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Louis Bonalumi (Traducteur)Giorgio Bassani (Préfacier, etc.)
EAN : 9782020516570
155 pages
Seuil (19/03/2002)
3.59/5   68 notes
Résumé :
Giuseppe Tomasi di Lampedusa n'a écrit que deux livres : Le Guépard et celui-ci. Le premier est un chef-d’œuvre, le second lui ressemble, et l'éclaire.

Ici, l'auteur nous livre, dans un long texte autobiographique, quelques-unes des sources cachées qui ont présidé à l'écriture du Guépard, et trois nouvelles qui plongent toutes au plus profond de la société italienne. Les dernières pages du Professeur et la Sirène ont aussi la chaleur d'un aveu, le plu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
CERTAINS ESSAIENT, D'AUTRES MAGNIFIENT.

Certains écrivains, rares, brillent au firmament des lettres, des arts et de la pensée quoi que n'ayant écrit, pour aller vite, qu'une seule oeuvre majeure que l'on peut cependant résumer d'un mot : CHEF D'OeUVRE ! Ainsi en est-il de Raymond Radiguet et de le Diable au corps, d'Alain-Fournier et de son magnifique le Grand Meaulnes, Emily Brontë et son incroyable Les Hauts de Hurle-Vent, L'attrape-coeurs de J. D. Salinger, l'inquiétant Maldoror du Comte de Lautréamont (pseudonyme d'Isidore Ducasse), ou encore l'universel Don Quichotte de la Manche de Miguel de Cervantès. Ces livres, et bien d'autres encore, resplendissent sans aucune espèce de doute au sommet de la création humaine, et ce n'est pas faire injure à leurs Prométhée que d'oser affirmer que leur réputation tient presque intégralement à ce seul, intense moment de grâce et de génie. Il en est un, parmi les lettres italiennes qui relève indubitablement de cet engeance - bien souvent malencontreuse car, dans de nombreux cas, résultante d'une mort trop précoce du créateur -, c'est à n'en point douter le prince Giuseppe Tomasi di Lampedusa, auteur posthume du célèbre (et immense) roman : le Guépard. Toutefois, comme dans nombre de matières humaines, les choses sont bien moins simples et définitives qu'il pourrait d'abord y paraître. Ainsi, Lampedusa, s'il s'en fallu de peu qu'il visse son fameux roman publié de son vivant - tandis qu'il était, pour l'essentiel, achevé - ne cessa-t-il pas pour autant d'écrire au cours de ces deux ultimes années de son existence, foudroyé par un cancer du poumon - nous sommes en 1957-59 - puisqu'il était engagé dans une série de nouvelles ainsi que la rédaction de souvenirs d'enfance, qu'il avait regroupés sous cette appellation de "i raconti" (Les histoires) et qui nous sont proposés par les éditions Points-Seuil sous le titre de "Le professeur et la sirène", le recueil posthume reprenant en français le titre de sa plus étonnante et merveilleuse, dans toutes les acceptions du mot, nouvelle.

Trois nouvelles, donc, ainsi que ces "souvenirs d'enfance", sortes de réservoir incroyable à ce qui sera le Guépard et qui nous sont proposées et savamment présentées par le traducteur et universitaire Jean-Paul Manganaro dans une nouvelle et éclairante édition.

le recueil s'ouvre sur "Les lieux de ma première enfance": un texte autobiographique associant des souvenirs à des lieux, selon un procédé que pratiqua aussi, me semble-t-il, Perec. Souvenir d'une maison urbaine aux pièces innombrables, parfois inachevées, parcourues avec le chien Tom; souvenir de la cérémonie du tocchetto lors des visites. L'autre maison d'enfance, à Santa Margherita, est atteinte au bout d'un long voyage en train puis en voiture, qui laisse la famille fourbue, couverte de poussière et assoiffée, tandis qu'elle est accueillie par la fanfare municipale. La demeure est là encore une maison de famille comportant une "chambre aux carrosses" remisant deux voitures du 18e siècle, une église et un théâtre où s'installent les troupes ambulantes.

