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L. Martel (Traducteur)Laurent Bury (Traducteur)
EAN : 9782746715202
427 pages
Autrement (15/05/2011)
4/5   26 notes
Résumé :
Dans une Angleterre victorienne corsetée par les convenances, Rachel vit avec sa mère, Mrs Ray, et sa soeur aînée, Mrs Prime, toutes deux veuves, dans un cottage près de Baslehurst. Lors d'une promenade, Rachel fait la connaissance de Luke Rowan, héritier de la brasserie Bungall & Tappitt dont elle tombe amoureuse. Mrs Ray et la très prude Mrs Prime imaginent aussitôt Rachel en perdition ! Dans ce petit monde provincial où sévissent cupidité et bigoterie, comment le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Partager un coucher de soleil en compagnie d'un jeune homme est inconvenant pour toute jeune fille anglaise du XIXème siècle, même pour Rachel Ray dont la bonne conduite, l'innocence et les valeurs sont irréprochables. Toutes ses qualités sont alors battues en brèche et remises en question par ses proches, parents et amis.

Antony Trollope narre ici une histoire d'amour entre deux êtres que tout opposent, la timide et réservée Rachel Ray, fille d'un clergyman et Luke Rowan, riche héritier d'une partie de la brasserie Bungall & Tappit au sein de la petite communauté de Baslehurst. Les personnages qui entourent ce couple d'amoureux forment un catalogue de caricatures du monde provincial britannique parfaitement croquignolesque. On lit avec délice les passages où interviennent la sévère et inflexible Mrs Prime, "grenouille de bénitier" et soeur de Rachel, le révérend évangéliste Mr Prong et ses tics faciaux, Miss Pucker, la vieille fille bigote ou encore Mrs Tappit la femme du brasseur, mère poule et entremetteuse à ses heures... Si Trollope s'amuse à caricaturer la dévotion, la cupidité et les valeurs conservatrices de ce petit monde, il réussit également à dresser un tableau de la vie provinciale où la politique, les affaires et les plaisirs du monde sont étroitement entremêlés.

La lutte entre Rowan et Tappit pour la direction de la brasserie témoigne de la révolution industrielle qui a eu lieu dans le tournant des années 1850 où la production doit s'adapter en prenant en compte de nouvelles données comme la chimie. Cependant Trollope montre aussi la part active que l'homme joue dans la société contrairement à la femme. Alors que Rachel est assignée à résidence, Luke Rowan s'occupe de ses affaires en voyageant aux quatre coins de l'Angleterre. Cependant certaines femmes apparaissent dans le roman plus libres mais elles le doivent à leur relative indépendance financière. Contrairement à sa soeur, Rachel apparaît au lecteur comme soumise aux règles de la société qui l'empêche d'exprimer ses sentiments et lui dictent une conduite qu'elle réprouve mais ne peut braver. L'épisode de la lettre qu'elle écrit à Luke Rowan est édifiant sur ce sujet. Ses émois sentimentaux et ses différentes attitudes sont décrits avec force de description qui sont étonnantes pour un écrivain masculin de cette époque.

Un roman à découvrir pour sa plongée au coeur du quotidien des femmes du XIXème siècle en Angleterre où la lenteur et la banalité des tâches confèrent au roman tout sa saveur et son charme...
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Je dirais pour toutes les aficionadas de Jane Austen, cette histoire semblera un peu simpliste, pour tous les aficionados d'histoires d'amour avec passé historique, cela sera de la très belle littérature.
La narration est bien menée. On sait d'avance où l'auteur nous mènera, mais peu importe. La peinture de la société de l'époque est édifiante, quoique toujours gentille. Enfin non, ceci n'est pas tout à fait exact. Dans le dernier tiers du livre, apparaît en la personne du représentant d'un des partis pour les futures élections, un Juif, qui vaut au lecteur quelques pages d'anti-sémitisme ou, en tout cas, de repoussoir de ce qui est différent.
A part cela, ne serait-ce les fautes de typographie, qui heurtent l'oeil régulièrement, le doux plaisir d'une lecture sereine qui ne pose aucun suspense mais donne le sourire, aurait été encore plus grand.
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Je n'ai pas hésité un seul instant lorsque j'ai vu paraître le nom d'Anthony Trollope dans la dernière opération Masse Critique proposée par Babelio. Ainsi, quelle ne fut pas la joie d'avoir été sélectionné pour découvrir une oeuvre de cet auteur victorien que j'apprécie tant. Et quand bien même Rachel Ray n'avait pas été mon premier choix, je peux affirmer que le hasard fait bien les choses tant j'ai fortement apprécié cette lecture. J'en profite par ailleurs pour remercier Babelio pour leur confiance ainsi que cette découverte.

