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Critique de Luniver


Les grands classiques impressionnent toujours, et celui-ci est longtemps resté dans ma liste « pense-bête », puis dans ma pile à lire. Et il aurait pu y rester encore longtemps si je m'étais aperçu avant la fin du livre que ce que j'avais en main était seulement le tome 1, et pas la version intégrale !

Les évènements se déroulent pendant les guerres napoléoniennes : Tolstoï passe à la loupe quelques personnages représentatifs de la société russe de l'époque.

Les Bolkonsky tout d'abord : le prince André, le héros le plus complexe du roman, ambitieux et tenté par la gloire des armes, mais qui cherche désespérément une paix intérieure qui lui glisse toujours entre les doigts ; sa soeur, la princesse Marie, réputée dans le monde pour sa laideur, a décidé de sacrifier tout son bonheur pour s'occuper de son père, qui, loin de lui en être reconnaissant, la tyrannise toujours plus.

La famille Rostov ensuite, dans laquelle se nouent toutes les intrigues amoureuses du roman. Nicolas est un fervent admirateur de l'empereur et s'engage enthousiaste, et un peu désinvolte, dans l'armée. Il sera déchiré entre Sonia, son amour de jeunesse, et un mariage d'intérêt qui permettra à sa famille de rembourser ses dettes.

Pierre Bézoukhof est le dernier personnage principal du roman. Noceur invétéré, et fils illégitime d'un comte richissime, il prend possession du titre et de la fortune de son père grâce à des manoeuvres souterraines de gens qui espèrent obtenir ses faveurs. On lui force la main pour qu'il se marie avec Hélène, femme mondaine mais un peu sotte. Leur union prendra rapidement l'eau. Pierre tente de devenir meilleur et pendant la guerre, sera persuadé d'avoir un rôle crucial à jouer dans l'histoire de son pays.

Tous ces personnages, et beaucoup d'autres plus secondaires, vont s'influencer, évoluer, prendre des directions différentes au cours des évènements. Mais malgré, on a l'impression que Tolstoï prend cette histoire comme prétexte (colossal et extrêmement détaillé, mais prétexte tout de même) pour exposer ses idées sur la guerre et l'histoire.

Il prend à de nombreuses reprises la parole pour contester le point de vue des historiens. Il nie fermement que les «grands personnages de l'histoire» ou les «héros» aient la moindre influence sur les évènements, mais ne font que la subir, entraînés de la même façon que les soldats par des grands courants contre lesquels on ne peut lutter. Sa vision des batailles tranche aussi singulièrement avec le point de vue traditionnel : au lieu de voir des manoeuvres géniales imaginées par les généraux et exécutées minutieusement par les troupes, Tolstoï voit plutôt une grande pagaille, dans laquelle personne n'a la moindre idée de ce qu'il se passe exactement, et où le sort de la bataille se joue principalement sur la motivation et le patriotisme des soldats qui prennent part aux combats. Son point de vue est intéressant, mais il est trop répété sans fournir d'arguments supplémentaires, et dans l'épilogue, il devient même franchement agaçant.

L'oeuvre est colossale, mais même si elle fait un peu peur quand on la voit la première fois, elle vaut largement le détour !
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