"Les Chatons aveugles" nous replongent dans l'atmosphère du Guépard. Il s'agirait d'ailleurs du premier jet d'un projet de roman envisagé par Lampedusa, lequel ne verra, on s'en doute, jamais le jour. On y croise, sans jamais véritablement le voir, un ancien métayer, fils d'un de ceux que l'on croise dans le Guépard, que la nouvelle Sicile de l'après aggiornamento a enrichi de manière aussi incroyable qu'outrecuidante tandis que les aristocrates qu'on croise dans leur club s'essaient à comprendre comment une telle fortune a pu lui arriver si rapidement. le métayer en question est donc un homme de basse extraction dont le domaine ne cesse de s'agrandir. Âpre au gain, il mène par ailleurs une vie presque avaricieuse. Mais l'aristocratie qui a perdu son faste et son pouvoir, et en particulier le descendant du fameux prince de Salina, se plaisent, en hommes du sud, à imaginer mille scénarios transformant ce mystérieux Don Batassano en truand coupable de multiples assassinats. Plus fantastique encore, la rumeur rapporte qu'il aurait, pour impressionner le roi, fait creuser un canal, rassemblé ses bêtes et on aurait trait les vaches et les brebis toutes ensemble pour former un ruisseau de lait tiède et crémeux digne de l'âge d'or. C'est manifestement faux, mais il s'avère que les aristocrates ont besoin de se fabriquer des légendes, eux qui pressentent qu'ils n'en sont plus en ces temps nouveaux, que leur caste est même sur le point de mourir à petit feu, et dans l'indigence future plus que probable.

Enfin "Le bonheur et la loi", la plus brève des nouvelles présente dans ce recueil posthume, est proche du naturalisme vériste en vogue au XIXème siècle. Il y est question d'un rond de cuir à la situation financière précaire qui reçoit de ses collègues à Noël un panettone de 7 kilos qu'il s'agissait d'attribuer au collègue le plus méritant… S'ensuit une question d'honneur tout autant que de dignité au cours de laquelle le fameux panettone ne va, semble-t-il, pas finir dans les ventres affamés des rejetons de notre malheureux employé.

Mais c'est surtout "Le professeur et la sirène" qui retient l''attention du lecteur car, bien que presque unique en son genre, celle-ci confine au génie, à l'instar du seul roman de l'auteur. Ce long et sublime texte met en scène deux Siciliens se rencontrant inopinément à Turin en 1938. Il s'agit d'un jeune journaliste - au nom désormais connu des lecteurs de Lampedusa puisqu'il s'agit d'un ultime descendant direct des Salina - et d'un vieil helléniste de grande renommée aussi grande qu'il est un terrible misanthrope. Deux personnages que tout sépare a priori mais que la nostalgie de la Sicile réunit. Un jeune viveur, de bonne famille Corbera di Salina « le seul exemplaire survivant de la famille. tous les faites et péchés, toutes les redevances inexactes, les dettes impayées, toutes les Guéparderies, en somme étaient concentrées en moi seul » et un vieil érudit, intraitable sénateur, arrogant, misogyne. Une amitié se nouera cependant nourrie d'oursinades et de vin de Sicile, qui se verra confirmée par une confession confinant à l'impossible et au fantastique au cours d'un repas d'anthologie.

«Car Lampedusa est le digne héritier de Proust. Chez lui aussi, les objets sont les réceptacles d'une vie intérieure. Aussi doit-on lire les infinies descriptions qui émaillent ces « Souvenirs d'enfance » comme des incursions, aussi sensitives que psychanalytiques, dans un territoire mythique qui annule tout rapport rationnel au temps. La fertilité inouïe de l'imagination enchante le réel ; chez Lampedusa, un escalier ou une tâche d'humidité racontent une histoire et, plus encore, attestent d'une personnalité. Et il y a quelque chose de profondément émouvant à savoir que les textes réunis dans ce recueil n'ont pas été écrits pour être présentés au public tels quels; quelque chose qui en rend la lecture fugitive et intime. Ce prince sicilien, terrassé en trois mois par un cancer du poumon, un an seulement après avoir détaché son fulgurant « Guépard » et sans avoir eu le temps de continuer son oeuvre, avait vu depuis longtemps s'effondrer son monde.» explique Romane Lafore dans son excellente critique de ce recueil. Il faut aussi ajouter que devant la réception incroyable de son unique roman, et quel !, les amateurs tout autant que les spécialistes auront tout fait pour mieux comprendre ce prince tellement énigmatique se cachant derrière un nom célèbre, sans doute, mais ayant tellement peu dit de lui. Aussi, ces "work in progress" que représentent ces quatre textes éclairent-ils un peu, à leur manière, les intentions, la profondeur, les attachements et références littéraires d'un homme disparu presque sans mot dire.

