Les goûts changent, les princes de divers pays apprécient et collectionnent la peinture de genre, à côté ou au lieu de celle d'histoire. (...) Des institutions naissent qui incarnent ce changement. Ainsi les Salons, lieux d'exposition de la peinture contemporaine, crées en France à la fin du XVIIème siècle et devenus réguliers à partir de 1725 (...) C'est là qu'on voit les tableaux les plus réputés, non à la Cour royale. A la veille de la Révolution, le basculement de goût est déjà accompli ; la hiérarchie qui paraissait inamovible cent ans plus tôt est renversée, les scènes de genres et les portraits sont désormais les formes les plus recherchées.
La peinture d'histoire est censée décorer les palais et les églises, plus généralement les lieux publics ; la peinture de genre convient mieux aux maisons. (...) On comprend par là pourquoi la première a plus de prestige, pourquoi aussi elle est beaucoup mieux payée que la seconde.
La peinture d'histoire est du côté de l'Ancien Régime, de la société hiérarchique qui honore ses héros et ses saints (...) La peinture de genre, elle, correspond plutôt à l'esprit égalitaire naissant, esprit des Lumières.
Pour ce qui est de la peinture, cette division oppose la peinture d'histoire et la peinture de genre. La première inclut les tableaux à thèmes mythologiques, religieux, historiques, exécutés avec certaines règles fixées à l'avance. La seconde traite de thèmes contemporains, figure des personnages anonymes et des actions quotidiennes plutôt que des événements exceptionnels, et les situe dans l'espace naturel commun à tous
Avec Stoyan Atanassov & André Comte-Sponville
Rencontre animée par Catherine Portevin
Tzvetan Todorov, né en 1939 à Sofia, arrivé à Paris au début des années 1960, a vécu la plus grande partie de sa vie en France et écrit son oeuvre en français. Mais il se voyait toujours comme un « homme dépaysé ». Cette expérience a nourri son intérêt pour le dialogue entre les cultures et sa vigilance à l'encontre de toutes les tentations totalitaires. Quelle part bulgare avait-il gardé en lui, quelles relations entretenait-il avec son pays natal ? Comment aujourd'hui ses livres sont-ils lus et perçus en Bulgarie ? Pour évoquer les passages de Todorov entre Sofia et Paris, sont réunis pour la première fois ses amis et spécialistes de son oeuvre, des deux côtés de la frontière qui fut naguère rideau de fer : Stoyan Atanassov, Professeur de littérature romane à l'Université de Sofia et traducteur en bulgare de l'oeuvre de Todorov et André Comte-Sponville, philosophe, grand lecteur et ami de Todorov, préfacier de son livre posthume Lire et Vivre (Robert Laffont/Versillio, 2018). Une édition augmentée de son fameux Dictionnaire philosophique est paru en 2021 aux PUF.
À lire – Tzvetan Todorov, Lire et Vivre, Robert Laffont / Versilio, 2018 – Tzvetan Todorov, Devoirs et délices. Une vie de passeur, Entretiens avec Catherine Portevin, le Seuil, 2002, rééd. Points 2006.
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