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EAN : 9782878626698
1 pages
Editions Thélème (26/05/2011)
Édition audio (Voir tous les livres audio)
3.78/5   325 notes
Résumé :
La Sonate à Kreutzer : une affaire de famille ? Dès sa parution, en 1891, elle a déchaîné les passions, et les réponses littéraires de sa femme et de son fils rassemblées ici révèlent, de manière éclatante, les conséquences profondes de la crise morale et spirituelle de Léon Tolstoï, au cœur même de sa famille. De tous les ouvrages de Tolstoï, La Sonate à Kreutzer est sans doute celui qui dévoile, de la façon la plus remarquable, les paradoxes de son œuvre et de sa ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (44) Voir plus Ajouter une critique
3,78

sur 325 notes
Ce fut une grande joie pour moi de connaître Tolstoï que je n'avais jamais lu.

Avoir le point de vue d'un meurtrier, essayer de comprendre son acte, j'apprécie cela comme je l'avais aimé dans L'adversaire. Ce récit surtout permet à l'auteur de démonter plusieurs faux semblants de la société: le "droit" des hommes d'être volage avant d'être fiancé, le mariage de convenance et la joie qu'il peut apporter... Cette société de mensonges, de faux semblants, de paraître est dénoncée par l'auteur et montre comment cela peut mener au pire par le biais du meurtre que le personnage a commis. Finalement, ce livre m'a beaucoup fait pensé à un traité philosophique, le sujet comme le registre, le vocabulaire employé. Ce meurtrier a une éloquence parfaite tout de même! de ce fait aussi, le livre est parfois dur à suivre et peut sembler long... Il faut donc tout de même un minimum s'accrocher à ce livre (3heures de livre audio ou environ 300 pages). J'aurais aimer également que le narrateur prenne une place plus importante, participe au débat... au lieu de juste retranscrire les paroles du meurtrier...

Enfin, j'aimerais apporter une attention particulière au titre que je trouve tellement bien choisi, il retranscrit toute l'intensité de l'horreur que vit le meurtrier avant d'en arriver à cet acte...

Maia et les livres audio: première découverte pour moi d'un livre audio. C'est agréable pour moi de pouvoir écouter un livre en marchant et je pense bien à ceux qui en ont besoin, c'est bien pratique. La voix du narrateur est importante et il faut donc bien le choisir. Ici, elle était bien posée, avec une bonne élocution, bien choisie. Juste un petit problème, le dialogue est parfois un peu dur à suivre lorsqu'on a pas les tirets sous les yeux! Enfin, 20 euros pour un livre audio, même si je ne l'ai pas acheté pour ma part, je dois dire que cela est cher, surtout pour un livre ancien... (qui doit être libre de droit je suppose?)
Lien : http://lecturedemaia.canalbl..
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Tempora mutantur et nos mutamur in illis.

J'ai lu pour la première fois "La Sonate" quand j'étais au lycée, et mon impression était alors fort mitigée. Bien que j'aie toujours aimé Tolstoï, cette fois-ci, le géant du réalisme russe ne m'a tout simplement pas convaincue. "Ce n'est pas un livre pour moi", me disais-je, tout en pensant des opinions de Pozdnychev qu'elles ont dû rester coincées quelque part à l'époque de la première édition du "Domostroï", sous le règne d'Ivan le Terrible.
De plus, je lisais "La Sonate" juste après "Le bonheur conjugal", et malgré les similitudes dans le scénario, on peut difficilement imaginer un contraste plus grand. "Le bonheur conjugal" est l'oeuvre fraîche d'un jouvenceau, "La Sonate à Kreutzer" a été écrite par un vieillard amer, déçu par la vie.
Je me disais encore que le mariage de Léon avec Sophie a dû, à certains moments, très probablement ressembler à "La Sonate". L'appel à l'abstinence sexuelle et à la pureté ne convient pas à tous, mais pourquoi pas... ceci dit, je n'arrivais pas à digérer le fait que Tolstoï a pu montrer à sa femme, juste avant le mariage, le journal de ses pires débauches (à part "La Sonate", on trouve le même motif aussi dans "Anna Karénine"), et ensuite exiger l'abstinence stricte de la part de tous les autres. Au début de sa relation il était aussi passionné que Vronski, puis il a dû perdre quelque peu la tête, ce qui a mené à son étrange départ du domicile conjugal.
Tout comme le héros de "La sonate", qui a ensuite transpercé sa femme avec un kinjal. Eh, ainsi va la vie...

