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Heidi Toëlle (Traducteur)
EAN : 9782080712417
295 pages
Flammarion (11/03/2009)
4.25/5   8 notes
Résumé :

Les Suspendues figurent parmi les chefs-d'oeuvre de la littérature arabe : composés il y a plus d'un millénaire, au cours du siècle qui a précédé la prédication du prophète de l'islam, ces poèmes doivent leur nom étrange à la légende qui veut qu'ils aient été inscrits en lettres d'or sur des tissus suspendus aux murs de la Ka'ba, à La Mecque. Ces petits joyaux nous transporten... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le depaysement total.
L'envoutement absolu.
5 poemes vieux de quelques 1500 ans, mythiques, incantatoires.
Des poemes qui ont traverse quelques siecles par voie orale, avant de trouver leur formulation definitive, consacree, presque sacree.
Des poemes qui chantent le desert et les hommes qui le parcourent. Leurs longues traversees et leurs repos dans les oasis. Leur entraide, leur hospitalite, mais aussi leurs combats, leurs hauts faits d'armes, leur adresse et leur courage. Leur droiture. Leur tristesse quand ils quittent un campement. Leurs amours. Des amours souvent ephemeres, changeants. Ils chantent les femmes qui leur donnent la vie et l'amour comme ils chantent les chevaux et les chamelles, qui permettent et assurent leur nomadisme, leur survie en milieu hostile. Ils chantent le port des femmes comme ils chantent la beaute des gazelles et des oryx. Ils chantent la fierte de leur clan, de leur tribu, raillant, narguant, les clans adverses. Et ils chantent le vin en compagnie, l'ebriete fraternelle. C'etait avant Mohammed…

Quelques fragments…
L'ABANDON DU CAMP:
“Arrêtez vos montures vous deux et pleurons, en nous souvenant d'une femme aimée et d'un campement
Aux confins en courbe des sables entre Dakhûl et H'awmal,Tûd'ih' et l-Miqrât.
Ses traces ne sont pas effacées encore
Grâce au tissage du vent du sud et du vent du nord.
Sur ses aires et sur ses terrains plats, tu vois,
Tels grains de poivre noirs, les crottes des gazelles blanches.
Et ce fut, comme si au matin de la séparation, le jour où ils levèrent le camp,
Près des acacias du clan où la coloquinte égrenai,
Mes compagnons arrêtaient sur moi leurs montures : « Ne te laisse pas mourir, fais bonne figure ! »”

L'ELOGE DE LA FEMME AIMEE:
“Je la pris par les tempes pour l'attirer à moi et, telle une branche, elle s'inclina vers moi,
La taille fine, la cheville, où l'on met les bracelets, pulpeuse, comme arrosée,
Svelte, blanche, le ventre ferme et plat,
La gorge comme le miroir lustrée,
D'un blanc ocré comme l'oeuf d'autruche,
Nourrie d'une eau limpide et pure que nul chameau jamais n'avait souillée.
Elle se détourne et offre à la vue l'ovale d'une joue,
Des gazelles suitées de Wadjra, l'oeil aux aguets,
De la gazelle blanche, quand elle dresse le sien,
Le cou pas trop long, pas nu, mais pourvu de bijoux,
Les cheveux ornant le dos d'un noir charbonneux,
Touffus comme les grappes chargées de dattes du palmier,
La taille mince et souple comme la bride en cuir,
La jambe droite comme le jonc sous un palmier aux grappes surchargées.
Les ténèbres du soir elle éclaire,
Comme la lampe d'un ermite en son refuge nocturne solitaire.”

