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Critique de JIEMDE


Imiter les filles du roi Danaos et vouloir combler plus rapidement mes lacunes en classiques US en doublant mes lectures du genre : si ça ne ressemble pas à de la bonne vieille résolution de début d'année, je ne sais pas ce que c'est !

Ainsi, après Nabokov, voilà donc Trevanian, dont j'avais quasiment tout lu sauf le cultissime Shibumi – traduit par Anne Damour et ici révisé par Mathilde Gallmeister - qui attendait depuis longtemps son tour en Totem mais qu'une édition collector superbement illustrée par Qu Lan fit remonter en tête de mes priorités.

Pur bonheur que ces heures passées en compagnie de Nicholaï Hel, espion hors du commun, apatride nourri de la multiplicité de ses cultures japonaises, soviétiques et basques, esthète autant qu'ascète ayant suffisamment cultivé les facultés de ses sens, pour atteindre la grâce de l'état de Shibumi.

Paraphrasant à nouveau Clouzot, un bon livre c'est une bonne histoire, une bonne histoire et encore une bonne histoire. Shibumi fait le job dans une intrigue d'espionnage international à la fin des années 70, où la grande histoire se mêle à celle un peu plus romancée : l'attentat des JO de Munich, Septembre noir, le jeu trouble entre les pays arabes, l'OLP et les USA, avec la CIA pour arbitre et la Mother Company en Big Brother. Les équilibres sont changeants ; les proches des cinq de Munich crient vengeance ; elle aura lieu, dans le sang et la dualité.

Un bon livre c'est un personnage et quel art du portrait chez Trevanian, retraçant à coup de flash-backs de très haut niveau le parcours de Nicholaï et semant un à un, patiemment comme au Go, les indices de compréhension de son implication dans la bataille d'espions.

Un bon livre c'est une atmosphère, en trois dimensions ici : tendue et rythmée dans l'action ; drôle (très drôle) et efficacement sarcastique quand Trevanian se paye (à peu près pendant tout le livre) ses compatriotes américains ; extrêmement poétique et délicate, quand il évoque les paysages naturels asiatiques, son Pays Basque d'adoption ou la seule grâce d'un jardin peu fleuri et pas fini.

J'ajouterais qu'un bon livre enfin – et en ce qui me concerne - c'est un objet éditorial abouti, et que cette édition collector au papier soyeux et aux illustrations noir et blanc épurées donc très évocatrices, est un régal de contenant pour aborder un tel contenu !
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