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Critique de BlackKat


Je remercie tout d'abord NetGalley et les éditions Presses de la cité pour l'envoi de ce nouveau roman de S.K Tremayne, La menace.

Malgré une fin frustrante, j'avais apprécié le doute et j'étais curieuse de continuer ma découverte des écrits de l'auteur.

Mais je dois dire que je ressors de cette lecture déçue.
Pourquoi?
Parce que j'y ai retrouvé les mêmes ingrédients et le même schéma que dans le doute!

– Des côtes d'Écosse, nous découvrons certes un nouvel environnement, celles de Cornouailles. Mais même nature marine accidentée, au creux de la même saison, l'hiver.
– Un isolement géographique créant un huis-clos anxiogène autour des personnages.
– Un couple, un enfant formant une famille fabuleuse qui se délite rapidement sur fond de silences, mensonges, rancoeurs et flirt avec la folie.
– Une ambiance flippante avec une angoisse allant crescendo vers un final inattendu mais qui tombe un peu à plat à cause d'un manque d'indices égrenés au fil de l'histoire et dont la mise en scène est relativement similaire avec celle du premier roman.

C'est pourtant, à mon sens, un excellent thriller d'ambiance (comme le doute).
Et la nature et les vieilles pierres en sont les acteurs principaux.
L'auteur a beaucoup de talent pour nous décrire les paysages de la côte des Cornouailles dans leurs aspects les plus tourmentés, les ruines des mines d'étain inscrites au Patrimoine Mondial par l'Unesco, avec la compagnie de tous les fantômes des mineurs de fond, la splendeur passée d'un manoir d'un autre âge avec ses caves, ses ailes à réhabiliter, les portraits austères des ancêtres qui vous observent.
J'ai d'ailleurs énormément apprécier cette visite des Cornouailles, cheminer sur ses routes dangereuses, sentir le vent du haut des falaises abruptes, écouter le rugissement des vagues…
Tout comme j'ai aimé les évocations historiques sur la vie difficile des mineurs du temps de la période de faste de l'extraction des minerais. de l'exploitation du travail des enfants, à la pénibilité de la tâche au fond des tunnels, en passant par leurs conditions de vie minées par les maladies.

Mais si l'ambiance vous prend à la gorge, vous agrippe subtilement pour ne plus vous lâcher, il n'en est pas de même des personnages.
Et ce, dès le départ.

Le démarrage est un conte fées à la Barbara Cartland! Tout est magnifique et parfait. La jeune roturière pauvre rencontre le châtelain veuf, beau, riche, plus âgé et papa d'un aaaadorable enfant. C'est le coup de foudre. Mariage. Paradis. Tout est beau, tout est superbe.
Trop pour être crédible, trop pour attirer l'empathie.
Comment éprouver une quelconque sympathie pour une femme qui est tombé sous le charme d'un ascenseur social ou pour un homme qui a besoin d'une maman pour son fils?

Je n'ai pas accroché aux personnages et quand on lit un thriller psychologique, c'est drôlement handicapant.
Je n'ai pas trouvé la psyché de David, Jamie ou même Rachel fouillée, ni crédible.

Au XXIème siècle, si la volonté de garder vivant et viable son héritage pseudo-aristocrate est louable, parler de « gages » pour une employée est surfait, pompeux et ne suscite pas mon empathie pour ledit héritier.

Et toujours au même siècle, pour une jeune femme, exprimer tout son mépris pour les femmes indépendantes et travailleuses de Londres alors que ladite dame n'est qu'une parvenue par le mariage, est déjà un sérieux obstacle à mon intérêt pour elle.

L'évolution des relations familiales m'apparaît incohérente. le revirement de situation est trop brutal entre les époux pour y croire, alors que le comportement erratique du jeune Jamie reste déstabilisant tout le long. Nous passons du coup de foudre idyllique à l'enfer en quelques pages. Alors que la haine s'installe normalement plus progressivement après l'amour fou dans un couple, on le sait bien! ^_^

Rachel passe de la vie citadine à l'ennui le plus mortel d'une vie oisive et retirée de tout, se transforme en harpie pitoyable avec un époux qui ne revient de la capitale que pour des weekends, se prend les pieds dans la robe fantôme de la première épouse, Nina; chute lamentablement dans une paranoïa alimentée principalement par les lieux et les histoires qu'elle se raconte.
Ses démons passés apparaissent au moment le plus opportun pour nourrir l'angoisse et les doutes du lecteur mais la ficelle est un peu trop grosse pour ne pas trébucher: le lecteur a déjà atteint le sentiment que, quoi qu'il se passe, elle a bien mérité ce qui risque de le tomber sur le bout du nez. C'est le prix à payer quand on veut devenir reine du château, non?

Et l'intrigue autour du décès de Nina, la première épouse, ne tient franchement pas la distance. Même si certains faits bizarres portent avec eux quelques doutes, rien ne vient étayer une supposition solide et valide.

D'où ma déception, les personnages sonnent faux alors que le lecteur est totalement sous la coupe oppressante et anxiogène de l'ambiance. L'ensemble est un peu brouillon, le lecteur se perd dans les couloirs sombres et humides de ce charmant pied à terre.

Au final, on tourne les pages rapidement car la curiosité l'emporte tout de même mais le coup de foudre s'est fracassé sur la falaise en cours de route et s'en est allé avec la marée descendante…
Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
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