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Critique de kuroineko


Petit par la taille mais quel impact ! Premier livre que je lis d'Henri Troyat, attirée par le titre Aliocha. J'aime tout particulièrement ce diminutif affectif du prénom Alexis en russe. Comme quoi le choix d'une lecture repose sur des critères aussi divers que subjectifs.
Neuilly en 1924. Depuis quatre années, Alexis et sa famille ont fui leur Russie natale pour échapper, en tant que Russes blancs, aux exactions bolcheviques.
Ce roman, que je suppose fortement autobiographique, exprime le dilemme poignant D Alexis, coincé entre la Sainte Russie de son passé et la France. Cette France dont il maitrise la langue, dont il savoure la culture et notamment ses grands auteurs classiques. Cette France terre d'asile. Mais aussi cette France terre d'exil. le désarroi du jeune garçon est lié à cette situation d'entre deux. Il n'est plus de là - bas. Mais il n'est pas d'ici. Et il en vient à prendre en grippe et à se détourner de ses origines. Au contraire de ses parents qui, comme bon nombre d'autres Russes réfugiés en France, ne rêvent que de retourner dans leur pays. Ils espèrent en la chute de la révolution et au retour au passé tsariste. Ils palabrent sans fin sur ces espoirs, sur ce qu'ils pourront retrouver de leurs avoirs abandonnés aux Rouges... On sent Alexis, déjà aux prises avec son dilemme intérieur, étouffer dans ce contexte,malgré tout l'amour qu'il porte à ses parents.
Son amitié avec Thierry, un camarade de classe bossu lui permettra seule de retrouver peu à peu un équilibre. Doté d'une grande intelligence et d'une perception aiguë de la société celui-ci essaie de montrer à Alexis sa chance d'être au final dépositaire de deux cultures. Thierry, de par sa santé fragile et sa supériorité intellectuelle , se retrouve d'ailleurs dans un statut proche de l'exilé quoique Français de France.
En quelques 150 pages, Henri Troyat dresse un attachant portrait de ses personnages. J'ai suivi avec émotion l'évolution de cette belle amitié,qui apparaît déjà si mature pour des jeunes garçons de 14 ans. Je me suis sentie concernée par le désarroi d'Aliocha.
C'est enfin un roman à découvrir pour l'écriture toute en finesse d'Henri Troyat. Je le place, d'une certaine façon, en pendant du très beau Mayrig d'un autre Henri, Verneuil cette fois - ci.
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