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EAN : 9782757814932
Points (14/10/2010)
4.28/5   36 notes
Résumé :

Cet ouvrage a déjà paru illustré en couleur et relié chez Adam Biro. « La beauté gît dans le geste le plus humble. Quand Steen et Ter Borch, de Hooch et Vermeer, Rembrandt et Hals nous font découvrir la beauté des choses, ils ne se comportent pas en alchimistes capables de transformer en or n’importe quelle boue. Ils ont compris que cette femme qui traverse une cour, cette mère qui pèle une pomme... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Qu'est-ce qu'une période bénie en peinture ? Celle qui va transformer notre regard? Todorov a la réponse parfaite : celle où même les peintres de second rang produisent des chefs-d'oeuvre. C'est ce que j'aime chez lui: cet art de la formule qui va droit au but, cette concision qui nous épargne les circonlocutions d'une pensée en train de se former et qui semble couler de source, comme la conversation bienveillante d'un ami qui en sait beaucoup plus que nous mais qui ne nous estime pas moins pour autant.
Hors notes, 150 pages, donc, y compris des reproductions en noir et blanc qu'on s'avisera plutôt de retrouver en couleur sur le web, 150 pages et 9 chapitres qui nous racontent comment la peinture hollandaise du XVII° siècle a bouleversé nos représentations.
L'éloge du quotidien qu'elle a prôné s'explique par le protestantisme de ce petit pays commerçant qui délaisse les valeurs aristocratiques pour celles, plus humbles, de la famille. Contrairement aux catholiques qui valorisent la clôture sacrée du monastère, eux pensent que Dieu est partout, surtout dans les intérieurs bien tenus que la lumière et le dallage rendent semblables à des églises.
Le livre progresse par la remise en cause de chaque conclusion. Après nous avoir prouvé que la peinture hollandaise s'expliquait par le protestantisme Todorov nous démontre qu'il ne s'agit pourtant pas de promouvoir les humbles par la représentation factuelle de leur existence. En fait de réalisme, elle ne propose qu'un petit nombre de sujets dont l'aspect allégorique saute rapidement aux yeux, comme cette cuisinière qui s'attaque aux oignons avec mortier et pilon sous l'oeil coquin d'un assistant. Voilà donc un tableau qui nous rappelle à nos obligations, et veut nous éloigner de jouissances terrestres trop vaines pour nous satisfaire vraiment.
Sauf que, ajoute immédiatement l'auteur, la plupart des tableaux ne sauraient se réduire à un didactisme rigide. Parce que leur sens est souvent mystérieux et surtout parce leur vertu esthétique l'emporte sur le vice moral qu'ils sont censés condamner.
En réalité, le secret des peintres hollandais est de se tenir sur le fil ténu qui éloigne les Anciens, désireux de peindre ce qui est beau, des Modernes, prompts à inventer la beauté: eux ne l'inventent pas, ils la révèlent. Et dans cette société férue d'efficacité qui est désormais la nôtre, ils veillent à ce que nous n'oubliions pas le temps suspendu où nous habitons pleinement le monde, où notre vie banale nous comble et nous suffit.
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Heureuse idée ! Mon interview Babelio récente sur les « livres d'art » m'a incité à fouiller à nouveau dans ma bibliothèque. J'ai ressorti deux livres d'art exceptionnels de Tzvetan Todorov. Je parlerai du second « Éloge de l'individu » une prochaine fois.
La couverture reliée insérée dans un coffret est tellement belle que l'on ne peut résister à l'envie immédiate d'ouvrir « Éloge du quotidien – Essais sur la peinture hollandaise du 17e siècle ».

Un rappel historique s'impose : En ce début de 17e siècle, le dernier grand peintre religieux italien le Caravage, dont les clairs-obscurs ont eu un impact considérable sur la peinture italienne finissante, vient de mourir en 1610. Les grandes périodes picturales italiennes et flamandes des 15e et 16e sont terminées.
Le siècle d'or hollandais va prendre la place…

Au 17e, la République des Provinces-Unies protestante est à son apogée et domine l'Europe, aussi bien dans les domaines économiques et sociaux, que littéraire, scientifique et artistique. le commerce est florissant. La marine néerlandaise sillonne les routes maritimes mondiales avec ses navires de la Compagnie des Indes.
Les maîtres italiens continuent d'influencer la peinture dans les grands centres artistiques d'Haarlem, Utrecht, Amsterdam ou Delft. L'Église catholique n'est plus commanditaire. le choix des thèmes religieux s'altère et un grand marché de l'art libre s'installe. Pour la première fois, ce n'est plus l'histoire sainte, la mythologie grecque ou l'histoire qui deviennent le thème central du tableau, mais la vie quotidienne des gens. Quoi de mieux pour ce peuple néerlandais, sédentaire, que la demeure familiale comme modèle idéal ? Les acheteurs, bourgeois aisés, apprécient la peinture des artistes qui se spécialisent : il en résulte une demande accrue de portraits, paysages, natures mortes et peintures de genre qui, de dimensions réduites, s'accrochent plus facilement dans les salons. L'art est présent partout et l'on peut même, parfois, trouver des tableaux dans les plus humbles demeures.

