolling Stones et elle a découvert dans une revue oubliée par un client, celle qui allait devenir son héroïne, Barbarella. En cette année 1965 où les femmes ont enfin le droit d'ouvrir seule un compte bancaire, va-t-elle savoir saisir sa chance ?

A travers ce titre, plus roman noir que polar, Jean Christophe Tixier emprisonne rapidement son lecteur dans une atmosphère de plus en plus oppressante. Au fur et à mesure que l'eau du lac voisin baisse pour la vidange du barrage, mettant à nu les vestiges de l'ancien village englouti, l'histoire se dévoile, lourde d'une violence contenue. L'auteur met en scène trois personnages de femmes fortes dans un univers fermé où les hommes ne servent que d'instruments vers la liberté, alors qu'en filigrane, on perçoit la lente évolution de cette société jusqu'alors dirigée par et pour les hommes.

J'ai beaucoup aimé l'écriture de Jean-Christophe Tixier qui encre sa plume dans la terre de cet Aveyron rural pour nous parler d'émancipation féminine. Entre passé et présent qui s'entremêlent indéfiniment au fil des pages, peut-être ai-je ressenti à un moment une légère impression d'enlisement de l'histoire ? Malgré cela, j'accorde un 16/20 à ce roman au titre très évocateur.
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