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Critique de Alfaric


Qui ne connaît pas "Dragon Ball" ? Personne ou presque !
Et que nous disent les Saintes Écritures de Dragon Ball ? ^^
Au commencement était le Nekketsu, et le Nekkestu était avec Toriyama, et le Nekketsu était Toriyama.
Toutes choses dans le shonen ont été faites par lui, et rien de ce qui a été fait dans le shonen n'a été fait sans lui.
En lui était la vie, et la vie était la lumière des lecteurs de manga.
La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçu.
Il y eut un homme envoyé de Toriyama : son nom était Goku…


Pour une fois je ne vais critiquer le traitement de la culture populaire dans mon pays, puisque que le Festival d'Angoulême a décerné à Akira Toriyama un prix pour l'ensemble de sa carrière. C'est d'ailleurs le seul qu'il n'ait jamais reçu : il est surnommé « l'Empereur sans couronne », n'ayant jamais reçu un prix au Pays du Soleil Levant, qui aime bien snober tous les mangaka qui puisent leurs inspirations ailleurs qu'au Japon. Cela ne l'a pas empêché de rencontrer un succès planétaire. Mais tel Hector premier parmi les hommes à jamais second derrière Achille pareil aux dieux, Akira Toriyama restera le premier des mangaka à jamais second derrière Ozamu Tezuka pareil aux dieux.
Toute la nouvelle génération s'en réclame : Eiichiro Oda ("One Piece"), Masashi Kishimoto ("Naruto"), Hiro Mashima ("Fairy Tail"), Tite Kubo ("Bleach)", Atsushi Suzumi ("Venus Versus Virus"), Kentaro Yabuki ("Black Cat"), Shinya Suzuki ("Mr. Fullswing")… Souvent copié, rarement égaler, le meilleur héritier de l'empereur sans couronne est finalement Yoshihiro Togashi, mais ceci est une autre histoire…


Dans "Dr Slump", le mangaka parodiait la science-fiction de Tezuka et ses successeurs dans un esprit cartoon très Looney Tunes. Dans "Dragon Ball", il repend son univers de The World, en alternant cette fois-ci science-fiction et contes de fées.
C'est un vrai bonheur pour un amateur de science-fiction de repérer les clins d'oeil à "Star Wars", "Star Trek", "Terminator", "Alien" et même au doyen du genre "Frankenstein"… Et tout ça, c'est avant que la série ne marche sur les plates-bandes du space-opera à la DC Comics, ou l'arc des cyborgs avec tous ses voyages dans le temps (et bien ficelés s'il vous plaît !).
C'est vrai bonheur pour un amateur de fantasy que d'identifier les détournements du classique chinois La Pérégrination vers l'Ouest : Bulma en quête des Dragon Balls reprend le rôle de Xuanzang, San Goku celui du roi-singe Sun Wukong, Oolong celui du démon-cochon Zhu Bajie, Yamcha celui du bonze des sables Sha Wujing, et le dragon Shenron reprend évidemment celui du dragon Longwang Sanjun… ^^
La touche supplémentaire, est d'avoir puisé le cinéma de Hong-Kong, très en vogue en Asie dans les années 1980. Si ses confrères Buronson et Hara ont puisé dans le kung-fu tragique Chang Cheh, Akira Toriyama puise lui dans le kung-fu humoristique des films de Jackie Chan (Yamcha lui ressemble beaucoup, Kamé Sennin prendre l'identité de Jackie Chun durant le 21e Tenkaichi Budokai, et je laisse le soin aux amateurs du genre de repérer les nombreux clins d'oeil qui sont faits à ce cinéma là).
Je pense même qu'on peut faire un parallèle entre le travail du mangaka et celui du réalisateur Tsui Hark : tous les deux sont en avance sur leur temps en mélangeant action, fantastique et humanisme, tous les deux ont été boudés par les prescripteurs d'opinion et l'establishment culturel.