J'ai abandonné mon projet initial de coller à Lev Nikolaïevitch une note misérable, et à la place j'ai relu l'histoire encore une fois, avec le recul d'un quart de siècle. J'ai bien fait.
Je n'ai pas changé d'avis sur les opinions de Pozdnychev (qui sont partiellement celles de l'écrivain, qu'on se le dise ; sa propre postface à l'appui), mais cette nouvelle tardive nous permet de faire une intéressante excursion dans l'esprit tourmenté de Tolstoï à l'époque de sa crise mystique, et dans son désir d'atteindre l'idéal christique de ses origines. Renoncer aux plaisirs de ce monde, en leur préférant une intense vie intérieure et les amours platoniques, car les passions détruisent tout. Les opinions sur la condition féminine et sur l'institution du mariage étaient osées, pour l'époque (néanmoins, très lucides en ce qui concerne l'hypocrisie de la société : cette obsession de "marier à tout prix"), et je comprends mieux les impressions tièdes du président tchèque Masaryk, lors de sa visite à Tolstoï (qu'il admirait sincèrement en tant qu'écrivain) à Poliana, ainsi que leur différend sur le sujet. Malgré sa simplicité et ses origines campagnardes, Masaryk n'arrivait pas à être à l'aise devant la tenue de moujik de Tolstoï ni devant son isba ascétique, qu'il considérait comme une sorte de pose. Il n'était pas amateur des extrêmes, et je ne le suis pas non plus : même Lévine, dans "Anna Karénine", qui est souvent considéré comme l'image idéalisée de Tolstoï, a réussi a être heureux avec sa Kitty... ("Mais qui sait pour combien de temps !?", souffle cyniquement Pozdnychev derrière notre dos.)

Quoi qu'il en soit, "La Sonate" est une nouvelle brillamment écrite. Non seulement elle se lit bien (trop bien !), mais elle donne de quoi réfléchir. Tout comme son rival littéraire Dostoïevski dans "La Douce", Tolstoï laisse son protagoniste faire l'autopsie de son mariage tragique à la première personne, mais la ressemblance s'arrête là.
Le cadre est situé dans un train (ah, cette omniprésence des trains, chez Tolstoï !) : après une discussion animée des passagers sur le sujet de la condition féminine, le narrateur reste seul en compagnie de l'assassin Pozdnychev, qui lui raconte jusqu'au petit matin son histoire. Peu importe qui est ce "narrateur" ; son rôle est de poser les questions qu'on pourrait éventuellement se poser, et porter un regard extérieur sur le récit de Pozdnychev. Un raffiné coup de maître de la part de Tolstoï !

Les années de l'innocence, les années de la débauche frénétique, et ensuite les années de la vie de couple de Pozdnychev. Ses déceptions, quand l'enchantement des débuts se transforme en incompréhension mutuelle, ses dégoûts, et surtout ses jalousies paranoïaques. La sonate que sa femme interprète au piano accompagnée au violon par son amant (potentiel) sera l'élément déclencheur de la chute.
La lecture engendre une certaine perplexité. On se dit que l'auteur ne peut pas être sérieux : les femmes prennent dans le récit plus ou moins un visage de succubes, mais on admire d'autant plus la maestria psychologique de Tolstoï. Personne ne peut affirmer (et à quoi bon, d'ailleurs ?) qu'il s'identifie entièrement avec les opinions ultra-conservatrices du marchand du début de l'histoire, ni avec celles de son protagoniste principal : il montre lui-même, dans les détails, leur côté ridicule et obscurantiste. On peut se couler très facilement dans l'esprit de Pozdnychev - je n'ai jamais lu une meilleure étude psychologique d'un patriarche jaloux ! - mais il n'inspire certainement pas une once de compassion. Un despote est décrit comme un despote. Et dire que ces gens prônent des idéaux, des modèles utopiques de la vie... ne serait-ce pas toujours le cas ?
Oui, il est probable que Tolstoï a tout de même essayé d'y vendre ses opinions extrêmes, son regard d'un yourodivy sur le monde, mais il l'a fait avec une telle connaissance de la psychologie humaine et avec une telle dose d'ironie noire qu'on ne peut en aucun cas les considérer comme des prescriptions de vie idéale.
La fin, qui décrit la transe et la folie meurtrière du héros, est un pur coup de génie. La première vague impression que le héros ne comprend rien à la complexité des relations humaines est très vite balayée par la découverte que l'auteur, lui, la comprenait, et ceci extrêmement bien.