L'ELOGE DE LA CHAMELLE:
“Moi, quand il survient, je fais passer le chagrin
Sur une chamelle qui, ondulant sur la piste, trotte sans relâche soir et matin.
Sûre comme les planches du cercueil, elle ne bronche point. Je la stimule
Sur la robe rayée du large chemin.
Robuste comme un mâle, les chairs drues, ses enjambées font penser
À l'autruche se pavanant pour un mâle cendré, aux plumes clairsemées.
Elle défie à la course les plus racées, celles qui, à peine parties, sont déjà hors de vue, et fait suivre
Sa jambe à sa jambe sur une piste que bien des pas ont tracée.
Avec d'autres, pleines, elle a passé le printemps sur les deux collines à brouter
Les tendres jardins d'une vallée secrète que, par deux fois, la pluie avait arrosée.
Elle revient à l'appel et se garde
D'une queue aux crins mêlés des assauts d'un fauve étalon aux poils encrassés.”

L'AUTO-ELOGE:
“Je ne suis pas de ceux qui, par peur, dressent leurs camps dans les ravins,
Mais quand la tribu appelle au secours, je lui prête secours.
Tu désires me voir au cercle de la tribu, tu m'y rencontres,
Tu me pistes dans les tavernes, tu m'y prends.
Si tout le clan se réunit, tu me trouves
Au faîte de la plus noble, la plus illustre maison.
[…]
Mais je suis cet homme alerte et mince que vous connaissez,
Vif comme la tête allumée du serpent.
Et je le jure, mon flanc restera toujours la doublure
épée aux fins fils acérés.
[…]
Si j'inspirais aux hommes du mépris, il serait, certes, fâcheux pour moi
D'être en butte à l'hostilité de qui dispose d'alliés comme de qui n'en a pas,
Mais les hommes se tiennent à distance, craignant mon courage,
Mon audace, ma franchise, mon lignage !”

ET POUR FINIR EN BEAUTE, L'ELOGE DU VIN:
“Femme ! Debout ! Apporte ton cratère et verse nous la coupe du matin !
Et ne garde point en réserve les vins d'Anderine
Qu'on dirait safranés, quand, une fois coupés,
Eau tiède et vin se sont mariés.
De l'amant soucieux ils apaisent les tourments,
S'il en goûte assez pour être soulagé.
Le vilain ladre tu le vois, quand il en passe
À sa portée, mépriser ses biens pour eux.
La coupe ! Umm ‘Amr ! Tu l'as déviée !
C'est de gauche à droite qu'elle devait aller !
Umm ‘Amr ! le pire des trois n'est pas
L'ami à qui tu ne verses pas le vin du matin !
Que de coupes vidées à Baalbek !
Que d'autres bues à Damas, à Kasserine !
La mort nous rattrapera, c'est certain,
Elle à nous, nous à elle destinés !”

J'arrete de citer et je retourne relire les vers que j'ai delaisses. Non sans m'etre verse d'avance un chaud compagnon de lecture, un fidele verre de vin.
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J'avoue ne pas être très friante de poésie mais j'ai été enchantée par la plume et l'imaginaire de ces sept poètes.

Ils nous entraînent dans leur quotidien dans les déserts d'Arabie. C'est un outil pour comprendre les coutumes et moeurs de cette époque et de ce peuple, les Bédouins. On y trouve toutes les thématiques : l'amour, le voyage, la guerre, la justice.... Avec leurs descriptions riches en images, ils nous font voyager à leurs côtés. Un poème se transforme en joute poétique pouvant mettre un terme à une guerre, un poème devient une véritable déclaration d'amour, un poème renferme une morale d'une grande profondeur. Chaque lecteur peut y trouver son bonheur. Chaque poème révèle un côté qui le fera aimer de son lecteur.

L'écriture est riche, les images sont vivantes, les vers sont chantants. Chapeau à la traductrice !
Lien : https://labullederealita.wor..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Mes compagnons arrêtaient sur moi leurs montures :

« Ne te laisse pas mourir, fais bonne figure ! »

Alors qu’une larme versée m’aurait, seule, consolé !

– Mais face à des traces qui s’effacent une larme peut-elle aider ?
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Souvent, j'ai traversé des ravins déserts, creux comme des ventres d'onagres,
Où, tel le fils renié par le père, accablé d'enfants, le loup hurlait à la faim.

p. 85
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