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EAN : 9782742726196
248 pages
Actes Sud (29/02/2000)
3.7/5   119 notes
Résumé :
"Une soirée d'opéra - au programme, Roméo et Juliette - qui se transforme en odyssée nocturne au cœur de Montréal, et voilà Jean-Marc, le narrateur de cette histoire, cynique Candide, courant à la perte... de sa virginité. Du café El Cortijo au cabaret des Quatre Coins du Monde, Michel Tremblay nous propose le parcours initiatique d'un jeune " beatnik ", qui découvre un monde burlesque de folie et de transgression, où les passions se déchaînent, où partout éclatent ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Âgé de dix-huit ans, le narrateur de ce roman est passionné d'opéra. Alors quand il apprend que la grande Pierrette Alarie chantera Roméo et Juliette à Montréal, il se précipite au Her Majesty's : ce sera sa soirée. Celle où il perdra sa virginité, celle où il découvrira l'amour. Dans les rues verglacées, d'un café à un cabaret, des fragments de relation voient le jour sous le regard d'artistes nocturnes et de travestis chevronnés. C'est une véritable croisade qui s'engage au son de vocalises et de douces chansons : la tête s'égare et les passions se soulèvent, faisant fi des vérités et des convenances.

Quel plaisir de suivre les déambulations de ce jeune homosexuel qui, en cherchant à s'immiscer dans un monde qui lui est étranger, se découvre. Il échafaude des plans romantiques, se perd dans des tribulations mentales, fantasme son dépucelage, rate des occasions et se bringuebale d'un bout à l'autre de la ville. Il suit le mouvement et parfois proteste : d'un bégaiement il passe à une répartie cinglante, ne sait plus ce qu'il voulait, ce qu'il veut. Deux cents pages et, le temps d'une nuit, on entraperçoit un monde qui lui est inconnu. Il y glisse un pied, ne sait plus où il veut aller, se laisse envahir par tous ces questionnements liées aux nouvelles expériences. D'autant plus nombreux quand on n'a pas d'interlocuteur.

On hésite avec le narrateur, on sent son désir. Avec son écriture douce et mélodieuse (où l'on entend l'accent québécois, n'en déplaise à certains), Michel Tremblay parvient à nous entraîner dans la folle nuit de son personnage. Ni une ni deux, nous portons son os de veau autour du cou, oscillons entre français et anglais, ressentons sa fatigue, ses hésitations, son excitation. Sous sa plume, aucune vulgarité. le sexe est beau : pas de voyeurisme, mais une foule de sensations. Qui envahissent. C'est plein de finesse et d'un humour tendre.
Lien : http://auxlivresdemesruches...
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Avec ce roman, je découvre le travail du célèbre romancier québécois. Un récit talentueux, sans doute à mi-chemin entre fiction et réalité.
Tremblay dessine avec beaucoup d'humour le portrait d'une société montréalaise des années soixante-dix à la jeunesse bouillonnante et largement divisée entre anglophones tous puissants et francophones revendicatifs. le résultat est drôle, provocateur, mais aussi très efficace, l'auteur n'hésitant pas à écrire ce phrasé typique du Québec.
Quant à ce jeune personnage, qui découvre les nuits gays de Montréal, il est attachant dans cette part de timidité qui précède la première fois. On se prend d'affection pour lui dès les premières lignes, et on se laisse embarquer dans ce parcours d'une nuit, à la découverte d'une nouvelle vie qui s'offre à lui.
Un auteur vers lequel je reviendrai sans aucun doute...
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Michel Tremblay est un habile conteur, avec une langue bien à lui, une fluidité dans l'écriture qui fait qu'on se laisse emporter par l'histoire malgré nous. Ce n'est pas la meilleure oeuvre de Tremblay, mais elle est vraiment intéressante et elle réflète, comme toujours, le milieu montréalais d'une certaine époque avec beaucoup de réalisme.
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Je n'ai jamais été attirée par les oeuvres de Michel Tremblay et je ne suis pas certaine que ce roman aura réussi à me convaincre de m'y plonger plus longuement. L'histoire est intéressante mais manque un peu de profondeur. C'est toutefois le récit d'événements qu'auront vécu plusieurs jeunes hommes et jeunes femmes à la même époque : la recherche du grand premier amour à Montréal, portant le lourd secret de son homosexualité sans être capable de se révéler à ses proches, espérant être deviné et accepté.
Le Montréal des années 1970 et tout son bouillonnement culturel décrit au fil des pages en vaut toutefois la lecture.
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Du Michel Tremblay, c'est du Michel Tremblay. Cet homme est un monument de la culture populaire du Québec. Une oeuvre magistrale ; théâtre, roman, scénariste, adaptation. Il est lu ici et ailleurs. Ce qu'il y a de bien avec lui, c'est qu'on sait qu'on va y parler du Québec, qu'on y lira le jouale, que ces personnages seront haut en couleurs, que toi, moi, et n'importe qui se reconnaîtra. Michel Tremblay, c'est un oeuvre simple, mais pas simpliste, tragique, drôle, émouvante, vibrante. Lire du Michel Tremblay, c'est se lire un peu soi-même.