J'applaudis donc une fois de plus les talents littéraires et l'esprit raffiné de Tolstoï, tout en sachant que je n'arriverai jamais à apprécier tout à fait ses oeuvres tardives. Ce n'est pas dans mes humbles moyens... Allez savoir pourquoi, je pense tout d'un coup à "La mégère apprivoisée" de Shakespeare. Il y a au monde beaucoup de couples du type Bianca-Lucentio, dont la relation courtoise pourrait plaire au génie russe. Mais diable, j'ai toujours eu une nette préférence pour ces rebelles petrucciens ! Team Catharina.
D'où mes 4,5/5.
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La musique n'adoucit pas toutes les moeurs.
Pas celles de TolstoÏ dont l'espérance se meurt. Il a succombé à la sonate à Kreutzer. Mais qui est ce kreutzer, avec ce nom de biscotte ? Il s'agit d'un violoniste virtuose à qui le compositeur avait dédicacé sa sonate pour violon et piano n°9. Pas reconnaissant, le soliste refusa toujours de la jouer. Beethov n'en crut pas ses oreilles, peut-être parce qu'il était sourd.
Je ne vais pas vous raconter des sornettes ou des sonates, il n'est pas du tout question de ce violoneux ingrat dans cette histoire mais je voulais étaler ma culture de récup wikipédiesque.
A bord d'un train, Pozdnychev raconte à un narrateur qui ne lui avait rien demandé comment il en est arrivé à tuer son épouse par jalousie, persuadé que cette dernière entretenait une liaison avec un violoniste. Peut-être l'origine de l'expression « Et si tu arrêtais de me jouer du violon ! » vient de là. Je dis n'importe quoi.
Le roman est très court, à l'échelle de Tolstoï, c'est à peine plus long qu'une préface, mais ce récit symbolise son puritanisme tardif. le comte a renié sa jeunesse de débauche et son train de vie de première classe et sa conversion mystique l'amène ici à condamner la passion et les rapports sexuels, même durant le mariage, institution qui emprisonne. Fini les dérogations à l'immaculée conception.
Tolstoï a vieilli, il est rongé d'amertume lorsqu'il écrit ce roman qui fera scandale, qui sera censuré mais il reste un incroyable écrivain. le poison de la jalousie est décrit crescendo avec virtuosité et une force narrative unique. Et puis, quelle résonnance avec la vie de l'auteur, qui annonce presque à demi-mot dans ce livre à sa femme Sophie, son intention de finir sa vie, seul, en ermite chrétien.
La mère de ses 13 enfants, comme quoi l'abstinence a ses limites, prendra sa plume pour répondre à l'ogre dans deux récits qui égratignent l'image du génie. le couple est déchirant, transite entre guerre et paix mais ce n'est pas elle qui le quittera. Reviens Leon, j'ai les mêmes à la maison !
Certains passages sont dérangeants. Pozdnychev plaide coupable, il ne recherche pas le pardon mais il se présente comme victime d'une malédiction, celle des démons du péché. Mon obsession avait pris le contrôle de mon âme, votre honneur. Argument un peu léger devant un tribunal.
J'ai écouté la fameuse sonate. Je me demande comment elle a pu inspirer une telle noirceur alors que le piano et le violon s'y répondent de façon si harmonieuse.
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Comment ai-je pu considérer La sonate à Kreutzer comme le meilleur livre jamais écrit ? Comment ai-je, après relectures diverses, considéré seulement l'analyse d'un couple qui se déchire ?
Comment n'ai-je pas lu le message évident, et explicité longuement en conclusion par Tolstoï, en réponse aux questions qui lui ont été posées ?
A la dernière relecture, un peu comme lorsque l'on ouvre les yeux et qu'on découvre les illusions qui nous ont aveuglés, la nouvelle me semble finalement, à la fois, inacceptable et moderne.
Inacceptable, puisque Tolstoï va très loin dans son dégout absolu de l'amour charnel, y compris chez les couples mariés, y compris s'ils s'aiment.
Pas de sexe. Point.
Donc plus d'enfants, qui pourrissent la vie de toute façon, et donc anéantissement voulue de l'humanité.
Moderne, car je sais, bien des romans apocalyptiques se basent sur le concept du triomphe de la nature corrélative à la fin de l'homme exterminateur.