La peinture intimiste néerlandaise, saynète de la vie quotidienne appelée aussi peinture « de genre », est certainement le courant le plus intéressant et le plus original du 17e siècle hollandais : des scènes d'intérieur nous font pénétrer dans les maisons bourgeoises, participer aux travaux ménagers, à la vie de famille : jeunes femmes à leur toilette, lisant une lettre d'amour, jouant du virginal ou brodant. Parfois un militaire tente de séduire une dame, un couple profite d'un moment de griserie amoureuse, ou des fêtards boivent et s'amusent.
La peinture est sans prétention, simple : la banalité quotidienne…

Quelques-uns des plus grands peintres de l'histoire mondiale de la peinture s'épanouissent dans cet âge d'or : Rembrandt, Vermeer et Hals rayonnent, accompagnés par un bouquet de peintres exceptionnels ayant des influences stylistiques et thématiques proches.

Personnalité artistique puissante, Frans Hals, plus âgé, exerce une influence sur ses cadets. « Quel plaisir de voir un Frans Hals ! », écrivait Vincent van Gogh. Dans une lettre à son ami Émile Bernard, il consacre un long passage au peintre de Haarlem : « Jamais il n'a peint de Christ, d'Annonciations aux bergers, d'anges ou de crucifixions et résurrections, jamais il n'a peint de femmes nues voluptueuses et bestiales. Il a fait des portraits, rien que cela. Cela vaut bien le Paradis du Dante et les Michel-Ange et les Raphaël, et les Grecs même. »

Rembrandt reste le génie, le plus admiré : « On ne peut voir un Rembrandt sans croire en Dieu », continue Van Gogh.

Quelques peintres représentent le plus souvent des scènes d'intérieur avec peu de personnages : Gérard Dou « La cuisinière hollandaise », Gérard Ter Borch « Jeune femme à sa toilette », Frans van Mieris « Femme à son miroir », et Gabriel Metsu « L'enfant malade ».
Une femme, Judith Leyster, est la plus représentative dans cette peinture hollandaise.

Je ne me lasse pas de ce peintre ! : Jan Steen. La brasserie qu'il géra pendant plusieurs années à Delft a dû lui inspirer ces scènes de beuveries, d'orgies, de paillardises qui sont du plus grand comique dans ce siècle puritain…

Pieter de Hooch est le peintre novateur de cette nouvelle peinture de genre hollandaise représentant la vie populaire dans des scènes familiales d'intérieurs bourgeois ouverts sur des cours illuminées où des enfants s'amusent. Sa sensibilité et son style sont proches de Vermeer avec lequel il est voisin à Delft.

À Delft, le siècle d'or dérive lentement au fil de l'eau des canaux. Johannes Vermeer va amener la peinture hollandaise à son plus haut niveau. Harmonie, calme, sérénité… le peu de toiles conservées du sphinx de Delft sont connues dans le monde entier : « La Femme à la balance » en Vierge attire dès le premier regard ; une lumière dorée enveloppe la « Vue de Delft » ; « La Laitière » verse le liquide blanc dans une cruche, pendant qu'une jeune femme hésite à ouvrir une « Lettre d'amour » ; « La jeune fille à la perle », éblouissante, nous fait face, souriante.

Les peintres hollandais du 17e ont connu un état de grâce qui tient à l'interprétation du monde. L'artiste hollandais trouve le sens de la vie dans la vie elle-même, et non nécessairement dans un répertoire constitué de formes. Il peut montrer la beauté dans un simple geste que personne n'avait sublimé jusque-là : une jeune femme ajuste son collier de perles ou soulève les plateaux d'une balance ; compas à la main, un scientifique observe par la fenêtre.

Cet ouvrage, avec ses nombreuses représentations de tableaux, est magnifique.