Il faut dire que comme à son habitude, l'auteur dresse une parfaite et convaincante méticuleuse étude des moeurs de la société anglaise dont je raffole m'enivrer sans vergogne. Une fois de plus, ce dernier est parvenu à m'introduire dans un univers aux moeurs conventionnelles et bien trop puritaines pour ne pas se démontrer révoltantes. C'est incroyable à quel point Anthony Trollope livre de justes et crédibles histoires à la finesse exquise et délicieuse. C'est simple, j'ai adoré découvrir la vie citadine de ce faubourg rythmée par l'hypocrisie et la fourberie de ses habitants ainsi que par l'importante place de l'église au sein des ménages. C'est à travers une histoire d'amour bien trop vite condamnée par ces derniers que l'auteur est parvenu à dresser un si profond constat et une si juste et fine caricature qui m'a plus que convaincu. Je n'ai cessé de vibrer au rythme de sa prose qui, sans se dévoiler aussi touchante et poignante que précédemment, se dessine des plus cruelle et des plus acerbe. Ce dernier dévoile les moindres détails de son intrigue, offrant ainsi au lecteur une vision d'ensemble des plus appréciable. Ajouter à cela une dimension politique justement menée et je ressors conquis par tous les aspects présentés dans Rachel Ray. D'autant plus même si la romance sert de cadre et de contexte à Anthony Trollope pour construire son oeuvre, celle-ci ne se dévoile que très peu omniprésente. Ainsi, l'auteur apporte un réel rythme à son intrigue et s'amuse à jongler entre commérages, peines de coeur, vie mondaine et conflits politiques.

D'autant plus que mon enthousiasme face à ce délicieux et pétillant nectar n'aurait pu avoir lieu sans la place de choix conférée aux héroïnes de ce roman. En effet, Anthony Trollope met en scène avec efficience les femmes d'une même famille que j'ai pris énormément de plaisir à découvrir tant leurs différences et leurs psychologies sont poussées à leur paroxysme. J'ai adoré la grossièreté des traits de chacune ainsi que la finesse de chaque portrait merveilleusement dessiné et purement caricaturé. Malgré toute l'exagération dont fait preuve la plume d'Anthony Trollope, jamais ce dernier ne tombe dans l'excès et le résultat est réellement des plus détonnant et captivant. Quoi de plus étonnant face à ce portrait de femme magnifique à croquer et à découvrir. A commencer par notre matriarche, la veuve Mrs Ray qui se dévoile le personnage le plus effacé de cette fresque. En effet, cette dernière se dévoile occuper à la perfection la place de la femme au sein du foyer de l'époque et se retrouve perdue face à la mort de son mari. Celle-ci ne détient aucun libre arbitre ni aucune indépendance. Ainsi, cette cheffe de famille ne cessera de demander l'avis aux hommes de son entourage sur lesquels elle aime se reposer ainsi que sur sa fille aînée, veuve elle aussi, Mrs Prime. J'ai tout autant adoré ce personnage qui brille pour sa pruderie et sa foi aveuglante envers l'église ainsi qu'envers les moeurs de son époque. Aigrie depuis son veuvage, celle-ci voit d'un très mauvais oeil l'arrivée d'un certain Luke Rowan qui semble faire battre le coeur de notre héroïne Rachel. Ce bout de femme m'a totalement séduit et j'ai pris un incroyable plaisir à la voir évoluer au sein de cette société sarcastique où chacun sait mieux que l'autre ce qui est bon ou pas pour celle-ci. Cette dernière devra composer de tous afin de ne froisser personne de son entourage par bonté d'âme quitte à laisser passer le grand amour. Bien que fortement naïve et innocente en début d'ouvrage, j'ai apprécié découvrir son évolution et sa soif d'émancipation. Bien entendu et même si ce trio de femmes épatantes et étonnantes donne vivement le ton, bien d'autres personnages sont dévoilés au cours de l'intrigue et certains m'ont particulièrement plu comme par exemple Luke Rowan qui semble le seul homme franc et loyal, quasiment avant-gardiste, au sein de tout ce puritanisme.