Tolstoï a certes été emporté par son mépris des médecins, qui interviennent toujours au mauvais moment lors des accouchements, et qui, contre émoluments, interdisent à la femme d'allaiter et de faire l'amour. Il est emporté, d'autre part, par son moralisme, sa volonté de pureté, de communiquer presque saintement avec sa moitié. Problème.

Problème sans solution, puisque le désir est là, ses sortilèges rendent fou, rien ne peut l'éteindre : il se déguise alors en « amour », imposture de toute l'histoire, car pour exister il faut de la coquetterie, des pièges féminins dit l'auteur, et, du côté de l'homme, trop de nourriture liée à la fermeture de « la soupape de sûreté » du sexe payant : le tout exacerbant les sens.
Voilà, le traquenard est en place, l'amour est inventé, la poésie, l'attendrissement, et bien évidemment le sexe permis au cours de cet amour marital.

Les contradictions de Tolstoï dans sa vie privée apparaissent au grand jour : les difficultés de son couple avec Sonia/Sophie, horrifiée à la lecture de ce récit, où deux époux s'aimantent pour le plaisir mais n'ont rien à se dire et se déchirent, ou les réconciliations n'effacent jamais les récriminations. La colère de Sophie est bien compréhensible, puisqu'elle voyait l'autobiographie se profiler ;
Elle a lu les pages qui ne la concernaient pas, sur le piège où les femmes sont forcées, comme de petites souris, ou mieux des esclaves mises sur le marché, de plaire(de se faire acheter) .
Or, Sonia/ Sophie est bien plus qu'une petite souris, elle écrit son journal parallèlement à celui de son mari, qui lui a dévoilé le sien avant de se marier avec elle ( ses excès sexuels avec des paysannes et des serves).

Et pourtant, malgré sa blessure, elle aussi est en proie à la contradiction : elle ira voir le tzar lorsque la nouvelle sera rejetée comme immorale, pour qu'elle soit éditée.
Et elle réussira, car rien ne lui résiste, à la faire accepter et paraître.
A-t-elle, comme moi, lu ce pamphlet comme une apologie soupirante des droits de la femme à choisir, à se trouver « l'égale de l'homme, à avoir le droit d'user de l'homme ou de s'abstenir de lui selon son désir, de choisir selon son désir et non d'être choisie. » ?
A-t-elle, par amour, vu le potentiel formidable de son impossible et génial mari ?

J'ai dit inacceptable et moderne, je dis finalement étrange et génial, car analyse multi facettes, jeux dangereux qu'est la volonté d ‘être toujours en phase lors d'un mariage, provocation au crime, manipulations réciproques.
Génial.
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Tolstoï a écrit cette nouvelle en 1891, après avoir entendu la sonate de Beethoven, qui l'a ébranlé (au passage, j'aime Beethoven mais, pas du tout cette oeuvre, tout comme la symphonie héroïque), et il n'y va pas de main morte!

En gros, si on résume, le mariage est à rejeter, la sexualité battue en brèche : l'auteur prône la chasteté, purement et simplement et tant pis si l'espèce humaine est vouée à la disparition pure et simple. On a d'un côté les prostituées, de l'autre l'épouse qui se doit d'être vierge et pour finir, le mariage qu'il considère comme de la prostitution légalisée.

En fait, le héros Posdnicheff est doté d'un ego surdimensionné, et ramène tout à lui, même leurs six enfants passent au second plan pour lui, à part son préféré. Ses réactions lorsque le médecin interdit à sa femme d'allaiter leur premier enfant donnent une idée de son mode de fonctionnement. C'est à ce moment-là que la jalousie maladive se manifeste pour la première fois. Les enfants sont cause de troubles dans le mariage.

« Oui, la jalousie ; la jalousie sans cause, c'est la condition de notre vie conjugale débauchée, et, durant tout le temps de mon mariage, jamais je ne cessai de l'éprouver et d'en souffrir. »

L'auteur a choisi la jalousie, la folie de son héros pour exprimer cette conception de la femme et du mariage et exprimer le dégoût, opposant la fornication à la chasteté, mais aussi pour montrer la montée en puissance de la violence, de la colère qui vont aboutir à la mort. Il peut ainsi, exprimer comment un esprit dérangé peut interpréter tout ce qu'il voit ou entend pour étayer son raisonnement vicié à la base.