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Lien : http://www.httpsilartetaitco..
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Magie de la peinture hollandaise
de la bibliographie pléthorique de Tzvetan Todorov, je ne connais que ce court essai sur la peinture hollandaise. Un livre en points seuil, d'une édition banales, avec des illustrations en noir et blanc médiocres...Autant dire que vous ne vous sentirez pas au Rijksmuseum....Et pourtant voilà un livre brillant, un concentré d'intelligence pure, qui permet de comprendre l'éclosion d'une peinture si originale, dans cette société protestante si différente alors des sociétés catholiques du moins dans le domaine de ce que l'on pouvait ou non représenter sur le plan artistique...Après, il faut bien reconnaitre que cela aurait pu mériter une édition un peu plus luxueuse (moins cela n'aurait pas été facile...).
Quand je pense que je possède dans ma bibliothèque une édition luxueuse du Da Vinci Code (l'erreur est humaine -on ne se moque pas), on doit pouvoir faire le même type de choses avec un livre qui parle de Vermeer...
(les choses sont toutefois bien faites car ledit livre s'avère bien pratique pour compresser des feuilles de papier qui gondolent !).
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Petit essai sur la peinture hollandaise et sa représentation du quotidien, de l'intérieur et des femmes, Eloge du quotidien se lit facilement, même pour un néophyte en matière de peinture.
Todorov réussit fort bien à rendre sensible son lecteur à certains détails que l'on peut retrouver sur les illustrations qui accompagnent le texte, et double son essai de précisions techniques et historiques toujours très intéressantes.
A embarquer lors de tout voyage aux Pays-Bas, si vous avez l'intention de passer dans un musée !
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Un petit essai sur la peinture de genre hollandaise du XVIIe siècle. On y croise principalement, Ter Borch, Metsu et de Hooch, les peintres du paysage, de la nature morte, sont à peu près passés sous silence. le livre apporte toutefois quelques notions intéressantes pour aborder les oeuvres des artistes mentionnés, je le conseille pour une première approche de la peinture du siècle d'or hollandais.
Le découpage des chapitres n'est cependant pas toujours très pertinent, et j'invite par ailleurs le lecteur à faire preuve d'esprit critique, notamment envers "le Duo" de Metsu. Je regrette un peu la reproduction monochrome des oeuvres de l'ouvrage, la couverture est un peu clai
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La vie quotidienne - qui ne le sait ? - n'est pas forcément joyeuse. Très souvent même, elle est étouffante : une répétition de gestes devenus mécaniques, un enlisement dans les soucis imposés sans la possibilité de relever la tête, un épuisement des forces dans le simple but d'entretenir l'existence, la sienne comme celle de ses proches. C'est pour cette raison qu'on est si tenté par le rêve, l'évasion, l'extase héroïque ou mystique : solutions qui se révèlent pourtant toutes factices. Il faudrait non pas abandonner la vie quotidienne (au mépris, aux autres), mais la transformer de l'intérieur pour qu'elle renaisse illuminée de sens et de beauté. Mais comment ? Notre société a su agir sur l'une des causes de la détresse qu'on peut éprouver dans les quotidien, la fatigue physique, en remplçant la force humaine par l'action des machines : l'homme exténué d'efforts est mal placé pour jouir de la qualité de chaque instant. Mais elle n'a pas su, ou voulu, infléchir notre système de valeurs pour que nous puissions apprécier la beauté de chaque geste, qu'il soit dirigé vers les objetsou vers les êtres qui nous entourent : nous chérissons par-dessus tout l'efficacité, allant jusqu'à transformer en moyen, sinon en instrument, nos proches et nous-mêmes. Tout se passe comme si nous nous pressions pour régler au plus vite les affaires, et que, pendant ce temps, nous avions suspendu notre vie ; mais ce provisoire-là dure, et finit par se substituer à l'objectif toujours repoussé. Peut-être pourrions-nous un jour apprendre à ralentir nons pas nos gestes (...) mais l'impression qu'ils laissent dans ntore conscience, pour nous donner le temps de les habiter et de les savourer. C'est alors que la vie quotidienne cesserait de s'opposer aux oeuvres d'art, aux oeuvres de l'esprit, pour devenir, tout entière, aussi belle et riche de sens qu'une oeuvre.
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Il y a dans l'histoire des créations humaines, art, littérature ou pensée, des moments que l'on a envie de dire bénis, pendant lesquels l'humanité s'enrichit d'une vision nouvelle d'elle-même et qui, par la suite, constituent son identité. Les moments de cette espèce se reconnaissent extérieurement à ce que même les peintres de talent moyen y produisent des chefs-d'oeuvre. La Renaissance italienne, l'impressionnisme français en sont deux exemple ; la peinture hollandaise du XVIIé siècle en est un autre. Il y a à cette époque une adéquation parfaite entre le contexte historique et géogrpahique et ce qui s'y produit, entre sens et forme, dont les peintres profitent sans le savoir (et qui se perdra de façon tout aussi mystérieuse). Il ne s'agit pas de pures formules techniques, de recettes qu'il suffirait d'apprendre ; quelque chose de plus essentiel se joue à ces moments, qui a trait à l'interprétation même du monde et de la vie. C'est une affaire non de virtuosité artistique mais de sagesse humaine, même si celle-ci ne s'exprime qu'à travers les formes de l'art. C'est pourquoi il ne suffit pas d'admirer la beauté des tableaux, il faut tenter de déchiffrer le message qu'ils nous adressent, ou au moins de frôler leur secret : ces moments bénis importent toujours à l'humanité.
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Tout n'est pas beau en soi (réalité n'équivaut pas à perfection), mais tout ne dépend pas non plus du libre choix de l'artiste ; celui-ci peut simplement nous montrer - et, dans certains cas, nous convaincre - que la beauté gît dans le geste le plus humble. Quand Steen et Vermeer, Ter Borch et de Hooch, Rembrandt et Hals nous font découvrir la beauté des choses, dans les choses, ils ne se comportent pas en alchimistes capables de transformer en or n'importe quelle boue. Ils ont compris que cette femme qui traverse une cour, cette mère qui pèle une pomme, pouvaient être aussi belles que les déesses de l'Olympe, et ils nous incitent à partager cette conviction. Ils nous apprennent à mieux voir le monde, non à nous bercer de douces illusions ; ils n'inventent pas la beauté, ils la découvrent - et nous permettent de la découvrir à notre tour. Menacés aujourd'hui par de nouvelles formes de dégradation de la vie quotidienne, nous sommes, en regardant ces tableaux, tentés d'y retrouver le sens et la beauté de nos gestes les plus élémentaires.
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Une petite fille regarde à travers la porte ouverte par laquelle la lumière entre à flots, de l’extérieur. Elle ne contemple pas sa mère avec admiration, elle n’essaie pas de l’imiter. Elle ne regarde rien, elle a les yeux tournés vers le vide du dehors, frappée par un charme qui l’a enlevée au monde réel. Elle pressent confusément une vie entière, un univers infini. Elle regarde la lumière.

