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EAN : 9782080649430
260 pages
Flammarion (08/01/1992)
3.94/5   8 notes
Résumé :
Comment Maxime Gorki (1868-1936) enfant élevé dans un milieu de brutalité et de misère, livré à lui-même dès l'âge de dix ans et n'ayant jamais eu le moyen de s'instruire, devint-il, au temps du tsarisme, une vedette de la scène littéraire russe ?

Et comment, après la révolution de 1917, cet utopiste épris de liberté, cet autodidacte passionné de culture en arriva-t-il à reconnaître la nécessité de la dictature prolétarienne au point de s'inféoder à ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Avec concision et précision selon son habitude dans le périlleux exercice de la biographie, Troyat nous conte la destinée de l'écrivain adulé des russes et célébré par le parti que fut Maxime Gorki. - Périlleux, car trouver le juste équilibre entre hagiographie et vilipendage n'est pas forcément évident. -

Troyat s'appuie sur la correspondance écrite et reçue par Gorki ainsi que sur nombre de témoignages et articles de journaux pour retracer l'existence de cet homme ambivalent, animé d'un désir sincère d'améliorer la condition du peuple russe, épris de justice, socialiste dans l'âme, pacifiste, condamnant la violence, mais qui finalement s'inféoda totalement au régime stalinien.

Il nous donne à voir l'enfance particulièrement misérable du jeune Maxime Gorki, né Alexis Pechkov, qu'il éclaire par le biais d'extraits de son oeuvre autobiographique : Enfance et En gagnant mon pain, ainsi que son adolescence vagabonde à travers la Russie durant laquelle il côtoie la profonde misère du moujik et prend la mesure de son abrutissement autant physique que moral.
Ce qu'il montrera et dénoncera, entre autres, dans sa pièce "Les bas fonds".

Le gamin, forcé de travailler dès son plus jeune âge, maltraité par ses employeurs, mais boulimique de lectures, devient un autodidacte avide de savoir, et acquiert une vaste culture très brouillonne, qu'il passera son existence à parfaire, attentif à toutes les remarques que ses amis intellectuels lui prodiguent.
Il se lie très vite avec les milieux progressistes et fréquente un cercle d'étudiants marxistes ayant une conception réaliste de la lutte contre la bourgeoisie, le tsarisme et le capital. Cependant, il reproche à ces intellectuels de magnifier le peuple « incarnation selon eux de la sagesse de la beauté spirituelle, de la bonté de coeur » alors que lui, pour les avoir fréquentés sait qu'il n'y a en eux nul désir de s'élever moralement et nul amour du prochain !
Pour lui, il s'agit d'éduquer le peuple et non de célébrer ses prétendues vertus. La révolution ne peut venir du moujik borné, mais du milieu ouvrier. Gorki devient le chantre des sociaux-démocrates et, en dénonçant le capitalisme, en critiquant l'abaissement de la société russe privée d'idéal, l'avocat des socialistes révolutionnaires.

Son premier ouvrage, recueil de contes, reçoit un vif succès, grâce à un langage neuf, vert, contrastant avec le style habituel de l'époque et vantant les mérites de l'anarchisme populaire. Il devient très vite un écrivain célèbre qui à travers ses romans dénonce le capitalisme tout en célébrant l'homme vrai, nouveau : l'ouvrier.
Pour lui, on ne doit pas écrire pour distraire mais pour dénoncer les vices de la société et inciter les gens du peuple à mieux vivre. L'homme de lettres n'est pas un amuseur mais un guide.

Considéré comme suspect de par ses fréquentations il sera incarcéré à diverses reprises, puis relâché faute de charges suffisantes, mais fera néanmoins l'objet d'une constante surveillance policière, qui l'obligera après le bain de sang du dimanche rouge de 1905 à prendre l'exil.
Il va d'abord partir pour les USA en vue de recueillir des fonds pour la caisse du parti bolchevik, passera par la France et s'indignera que l'Etat français prête de l'argent à l'état russe ; "O grande France,écrit-il, comprends tu la vilénie de ton acte ? Ta main mercantile a voulu fermer à un pays entier le chemin de la liberté et de la culture.... O ma bien-aimée, reçois dans les yeux mon crachat de sang et de bile" ! (carrément !).
En exil à Capri durant presque 7 ans, il va rencontrer Lénine qui deviendra son ami, et le restera malgré leurs dissensions idéologiques.
De retour en Russie en 1913, à la faveur de l'amnistie accordée par le tsar à l'occasion du 300ème anniversaire de la dynastie Romanov, il fonde une maison d'édition, tolérée (mais surveillée) par le régime, vu sa réputation.
Arrive 1917 et la révolution. Lénine de retour en Russie fomente une révolte contre le gouvernement provisoire. Ce premier essai est un échec, et Gorki appelle à la raison et à la fraternité tout en s'indignant des violences de la « lourde imbécillité russe ». Mais en octobre 1917, à la faveur des grèves et de la famine décimant les campagnes, la révolution triomphe avec son cortège d'exactions et Gorki exprime son inquiétude face à l'attitude des vainqueurs.
Pour Lénine il devient encombrant, car l'écrivain se montre très critique vis à vis des bolcheviks, dénonce avec virulence la barbarie des masses et soutient autant que possible les écrivains savants et intellectuels, n'ayant pas la faveur du régime. Aussi Lénine, qui demeure malgré tout son ami, l'envoie en cure à l'étranger.
Ce second exil durera 7 ans de 1921 à 1928 ; il séjournera à Sorrente et végétera dans l'attente d'un possible retour en URSS. Il y sera reçu triomphalement, encensé par le peuple, et installé par Staline dans une somptueuse demeure, honoré par les autorités, mais discrètement surveillé par un secrétaire espion, et devient pour les dirigeants l'icône du socialisme triomphant, caution à l'étranger de l'excellence du régime soviétique.

Tout en réprouvant les exactions des bolcheviks, il finit par se lier d'amitié avec les pires ordures du régime, dont Iagoda par exemple !
Comment expliquer cette passivité de Gorki ? Troyat épingle les raisons qui pourraient apporter une réponse plausible, peut-être sa santé chancelante, sa fatigue, sa joie de rentrer dans son pays, qui a pu émousser son esprit critique, car il ne pouvait ignorer le caractère dictatorial du régime stalinien, qui, à cette époque, peu avant sa mort en 1936, commençait à éliminer tous les compagnons de route du début de la révolution.
Quoi qu'il en soit, Gorki finit par approuver toute contrainte au nom du futur bonheur du prolétariat!
A sa mort, il bénéficia de fastueuses obsèques, son urne funéraire fut déposée dans le mausolée de Lénine. Et Staline alla même jusqu'à l'utiliser, en prétendant, de façon grotesque, que Gorki aurait été assassiné par les ennemis du régime !!! (alors qu'il était très malade).
Prétexte très commode pour Staline afin d'abattre ceux qu'il considérait comme ennemis !
Et jusqu'au bout donc, Gorki demeura un phare de l'idéologie soviétique.
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