La place occupée par la musique est très importante, elle aussi : tout d'abord, c'est par la musique que se rencontrent la femme du héros et le musicien Troukhatchevski, tous deux interprétant « la sonate à Kreutzer », elle au piano, lui au violon. Et la complicité dans la musique suffit à déclencher la jalousie du mari.

Ce qui m'a plu également dans cette nouvelle, c'est la manière dont on alterne le récit du héros (qui raconte les évènements en les réinterprétant, tentant de les expliquer), ce qui donne un rythme rapide, logorrhéique, et en écho, le narrateur qui essaie de calmer les excès, un récit à deux voix, comme la sonate.

Une lecture vraiment troublante. J'ai dû m'accrocher pour aller jusqu'au bout, tant l'opinion du mariage et de la femme du héros m'irritait. Au moment où il a écrit cette nouvelle Tolstoï traversait une période sombre, mystique. Elle a, du reste, été très mal accueillie par ses lecteurs. On imagine la réaction qu'a pu avoir sa femme!

La deuxième moitié est plus facile, probablement car il y a moins de théorie et qu'on est davantage entré dans l'action proprement dite. Cette lecture a été difficile, mais elle m'a plu. Je ne la conseillerais pas pour aborder l'auteur, car il faut être familiarisé avec lui. Cependant, je préfère la manière dont Dostoïevski aborde la folie.

Cette vidéo qui alterne la sonate et le récit est sublime :