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Les êtes représentés dans les tableaux hollandais du 17ème semblent, en règle générale, aimer ce qu'ils font. Mais, surtout, les peintres semblent aimer ce qu'ils font. Mais, surtout, les peintres semblent aimer les êtres qu'ils peignent et le monde matériel qui les entoure. D'où cette attention soutenue pour tout dans le tableau, et non seulement pour son sujet principal, cette capacité d'élever les détails à la dignité des héros, comme si la nouvelle attention pour le quotidien, c'est-à-dire pour l'ensemble de la vie, transformait aussi la manière de peindre.
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Vidéo de Tzvetan Todorov
Avec Stoyan Atanassov & André Comte-Sponville Rencontre animée par Catherine Portevin
Tzvetan Todorov, né en 1939 à Sofia, arrivé à Paris au début des années 1960, a vécu la plus grande partie de sa vie en France et écrit son oeuvre en français. Mais il se voyait toujours comme un « homme dépaysé ». Cette expérience a nourri son intérêt pour le dialogue entre les cultures et sa vigilance à l'encontre de toutes les tentations totalitaires. Quelle part bulgare avait-il gardé en lui, quelles relations entretenait-il avec son pays natal ? Comment aujourd'hui ses livres sont-ils lus et perçus en Bulgarie ? Pour évoquer les passages de Todorov entre Sofia et Paris, sont réunis pour la première fois ses amis et spécialistes de son oeuvre, des deux côtés de la frontière qui fut naguère rideau de fer : Stoyan Atanassov, Professeur de littérature romane à l'Université de Sofia et traducteur en bulgare de l'oeuvre de Todorov et André Comte-Sponville, philosophe, grand lecteur et ami de Todorov, préfacier de son livre posthume Lire et Vivre (Robert Laffont/Versillio, 2018). Une édition augmentée de son fameux Dictionnaire philosophique est paru en 2021 aux PUF.

À lire – Tzvetan Todorov, Lire et Vivre, Robert Laffont / Versilio, 2018 – Tzvetan Todorov, Devoirs et délices. Une vie de passeur, Entretiens avec Catherine Portevin, le Seuil, 2002, rééd. Points 2006.
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