En résumé, Rachel Ray, Anthony Trollope offre à nouveau une parfaite et pertinente étude des moeurs de l'époque dont ce dernier livre une acerbe et sarcastique critique, portée par des personnages aux traits et à la caricature grossiers que j'ai adoré découvrir et suivre au sein de cette société puritaine et hypocrite.
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J'avais découvert l'an passé Anthony Trollope par le biais de "Miss Mackenzie". Ce livre m'avait enchantée et m'avait donné l'envie de découvrir d'autres ouvrages de cet auteur.

Anthony Trollope met en scène une nouvelle héroïne, Rachel Ray. Cette jeune femme de bonne famille vit dans un modeste cottage avec sa mère et sa soeur, toutes deux veuves. Sa rencontre avec un jeune homme, Luke Rowan, venu de Londres en tant qu'associé d'un brasseur local, va engendrer rumeurs, jalousies et déchirements. Nos deux tourtereaux sauront-ils affronter la tourmente et faire triompher leur amour? Tel est le principal enjeu de ce roman.

Anthony Trollope, en fin analyste de la psychologie humaine et des moeurs de son époque, tisse une histoire captivante où les rumeurs, le quand dira-t-on, les conflits entre générations, la politique, la bigoterie, les clivages sociaux jouent aussi leur rôle.

J'ai eu beaucoup plaisir à lire ce roman et je m'étonne qu'Anthony Trollope n'ait pas la même renommée en France que ses confrères et consoeurs britanniques.

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Tout d'abord je voudrais remercier Babelio et les éditions Autrement de m'avoir donné l'occasion de recevoir et de lire Rachel Ray d'Anthony Trollope dans le cadre de Masse Critique de janvier 2022.

J'aime beaucoup la littérature classique anglaise mais j'avoue que je ne connaissais pas cet auteur victorien. J'ai vraiment eu un gros coup de coeur à la lecture de ce roman, et ce pour plusieurs raisons.

Tout d'abord j'ai aimé la galerie de personnages et le tableau de la petite vie provinciale dépeints dans ce roman, ce qui m'a évoqué Middlemarch de George Eliot, auteure contemporaine de Trollope. On suit l'histoire de Rachel Ray, jeune fille élevée dans un petit village avec ses intrigues locales autour de la brasserie de (mauvaise) bière locale et les élections au Parlement. Nombreux personnages gravitent autour de Rachel : sa mère, femme douce et assez soumise globalement, sa soeur Dorothea Prime, devenue veuve et aigrie très jeune mais aussi la famille Tappitt, le brasseur, sa femme et ses filles, les différents hommes religieux qui se tirent aussi dignement que possible dans les pattes les uns les autres… Bref on a toute une petite communauté riche, variée et qui ne m'a pas laissée insensible.

Les personnages sont intéressants et j'ai trouvé qu'ils étaient assez nuancés, enfin certains d'entre eux. Par exemple, Mrs Dorothea Prime, la soeur de Rachel, est une femme pieuse devenue veuve très jeune qui s'est tournée vers son devoir de chrétienne. Elle est intéressante car elle veut bien se soumettre aux exigences de sa religion, notamment à travers son messager, Mr Prong mais elle n'en reste pas moins une femme indépendante qui refuse de céder le contrôle de son argent à quelque homme que ce soit. Mrs Prime est passionnante car elle est bigote, autoritaire mais elle n'est pas sans nuance et sans évolution au cours du roman.

J'ai adoré la manière dont le narrateur traite ses personnages. Il fait preuve d'un certain humour au dépend de ces personnages. En cela, il me rappelle les narrateurs de Jane Austen qui se moquent des personnages mais la critique du narrateur me semble plus audible chez Trollope. Il a des tournures qui semblent bienveillantes par rapport aux personnages tout en les dénonçant.