https://www.youtube.com/watch?v=vqu84m3M4Qo

Challenge XIXe siècle 2017
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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"Mais où voyez-vous ce pouvoir exceptionnel ? demandai-je.
– Où ? Mais partout, dans tout. Allez voir les magasins dans une grande ville. Il y a là des millions ; il est impossible d’évaluer l’énorme quantité de travail qui s’y dépense. Or, dans les neuf dixièmes de ces magasins y a t-il quoi que ce soit pour l’usage des hommes ? Tout le luxe de la vie est demandé et soutenu par la femme. Comptez toutes les fabriques. La plupart travaillent à des ornements inutiles, équipages, meubles, hochets pour les femmes. Des millions d’hommes, des générations d’esclaves s’usent à ce travail de forçats dans les fabriques, uniquement pour les caprices des femmes. Les femmes, telles des reines, gardent comme prisonniers de guerre, dans les travaux forcés, les neuf dixièmes du genre humain. Et tout cela parce qu’on les a humiliées en les privant de droits égaux à ceux de l’homme. Elles se vengent sur notre volupté ; elles nous attrapent dans leurs filets. Oui, tout est là."
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- Remarquez la manière dont se font les mariages. Qu’est-ce qui devrait être plus naturel ? La jeune fille est nubile, il faut la marier ; rien de plus simple. À moins d’être un laideron, elle trouvera des soupirants. Dans l’ancien temps, quand la jeune fille atteignait l’âge voulu, les parents la mariaient. Cela se passait ainsi et se passe encore ainsi dans le monde entier, chez les Chinois, les Hindous, les musulmans, chez nos paysans et en somme dans les quatre-vingt-dix-neuf centièmes de l’humanité. Un centième à peine, nous, gens corrompus, avons trouvé mauvaise cette façon de procéder et nous avons cherché autre chose. Nous avons trouvé quoi ? Les jeunes filles sont exposées comme en foire où les hommes ont entrée libre pour faire leur choix. Les jeunes filles sont là et pensent, sans oser le dire : "Prends-moi, chéri ! Moi, non pas elle ! Vois mes épaules et le reste." Nous, hommes, nous passons et repassons, nous les examinons, et sommes tout satisfaits de penser : "Je sais, je sais, je ne me laisserai pas prendre." Qu’on ne se gare pas assez, pan ! on est pris !
- Mais, lui dis-je, comment en pourrait-il être autrement ? Voulez-vous que ce soient les jeunes filles qui fassent la demande en mariage ?
- Est-ce que je sais ? Mais s’il est question d’égalité : que l’égalité soit réelle. On a trouvé honteux les marieuses et les médiateurs : notre système est mille fois pire. Là, les droits et les espérances sont égaux ; ici, la femme est une esclave qu’on offre ou un appât dans un piège ; ce qu’on appelle « faire son entrée dans le monde », n’est simplement qu’une chasse au mari. Dites toute la vérité à une mère ou à sa fille, c’est-à-dire que leur unique préoccupation est la chasse au mari : vous les offenserez gravement. Cependant, c’est leur seul but, elles ne peuvent en avoir d’autre. Et ce qu’il y a de plus terrible, c’est qu’on voit de toutes jeunes filles, naïves et innocentes, qui font ces choses en ignorant ce qu’elles font.
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- Vous demandez comment l’humanité pourrait se perpétuer ? finit-il par dire en se plaçant en face de moi et en posant ses coudes sur ses jambes largement écartées. Est-il bien nécessaire qu’elle se perpétue, l’humanité ?
- Mais autrement nous n’existerions pas.
- Et pourquoi faut-il que nous existions ?
- Pourquoi ? Pour vivre !
- Pour vivre ? [...] Jugez-en : si le but de l’humanité est de réaliser le bonheur, la bonté, l’amour, – à votre choix, – si le but de l’humanité est, comme il est dit dans les Prophètes, l’union de tous les hommes dans l’amour, la transformation des lances en faucilles, etc.…, quel est l’obstacle à cette union ? Il est dans les passions. Et parmi les passions, la plus forte, la pire, la plus tenace, est la passion charnelle. Quand on aura réprimé les passions et, avec toutes, la plus violente : l’amour charnel, la prophétie se réalisera, l’union entre les hommes s’établira, et l’humanité, ayant atteint son but, n’aura plus de raison d’exister. Mais tant que l’humanité subsiste, un idéal la dirige ; non, certes, l’idéal des lapins ou des porcs : se multiplier et croître ; ni celui des singes et des Parisiens : la jouissance raffinée des plaisirs charnels, mais l’idéal de bonté qui ne saurait être réalisé que par l’abstinence et la pureté. C’est l’idéal que les hommes ont toujours visé et visent encore…
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- [...] L’esclavage de la femme est uniquement dans le désir des hommes d’en faire un instrument de jouissance, désir qu’ils estiment parfaitement justifié. On émancipe la femme, on lui octroie des droits égaux à ceux de l’homme, mais on l’envisage toujours comme un moyen de plaisir. Elle est élevée dans cette idée depuis l’enfance, et l’opinion générale l’y confirme. C’est ainsi qu’elle continue à demeurer une esclave soumise et dépravée, tandis que l’homme reste l’éternel maître débauché. On émancipe la femme en lui facilitant l’accès à l’Université, au Parlement, mais on continue à la traiter en objet de volupté. Apprenez-lui, comme on le fait, à croire qu’elle l’est, et elle demeurera toujours un être inférieur. [...] Seule la modification de l’idée que l’homme se fait de la femme et de celle-ci sur elle-même pourrait y apporter un changement.
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- [...] L’absence des droits de la femme n’est pas dans la privation du droit de vote ou du droit de magistrature, mais dans ce que, en ses relations sexuelles, elle n’est pas l’égale de l’homme, elle n’a pas le droit d’user de l’homme et de s’abstenir, de le choisir au lieu d’être choisie. Vous dites que ce serait abominable, bon ! Mais alors que l’homme n’ait pas non plus ces droits, tandis que sa compagne en est privée et se trouve forcée d’agir par la sensualité par laquelle elle domine, de telle sorte qu’il en résulte que l’homme choisit "formellement", tandis qu’en réalité c’est la femme qui choisit. Dès qu’elle est en possession de ses moyens, elle en abuse et acquiert une suprématie terrible.
- Mais où voyez-vous cette puissance exceptionnelle ?
- Où ? Mais partout, dans tout. Allez voir les magasins dans une grande ville. Il y a là des millions, des millions. Il est impossible d’estimer l’énorme quantité de travail qui s’y dépense. Dans les neuf dixièmes de ces magasins y a-t-il quoi que ce soit pour l’usage des hommes ? Tout le luxe de la vie est demandé et soutenu par la femme. Comptez les fabriques, la plus grande partie travaillent à des ornements féminins ; des millions d’hommes, des générations d’esclaves meurent dans des travaux de forçats uniquement pour les caprices de nos compagnes.
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