Peut-être aurais-je dû tirer une leçon de mon dernier échec de lecture avec un roman nordique,
Les chaussures italiennes d'
Henning Mankell : encore une fois, je referme le livre beaucoup moins enthousiaste que je ne l'aurais voulu et dubitative. Je savais pourtant mieux à quoi m'attendre et ai apprécié l'ambiance particulière de ce roman, celle d'une ville tout à fait coupée du reste du monde, isolée et refermée sur elle-même. Cette autarcie, tant rêvée par certains, n'est pas du tout présentée comme utopique ; au contraire, les habitants sont taciturnes, superstitieux et sauvages (dans le sens non-cultivés et avec une vision très limitée du bien/mal) Selon l'un des personnages, ce qui les rend ainsi, c'est la coutume dite du noeud coulant : tous les ans, tous les thons de la baie sont capturés dans un immense filet et tués, pendant deux semaines, puis conservés pendant le reste de l'année. Cette tuerie annuelle, considérée comme rituelle et éternelle, sert surtout à maintenir ces hommes dans l'ignorance et l'isolement par la sauvagerie.
Comme je le disais, j'ai apprécié cet univers, bien construit et mis en place par l'auteur, dès les premières pages. le style d'écriture même témoigne de la personnalité des personnages : il est simple, presque monotone, composé de phrases courtes de structure semblable et descriptives. C'est donc au niveau de l'intrigue que j'ai été déçue dans mes attentes* : les éléments annoncés par la quatrième de couverture sont bien présents, mais la transition entre eux est mal amorcée selon moi. On passe de façon trop brusque d'un évènement à un autre, surtout après l'arrivée du bateau par exemple. D'un chapitre au suivant, la situation est totalement transformée, sans explications (celles-ci viennent par la suite) : cela crée une attente et une curiosité chez le lecteur, mais déstabilise également et m'a personnellement donné l'impression de lire deux récits différents. Je pense avoir trouvé dans l'épilogue une explication à ce phénomène, mais elle ne me satisfait pas tout à fait, et je reste sur ma faim, avec l'impression d'avoir goûté divers éléments séparément et jamais dans leur ensemble.
La conséquence de cette dissociation est que les réflexions qui auraient pu être développées – sur l'isolement, l'intrusion d'étrangers dans un monde clos et autonome, le tourisme, etc. – ne sont qu'ébauchés et laissent un goût de trop peu. En conclusion, ce roman est pour moi comme une belle promesse non tenue. Je vous le conseille malgré tout pour son ambiance si vous aimez ce genre de roman.
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