« Mr Prong, dans tout ce qu'il disait, voulait être honnête, et en affirmant que l'argent était une chose sans valeur, il croyait dire ce qu'il pensait véritablement » (p. 167)

D'ailleurs Mr Prong qui essaie d'inciter une femme au mariage n'est pas sans évoquer un certain prétendant de Jane Eyre. Les deux basent leur plaidoyer pour leur mariage sur des raisons morales plus que sur l'amour : en les épousant, la femme de leur choix remplira son devoir de chrétienne en aidant son mari à accomplir sa charge. Un plaidoyer qui fait quand même de nos jours un peu froid dans le dos...

J'ai apprécié cette critique du bon sens, du on-dit, d'une certaine attitude moralisatrice, qui rend Rachel Ray assez moderne. Toutes ces petites manipulations, ces médisances et cette mauvaise foi ont quelque chose de particulièrement actuel, humain, indémodable.

Bref un gros coup de coeur pour ce roman. Je compte bien lire davantage de romans de cet auteur. Il réunit des caractéristiques déjà rencontrées chez d'autres auteurs et autrices de cette époque et il offre une histoire distrayante mais aussi une critique des bassesses humaines de tout âge.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
- Je crois que je préférerais être seule si je ne dois pas retourner à la maison. Je retournerais volontiers si seulement elles…
- Si seulement elles revenaient au bien. Oui ! Quelle fin glorieuse de la lutte que vous avez entreprise, si vous pouviez les entraîner avec vous loin de la voie de la perdition où les a engagées l'Esprit malin ! Mais vous ne pouvez retourner à elles si vous devez autoriser par votre présence les bals, les rendez-vous amoureux en plein air (pourquoi étaient-ils plus coupables en plein air qu'au fond d'un salon étroit donnant sur une ruelle ? C'est ce que ne dit pas Mr Prong), les divertissements bruyants, l'absence de toutes bonnes œuvres et la révolte contre l'esprit de Dieu. (Mr Prong s'échauffait, et tout à coup il se leva de son fauteuil et ouvrit les yeux. Mais il les referma aussitôt et repris sa première position.) Non, mon amie, non, il ne peut pas en être ainsi. Il faut les sauver du feu de l'enfer, mais pas ainsi… pas ainsi.
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Aux premiers moments de notre désarroi, quelles que soient les manifestations extérieures de notre tristesse, nous nous promettons l'appui d'une force intérieure qui nous permettra au moins de résister aux regards du monde extérieur .Mais très vite, cet appui nous fait défaut. Notre orgueil cède à nos larmes, notre dignité est écrasée sous le fardeau dont nous l'avons chargée, puis, avec nos gémissements sonores, nous avouons être les malheureux que nous sommes.
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Les meilleurs raisins du monde sont peut-être ceux qui poussent en Angleterre, alors que l'Angleterre n'est pas un pays de raisin. [...] La valeur d'une chose dépend de sa rareté, et sa valeur inspire les efforts qui mènent à l'excellence.
Le pouvoir d'expression verbale qui semble venir naturellement à l'Américain paraît merveilleux à l'Anglais, mais en Amérique l'homme maître de la parole jouit de fort peu d'estime.
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Celui qui vit dans une maison de verre ne doit jeter de pierres à personne.
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- Elle ne se dessaisira jamais de son argent, dit un jour Rachel, et lui, ne prendra la femme qu'avec l'argent. [...]
- Il dit, continua la jeune veuve, qu'il ne désire rien pour lui-même, mais il ne convient pas qu'une femme mariée ait sa fortune à elle.
- Je crois qu'il a raison, dit Mrs Ray.
- Je suis convaincue qu'il dit vrai pour ce qui concerne lui-même. Il ne veut pas mon argent pour l'argent même, mais il prétend m'en dicter l'usage.
- C'est son droit s'il doit être votre mari, dit Mrs Ray.
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Bande annonce de Doctor Throne, adaptation du roman d'Anthony Trollope
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