C'est sans doute ainsi que Lampedusa est grand - Vialatte ne nous en voudra pas trop de l'emprunt détourné -, dans cet entre deux d'une vie aux dates essentielles connues, aux goûts romanesques plus ou moins éprouvés (pour preuve ces manières de leçons pour étudiant quasi unique autour de Stendhal - osons dire "son chouchou" ? -, de Shakespeare, de Byron, que les excellentes éditions Allia ont intelligemment éditées) mais aux intentions définitivement jamais totalement éclaircies. Osons le dire : c'est très certainement une excellente chose car le proustien Lampedusa devait fort probablement partager l'opinion du maître de "La Recherche" dans son Contre Sainte-Beuve. Un peu de mystère ne nuit jamais, et le bonheur du lecteur d'y participer !
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Guiseppe Tomasi di Lampedusa est connu pour ainsi dire exclusivement pour son roman le Guépard, écrit tardivement et publié après sa mort ; livre qui a donné lieu au film fameux de Visconti. Les courts textes rassemblés dans ce petit volumes semblent avoir été écrit avant le roman. Il s'agit d'un texte auto-biographique se rapportant à quelques moments de l'enfance de l'auteur, et de trois nouvelles.

Les lieux de ma première enfance, raconte quelques souvenirs se rattachant à deux lieux essentiels pour le jeune di Lampedusa : le palais familiale à Palerme, détruit dans des bombardement pendant la seconde guerre mondiale, et une résidence à la campagne, Santa Margherita, immense propriété comprenant trois cours, une église privée, un théâtre… Une enfance qui ressemble à un roman, dans des propriété fastueuses, remplies d'invités, de domestiques, de pièces et d'objets étranges, de souvenirs et de rites. L'auteur en garde la nostalgie, et les quelques dizaines de pages du récit, sont un voyage dans le temps, dans un monde disparue, cruel et doux à la fois. Ce n'est sans doute qu'un fragment, des impressions un peu jetées comme elles viennent, mais écrites de façon somptueuse

La matinée d'un métayer, la première des trois nouvelles qui complètent le volume, se situe dans l'univers du Guépard, et sans doute préfigure le grand roman de Lampedusa. le bonheur et la loi, est un court texte centré sur un personnage de pauvre comptable, drôle et cruel, touchant et ramassé.

La troisième nouvelle, la plus longue, qui donne son titre au roman, le professeur et la sirène, évoque la figure d'un vieil helléniste que rencontre un jeune journaliste. Malgré leurs différences, les deux hommes originaires de Sicile sympathisent, et le narrateur nous rapporte ces rencontres avec le professeur, qui se livre petit à petit, jusqu'à raconter l'événement le plus essentiel de sa vie, entre rêve, poésie et questionnement sur le sens de la vie.

On regrette bien sûr, en lisant ces textes, que di Lampedusa n'ait écrit que que si tard et si peu, tant ces textes, et surtout la dernière nouvelle, sont des petites merveilles. A découvrir.
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Même si son nom est connu comme homonyme d'une île qui évoque plutôt la misère de migrants abandonnés, Giuseppe Tomasi, duc de Palma et prince de Lampedusa a vécu la vie d'un aristocrate sicilien de grande culture européenne dans la première partie du 20ème siècle.
Il écrira très peu mais laissera des traces dans la littérature italienne grâce à son chef-d'oeuvre "Le guépard" adapté au cinéma.
On trouve ses nouvelles et texte autobiographique dans un recueil intitulé « le professeur et la sirène » mais ici mon commentaire ne concerne qu'une seule nouvelle, la principale. le texte a été choisi par Michel Favory, sociétaire de la Comédie-Française, pour être lu dans le cadre du Grenier des acteurs, moment à part dans la programmation de la Comédie-Française, proposant des lectures publiques. C'est donc sous le format audio que j'aborde cette lecture.
Le contraste entre la chaleur de l'été sicilien et la froideur d'un café turinois dans lequel le narrateur va rencontrer un personnage hors du commun est particulièrement bien rendu.
Le narrateur, Paolo Corbèra, est journaliste à Palerme mais va devoir s'exiler à Turin pour s'éloigner de ses conquêtes féminines prêtes à se venger de ses infidélités. C'est là qu'il rencontrera le sénateur Rosario la Ciura également exilé en Italie du Nord et originaire de Sicile. Il deviendra l'ami de ce vieil homme ironique, professeur de Grec, qui lui racontera son histoire, celle d'une passion amoureuse avec une jeune sirène qui le révélera à lui-même.
Et bien, j'y ai cru et j'ai été émue grâce à une belle écriture.