Encore un très grand livre !
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Mais j’eus le temps d’élaborer le plan suivant (c’est dire combien j’étais concentré pendant la dernière heure de Roméo et Juliette !) avant que le rideau tombe sur l’une des soirées de théâtre les plus souffrantes de toute mon existence : je sortirais pendant les applaudissements en piétinant Violettes Impériales et son mari s’il le fallait (elle continuait à se pâmer, peut-être avec un peu trop d’ostentation désormais, sur ce qu’il y avait de plus vilain sur scène pendant que lui s’était rendormi du sommeil du juste), je me précipiterais dans le hall où j’attendrais mes deux Irlandais qui ne manqueraient pas de passer devant moi, je saurais d’un seul coup d’œil si je pouvais aborder Perrette ou, en tout cas, répondre à la question qu’il m’avait posée à la fin de l’entracte, je… je… je prendrais son numéro de téléphone s’il voulait me revoir (mais sa mère n’était pas sourde, elle était aveugle, elle se rendrait compte de tout ! en tout cas, je m’arrangerais…), je courrais ensuite à l’entrée des artistes où Perruque ne pourrait que tomber foudroyé d’amour en me voyant lui sourire, moi, son premier admirateur, son premier fan. Nous irions prendre un verre quelque part, il m’inviterait chez lui – je ne pouvais tout de même pas l’emmener chez moi pour le présenter à ma mère ! – et, de fil en aiguille, la nature étant primaire et prévisible et nos besoins d’affection, les miens, en tout cas, étant ce qu’ils étaient…
C’était un plain particulièrement ridicule, je le savais, mais je me berçais d’illusions parce que j’avais absolument besoin de croire que deux aventures se présentaient à moi : je n’arrivais pas à choisir entre Perrette et Perruque, alors je louvoyais de l’un à l’autre en pensée, rêvant, comme toujours, à des choses impossibles plutôt que d’essayer d’imaginer un plan réalisable.
J’étais vierge et pourtant déjà polygame.
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Quant aux bars dont j'entendais de temps en temps vanter les vertus par un camarade de frotti-frotta plus bavard que les autres, j'étais beaucoup trop timide et complexé pour les fréquenter, convaincu qu'au moment même où je franchirais la porte du Tropical ou des Quatre Coins du Monde, tous deux situés dans l'Ouest de la ville, toujours le fief des anglophones de Montréal, des dizaines de têtes se tourneraient vers moi et les grimaces de dégoût se multiplieraient quand on verrait surgir ce vulgaire avatar de l'Est que j'étais : "Que c'est ça, c't'agrès-là?", "Mon Dieu, y'ont laissé sortir les laids, à soir!", "Look at that! The Eastern Bunny!", etc.
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Si je pouvais prétendre avoir vu s'envoler mes illusions une fois dans ma vie, ce serait cette fois-là. Elles firent un froufroutement d'ailes en montant dans le ciel nocturne de Montréal gelée et je leur fis un adieu muet en fermant les yeux.
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Tu t'en vas dans l'Est ? "
- Oui, oui... "
L'autobus arrivait... J'avais de la difficulté à parler tellement j'étais essoufflé. Lui continuait à sourire
"C'est quequ'chose, monter la côte Sherbrooke avec toute c'te glace-là, hein ?
- Ah ! oui... (Continue, continue... parle ! Une niaiserie, n'importe quoi, mais parle !) C'est quequ'chose... "
(C'est tout ? T'as rien trouvé de mieux que de répéter ce qu'y venait de dire ? T'es pas juste niaiseux, t'es t'épais rare !)
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La honte n'est pas un sentiment qu'on ressent uniquement dans les grandes humiliations de la vie ; elle surgit souvent, cuisante, oppressante, dans des moments plutôt sans conséquence, imprévus, alors que votre vulnérabilité, désarmée, est la plus sensible et votre combativité à son point zéro. Elle vous paralyse alors, vous laisse sans voix, sans pensée, vide et malheureux.
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Videos de Michel Tremblay (33) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Tremblay
Le Salon dans tes oreilles - S1E41 - Confidences d'écrivain: Michel Tremblay
Confidences avec Michel Tremblay, figure emblématique et incontournable de la littérature québécoise, mais aussi du Salon du livre de Montréal.
Présenté par
SALON DU LIVRE DE MONTRÉAL Et LEMÉAC ÉDITEUR
Avec Michel Tremblay, Auteurrice Danielle Laurin, Animateurrice
Livre(s) Victoire !
Le Salon dans tes oreilles est un balado issu des entrevues, tables rondes, et cabarets enregistrés dans le cadre du Salon du livre de Montréal 2020. Écoutez des auteurs, autrices et personnalités parler de livre, de lecture et d'écriture et échanger autour des cinq thématiques suivantes: le Féminisme, la Pluralité des voix, 2020, et après?, Récit et inspiration et Famille et enfance. Bonne écoute!
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