Oui, il y a beaucoup de tendresse de la part du mangaka envers ses créations : l'ambiance est bonne enfant, personne ou presque n'est réellement méchant, la mort est rarement définitive et l'au-delà est rempli de mecs sympas… Mais au fil des tomes, l'auteur quitte la formule de "Dr Slump", pour construire quelque chose de plus grand et de plus noble. Comme chaque avatar de l'universel Héros aux mille et un visages, Goku est confronté aux dures réalités de l'existence. Et durant l'arc de l'armée du Ruban Rouge, il devient un homme qui assume le rôle qu'il s'est choisi : celui du défenseur du bien et de la justice. Mais pour devenir un véritable héros, il va devoir subir son ordalie : l'altruiste et empathique Goku qui voit le bien en chacun va devoir affronter son exact contraire, égocentrique et sadique Piccolo/Satan qui voit le mal en chacun…
Le manga aurait pu s'arrêter là et cela aurait été très bien ainsi : après avoir vaincu Satan, le Tout-Puissant propose à Goku de lui céder sa place, mais il refuse la proposition préférant vivre une vie simple et tranquille à la campagne auprès de sa famille et de ses amis… Voltaire est vraiment has been avec « il faut cultiver son jardin sans se préoccuper de son prochain », car Goku lui ne va cesser de défendre son prochain, au péril de sa vie s'il le faut… D'ailleurs il est mort et ressuscité deux fois pour le Salut de l'humanité ! Car il y a en plus un côté rédempteur voir christique en Goku qui réussit bien souvent à transformer ses ennemis en amis : « Si ton frère a péché contre toi, reprends-le ; et s'il se repent, pardonne-lui ».
Et l'auteur enfonce le clou en faisant ensuite en faisant de Goku le nouveau Kal-el, l'enfant de l'espace qui choisit de défendre sa planète d'adoption plutôt que d'en être le conquérant et le tyran. Mais en reparlera quand on y arrivera… ^^
Car il y a très longtemps, à quelques milliers de kilomètres de la ville, au fin fond de la montagne… Commence notre histoire…


Dès le tome 1, les graphismes sont très matures, dégageant une véritable personnalité. Les arrière-plans sont soignés et travaillés, alternant les paysans des montagnes sacrée de la Chine éternelle aux vastes étendues désertiques à la "Star Wars". le cadrage et la mise en scène sont très réussis : tout est très clair, très storyboardé donc très cinématographique, à des années lumière du manque de lisibilité qui est la plaie des shonens de dernières générations. L'auteur se paye même le luxe de jouer avec Goku qui fait rebondir Yamcha les bordures extérieur d'une case… Bref, c'est un régal pour yeux des amateurs de manga.

Goku s'élève seul au fin fond de la forêt depuis le mort son grand-père San Gohan sous les coups d'un monstre mystérieux, et il ne connaît absolument rien du vaste monde : il fait tellement Perceval des temps modernes que je demande si l'auteur ne s'est pas inspiré des mythes arthuriens (ce n'est pas comme le héros n'entamait une quête du Graal avant de rassembler autour de lui les artistes martiaux de la Table Ronde ^^).
Le récit est structuré comme un conte de fée, avec quelques tirages sur la table des rencontres aléatoires comme interludes :
- on rend service à l'immortel Kamé Sennin
- on s'oppose à un ogre qui enlève les jeunes filles
(presque sûr qu'il y a une bonne blague derrière cochon transformiste obsédé par les filles, habillés en uniforme maoïste… surtout quand on connaît la tumultueuse vie privée du Petit Timonier)
- on fait la rencontre de Yamcha le bandit du désert
- on fait route vers la Montagne de feu de Gyumao le roi taureau
C'est gentil tout plein, mais ce n'est pas terrible du tout :
- le running gag de la petite culotte
- le running gag du pan-pan
- le running gag du paf-paf
- Bulma un peu exhibitionniste sur les bords qui craque pour tous les BG qu'elle croise
- Chichi déguisée en fantasme pour lolicon (même si on cligne là de d'oeil à d'autres titres)
- les gags pipi-caca-prout et un comique de situation essentiellement basé en dessous de la ceinture
Ah ça ne vole pas haut, l'auteur peine à sortir du ton "Dr Slump" que j'ai toujours détesté à cause de son toilet humour…

On ne va pas se mentir, cette première quête des Dragon Balls est à passer au plus vite pour entrer dans le vif sujet et voir l'auteur passer à plus ambitieux et plus consistant.
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