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Curieux phénomène que la lecture qui, de livre en livre, est capable d'ouvrir votre esprit sur un sujet jusqu'alors ignoré de vous, de dessiner le paysage d'un pays que vous allez visiter, de donner une idée des caractères d'une population ou de faire vivre des évènements lointains…
Après avoir découvert le roman « le Guépard » de Giuseppe Tomasi de Lempedusa, je me suis plongée dans son recueil de nouvelles et de souvenirs « Le Professeur et la Sirène ». Familiarisée avec les personnages et les décors siciliens par la précédente lecture, j'ai goûté davantage les textures et les voix retranscrites dans cet autre ouvrage, devinant même les filiations et les mémoires souterraines qui les liaient sur cette terre où le soleil règne, la misère perdure tandis que se succèdent les colonisateurs.
Je songe à aller en Sicile au joli mois de mai. Donc je vais continuer à lire des choses sur cette île. Et, qui sait, si canotant de livre en livre, je n'aurais pas l'impression une fois sur place de reconnaître dans la poussière du sol, les visages chantants d'anciens paysans, les pierres parfumées des monuments, les traces des pages lues pareilles à des souvenirs préparatoires au voyage intérieur. Lire avant de partir rend l'âme cosmopolite, pas touristique.

© Patricia JARNIER- Tous droits réservés- 5 janvier 2013
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Trois nouvelles et quelques souvenirs arrachés à la mort.

Laissons de côté "Les chatons aveugles", court récit qui prépare le magnum opus "Il Gattopardo" ("Le Guépard") ainsi que "La joie et la Loi", drôlatique conte de Noël sans véritable intérêt et attachons-nous plutôt à ces deux joyaux "Le professeur et la sirène" et "Souvenirs d'enfance".

La nouvelle qui donne son titre au recueil brille d'un éclat adamantin. D'un indice de réfraction très élevé, ce petit bijou éblouit par la sobriété, la limpidité d'une écriture de la plus belle eau, précise, ciselée et par ce qu'elle révèle, en transparence, de l'auteur. Un vieux professeur, plein d'une morgue hautaine, confie son secret à un jeune disciple de hasard : son unique amour, il le vécut avec Lighea, accorte sirène qui le séduisit au sortir de l'adolescence et le hante toujours sans relâche. L'amour plus fort que la mort! L'éminent Rosario La Ciura rejoindra sa bien-aimée, dans une union d'outre-vie à l'instar de Pandora et son Hollandais volant ou de Peter Ibbetson.

Les "Souvenirs d'enfance" de Lampedusa, inachevés, sont d'une beauté plus grande encore. En suivant "la méthode du regroupement par sujets, en cherchant à donner une impression globale dans l'espace plutôt que dans la succession temporelle", l'écrivain effeuille les fleurettes de son âge tendre et ces quelques pétales mémoriels émeuvent indiciblement. Cette recherche du temps perdu à la sicilienne est une longue déambulation dans les pièces vides de l'enfance d'où surgissent ça et là les bienveillants fantômes qui y sommeillent.

Absolument bouleversant, ces Ricordi d'infanzia, nous prennent par la main et la pointe du coeur et nous entraînent sur les routes poussiéreuses de la Sicile et dans les ruelles palermitaines, d'après le Risorgimento : un monde naissait cependant qu'un autre agonisait... D'escaliers en billiemi gris en maccheroni di zito, de vendangeurs trinacriens pesamment silencieux ("Tout travail est 'na camurria, un ennui, un blasphème contrevenant à l'éternel repos accordé par les dieux à nos lotus-eaters.") en grains de ricin écrasés et répandant une "surprise amère", Lampedusa convoque tous nos sens pour recréer le théâtre de ses balbutiements. le génie tutélaire de Proust, veille dans l'ombre : Santa Margherita (le Combray du Prince) possède ses "côtés" et en suivre les trajets, c'est, pour chaque lecteur, un retour à ses sources. Les souvenirs d'enfance sont des palimpsestes : s'y camouflent dans les interlignes effacés nos propres émotions.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Je te l'ai dit, Corbèra : c'était un animal mais c'était aussi, en même temps, une Immortelle, et il est dommage qu'en parlant, on ne puisse pas exprimer continuellement cette synthèse telle qu'elle l'exprimait elle-même dans son corps avec une simplicité absolue. Ce n'était pas seulement dans l'acte de chair qu'elle manifestait une gaieté et une délicatesse opposées au triste rut animal : sa parole avait une immédiateté puissante que je n'ai retrouvée que chez quelques grands poètes. On n'est pas fille de Calliope pour rien : méconnaissant toute culture, ignorant toute sagesse, dédaignant toute contrainte morale, elle faisait partie, cependant, de la source de toute culture, de toute sagesse, de toute éthique, et savait exprimer cette supériorité primordiale en des termes d'une âpre beauté : «Je suis tout parce que je ne suis qu'un courant de la vie sans aucune faille ; je suis Immortelle parce que tous les morts confluent en moi, depuis celle du poisson d'il y a un instant jusqu'à celle de Zeus, et rassemblée en moi elles redeviennent une vie non plus individuelle et déterminée, mais panique et donc libre.» Puis elle disait : «Tu es beau et jeune ; tu devrais me suivre à présent dans la mer et tu échapperais aux douleurs, à la vieillesse ; tu viendrais dans ma demeure, sous les très hautes montagnes d'eaux immobiles et sombres, où tout est quiétude silencieuse à tel point naturelle que celui qui la possède ne la ressent même pas. Je t’ai aimé, souviens-t’en, quand tu seras las, quand tu n'en pourras vraiment plus, tu n’auras qu’à te pencher sur la mer et m’appeler : je serai toujours là parce que je suis partout, et ta soif de sommeil sera réalisée.»
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Je ne sais si je suis parvenu jusque-là à donner l'idée que j'étais un enfant aimant davantage rester avec les choses qu'avec les personnes. Mais c'était ainsi, et on comprendra donc aisément que la vie à Santa Margherita était pour moi l'idéal. Dans le vaste espace décoré de cette maison [douze personnes dans trois cent pièces]* j'errais comme dans une forêt enchantée. Une forêt sans dragons cachés ; pleine de gaietés merveilleuses même dans les noms joyeux des pièces [...].

*Phrase biffée par leur auteur... ou par son épouse après son décès, sur l'original. Cette nouvelle édition redonne le texte complet de cette nouvelle inachevée, car il est impossible de savoir ce que Lampedusa aurait choisi de publier s'il avait vécu assez longtemps pour le faire.
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Par ses connaissances professionnelles, par les indiscrétions innombrables qu'il avait entendues, il savait bien comment s'était formé cet énorme patrimoine foncier : cela avait été une épopée d'astuces, de manques de scrupules, de défis aux lois, d'inexorabilité, de chance aussi, et de hardiesse.
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Excuse-moi je t'en prie mais il va falloir que je parle à voix basse, les mots importants ne peuvent pas être braillés. Le hurlement d'amour, de haine, ne se rencontre que dans les mélodrames ou parmi les gens les plus incultes et c'est d'ailleurs la même chose.
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Cette année-là, sur la fin de l'automne, c'était en 1938, je me trouvais en pleine crise de misanthropie. J'habitais alors Turin et ma "poupée" n°1, fouillant mes poches à la recherche d'un billet de cinquante lires, y avait découvert, pendant mon sommeil, un mot de ma "poupée" n°2, mot qui ne laissait aucun doute, malgré les fautes d’orthographe, sur la nature de nos relations.
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